René MORINEAU1873 - 1948
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2363
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1898 - 1948 (Hué)
Biographie
[2363] MORINEAU René est né le 1er novembre 1873 à La-Salle-de-Vihiers (Maine-et- Loire, ordonné prêtre au Séminaire des M.-E. le 26 juin 1898, partit le 27 juillet suivant pour la Cochinchine septentrionale. À son arrivée en mission, il fut nommé vicaire de M. Stoeffler à Diêm-tu, puis à la fin de 1899, devint curé de Nuoc-man ; en mars 1910, curé de Lai-an ; en juin 1922, curé de Co-vuu ; en 1934, curé de Tam-toa. En décembre 1945, il fut pris par le Viêt-minh et emmené à Vinh avec six autres confrères. C'est là qu'il mourut le 23 mars 1948.
Nécrologie
SOUVENIRS SUR LE PÈRE RENÉ MORINEAU.
J'aurais bien de la difficulté à situer dans leur temps exact les évènements de notre concentration à Vinh: avec 17 ans de recul, je vais tâcher de revivre les derniers mois du Père Morineau.
Je le fais d'autant plus volontiers que j'étais, sans doute, celui avec lequel il était affectivement le plus lié. C'est, en effet, chez lui et sous sa responsabilité, dans son presbytère de Tam-Toà, à Dong-Hoi, que Mgr Chabanon m'envoya, jeune missionnaire, m'initier à la langue vietnamienne, en 1935. Par la suite cette maison resta un peu la mienne et j'y allais souvent pendant les vacances.
En fin 1946, nous nous retrouvions au presbytère de Vinh; nous étions bientôt une trentaine de missionnaires des Vicariats apostoliques de Vinh, Thanh-Hoa, Hué et Laos.
Le P. Morineau occupait une chambre au rez-de-chaussée, en compagnie du P. Douchet qui venait de la même province de Quang-Binh. Corpulent, il donnait l'impression d'une solide santé, malgré son âge, mais il fut victime d'une affection du système urinaire en fin 1947. Il souffrit d'une rétention d'urine complète extrêmement douloureuse. Mais comment avoir un médecin? À cette époque, il n'y avait guère de médecin à Vinh, déjà désertée par la population. De plus, les missionnaires français n'étaient pas une fréquentation recommandable, dans un pays tout entier au pouvoir des Vietminh. Cependant, nous eûmes la joie de voir venir courageusement le docteur Pham-Khac-Hy. (Jusqu'en 1964, il fut l'ambassadeur du gouvernement de Saïgon à Paris, où il est décédé en mai 1965). Il diagnostiqua vite le mal et essaya une sonde. Après de longs et douloureux essais, il parvint à soulager le malade. Les jours qui suivirent, il se rétablit progressivement. Malheureusement, l'urémie avait commencé et le Père en resta marqué. Il circulait un peu dans la maison, mais il ne se retrouvait plus très bien dans ce cadre qui lui paraissait étranger, dans une situation qu'il saisissait mal. Pourtant, il réagissait avec énergie et fierté. Il se plaisait beaucoup dans la compagnie de ses confrères, avec qui il était gentil et très délicat, ami de la plaisanterie.
Pour cet homme d'action, la vie était évidemment particulièrement monotone, et il n'avait guère d'autre distraction que la lecture. Tous les soirs pourtant, après le souper, il aimait faire, en compagnie de trois jeunes confrères, une partie de domino :
c’était pour lui un agréable moment ; vraiment, il se détendait alors avec ses amis qui le chahutaient gentiment.
Cependant, le mal revint, inexorable. Le Père fut l'objet des soins très dévoués et compétents du P. Douchet, son compagnon de chambre. Mais, cette fois, l'organisme ne fut plus en mesure de résister: c'était l'urémie qui gagnait. Il tomba dans le coma.
Le cœur était puissant, régulier, et toute la dernière journée, il reprenait son rythme après s'être arrêté. Que de fois nous pensions que c'était fini! On lui donnait une dernière absolution, puis la vie reprenait. Puis ce fut l'arrêt définitif : c'était le 20 avril 1948. Après de longues souffrances, le Père s'était éteint, muni des sacrements de l’Église, assisté de la prière de ses confrères.
On lui fit, autant que cela se pouvait dans de telles circonstances, un bel enterrement et des chrétiens des environs y vinrent, ainsi que des Pères franciscains, des Religieuses Franciscaines de Marie, des Sœurs de St-Paul de Chartres... On creusa une tombe dans le fond du jardin et, à défaut de pierre tombale, on fit un rebord avec des bordures de pierre empruntées aux rues dévastées de Vinh...Plus tard, d'autres missionnaires, ses contemporains, vinrent prendre place à ses côtés : les PP. Bélières, Corbel, Gonnet, Le Gourriérec, Bourlet...
Le P. Morineau aurait voulu être enterré au chevet de la basilique de Lavang, dans le Quang-Tri: c'était son œuvre principale en matière d'architecture, son légitime orgueil...Il s'y Était préparé une tombe...Mais pourra-t-il jamais y venir?
Actif et entreprenant, le P. Morineau eut une vie bien remplie. Entre choses, il a beaucoup bâti, surtout les églises de Lavang et de Dong-Hoi, des écoles, des couvents de religieuses...à Quang-Tri, Lavang, Dong-Hoi.
Sa vie intérieure, simple et profonde, animait toutes ses activités .J'espère que Dieu lui aura donné une belle récompense et que, du ciel, il nous protège.
Guy AUDIGOU
14 mai 1965
Références
[2363] MORINEAU René (1873-1948)
Références biographiques
AME 1898 p. 232. 1933 p. 114. 116. 117. 1938 p. 39. CR 1898 p. 271. 1899 p. 227. 1901 p. 174. 175. 1902 p. 203. 1904 p. 199. 1905 p. 186. 1911 p. 177. 178. 1912 p. 221. 1913 p. 234. 1915 p. 110. 1921 p. 96. 1934 p. 159. 1935 p. 160. 1937 p. 167. 1939 p. 143. 1948 p. 250. 1949 p. 165. BME 1923 p. 260. 1924 p. 55. 1925 p. 58. 308. 569. 707. 1926 p. 60. 635. 1927 p. 763. 1928 p. 380. 566. 697. photo p. 641. 1929 p. 300. 566. 1930 p. 247. 1931 p. 301. 311. 913. 1932 p. 219. 383. 835. 1933 p. 69. 352. 1934 p. 135. 144. 581. 649. 159. 874. photo p. 153. 1935 p. 815. 899. 1936 p. 394. 598. 1937 p. 737. 1938 p. 703. 772. 803. photo p. 408. 1939 p. 159. 874. 1940 p. 139. 1941 p. 494. 1948 p. 126. 1949 p. 246. 1953 p. 655. 1954 p. 363. ECM 1945 p. 254. 1946 p. 28. 1947 p. 94. 190. EC1 N° 462.