Jean-Marie REDOUTEY1939 - 2013
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 4186
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Identité
Naissance
Décès
Charges
Autres informations
Missions
- Pays :
- Taïwan
- Région missionnaire :
- 1967 - ?
Biographie
[4186] REDOUTEY Jean Marie est né le 9 décembre 1939 à Valdahon (Doubs).
Ordonné prêtre le 1er avril 1967, il part le 30 août suivant pour la mission de Hwalien (Taiwan).
Après l’étude du chinois, il est envoyé comme vicaire à Feng Pin (1969-1971). Affecté au Centre aborigène de Taipei (1971-1972), il est ensuite chargé du poste de Kuang Fu, à Tama (1973-1983).
Après un court passage en France, où il est vicaire à Vesoul pendant quelque temps, il revient au centre aborigène de Tapei (1985-2000).
En 2001, il est nommé vice supérieur du sanatorium de Montbeton.
Il meurt d’un accident de voiture dans la Lozère, le 19 avril 2013. Il est inhumé dans le cimetière des MEP.
Nécrologie
[4186] REDOUTEY Jean Marie (1939-2013)
Notice nécrologique
Jean-Marie REDOUTEY
1939-2013
Jean-Marie Redoutey naquit le 9 décembre 1939 au Valdahon (25), dans le diocèse de Besançon. Ses parents, Georges Redoutey et Marie-Rose Détouillon, mariés en 1937, étaient agriculteurs. Jean-Marie était le deuxième de leurs huit enfants, 4 garçons et 4 filles. Il fut baptisé dans l’église du Valdahon quelques jours après sa naissance, le 14 décembre.
À l’issue de ses études primaires, en 1951, il entra au petit séminaire Notre-Dame-de-Consolation, à Fuans dans le Doubs. En classe de 5ème il dut interrompre ses études pendant un trimestre à cause d’une certaine fragilité pulmonaire qui le faisait souffrir. Mais une nette amélioration qui devait se confirmer par la suite lui permit de regagner le séminaire sans trop tarder. Il put ensuite poursuivre ses études sans autre incident. Ses formateurs au petit séminaire et le curé du Valdahon ayant apprécié positivement son évolution au fil du temps, c’est muni de leur recommandation qu’au terme de son parcours à Consolation Jean-Marie put être admis en octobre 1958 au grand séminaire de Faverney, où il étudia la philosophie pendant deux ans. Pendant les vacances il rentrait travailler à la ferme familiale.
En 1960, titulaire du baccalauréat de philosophie scolastique, au lieu d’entrer au grand séminaire de Besançon, Jean-Marie Redoutey, âgé de 21 ans, présente sa candidature aux Missions Étrangères. Sa demande ayant été agréée, il entre au séminaire de Bièvres le 25 septembre et il y passe l’année scolaire 1960-61 avant d’aller faire son service militaire.
De septembre 1961 à septembre 1962, il est à Trêves, au Centre d’Instruction des Blindés, où il devient moniteur. Puis, de septembre 1962 à fin février 1963, il termine son service militaire au 1er Régiment de Chasseurs d’Afrique, au Lido, à 10 km d’Alger, dans une Algérie qui vient d’accéder à l’indépendance. En rencontrant à l’armée des jeunes qui ne partagent pas sa foi chrétienne, Jean-Marie doit souvent répondre à des questions qui sont aussi pour lui des invitations à approfondir sa propre foi. Ces questions l’ont aussi convaincu, dira-t-il, que les études pourraient lui être utiles. Cette plongée dans un monde qu’il n’avait pas connu jusqu’alors lui permet de faire une première expérience de la vie missionnaire. Et c’est sans hésitation apparemment qu’en mars 1963 il retourne à Bièvres, où il achève l’année universitaire 1963-64. Les supérieurs lui demandent ensuite de faire une année de stage, l’année 1964-65, comme surveillant-animateur à l’école Augustin Schoeffler, petit séminaire mep de Ménil-Flin. Il se donnera à fond à son travail difficile de surveillant-animateur, avec quelques tâtonnements au début mais avec beaucoup de tact et de doigté par la suite, sachant garder son autorité tout en se faisant aimer des garçons, sur lesquels, selon le supérieur de la maison, il a exercé une très bonne influence.
En octobre 1965 Jean-Marie Redoutey reprend le cours de ses études à Bièvres. Agrégé définitivement à la Société des Missions Étrangères le 28 juin 1966, ordonné diacre le 14 janvier 1967, il reçoit sa destination pour la mission de Hualien à Taiwan le 20 février suivant. Il sera enfin ordonné prêtre le 1 avril 1967 en l’église paroissiale du Valdahon par Mgr Marc Lallier, archevêque de Besançon, et il partira effectivement pour Taiwan en prenant l’avion le 30 août de la même année. Il est un des premiers missionnaires à emprunter la voie des airs en passant par Moscou et Tokyo pour rejoindre sa mission. Il dira plus tard avoir gardé un excellent souvenir d’un jour et demi passé à Moscou, puis de deux jours d’arrêt à Irkoutsk, au bord du lac Baïkal, avant de gagner Kabarosk et ensuite Vladivostok où il embarqua sur un bateau russe qui l’emmena à Yokohama où il débarqua le 7 septembre. Le 11 septembre il était à Taipei et le 13 à Hualien où l’attendaient les confrères.
Après trois semaines passées à visiter les différents postes de la mission, le 30 septembre Jean-Marie Redoutey prend l’autocar pour Taipei et ensuite pour Hsin Chu, dans les environs de la capitale, pour étudier le chinois mandarin à l’école de langue tenue par les Pères Jésuites. Il y passera deux années scolaires. Ensuite, en 1969, il est nommé vicaire à Feng Pin par l’évêque de Hualien, Mgr Vérineux. Feng Pin est un poste en milieu amitsu dont le curé est le P. Gérard Cuerq, ordonné prêtre trois ans avant lui, avec qui Jean-Marie Redoutey s’était lié d’amitié à Bièvres quelques années auparavant, une amitié qui les amènera à travailler par la suite ensemble pendant de longues années. Au service des Amitsu il faut bien entendu apprendre à parler leur langue et c’est à cela que le vicaire consacrera le plus clair de son temps dans les débuts.
Feng Pin est un poste fort éloigné du centre de la mission, parfois difficile d’accès car les coupures de route étaient à l’époque assez fréquentes en saison des pluies. C’est le centre d’un district comptant une bonne quinzaine de villages amitsu où vivent plus de 3.500 chrétiens. Le temps des conversions en masse des aborigènes dans les années 1950 étant terminé, il s’agit maintenant d’instruire, d’éduquer, de rendre plus solide la foi des jeunes communautés chrétiennes. Jean-Marie Redoutey fera ses premières armes de missionnaire sur le terrain au service de ces communautés. Les chroniques de l’époque rapportent qu’il fut vite remarqué pour son dynamisme et pour le zèle qu’il mettait à parcourir en moto le territoire de la paroisse. Mais au bout de deux ans il sera amené à quitter Feng Pin.
Depuis quelques années Taiwan a commencé à s’industrialiser. Le pays connait un essor économique soutenu qui provoque des mouvements de population. Beaucoup d’aborigènes ont quitté la région de Hualien pour aller travailler dans le nord, dans les mines, les fonderies et les briqueteries dans les environs de la capitale. Parmi ces migrants beaucoup de catholiques fraichement convertis dont la foi encore fragile est menacée par la transplantation qui les éloigne des communautés chrétiennes de leurs villages. Le P. Louis Pourrias, curé de Chun Jih à Hualien, avait commencé à visiter ses paroissiens exilés à Taipei. Il demandait un remplaçant. En 1970 le P. Gérard Cuerq fut désigné pour lui succéder et dut pendant un an partager son temps entre sa paroisse et le nord. Mais, très vite, il se trouva débordé, si bien que dès 1971 Jean-Marie Redoutey alla s’installer à Taipei pour le seconder. Après plusieurs mois de vie sans domicile fixe les deux missionnaires louent un logement en H.L.M. qui leur servira de résidence mais aussi et surtout de centre pour le travail au service des montagnards. Les débuts sont difficiles : il faut se familiariser avec un secteur inconnu très étendu, partir à la recherche de migrants dispersés, essayer d’intéresser les paroisses locales au sort de ces migrants, ce qui pour elles ne va pas de soi... Au bout de quelque temps Jean-Marie Redoutey, qui ne maitrise pas encore la langue amitsu, doit retourner dans le diocèse de Hualien pour se perfectionner.
En 1973 il est nommé curé de Kuang Fu, à Tama. En arrivant à Tama Jean-Marie Redoutey y trouve un confère âgé, le P. Germain Boyer, qui s’était retiré dans une petite maison située près du presbytère. Il se montrera plein d’attentions pour lui, lui rendant service avec beaucoup de délicatesse, jusqu’à la mort de ce dernier le 17 octobre 1977 C’est alors qu’il retourna à Taipei pour reprendre son ministère au service des migrants en compagnie de Gérard Cuerq.
C’est un ministère exigeant. Les missionnaires visitent régulièrement, méthodiquement, dans tous les secteurs, les familles et les individus partout où se trouvent ces derniers à l’entour. Dans les débuts au moins, ils doivent assurer fréquemment des messes pour les communautés d’Amitsu dans les églises paroissiales. Progressivement d’ailleurs les rapports avec les paroisses s’intensifient. Ce sont les curés eux-mêmes qui demandent des célébrations en amitsu. Par ailleurs, et surtout, les missionnaires prennent soin d’organiser les communautés en confiant le plus possible des responsabilités aux laïcs, avec un souci particulier pour la formation chrétienne des jeunes.
Le centre pour la pastorale des aborigènes se développera au fil des ans jusqu’à «prendre le visage d’une organisation respectable », diront les missionnaires qui l’animent. Il emploiera une, puis deux secrétaires à plein temps qui, le moment venu, auront besoin d’ordinateurs pour travailler. Jean-Marie Redoutey contribue pour sa part à ce développement d’abord par son activité sur le terrain en visitant régulièrement les Amitsu et en s’efforçant de leur venir en aide. Il sait leur manifester sa sympathie et ne ménage pas sa peine pour ce faire, au point d’avoir besoin de prendre du repos. Il prendra à deux reprises un congé en France, d’abord en 1979 puis en 1984. En 1984 il éprouva le besoin de prolonger son séjour en France et il servit pendant quelques mois comme vicaire à Vesoul dans le diocèse de Besançon. Puis en 1985 il retourne à Taipei, où il travaillera encore 15 années avant de rentrer définitivement en France en 2001.
En 1986 il aura d’abord été prendre pension pendant un temps chez les bénédictins américains dans la banlieue de Taipei, d’où il pourra visiter plus facilement les secteurs environnants. En réalité il n’apprécie guère les conditions de vie en ville dans le quartier où se trouve le centre. Un peu plus tard, à la suite d’une visite dans les usines de Bali, toujours dans la banlieue, il trouvera non loin de là une maison à étages, une maison assez vaste pour servir en même temps de résidence pour les missionnaires et de lieu de rencontres pour les aborigènes. Gérard Cuerq et lui pourront faire l’acquisition de cette maison et s’y installer dans un cadre plus agréable que celui où ils vivaient jusqu’alors.
À partir de 1989, Gérard Cuerq ayant du rentrer en France pour se faire soigner les yeux, Jean-Marie Redoutey sera pendant un temps seul responsable du centre, mais par la suite ils se retrouveront presque toujours ensemble, tenant à assurer « en équipe », comme ils disaient, leur travail apostolique. Et cela malgré les obstacles qu’ils pouvaient rencontrer, malgré l’indifférence, malgré les incompréhensions même dont ils étaient ou se croyaient victimes. Ils retournaient périodiquement à Hualien pour rencontrer les parents des aborigènes confiés à leur ministère, mais aussi pour garder contact avec les confrères qui travaillaient dans le diocèse. Ils arrivaient là, comme une paire d’amis inséparables, paraissant parfois un peu excentriques par le fait même de la distance séparant Taipei et Hualien, et même « pathétiques » disaient certains confrères, quand ils parlaient des difficultés de leur ministère.
Rentré en France le 25 mai 2001, âgé de 62 ans, Jean-Marie Redoutey est nommé vice-supérieur de la maison Saint-Raphaël à Montbeton pour assister le P. Bernard Blais, et trois ans plus tard, le 5 octobre 2004, il succède à ce dernier comme supérieur de la maison. Chargé de diriger un établissement où travaille un nombreux personnel, il ne sera pas toujours à l’aise pour arbitrer quand surviennent des troubles mais il se dévouera avec beaucoup de patience et de délicatesse au service des confrères âgés. Ceux-ci lui seront reconnaissants en particulier de toujours veiller à ce que les malades en fin de vie hospitalisés à Montauban soient ramenés à Montbeton avant de mourir. Par ailleurs il s’occupera consciencieusement de l’entretien de la propriété, mettant à profit l’expérience acquise dans sa jeunesse au Valdahon pour travailler lui-même dans le parc et pour surveiller les plantations.
En 2010 il est victime d’un accident cardiaque qui l’affaiblit pour un temps. L’année suivante il doit faire face dans la gestion de la maison à une série de difficultés devant lesquelles il se sent un peu dépassé. Il demandera alors à être libéré de la fonction de supérieur qu’il assume depuis 7 ans. Le P. Raymond Rossignol lui succédera en janvier 2012, après un intérim de 2 mois du P. Jean-Michel Cuny. Mais Jean-Marie sera heureux de rester à Montbeton où il continuera à rendre de précieux services.
En novembre 2012 Gérard Cuerq sera lui aussi accueilli à Montbeton, où il décédera en janvier 2013. Jean-Marie Redoutey l’accompagnera pendant les derniers mois de sa maladie et c’est lui qui prêchera à la messe d’enterrement de son ami. Les beaux jours étant venus, le 19 avril de la même année, il part en voiture pour apporter à la famille de Gérard quelques affaires ayant appartenu à ce dernier. En cours de route, sur la Nationale 88, dans la commune de Pelouse - en Lozère, à un quinzaine de kilomètres de Mende - au lieu-dit les Eygas, il perd le contrôle de sa voiture sur la chaussée rendue glissante par la pluie. Il percute un camion arrivant en face et meurt sur le coup. Ses obsèques eurent lieu à Montbeton en présence d’une nombreuse assistance parmi laquelle beaucoup d’habitants des environs qui étaient devenus ses amis. Il a été inhumé dans le cimetière de la maison Saint-Raphaël.
Jean-Paul Bayzelon