Paul MAHEU1869 - 1931
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2170
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1895 - 1913 (Qui Nhon)
- 1919 - 1930 (Qui Nhon)
Biographie
[2170] Paul André MAHEU naquit le 24 Janvier 1869, à PARIS, paroisse de St. JEAN-BAPTISTE de GRENELLE, diocèse de PARIS. Son père était musicien, et mettait ses talents au service de sa paroisse, mais la musique ne suffisait pas à assurer l'aisance du foyer. Après ses études primaires, Paul entra dans une maison de commerce, et pendant quatre ans, sur le pavé de Paris, longues courses et lourds fardeaux furent son lot. Il occupait ses dimanches à suivre les offices paroissiaux et à l'animation de son patronage.
Un vicaire de la paroisse remarqua ce jeune homme au visage expressif, à la taille élancée, à la voix chaude et vibrante.aussi excellent à la chorale que sur la scène. Il l'orienta vers le sacerdoce, lui donnant les premières leçons de latin.En octobre 1884, il le fit accepter en classe de sixième au Petit Séminaire de St. Nicolas du Chardonnet. En Octobre 1889, M.MAHEU passa au Séminaire de philosophie d'ISSY où il reçut la tonsure le 30 Mai 1890.
Le 29 Juillet 1890, il entra au Séminaire des Missions Etrangères : FERRIERES,MEUDON, BEL-AIR, et , après son service militaire à BEAUVAIS, la Rue du BAC. Minoré le 23 Décembre 1893, Sous Diacre le 28 Octobre 1894,Diacre le 09 Mars 1895, il fut ordonné prêtre le 30 Juin 1895 et le soir même reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique de COCHINCHINE ORIENTALE (Quinhon). Il quitta PARIS le 31 Juillet 1895,s'embarqua à MARSEILLE le 04 Août suivant pour rejoindre sa mission.
Il étudia la langue viêtnamienne au port de QUINHON, puis il fut nommé vicaire de M. VILLAUME, à PHANRANG. On lui confia spécialement, au fond de la vallée, une chrétienté mixte composée de Viêtnamiens et de montagnards" récemment convertis. Après de courts séjours à la tête des districts de NINH-HOA et de HE-SON, fatigué, il alla en convalescence à HONG-KONG, pendant une année.
A son retour, il fut envoyé chez les Bahnars, mais quatre mois après, la maladie le força à revenir dans la plaine et à repartir pour HONG-KONG. Une route séparait le sanatorium de Béthanie de l'imprimerie de Nazareth, où M.MAHEU se rendait plusieurs fois par jour. Sous la conduite de M.MONNIER, il devint missionnaire-imprimeur, s'initiant au fonctionnement des presses, à la fonte des caractères, à la composition, à la reliure..
De retour dans sa mission,en Juillet 1904, il prit la direction de l'imprimerie-librairie de la Mission, qui dès septembre de la même année, commença à fonctionner.. Il sût réunir autour de lui, une belle équipe de collaborateurs. Le catalogue de librairie de LANG-SONG présenta une belle collection de syllabaires, de dictionnaires, de manuels scolaires, d'ouvrages en latin pour les séminaires, "bonne presse" et "bon théâtre". etc.... Une revue "Loi-Tham" porta, tous les deux mois, le "Gai Bonjour" dans les familles.
Outre ses travaux d'imprimerie, M.MAHEU projeta de créer un hospice pour les personnes âgées, sans feu, sans pain, sans lit. Il organisa un dispensaire, construisit des paillotes pour recevoir ses pensionnaires. C'était avant la saison des pluies ; mais,quand vint l'inondation annuelle, la crue torrentielle emporta tout, sauf les pensionnaires . De ce beau rêve,il ne resta rien !
En mai 1913, épuisé par une vie trop intense, M.MAHEU dût regagner la France. Il prit alors du service au Petit Séminaire de CONFLANS. Mobilisé, il fut affecté, à BORDEAUX, au service de surveillance des correspondances indigènes de ou pour l'Extrême Orient, et avec un confrère de QUINHON, il fonda un cercle franco-viêtnamien.
En 1919, il regagna sa mission , reprit la direction de son imprimerie, et fonda, dans le centre urbain de QUINHON, un cercle franco-viêtnamien, solennellement inauguré, mais qui donna peu de résultats. Peu après, laissant la direction de l'imprimerie à "son brillant second", avec le Dr.LE MOINE,médecin de l'Assistance Publique à QUINHON, il s'interessa au sort des lépreux.
Ensemble, ils furent à l'origine de la léproserie de QUI-HOA, à dix kms environ de QUINHON, dans une petite vallée retirée. Le Dr. LE MOINE décrit ainsi l'arrivée de M.MAHEU à QUI-HOA : " Un beau matin, nous vîmes arriver dans une jonque un lit de bois, quelques chaises, une table, un phonographe, beaucoup de livres, un ascète aux yeux lumineux : c'était le Père MAHEU qui s'en allait consacrer sa vie aux lépreux.." Vers 1930, cette léproserie abritait déjà 140 malades.
Une année d'activité fiévreuse,de présence sur les chantiers, de quêtes et de conférences épuisa M.MAHEU qui dût rentrer en France. Il arriva à MARSEILLE, en Octobre 1930, et fut hospitalisé à St. JOSEPH. Au bout de quelques jours, sous la surveillance d'un médecin,il s'installa à TOULON avec sa soeur,venue de Paris et y séjourna un peu moins de deux mois. Ensuite il partit à Paris ; après une quinzaine de jours à l'hôpital Pasteur, il s'installa chez sa soeur, rue de Sèvres, où il eût la joie et la possibilité de recevoir de nombreuses visites.
Le jeudi 26 Février 1931, bien qu'affaibli, il causa une grande demi-heure avec son Docteur, puis il reçut son ami M. le Chanoine DUPIN.. Le vendredi 27 Février, à sept heures du matin, sa nièce lui adressa quelques paroles. Le malade, sommeillant,ouvrit les yeux et la regarda. Un quart d'heure après, sa soeur vint pour faire les préparatifs à la communion ; elle le trouva mort.
La dépouille mortelle de M. Maheu repose au cimetière de Montparnasse, dans le caveau des Missions Etrangères.
Nécrologie
M. MAHEU
MISSIONNAIRE DE QUINHON
M. MAHEU (Paul-André), né à Paris le 24 janvier 1869. Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Etrangères le 29 juillet 1890. Prêtre le 30 juin 1895. Parti le 31 juillet 1895 pour la Cochinchine Orientale. Mort à Paris le 27 février 1931.
Paul-André Maheu naquit à Paris le 24 janvier 1869. Son père, excellent chrétien, était doué d’un beau talent de musicien, qu’il mettait volontiers dimanches et fêtes au service de sa chère paroisse Saint-Jean-Baptiste de Grenelle. Mais, nous disait plus tard notre excellent confrère, si la musique adoucit les mœurs, elle n’assure pas toujours l’aisance au foyer de l’artiste. Aussi peinait-on dur au foyer, et les enfants eux-mêmes étaient de très bonne heure mis en apprentissage.
C’est ainsi que le petit Paul entra dans une maison de commerce où les humbles emplois, assez pénibles sur le pavé de Paris, longues courses et lourds fardeaux, furent son lot pendant
quatre grandes années. Du moins lui laissait-on la plein liberté du dimanche en famille. Il le passait, et avec quelle piété ! aux offices de sa paroisse, et avec quel entrain ! aux récréations de son patronage.
Un vicaire de la paroisse ne fut pas sans remarquer ce jeune homme au visage expressif, à la taille élancée, aux réactions nerveuses, à la voix chaude ou vibrante tour à tour, qui faisait de lui un des meilleurs soutiens de la chorale. Il était non moins excellent sur la scène du patronage où par un vrai talent de diction nuancée, de mimique savante, au besoin d’accent faubourien et d’entrain endiablé, il tenait son auditoire sous le charme.
De ces succès d’antan nous eûmes plus que des échos en Cochinchine Orientale, où le cher M. Maheu nous apporta de Saint-Jean-Baptiste de Grenelle, de saint-Nicolas du Chardonnet, de Pantin et d’Issy, tout un répertoire varié, « passant du grave au doux, du plaisant au sévère » , et qu’il savait rendre avec un accent bien personnel. Mais au fond, ses préférences allaient d’instinct à l’éloquence de la chaire, dont les grands orateurs trouvaient en lui un parfait interprète de leurs sublimes envolées et de leurs gestes appropriés.
Le bon vicaire, qui mourut dans un âge avancé et auquel notre confrère avait voué une affection toute filiale, fut donc frappé de sa piété précoce et de sa conduite exemplaire. Il eut à cœur de le retirer d’un milieu mercenaire pour l’orienter vers le sacerdoce. Il lui compléta ses études primaires et lui donna ses premières leçons de latin. A la rentrée d’octobre 1884, il le fit accepter en classe de sixième au Petit Séminaire de saint-Nicolas du Chardonnet. De là, Paul passa, en octobre 1880, au Séminaire de philosophie d’Issy. L’année suivante, il entrait aux Missions-¬Etrangères : Ferrières, Meudon, Bel-Air enfin, après son service militaire à Beauvais, puis une période de réserviste au Val-de-Grâce, le Séminaire de la rue du Bac. Le 30 juin 1895, il était ordonné prêtre, recevait le soir même sa destination pour la Cochinchine Orientale et, le 4 août suivant, s’embarquait à Marseille pour l’Extrême-Orient. Dans cette âme généreuse, ce fut certainement sans esprit de retour : Dieu seul et les circonstances en disposèrent autrement, mais ce ne fut que 18 ans après, pour la grande guerre, qu’il revint en France, puis encore 17 ans après, pour y mourir.
Après l’étude de la langue annamite au port de Quinhon, M. Maheu fut nommé vicaire de M. Villaume à Phanrang. On lui confie spécialement, au fond de la vallée, une chrétienté mixte composée en partie d’Annamites, en partie de « sauvages » récemment convertis : il a donc de bonne heure plus qu’une notion des deux éléments qui, entre toutes les Missions d’Indochine, singularisent le Vicariat Apostolique de Quinhon : ses chrétientés « Moï » ou « sauvages » dans la montagne, ses districts annamites dans la plaine. Aussi, quand après de courts séjours à la tête des districts de Ninh-Hoa et de He-Son, suivis d’une convalescence d’un an à Hongkong, M. Maheu fut envoyé chez nos Sauvages Bahnars, son imagination ardente s’exalta : enfin il allait pouvoir travailler dans un terrain neuf, sur des mentalités que nulle civilisation n’avait contaminées !
Hélas ! quatre mois après, la maladie, qui souffle impitoyablement sur bien des illusions, le forçait à reprendre contact avec la civilisation moins rudimentaire de l’Annam, puis avec les méthodes infiniment plus sanitaires de Hongkong. Du Sanatorium de Béthanie à notre imprimerie de Nazareth il n’y a que la largeur d’une route à traverser, distance infime que M. Maheu franchissait plusieurs fois par jour. Dans la fréquentation assidue des presses à moteur, à bras ou à pédale, des machines à fondre les caractères, des ateliers de composition et de reliure dans l’instructive compagnie de M. Monnier, le créateur de cette merveilleuse installation, notre confrère rencontra enfin sa vraie vocation : il serait imprimeur-missionnaire il irait au peuple et à l’élite par la brochure de propagande par le livre d’érudition, par la revue de vulgarisation. Et il y réussit parfaitement, sachant attirer et retenir une belle équipe de collaborateurs. Le catalogue de librairie de Langsong est, à cet égard très documentaire : il nous présente toute une collection de syllabaires, de dictionnaires, de manuels d’histoire et de géographie, de sciences élémentaires pour les écoles annamites et franco-annamites, toute une série d’ouvrages en latin, latin-français ou latin-annamite pour les Séminaires, toute une bibliothèque de controverse ou d’édification, de théologie en langue vulgaire, de sermon-naires annamites ou français, voire, de « Bon théâtre » et de « Bonne-Presse », témoin ce « Loï-Tham » qui, comme son nom l’indique, va tous les deux mois porter le « Gai Bonjour » dans les familles où il instruit, amuse et édifie un nombre sans cesse croissant de lecteurs indigènes, sans oublier tant d’autres.
C’est donc l’esprit et le cœur débordants de ces idéals, que sa raison pratique savait parfaitement endiguer, qu’il nous revint de Hongkong. En juillet 1904, il était nommé imprimeur de la Mission. Il s’organisa si rapidement que dès le mois de septembre sa première presse, achetée d’occasion au Tonkin, nous livrait ses premières impressions. Bientôt elle fonctionna à plein rendement, quelques travaux de ville venant assurer la cadence de son va-et-vient et lubrifier son roulement sur billes.
Cependant toute l’activité de notre confrère ne se résignait pas à se confiner dans la formation d’un personnel technique, pas plus que dans la correction d’épreuves d’imprimerie. Son cœur, très pitoyable, aspirait à se pencher sur la misère humaine et avait jeté son dévolu sur ce qu’elle a de plus auguste et de plus lamentable, la vieillesse sans pain, sans feu, sans lit. Il rêva donc d’un hospice où, pour commencer, il pourrait recueillir douze bons vieux et douze bonnes vieilles. Plus tard, pour les dorloter comme de vieux enfants, il s’emploierait à leur trouver le dévouement tout maternel de quelques bonnes sœurs. Et à ce rêve il donna corps par la construction de paillotes jumelles accolées à un dispensaire. Et l’hospice reçut sans tarder ses bienheureux pensionnaires. C’était avant la saison des pluies ; quand vint l’inondation annuelle, du beau rêve il ne resta rien, car hormis les pensionnaires, la crue torrentielle avait tout emporté. Qui vult dedificare turrim... nous en savons quelque chose, hélas ! Notre vaillant confrère ne s’avoua pas vaincu ; il ne lâchait pas facilement une idée quand, mieux encore que dans sa tête, elle avait germé dans son cœur. Il la reprit, nous le verrons, au soir de sa vie, en s’adressant cette fois à la toute dernière des misères, la lèpre.
En mai 1913, neuf ans après la fondation de l’imprimerie, épuisé par une vie trop intense, il dut regagner la France. Incapable d’inaction, il prit du service au Petit Séminaire de Conflans, qui avait remplacé les deux Séminaires parisiens de Notre-Dame des Champs et de Saint-Nicolas du Chardonnet. C’est là que la mobilisation de sa classe vint le prendre. A Bordeaux, où il fut longtemps attaché au service de surveillance postale pour les cor-respondances indigènes de ou pour l’Extrême-Orient, M. Maheu et un de ses confrères de Quinhon fondèrent un cercle franco-annamite où ils dépensèrent sans compter le meilleur de leur zèle de prêtres et de leur compétence d’éducateurs.
La paix signée, M. Maheu revint dans sa Mission et reprit la direction de son imprimerie. Entre temps, il fondait derechef, mais cette fois au centre urbain de Quinhon, un cercle franco-annamite, dont l’inauguration fut très solennelle, mais dont les résultats, à savoir l’intercompréhension des races, sont à longue échéance, si longue même que le fondateur ne pouvait s’attarder à l’attendre. Il rentra dans son rôle de lanceur d’idées et de promoteur d’œuvres. Laissant son imprimerie aux mains expertes de son « brillant second », M. Maheu s’engagea résolument dans une autre direction, où son existence bien remplie devait trouver sa dernière étape. Dans cette voie nouvelle, il rencontra un noble cœur qui partageait ses idées généreuses et leur donnait déjà un commencement d’exécution. Depuis deux ans, le Docteur Le Moine, médecin de l’Assistance Publique à Quinhon, s’était intéressé au sort des lépreux, dont il estimait le nombre à 1.200 pour cette province de 700.000 âmes, et à 12.000 pour tout l’Annam proprement dit. Or si le Tonkin et la Cochinchine avaient pour ces contagieux des léproseries modèles, l’Annam n’en possédait aucune, aucune du moins fondée par l’Adminis-tration du Protectorat. A force d’instances auxquelles répondaient enquêtes et paperasses, le Docteur avait pourtant fini par convaincre la Résidence supérieure d’Annam en invoquant l’altruisme non moins que l’hygiène. Mais se rendant parfaitement compte que le premier de ces postulats ne lui serait que de très faible rendement, il voulut mieux encore et le trouva sur place. Laissons-le lui-même narrer sa dé¬couverte :
« Deux années se passèrent en vaines démarches. Tout le monde s’intéressait à l’œuvre, les encouragements platoniques ne manquaient assurément pas, mais l’horizon de la réalisation semblait aussi éloigné qu’au premier jour. » Il faut laisser mûrir « l’idée, Docteur, nous disait-on. Que diable ! vous êtes bien im¬patient ! »
« Et nous en arrivions au découragement. Mais par un de ces soirs d’Annam où la douceur de vivre est exquise, où les montagnes violettes de la chaîne montent lentement dans le ciel argenté, nous rencontrâmes les yeux ardents d’un apôtre et le grand cœur d’un homme de foi.
« Désormais l’œuvre avait son animateur. Dès le lendemain, nous nous rendions à l’Evêché. Oh ! dans ce pays, les palais épiscopaux ne sont point grandioses. Une modeste maison en torchis recouvert de paillote fait l’affaire. Nous n’eûmes pas besoin de plaider longtemps la cause des lépreux : « Le Père Maheu et toute la Mission, Docteur, sont à votre « disposition dans cette entreprise. » Telle fut la réponse que nous fit Mgr Grangeon, Vicaire Apostolique de Quinhon. L’union de la foi religieuse et de la foi humaine venait d’être réalisée. »
Nommé directeur du futur asile des lépreux de Qui-Hoa, à dix kilomètres environ de Quinhon, dans une petite vallée retirée, M. Maheu se mit sans perdre un seul jour à sa tâche écrasante. « Un beau matin, écrit le Docteur Le Moine, nous vîmes arriver dans une jonque un lit de bois, quelques chaises, une table, un phohographe, beaucoup de livres, un ascète aux yeux lumineux : c’était le Père Maheu qui s’en allait consacrer sa vie aux lépreux.
« Nous dressâmes un plan de construction, et le travail commença aussitôt. » Une année d’activité fièvreuse, de présence sur les chantiers, de quêtes aussi et de conférences, épuisa totalement les forces du vaillant lutteur. Du moins eut-il la consolation de voir de ses yeux que le dernier rêve de son apostolat ne s’évanouirait pas dans les nuées. Voici du reste ce qu’en disait le Compte rendu des travaux de 1930 de la Mission de Quinhon :
« L’asile de Qui-Hoa, fondé par le Docteur Le Moine et par notre confrère M. Maheu, avec l’aide matérielle et morale du Protectorat et de la charité privée, abrite déjà ses 140 premiers lépreux, bien que ses installations ne soit pas complètement terminées. Malheureusement, le grand animateur de l’œuvre, M. Maheu, vient de rentrer en France, après s’être dépensé sans assez compter sur ses forces débilitées par 35 ans d’Indochine. »
Il arriva à Marseille en octobre 1930, et fut hospitalisé à Saint¬-Joseph. Il n’y resta que quelques jours ; des amis d’Indochine avaient mis à sa disposition un pavillon à Toulon, lui assurant les soins d’un médecin colonial ; il s’y installa avec sa sœur si dévouée, accourue de Paris à son service, et y séjourna un peu moins de deux mois. Puis il vint à Paris, et, après une quinzaine de jours à l’Hôpital Pasteur, le pauvre malade voulut jouir du milieu familial ; sa sœur lui avait ménagé à son domicile de la rue de Sèvres une chambre très simple, mais très accueillante. Il y reçut la visite de plusieurs médecins coloniaux de ses amis, de ses confrères de la rue du Bac, de correspondants de journaux auxquels il exposait ses projets d’avenir, la visite aussi d’un admirable et fidèle ami, M. le Chanoine Dupin qui, en plein hiver, trouvait encore des fleurs rares pour la crédence-autel de son ancien condisciple, la visite surtout de Notre-Seigneur dans la communion quotidienne.
Le jeudi 26 février, le Docteur trouve le malade très affaibli, et, pour la première fois, fait part à sa sœur de son état désespéré, quoique l’issue fatale ne soit pas imminente, vu l’énergie du malade, sa lucidité, sa volonté de guérir. Notre confrère cause une grande demi-heure avec le Docteur et reçoit ensuite la visite du chanoine Dupin. Dans la nuit du jeudi au vendredi, il appelle à deux reprises, et cause comme d’habitude avec une très grande lucidité d’esprit. Le vendredi 27, à sept heures du matin, sa nièce va près de lui et lui adresse quelques paroles ; le malade, sommeillant, ouvre les yeux et la regarde. Un quart d’heure après, sa sœur vient pour faire les préparatifs à la communion, elle le trouve mort.
Dans l’attente de la résurrection glorieuse, la dépouille mortelle de notre cher M. Maheu repose au cimetière Montparnasse, dans le caveau des Missions-Etrangères.
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Références
[2170] MAHEU Paul André (1869-1931)
Références biographiques
AME 1895 p. 388. 1914 p. 3 (art.). 1915-16 p. 78. 1917-18 p. 280. 1921 p. 128. 1925 p. 69. 188 (art.). 1931 p. 92. 94. 113. 228. CR 1895 p. 331. 1897 p. 170. 1898 p. 169. 1899 p. 195. 1900 p. 163. 1906 p. 170. 1916 p. 123. 1919 p. 81. 1922 p. 109. 1925 p. 103. 1928 p. 112. 1929 p. 149. 1930 p. 175. 1931 p. 169. 272. 276. 344. BME 1922 p. 69. 1924 p. 54. 256. 400. 1926 p. 775. 1927 p. 762. 1928 p. 55. 180. 439. 695. 1929 p. 246. 376. 565. photo p. 464. 1930 p. 279. 665. 827. 1931 p. 161. 298. 388. 1933 p. 867. 1940 p. 565. E. Garnier p. 264. RHM 35P478. 36P340. 341. EC1 N° 208. 216. 217.