André DURIER1862 - 1934
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1674
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1886 - 1934 (Pondichéry)
Biographie
[1674] André Durier naît le 10 mai 1862 à Saint-Bonnet-des-Quarts (autrefois diocèse de Lyon, aujourd'hui Saint-Étienne) dans le département de la Loire. Il entre au Séminaire des Missions Étrangères le 17 octobre 1882 et est ordonné prêtre le 22 septembre 1885. Parti pour Pondichéry le 18 novembre 1885, il arrive dans sa Mission en décembre de la même année.
Nommé au Grand séminaire comme professeur de théologie, il n’y reste qu'un an et est muté comme professeur de rhétorique au Petit séminaire. En 1887, il est professeur au Collège colonial que les Pères du Saint Esprit viennent de quitter. Il étudie le tamoul avec acharnement et il est vite apte à aller en paroisse. On lui confie celle d'Ariankupam (1), puis celle de Reddiarpalayam à proximité de Pondichéry. Il assure le service de ces paroisses, en plus de son enseignement au Collège.
Préférence pour l’apostolat en paroisse
Cependant, il désire se consacrer entièrement aux paroisses. Alors, Mgr Gandy lui confie le district d'Atcharapakam (2). Ce poste de brousse étant devenu trop dur pour lui, il est nommé à Yerkaud (3), où il lui est plus facile de se ravitailler. Il n’y reste pas longtemps, car le poste de principal du Collège St. Joseph étant devenu vacant à Cuddalore (4), on lui demande d'aller l'occuper. Il se révèle bon principal, mais il aime la solitude, ses livres et sa chambre et quand M. Bertho, son prédécesseur, revient de France où il était aller se soigner, le P. Durier reçoit une nouvelle affectation. Il occupe successivement les postes de Yerkaud, Pannikankuppam (5), Cuddalore old Town et Karikal (6).
Au Bengale à Chandernagor
Mgr Morel a alors besoin d'un missionnaire pour le poste de Chandernagor (7), situé dans l'État du Bengale à quelques trente kilomètres de Calcutta. Il y envoie le P. Durier qui se remet à l'étude des langues, en l’occurrence le bengali. Il le maîtrise si bien qu'il en vient à ne lire que des livres bengalis.
Le 25 janvier 1934, un télégramme annonce à Mgr Colas, nouvel archevêque de Pondichéry, que le P. Durier vient d'être transporté à l'hôpital à Calcutta. Il est opéré d'un abcès qui met sa vie en danger. Après un traitement approprié, il sort de l'hôpital et retourne à Chandernagor.
Le dimanche 11 Février, il prend quelque nourriture, tout en se plaignant de nausées. Il a froid et on doit lui mettre une bouillotte pour lui réchauffer les pieds. Dans l'après-midi, la respiration parait un peu embarrassée et le P. Gayet descend pour appeler le docteur. Il meurt dans un demi-sommeil, sans s'en apercevoir. Son corps est exposé dans la grande salle du presbytère et les Religieuses de St. Joseph de Cluny viennent veiller et prier près de sa dépouille mortelle.
Le lendemain, la cérémonie des obsèques est très belle et très touchante. Pendant le convoi au cimetière, le cercueil est porté par huit cipayes (soldats indiens de Pondichéry) tandis que les cordons du poêle sont tenus par l'Administrateur, le Président du Tribunal et deux des principaux habitants de la ville. Au cimetière, le Chef de la Colonie prend la parole : ‘‘Pendant vingt-cinq ans, dans ce petit coin de terre française, vous avez rempli allègrement votre mission, gagnant tous les coeurs par votre modestie, par votre sourire et par votre bonté. Hier, au bout de vos forces, vous vous êtes endormi doucement pour toujours dans votre vieux presbytère, face à votre belle église. Aujourd'hui vous y venez pour la dernière fois, mais pour ne plus la quitter désormais, réalisant ainsi votre désir le plus cher, et vous nous léguez, avec le souvenir d'un beau renoncement, l'exemple d'une vie toute de dévouement."
1 - Ariankupam : un quartier du de Pondichéry.
2 – A une vingtaine de kilomètres au nord de Pondichéry.
3 – Yercaud : dans les monts du même nom. L’altitude adoucit le climat.
4 – Cuddalore : juste au sud de Pondichéry.
5 – Pannikankuppam : à quelques kilomètres au sud ouest de Pondichéry.
6 – Karikal : l’un des cinq comptoirs français sur la côte de Coromandel, au sud de Pondichéry.
7 – Chandernagor : autre comptoir français sur le Gange au Bengale.
Nécrologie
M. DURIER
MISSIONNAIRE DE PONDICHÉRY
M. DURIER (André-Marie) né à Saint-Bonnet-des-Quarts (Lyon, Loire). Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 17 octobre 1882. Prêtre le 27 septembre 1885. Parti pour Pondichéry le 18 novembre 1885. Mort à Chandernagor le 11 février 1934.
Né le 10 mai 1862, à Saint-Bonnet-des-Quarts, dans le département de la Loire, et l’archidiocèse de Lyon, M. André Durier était ordonné prêtre le 27 septembre 1885, au Séminaire des Missions-Étrangères de la rue du Bac, à Paris, et arrivait à Pondichéry en décembre de la même année.
Placé au grand séminaire, il y resta un an à peine. Il devint alors professeur de rhétorique au petit séminaire, pour passer de là, au Collège Colonial que les Pères du Saint-Esprit venaient de quitter en 1887.
M. Durier était un littérateur et il aimait les livres ; ils étaient sa compagnie préférée. Dès son arrivée dans l’Inde, il se mit à l’étude du tamoul et de l’anglais et s’y consacra avec acharnement. Dans sa chambre, on le trouvait toujours, plongé dans la lecture d’un livre tamoul. Aussi, moins d’un an après son arrivée à Pondichéry, tout en professant au collège, il était chargé de la paroisse d’Ariancoupam, qu’il quitta ensuite pour aller à Rettiarpaleam ; ces deux paroisses étant dans les environs de Pondichéry. Tous les soirs, aussitôt sa classe terminée, il était en route pour sa paroisse, si bien que ses confrères du collège ne le voyaient guère qu’au repas de midi, et immédiatement après les grâces, il disparaissait. Où était-il ? dans sa chambre, fermée à clé. Il ne perdait pas son temps et préparait son sermon tamoul pour le dimanche suivant. Très rarement, M. Durier acceptait de donner une instruction en français à l’église de la paroisse européenne, Notre-Dame des Anges.
Sans cesse, il demandait à son Archevêque de lui rendre la liberté et de l’envoyer en district. Il finit par avoir gain de cause, et fut mis en charge du district de Atcharapakam. Le bon Mgr Gandy n’avait qu’une crainte, c’est que M. Durier ne se laissât mourir d’inanition, ne sachant pas où se procurer les provisions nécessaires ; car, disons-le en passant, il a toujours été peu pratique pour se soigner. Pour cette raison, au bout de 14 mois, il était envoyé à Salem, grande ville où il lui était facile de se ravitailler. Il ne devait pas y rester longtemps. M. Bertho, principal du collège Saint-Joseph, à Cuddalore, ayant dû quitter son poste pour raison de santé et partir en France, M. Durier fut chargé de le remplacer.
A Cuddalore comme au Collège Colonial, il vécut dans sa chambre. Après le repas de midi, les confrères passaient ensemble une demi-heure à causer. Très souvent, M. Durier, au bout de 4 ou 5 minutes, se retirait et on ne le revoyait qu’au souper. Le soir, vers 5 heures et demie, il s’en allait faire une petite promenade au fond de la propriété, un livre à la main. Les pensionnaires étaient en ce moment sur le champ de récréation, mais il ne s’intéressait jamais à leurs jeux, et ne disait pas un mot aux confrères qui se trouvaient là de surveillance. Non, toujours la solitude, sa chambre et ses livres.
Après cinq ou six ans de séjour en France, M. Bertho nous revint et reprit sa place au Collège. M. Durier, libre de nouveau, occupe successivement les postes de Yercaud, Pannikankuppam, Cuddalore, Old Tourn et Karikal. C’est de là qu’il est envoyé par S. Exc. Mgr Morel à Chandernagor, où il devait rester 25 ans.
Dans sa nouvelle paroisse, au Bengale, à 21 milles de Calcutta, et à une très grande distance de Pondichéry, M. Durier est resté tel qu’on l’avait connu dans l’Inde. Dire qu’il était misanthrope serait peut-être forcer la note ; il aimait la solitude, et, en dehors des besoins de son ministère, on le rencontrait rarement ailleurs qu’au presbytère. A Chandernagor, il lui fallut se remettre à l’étude des langues. Il se rendit si bien maître de celle du Bengale qu’il en était venu à ne lire que des livres bengalis. Un confrère qui avait eu l’occasion de passer quelque temps avec lui, s’est rendu compte qu’il étudiait chaque jour la Sainte-Ecriture sur le texte grec, qu’il lisait couramment.
Le 25 janvier de cette année 1934, un télégramme annonce à Mgr Colas que M. Durier venait d’être transporté d’urgence dans un des hôpitaux de Calcutta pour y être opéré d’un abcès qui mettait sa vie en danger. Immédiatement., M. Gayet, Vicaire général et ancien curé de Chandernagor, part pour le Bengale, et se trouve bientôt au chevet du malade hospitalisé au Medical-College-Hospital. Le mal semblait moins grave qu’on ne l’avait cru tout d’abord, et la plaie paraissait en bonne voie de guérison. L’analyse avait révélé quelques traces d’albumine dans les urines, mais pas de sucre ; l’état général était satisfaisant. Consulté, le docteur en chef déclare que notre confrère pourra, sans danger, retourner à Chandernagor après deux ou trois jours. Il fut décidé qu’il sor¬tirait de l’hôpital le dimanche suivant.
Ce jour-là, le 4 février, un de ses paroissiens alla le chercher en automobile, et à 11 heures ½ M. Durier était au presbytère, content de se retrouver chez lui. Il put traverser le jardin de la cure et monter dans sa chambre à l’étage, sans appui et sans bâton. Une demi-heure plus tard il était au réfectoire et mangeait d’assez bon appétit. Il descendit régulièrement pour les repas le lundi et le mardi, mais l’estomac se faisait rebelle. A partir du mercredi, il dut garder la chambre et ne prit plus que du bouillon et du lait. Le Docteur de Chandernagor vint le voir le jeudi et le samedi sans rien trouver d’alarmant dans son état.
Le dimanche 11 février, M.Durier prit quelque nourriture, tout en se plaignant de nausées. Il avait froid, on dut lui mettre une bouillotte pour lui réchauffer les pieds. A 2 heures de l’après-midi, il quitta son lit, alla lui-même s’asseoir dans son fauteuil, et prit une tasse de bouillon que les Religieuses lui avaient apportée. Comme la respiration paraissait un peu embarrassée, M. Gayet descendit pour appeler le Docteur. Quelques instants après qu’ils furent remontés, M. Durier avait cessé de vivre ; il avait dû mourir sans s’en apercevoir et semblait dormir ; il était 2 h. ½ .
Son corps fut exposé dans le salon du presbytère, au rez-de-chaussée, et les Religieuses de Saint-Joseph de Cluny le veillèrent toute la soirée et la nuit entière. Les paroissiens se cotisèrent et firent venir de Calcutta un beau cercueil. Les obsèques eurent lieu le lendemain matin, précédées d’un service chanté par les Pères Salésiens de la localité voisine de Bandel et leurs scolastiques. M. Gayet officiait avec diacre et sous-diacre. Le Vicaire Général de Calcutta était venu, accompagné de plusieurs Pères Jésuites, assister aux funérailles de notre cher confrère à qui ils ont toujours rendu tous les services possibles. Ce fut une belle et touchante cérémonie avec une très nombreuse assistance. Au premier rang se trouvaient M. l’Administrateur et tous les Fonctionnaires. Pendant le convoi, le cercueil était porté par huit cipayes en grande tenue, tandis que les cordons du poêle étaient tenus par l’Administrateur, le Président du Tribunal, et deux des principaux habitants de la ville. Quand le cortège fut arrivé à l’endroit où le corps devait être déposé, et que les dernières prières liturgiques furent terminées, le Chef de la Colonie prit la parole pour adresser un dernier adieu au cher défunt et faire son éloge en quelques mots délicats et émus. « Pendant 25 ans, a-t-il dit, dans ce petit « coin de terre française, vous avez rempli allègrement votre mission, gagnant tous les cœurs « par votre modestie, par votre sourire et par votre bonté. Hier, au bout de vos forces, vous « vous êtes endormi doucement pour toujours dans votre vieux presbytère, face à votre belle « église. Aujourd’hui vous y venez pour la dernière fois, mais pour ne plus la quitter « désormais, réalisant ainsi votre désir le plus cher, et vous nous léguez, avec le souvenir d’un « beau renoncement, l’exemple d’une vie toute de dévouement ».
Quelques jours plus tard, le Journal Officiel de Pondichéry à une courte notice nécrologique, ajoutait ces mots d’éloge : « Homme de Dieu, homme de bien, homme « d’études, d’une grande délicatesse d’âme et d’esprit, M. Durier s’est fait aimer partout où il « a passé ».
De fait, professeur au Collège Colonial, Supérieur intérimaire au Collège de Cuddalore, curé de l’importante paroisse de Karikal, professeur de théologie au grand séminaire de Pondichéry, ou bien à Chandernagor, M. Durier resta toujours l’homme dont la grande délicatesse ne voulut jamais faire partager aux autres ses craintes, ses déboires ou ses peines, dont l’esprit cultivé trouva toujours qu’il ne savait pas assez, dont le cœur s’ouvrait à toutes les misères connues ou soupçonnées dont, l’âme sacerdotale était tout imprégnée de sainteté.
Notre confrère repose sous la véranda sud de la magnifique église de Chandernagor, tout près de l’autel où depuis 25 ans il célébrait la Sainte Messe, et nombreux sont les pieux pèlerins qui vont prier sur sa tombe.
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Références
[1674] DURIER André (1862-1934)
Références biographiques
AME 1894 p. 132. 1934 p. 94. CR 1885 p. 144. 1893 p. 237. 1895 p. 293. 295. 1906 p. 240. 1916 p. 166. 1918 p. 194. 1922 p. 150. 1934 p. 234. 266. BME 1932 p. 148. 228. 474. 560. 1934 p. 358. EC1 N° 284.