Joseph LE CORRE1873 - 1957
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2250
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Identité
Naissance
Décès
Charges
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1896 - 1927
- 1930 - 1955
- 1927 - 1930 (Hong Kong)
- 1955 - 1957 (Hong Kong)
Biographie
[2250] LE CORRE Joseph est né le 15 septembre 1873 à Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Villaine). Il entre au Séminaire des Missions Etrangères en 1893. Il est ordonné prêtre le 28 juin 1896 et part le 21 décembre suivant pour le Kwangtong. Après l’étude du chinois, il est nommé curé de Chao-yang, puis il est chargé du poste de Kityang jusqu’en 1921. Il administre ensuite le district de Chao-chaow. De 1927 à 1930, il dirige l’imprimerie de Nazareth à Hong-Kong, puis il revient à Kityang. Le 1er janvier 1951, il est emprisonné à Swatow puis expulsé vers Hong-Kong en juillet 1955. Il meurt le 25 janvier 1957 à HongKong.
Nécrologie
Le Père Joseph Le Corre
Joseph Le Corre est né à St-Méen le Grand (Ille-et-Vilaine) le 15 septembre 1873. Ces précisions de date et de lieu ont été souvent l’occasion de taquineries de la part des jeunes : “Vous êtes de St-Méen ?… Etes-vous parent de Louison Bobet ? Et le Père de répondre : “Qui est ce Louison Bobet ? Quand j’ai quitté la France en 1896, on n’en parlait pas encore. C’est vrai qu’à l’âge de 3 ans je suis venu avec mes parents habiter Rétiers. Je ne connais plus personne à St-Méen, même pas la famille Bobet…” Et un autre confrère de reprendre : “Vous êtes né en 1873… mais vous êtes de l’âge de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus ! Elle vous a certainement aidé en mission...” “Oui, nous étions du même âge… elle avait quelques mois de plus que moi, elle est née en janvier. J’ai eu son correspondant, le P. Rouland, comme frère d’ordination et compagnon de voyage pour venir en Chine. J’ai une grande dévotion pour la Petite Thérèse, c’est la patronne des missionnaires”
Il fit son petit séminaire et une partie de son grand séminaire à Rennes. En 1893 il entrait aux Missions-Étrangères. Au conseil de révision, il fut réformé définitif pour faiblesse cardiaque. Mais son cœur ne s’arrêtera que 64 ans plus tard.
En 1895 il a terminé son séminaire. Trop jeune pour être ordonné prêtre, on l’envoie à Rome comme aide du P. Casenave, Procureur de la Société. Il a gardé de ce séjour à Rome une grande dévotion pour le Vicaire du Christ et un sens très vif de l’Eglise. A sa sortie de Chine, en juillet 1955, le nouvel Ordo aux rubriques simplifiées le déconcerta. Il ne comprenait pas les contradictions entre les anciennes rubriques du Bréviaire et les indications du nouvel Ordo. Parfois cela mettait sa patience à bout et il se plaignait de ces changements si importants. Il suffisait alors de lui dire que c’était le Saint-Père qui avait ordonné ces simplifications… et avant même d’écouter les explications, il s’en allait, en disant : “Oh ! si c’est le Pape qui l’a décidé, alors c’est très bien… excusez-moi, je suis vieux...”
Prêtre le 28 juin 1896, il arrive en automne dans la mission du Kwantung qui couvrait alors toute la province du même nom, avec 35 à 40 millions d’habitants. Quand il entendait les jeunes missionnaires parler de l’adaptation, il nous racontait comment ses premiers jours de Chine avaient été très occupés à se faire raser la tête pour prendre la longue natte, comment on l’avait conduit chez le tailleur pour revêtir les habits chinois... Jusqu’à la fin de sa vie, il ne mettra que des robes chinoises ; de l’habit ecclésiastique européen il ne gardera que son chapeau de partant... qu’il rapportera à Hongkong en 1955, en parfait état.
Mgr Chausse, vicaire apostolique, l’envoya dans la région de Swatow et le confia au P. Serdet pour sa formation apostolique. Le P. Le Corre fut à bonne école, car le P. Serdet était un missionnaire d’un zèle proverbial et un grand convertisseur.
A la mort de son curé, le P. Le Corre prit la succession. L’immense district (les sous- préfectures de P’ouneng et de Chaoyang) fut bientôt partagé. Le P. Laurent administra P’ouneng, et le P. Le Corre Chaoyang, sur la côte. Il fixa son point d’attache à Haimung dont la chrétienté remontait au temps de la dynastie des Ming, au XVIIe siècle. Les progrès continuèrent sous la direction du nouveau pasteur... En 1900, dans le compte rendu annuel, il inscrit le chiffre de 236 baptêmes d’adultes. Plusieurs villages importants s’ouvrent à l’évangélisation, qui seront par la suite des pépinières de prêtres diocésains.
En 1901 le P. Mérel devient vicaire apostolique de Canton. Il était missionnaire dans la sous-préfecture de Kityang voisine du P’ouneng et de Chaoyang. Avant de partir pour canton, il nomma le P. Le Corre à sa place et il lui laissait des milliers de néophytes et catéchumènes, qui allaient demander beaucoup de travail. Pour parfaire leur formation chrétienne le Père Le Corre organise l’Apostolat de la Prière avec confession et communion mensuelles ; il visite chaque mois les groupes de chrétiens, passant régulièrement un dimanche dans chacune des principales stations du district, à tour de rôle. En semaine, il rayonne autour de cette station pour préparer les néophytes et les enfants à la confession et à la communion, régler les affaires de mariage, parfaire l’instruction des catéchumènes. Les comptes rendus de cette époque parlent toujours de ses voyages. Pour faciliter les déplacements il emploie une petite barque à moteur qu’il a baptisée “Jeanne d’Arc”.
En 1904, il apporte à son évêque 279 baptêmes solennels. Quelques années plus tard, il a 2.050 baptisés dans son district et dirige une équipe de cinq catéchistes permanents. Grâce aux bonnes relations qu’il entretient avec le directeur civil de l’orphelinat de la ville, il a pu baptiser, en 1907, 326 enfants en danger de mort. Chaque année il obtient à peu près le même chiffre. Malgré les mauvaises récoltes, malgré la grande pauvreté de ses fidèles, il entretient onze écoles dans son district de près de cent villages. Il était optimiste, surtout pendant cette période de vie missionnaire intense, malgré les difficultés avec les mandarins, l’insécurité de la région au moment de la révolution de 1911. En 1916 il accourt donner l’extrême-onction au P. Etienne abattu par les brigands ; en 1917, au nom des missionnaires il tient conférence avec le chef des baptistes américains pour régler certains troubles causés par de jeunes pasteurs ; en 1918, il doit relever deux églises complètement détruites par le terrible tremblement de terre ; en 1922, il voit une nouvelle église jetée par terre par le typhon du 2-3 août.
Mais l’épreuve qui lui coûta davantage fut de quitter son cher Kityang pour obéir à l’ordre de son évêque, Mgr Rayssac, qui le nomma curé de Chaochow, comme successeur du P. Roudière, en 1921. Il devint en même temps provicaire de la mission. Il trouva à Chaochow un millier de baptisés en ville et un millier dans la campagne. Comme à Kityang il y fit du bon travail, mais depuis le changement de régime de 1911 les conversions étaient moins nombreuses. Ne pouvant organiser l’administration mentale comme dans son ancien poste, il fit régulièrement plusieurs visites annuelles dans toutes les petites chrétientés. Sans doute commençait-il à s’adapter à ce poste important, lorsqu’en 1927, Mgr de Guébriant fit appel à lui pour diriger la Maison de Nazareth à Hongkong. Le sacrifice demandé était bien dur : quitter ses chrétiens, les confrères, la mission... Mais, très surnaturel, il se soumit une fois de plus pour le bien général de la Société. Voici comment un ancien confrère de Nazareth parle du nouveau supérieur : “Quand le P. Le Corre fut nommé supérieur la Maison s’était vidée de ses membres de 1923 à 1925 (excepté trois dont l’un faisait fonction de supérieur intérimaire). Il fallait remonter la Maison. Le conseil de Paris s’en occupa et après deux ans de recherches, il trouva un supérieur qui accepta cette charge : le P. Le Corre ; il était bien l’homme choisi pour cette délicate et difficile fonction. Il se mit rapidement au courant du règlement de la Maison et le remit en vigueur, car, faute de sujets, le bréviaire et les exercices spirituels en commun n’existaient plus. Il rétablit la récitation du bréviaire au chœur, (il choisit pour cela la fête de saint Joseph, 19 mars 1927), et tous les autres exercices en commun. Tout le règlement fut strictement repris. Le P. Corre le premier donnait l’exemple en tout. Il se montra aussitôt ce qu’il a toujours été, un homme de devoir, un prêtre zélé, pieux sans exagération, doux mais tenace, bon et charitable... Peut-être un peu timide pour faire quelque observation, craignant de causer de la peine, soufrant en silence.
Il s’occupait, au point- de vue spirituel, des ouvriers de l’imprimerie qui logeaient à Nazareth ; il les réunissait chaque soir à la crypte de la chapelle et leur faisait faire une lecture spirituelle suivie de la prière. Il aurait voulu leur prêcher, mais ils étaient tous Cantonnais et il ne connaissait pas ce dialecte.
¬Tout a bien marché pendant la première année ; on le trouvait cependant un peu strict sur le règlement. Un jour, le P. Le Corre s’aperçut qu’un confrère le boudait et ne lui parlait plus, il ne voyait pas la raison de cette manière de faire ; il remarqua qu’un autre membre de la communauté n’en faisait qu’à sa tête manquait souvent au règlement. Ces deux confrères quittèrent ensuite Nazareth, le P. Le Corre en ressentit une grande peine et son tempérament assez gai d’ordinaire changea, il devient soucieux, mélancolique et même parfois triste.
De plus, la vie sédentaire de Nazareth ne lui convenait pas, il n’avait jamais pu s’y faire malgré son énergie et sa bonne volonté. Il pensait continuellement aux chrétiens de Chine et à sa vie de missionnaire-missionnant Après mûre réflexion, il envoya sa démission à Mgr de Guébriant et demanda la permission de retourner dans sa mission de Swatow. Cela lui fut accordé avec beaucoup de réticence et d’hésitation. Il avait été supérieur pendant trois ans de 1927 à 1930. Il fut remplacé par Mgr Deswazière qui n’eut qu’à maintenir et à continuer ce que le P. Le Corre avait si bien rétabli et réglé.”
Le P. Le Corre revint directement dans son ancien district de Kityang et reprit aussi la charge de provicaire. Il restera dans ce poste jusqu’à son expulsion de Chine, sauf les six mois de concentration qu’il passa à l’évêché de Swatow sous la garde des Japonais, au début de 1945, avec les autres missionnaires (Mgr Vogel, les PP. Favre, Rondeau, Lambert et Desruelle), et les quatre mois de prison communiste en 1951. Il avait joué un rôle important pendant l’occupation japonaise du pays, de 1938 à 1945. Les lignes japonaises passaient entre la ville épiscopale et son district, coupant pratiquement la mission en deux zones. Il fut Vicaire délégué pour la zone libre, assurant le. liaison et le transfert de secours.
Après la guerre, il reprit son travail régulier, sérieux, profond, auprès de ses chrétiens, qu’il avait presque tous baptisés. Lors de leur arrivée (octobre 1949), les communistes se montrèrent, comme ailleurs, assez conciliants durant la première année. Puis, comme les autres missionnaires, le P. Le Corre dut venir à Swatow pour les inscriptions auprès de la police. La séance terminée, il reçut l’ordre de rejoindre sa résidence dès le lendemain. C’était le 1er janvier 1951. Il ne devait revoir des confrères qu’en juillet 1955, à Hongkong, après son expulsion.
Pendant son séjour à Swatow, la police de Kityang avait porté une ordonnance interdisant pour le temps du “partage des terres”, toute réunion ou rassemblement religieux. En rentrant, le P. Le Corre n’eut pas le temps d’apprendre cette interdiction et, le lendemain matin, alla comme d’ordinaire sonner la cloche pour inviter les fidèles à la messe. Il avait à peine commencé de célébrer que les policiers arrivèrent et allèrent le saisir à l’autel ; les assistants obtinrent un répit jusqu’à la fin de la messe. Une fois le Père à la sacristie, les “camarades” s’y précipitèrent. Il eut à peine le temps de quitter les ornements avant d’être emmené en prison. Il fut condamné à 100 jours de cellule pour désobéissance à la loi…
Références
[2250] LE CORRE Joseph (1873-1957)
Références bio-bibliographiques
AME 1897 p. 621. 1914 p. 126. 1930 p. 46. 1931 p. 23. CR 1896 p. 332. 1897 p. 114. 1898 p. 126. 1900 p. 127. 1901 p. 123. 1902 p. 147. 1903 p. 128. 1904 p. 134. 138. 139. 1906 p. 127. 1907 p. 151. 1908 p. 120. 121. 1909 p. 132. 1910 p. 131. 1911 p. 111. 1913 p. 159. 164. 1916 p. 95. 96. 1917 p. 70. 1918 p. 54. 1919 p. 59. 1920 p. 41. 1921 p. 64. 1922 p. 76. 1923 p. 91. 1924 p. 67. 68. 171. 1925 p. 74-80. 1926 p. VI. 81. 162. 198. 1930 p. 124-133. 261. 1932 p. 138. 140. 1933 p. 105. 106. 1934 p. 103. 1935 p. 96. 1936 p. 97. 1954 p. 18. 1955 p. 76. 1956 p. 83. 1957 p. 92. 95. BME 1922 p. 439. 635. 678. 1923 p. 189. 1924 photo p. 115. 1925 p. 112. 1926 p. 184. 1927 p. 60. 253. 260. 1930 p. 125. 183. 737. 1932 p. 207. 1934 p. 868. 1937 photo p. 508. 1938 p. 691. 1951 p. 197. 254. 320. 375. 1952 p. 770. 1953 p. 621. 1954 p. 83. 178. 592. 593. 1144. 1955 p. 81. 171. 921. 1956 p. 808-812. photo p. 346. 764. 1957 p. 286. 569. photo p. 534. Hir n° 114 p. 5. EC1 N° 189. 496. 498. 570. 583. 603. 613.