Pierre LOBEZ1909 - 1982
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3500
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Identité
Naissance
Décès
Charges
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1934 - 1939 (Penang)
- 1954 - 1968 (Penang)
- 1972 - 1982 (Penang)
- 1968 - 1972 (Malacca)
Biographie
[3500] LOBEZ Pierre, est né le 15 mars 1909 à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), dans le diocèse d'Arras. Il fait ses études à l'Institution Haffreingue, à Boulogne, y compris la philosophie. Il entre au Séminaire des Missions Étrangères le 11 septembre 1925. De 1928 à 1934, il étudie à Rome : doctorat de philosophie scolastique, puis doctorat de théologie et enfin, licence d'Écriture Sainte. Il est ordonné prêtre le 27 septembre 1931. Il part pour le Collège Général de Penang le 16 septembre 1934 et fait un petit crochet par l'École Biblique de Jérusalem. Son premier séjour à Penang dure de fin 1934 à juin 1939.
Rappelé en France pour enseigner l'Écriture Sainte au Séminaire de Paris, il est mobilisé presque aussitôt et fait prisonnier en 1940. À son retour en 1945, il commence donc ses cours d'Écriture Sainte tout en étant économe du Séminaire. Il va poursuivre cette tâche jusqu'en 1954.
Son deuxième séjour à Penang va de 1954 à 1967 : à nouveau professeur et économe, vice-supérieur en 1965 et même supérieur intérimaire en 1966-67. En 1968, il prend la direction de la procure de Singapore mais il est sujet à des attaques cardiaques, dont la plus grave en 1972 va l'obliger à se retirer chez les Petites Soeurs des Pauvres à Penang, dont il va devenir l'aumônier, et où il finira par prendre sa retraite. On le trouvera mort le matin du 7 septembre 1982. Ses obsèques eurent lieu dans la chapelle des Petites Soeurs des Pauvres le 9 septembre; l'Eucharistie fut présidée par le Vicaire général de Penang et réunit 50 concélébrants. Le Père Lobez repose au cimetière de Pulau Tikus.
Nécrologie
Le Père Pierre LOBEZ
de l’Administration générale
1909 - 1982
LOBEZ Pierre
Né le 15 mars 1909 à Boulogne-sur-Mer, diocèse d’Arras, Pas-de-Calais
Entré aux Missions Etrangères le 11 septembre 1925
Prêtre le 27 septembre 1931
Etudes à Rome de 1928 à 1934
Parti pour le Collège général de Penang le 16 septembre 1934
Décédé à Penang le 7 septembre 1982
Voir carte nº 9.
Enfance et jeunesse
Pierre Lobez naquit le 15 mars 1909 à Boulogne-sur-Mer. Il fit toutes ses études primaires et secondaires, philosophie comprise, à l’Institution Haffreingue, à Boulogne. Ses études furent couronnées par le baccalauréat ès lettres. Il avait un peu plus de 16 ans.
Il perdit sa mère en 1912. Son père qui s’était remarié, en 1920, mourut au mois de mai 1925, presque subitement d’une angine de poitrine.
C’est au mois de juillet 1925 que Pierre Lobez fit sa demande d’entrée aux Missions Etrangères. Il fut admis le 18 juillet sur les bonnes recommandations du Supérieur de l’Institution Haffreungue. Ce dernier écrivait en effet : « Pierre Lobez est de bonne famille, pieux, et l’idée de sa vocation lui est venue le jour de sa première communion. Depuis ce temps, il n’a pas varié dans ses intentions. Par ailleurs, Monseigneur l’Evêque d’Arras ne met aucun obstacle à sa vocation. » Tout allait donc à souhait, d’autant plus que la belle-mère était, elle aussi, tout à fait consentante.
Donc le 11 septembre 1925, Pierre Lobez entrait à Bièvres pour y commencer ses études en vue du sacerdoce. Rien de spécial à signaler sinon qu’en juin 1926 il fut reçu au baccalauréat de philosophie scolastique avec mention bien (cum magna laude). Au mois de mai 1927, il interrompit ses études pour accomplir son service militaire de 18 mois, du mois de mai 1927 au mois de novembre 1928.
A peine rentré à la Rue du Bac, Pierre Lobez prit le chemin de Rome, car il avait été choisi pour aller « prendre » des grades aux Universités de la Ville Éternelle. Ce fut certainement lui le plus surpris de ce choix !
A Rome
C’est donc à Rome que Pierre Lobez poursuivit ses études de 1928 à 1934. Pourquoi tant de temps ? C’est qu’il fit d’abord ses études de théologie de 1928 à 1932 qu’il termina par le doctorat de théologie avec mention bien. Entre-temps, en juin 1931, il avait obtenu le doctorat en philosophie scolastique. Comme il avait été ordonné prêtre en cours d’études, le 27 septembre 1931, tout semblait donc parachevé et il pouvait se disposer à partir en mission en septembre 1932.
Tel était le plan qu’il envisageait, mais les Supérieurs en avaient décidé autrement ; ils lui demandèrent en effet de préparer une licence en Ecriture sainte. Il fallait en effet prévoir des professeurs d’Ecriture sainte aussi bien pour le Collège de Penang que pour le séminaire de Paris. Le P. Lobez s’attaqua donc à la besogne : ce qui prolongea de deux ans son séjour studieux à Rome. Sa licence obtenue « cum laude » en juin 1934, il était tout à fait prêt pour gagner le poste auquel il s’attendait, le Collège général de Penang en Malaisie. C’est ainsi que de date immémoriale, on appelait ce séminaire qui recevait des élèves de tout le Sud-Est asiatique. Comme les élèves étaient de races et de langues différentes, on avait adopté le latin aussi bien pour l’enseignement que pour l’usage courant, quitte à forger le vocabulaire nécessaire.
A Penang — Premier séjour
Parti le 16 septembre 1934, il quitta les confrères du « bateau » à Port-Saïd et se dirigea vers Jérusalem. Il fit un séjour à l’Ecole biblique de Jérusalem pour compléter son information sur l’Ecriture sainte. Au départ de Marseille, les prêtres et les religieux étaient nombreux sur le « Chenonceaux »: 27 jeunes partants des Missions Etrangères, deux Pères sulpiciens qui s’en allaient au Yunnan pour fonder un séminaire ; dix novices jésuites qui partaient pour l’Inde (Madras) pour y faire leurs études, deux prêtres viêtnamiens de Lang-Son qui rentraient de France après leurs études au grand séminaire de Luçon. Ajoutons que l’un d’eux est devenu Mgr Ngu, actuellement évêque de Long-Xuyen au Sud Viêt-Nam. Quant à l’autre, il fut massacré par les Japonais en 1945.
Mais revenons au P. Lobez ; son stage terminé à Jérusalem, il gagna Penang pour un premier séjour de 1934 à 1939. Pendant ces quelques années, il enseigna I’Ecriture sainte.
En France
En 1939, il fut rappelé en France pour enseigner l’Ecriture sainte au séminaire de Paris. Il arriva le 28 juin 1939, mais il n’eut même pas le temps de commencer l’année scolaire. La guerre éclata et il fut mobilisé sans tarder dans l’artillerie et, manque de chance, fut fait prisonnier en 1940. Rentré au séminaire en 1945, il put alors, avec quelques années de retard, commencer ce pourquoi il était venu : enseigner l’Ecriture sainte. Il assuma de plus la charge d’économe du séminaire (pour les aspirants). Il devait poursuivre sa tâche jusqu’en 1954. Il fut remplacé comme professeur par le P. Pierron.
Penang (deuxième séjour)
Libéré de ses fonctions à Paris, il repartit pour un deuxième séjour au Collège général. Il y travailla de 1954 à 1967 comme professeur et économe. Il assuma la charge de vice-supérieur en 1965 et fut même supérieur intérimaire en 1966-1967 pendant l’absence du P. Bosc, nouvellement nommé, mais qui faisait une année de recyclage à Rome.
Singapore
Comme la procure de Singapore était sans titulaire, on lui demanda, en juin 1968, d’en prendre la direction. D’autres dispositions furent prises en 1972. D’ailleurs, à cette époque, la santé du P. Lobez donnait déjà de sérieuses inquiétudes. Il avait eu plusieurs attaques cardiaques. Il en eut même une très sévère au mois de janvier 1972. Grâce à des soins rapides et intensifs on réussit à le ranimer, mais l’alerte avait été chaude ! Naturellement le médecin lui interdit toute activité pour une longue période. On lui donna alors un remplaçant dans la personne du P. Peinaud. Mais pour que le P. Peinaud puisse venir à Singapore, il fallait que le P. Lobez quitte. C’est alors qu’à sa sortie de l’hôpital il gagna Penang et fut reçu par les Petites Sœurs des Pauvres comme convalescent. Ensuite, il devint aumônier de la maison. Il se mit même à l’étude du « cantonais » afin de pouvoir entrer plus facilement en contact avec les vieillards chinois soignés dans cette maison. Il se donna de tout cœur à sa tâche, car on n’imagine pas le P. Lobez faisant les choses à moitié.
Bien que son ministère fût moins lourd, il fut quand même obligé de cesser cette activité et de prendre sa retraite totale chez les Petites Sœurs des Pauvres à Penang. Elles étaient d’ailleurs très heureuses de le garder au milieu d’elles. Le 27 septembre 1981 il fêta son Jubilé d’Or, entouré de plusieurs confrères et dans la joie de toute la maison. Puis il continua sa vie bien réglée de prière et de visites amicales des vieillards. Apparemment cela pouvait encore durer longtemps. Mais avec une maladie de cœur, il faut s’attendre à des surprises et à être emporté au moment où tout semble aller bien. On le trouva mort le 7 septembre au matin. Dans les litanies des Saints, on demande d’être préservé d’une mort subite et non préparée. Si pour le P. Lobez la mort fut subite, il s’y attendait pourtant, à tout moment, depuis plusieurs années.
Comme on le voit, presque toute la vie du P. Lobez s’est écoulée dans le professorat pour la formation des futurs prêtres, aussi bien à Paris qu’à Penang.
Déjà à Bièvres comme aspirant, c’était un homme de devoir, sérieux sans dédaigner la plaisanterie, modeste, toujours prêt à rendre service. Il était « ministre », humble charge qui consistait à assurer la propreté de la maison. Bricoleur, il aimait les petits travaux matériels bien utiles dans une communauté, mais il s’y livrait surtout pour rendre service à tous. Il faut souligner chez lui cet esprit de service qu’il a mis en pratique partout où il est passé. Sans entrer dans des détails fastidieux, notons cependant combien il s’est dépensé pendant son séjour à la procure de Singapore pour rendre service aux confrères de Birmanie pour les ravitailler, leur envoyer quantité de choses qu’ils ne pouvaient trouver sur place. On peut même dire sans exagération qu’il a, par tous ces services, aggravé sa maladie de cœur. Il faisait tout cela en toute simplicité et humilité sans aucun sentiment de gloriole quelconque.
Sur le plan intellectuel, il était certainement bien doué, non pas brillant peut-être, mais mieux que cela studieux et d’excellent jugement. Cette application à l’étude lui permit de passer la deuxième partie de son baccalauréat à 16 ans et d’obtenir, même avec mention, les diplômes de docteur en théologie et de licencié en Ecriture sainte. Une fois professeur à Paris comme à Penang, il s’adonna à sa tâche comme à tout ce qu’il faisait, avec beaucoup de soin et de conscience. Il n’avait peut-être pas le talent de faire passer aux autres toutes ses connaissances. Cependant un de ses anciens élèves de Penang note qu’il a beaucoup apprécié ses cours d’Ecriture sainte, surtout sur les Epîtres de saint Paul.
« Les séminaristes-aspirants qui n’ont connu le P. Lobez que comme professeur et économe au séminaire de la rue du Bac pendant les années d’après-guerre ont pu garder de lui le souvenir d’un homme austère et même sévère. Le P. Lobez avait, il est vrai, un sens du devoir qui n’admettait pas de compromis ou d’échappatoire. Cette fidélité, il la vivait lui-même sans compromission et il l’attendait de ceux qui se préparaient au sacerdoce et à la mission. C’était là toute sa sévérité. Mais ceux qui ont eu la chance de le retrouver en mission l’ont beaucoup apprécié. S’il gardait toujours une certaine austérité dans sa vie personnelle, c’était pour ses confrères un missionnaire gai et enjoué, délicat et aimant rendre service.
Un autre trait de la personnalité du P. Lobez est le regard de sympathie qu’il portait envers le clergé et les jeunes Eglises d’Asie. Cette attitude doit être sans doute celle de tout missionnaire, mais le P. Lobez la vécut avec une intensité particulière.
En effet c’est surtout au grand séminaire de Penang qu’il donna toute la mesure de son dévouement au service de la mission, en se consacrant de tout cœur à la formation intellectuelle et spirituelle des futurs prêtres venant surtout de Malaisie-Singapore, de Birmanie et de Thaïlande. Il aimait enseigner les jeunes Asiatiques, leur faire partager ses connaissances et son amour des Livres Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament. Il les guidait avec patience dans leur préparation au sacerdoce aussi bien par son enseignement que par ses sages directions spirituelles.
Sa joie de missionnaire fut de pouvoir contribuer à cette promotion du clergé asiatique, de le voir prendre en main les postes de commande et la direction des diocèses. Il fut heureux quand ses anciens élèves furent à même de remplacer leurs professeurs à la direction du Grand séminaire de Penang. Il sentit que sa tâche était accomplie, que l’essentiel de sa vocation était réalisé et il remerciait le Seigneur d’avoir permis qu’il mène sa tâche à bonne fin. Au jour de son Jubilé d’Or sacerdotal il disait lui-même : « Si j’avais à recommencer ma vie, je ne voudrais pas suivre un autre chemin. »
Formateur de prêtres, il le fut certes par son enseignement, ses directions spirituelles, mais plus encore par son exemple : par sa piété simple, sans affectation, mais que l’on sentait profonde, par son sens et son amour de l’Eglise qui se manifestait déjà, lorsque, étudiant à Rome, il entraînait ses confrères aux cérémonies pontificales, aux « stations » de carême ou dans les sanctuaires. Ces exemples discrets exerçaient une influence bienfaisante dont beaucoup lui gardent certainement une grande reconnaissance.
Les obsèques du P. Lobez eurent lieu dans la chapelle des Petites Sœurs des Pauvres à Penang, le 9 septembre. La concélébration fut présidée par le Vicaire général de Penang, Mgr Raphaël Kang en l’absence de Mgr Soter Fernandez. Mgr Vendargon et Mgr Anthony Lee étaient parmi les 50 concélébrants ainsi que le P. Bayzelon, Supérieur général de la Société, en visite en Malaisie. La conduite au cimetière fut présidée par Mgr Lee, jusqu’au cimetière de Pulau Tikus où repose le P. Lobez dans cette terre de Malaisie à laquelle il a consacré sa vie sacerdotale et missionnaire.
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Références
[3500] LOBEZ Pierre (1909-1982)
Références bibliographiques
AME 1929 p. 223. 1931 p. 177. 178. 230. 1934 p. 187. photo p. 282. CR 1929 p. 232. 1931 p. 172. 1932 p. 309. 1934 p. 233. 1938 p. 230. 1939 p. 213. 214. 1940 p. 115. 1954 p. 84. 1955 p. 77. 1961 p. 96. 1962 p. 86. 107. 1963 p. 117. 1968 p. 74. 1969 p. 126. 130. 1974-76 p. 172. AG 1980-81 p. 174. 1980-82 p. 162. BME 1925 p. 714. 1926 p. 579. 1928 p. 768. 1931 p. 616. 694. 1932 p. 721. 1933 p. 882. 1934 p. 659. 813. 860. 892. 1936 p. 750. 756. 1939 p. 515. 583. 596. 663. 1940 p. 835. 1941 p. 130. 1950 p. 344. 1952 p. 342. 1953 p. 124. 320. 1954 p. 597. 1955 p. 96. 255. 256. 1956 p. 370. 371. 375. 1958 p. 509. 1960 p. 369. EPI 1962 p. 495. EC1 N° 90. 111. 162. 180. 223. 225. 247. 272. 293. 295. 404. 405. 410. 426. 440. 446. 480. 556. 568. 727. 749. 754. 762. EC2 N° 9 p. 257. 14 p. 444. 46/C2. 51 p. 102. 54 p. 210. 108/C2. 113/C2. MEM 1982 p. 90-96.