Régis PERBET1850 - 1924
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1300
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Thaïlande
- Région missionnaire :
- 1876 - 1924
Biographie
[1300] PERBET Jean, François, Régis, est né le 26 mai 1850 à Araules, dans le diocèse du Puy (Haute-Loire). Il fait ses études secondaires au Petit Séminaire de Monistrol. En 1870, il est engagé dans le corps général Bourbaki puis rejoint le Grand Séminaire. Il entre tonsuré au Séminaire des Missions Etrangères le 28 septembre 1873, et est ordonné prêtre le 28 septembre 1876. Il part le 2 novembre suivant pour la Mission du Siam.
Il étudie la langue d'abord à l'évêché, auprès de Mgr. Vey, puis à Petriu auprès du Père Schmitt qui n'acceptera jamais d'en être séparé. Le Père Perbet sera donc 28 ans vicaire à ce poste, de 1877 à 1904, visitant les chrétiens dispersés, les réunissant en groupes plus ou moins grands, qui ont été à l'origine des postes de Nakhon Nayok, Pachim, Pakkhlongtalat, faisant partout preuve de la plus grande charité, tant envers les chrétiens qu'envers ses confrères. Il s'occupera spécialement de l'éducation des enfants ; c'est lui qui appellera et aidera les Frères de Saint Gabriel et les Soeurs de Saint Paul de Chartres à bâtir leurs écoles sans parler de l'établissement de l'école normale d'instituteurs-catéchistes. Tout cela parce qu'à la mort du Père Schmitt, c'est bien sûr le Père Perbet qui a été nommé curé de ce poste.
Mais tous ces travaux vont le fatiguer et le Père Perbet meurt à Petriu le 21 mai 1924, à l'âge de 74 ans après 50 années de présence dans ce seul et même poste.
Nécrologie
[1300] PERBET Jean (1850-1924)
Notice nécrologique
M. PERBET
MISSIONNAIRE DE SIAM
M. PERBET (Jean-François-Régis), né à Araules (Le Puy, Haute-Loire), le 26 mai 1850. Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères, le 28 septembre 1873. Prêtre le 23 septembre 1876. Parti pour le Siam le 2 novembre 1876. Mort à Petriou, le 21 mai 1924.
Jean-François-Régis Perbet naquit à Araules, diocèse du Puy, le 26 mai 1850. Son père, homme d’une énergie peu commune, forma le caractère de son enfant et lui fit acquérir cette fermeté et ce jugement droit que nous avons tous connus. Sa mère, chrétienne d’une piété simple mais profonde, lui inculqua dès l’enfance cet amour de Dieu et de l’Eglise qui devait plus tard se manifester par sa vocation apostolique. Nous n’avons que peu de détails sur la prime jeunesse de notre confrère, mais nous savons qu’élève de l’école primaire du village, il fut vite distingué par le curé de la paroisse qui le prit pour enfant de chœur, lui enseigna les rudiments du latin et le fit entrer au Petit Séminaire de Monistrol. Dans cette Maison, qui a déjà donné plusieurs prêtres aux Missions, l’esprit et le cœur du jeune François-Régis se perfectionnèrent rapidement, au contact et sous l’influence de maîtres pieux et dévoués. Ses études, sans être particulièrement brillantes, furent bonnes, grâce à son tempérament énergique et volontaire.
Ce travail de formation fut brusquement interrompu par les funestes événements de 1870. Engagé dans le corps de Bourbaki, le jeune Perbet participa à la retraite de ce général sur la Suisse. Raconter ce qu’il souffrit pendant cette période lamentable serait refaire l’histoire de l’année terrible. A cette époque, que notre confrère aimait à rappeler pendant la guerre de 1914, les services du ravitaillement et de l’intendance n’étaient pas organisés comme ils le furent plus tard, et les souffrances de nos pauvres soldats, sans pain, sans chaussures, dépassèrent ce qu’on peut imaginer. Aussi M. Perbet s’émerveillait-il lorsque, pendant la grande guerre, on lui racontait de quels soins étaient entourés nos braves poilus ; il disait ses souffrances de 70, quand, les pieds gelés, il ne pouvait trouver aucun gîte, aucune ambulance, ni recevoir les soins les plus élémentaires.
La guerre terminée, il reprit ses études et obtint de son évêque l’autorisation d’entrer au Séminaire des Missions-Étrangères. Là, il trouvait l’atmosphère dont il sentait le besoin pour vivre comme il le souhaitait. La charité fraternelle de ses confrères, la bonté des Directeurs dilatèrent son cœur et il s’adonna avec ferveur aux études ecclésiastiques. Toute sa vie il conserva un souvenir réconfortant, aux heures de tristesse, de ces années du Séminaire, qui comptent parmi les plus chères de notre passage sur cette terre.
M. Perbet fut ordonné prêtre le 23 septembre 1876, et reçut sa destination pour la Mission de Siam. A cette époque ( comme d’ailleurs peut-être encore aujourd’hui ) la Mission de Siam n’était guère convoitée par les futurs partants : c’est qu’on ne pense guère à elle lorsqu’on chante au départ des missionnaires : Ne faut-il pas remplacer ceux qui tombent sous le couteau de féroces tyrans … Voilà pourquoi M. Perbet reçut sa destination, sinon avec une allégresse exubérante, du moins avec une soumission joyeuse, persuadé que Dieu lui-même le voulait là, dans ce coin de Sa Vigne. Il quitta Paris le 2 novembre 1876 et arriva à Bangkok dans le courant de décembre.
Mgr Vey, Vicaire Apostolique d’alors, garda quelque temps auprès de lui le « cher Père nouveau », son compatriote, puis l’envoya étudier la langue auprès du P. Schmitt, un lettré distingué. Tout en s’appliquant à l’étude du siamois, le jeune missionnaire s’efforça de seconder de son mieux son vénérable mentor, devançant parfois ses désirs pour alléger ce qui, dans le ministère quotidien, pouvait être pénible à un confrère déjà ancien et absorbé dans l’étude des langues sanscrit et pali et dans l’épigraphie siamoise. Ces attentions délicates valurent à M. Perbet l’affection profonde de son chef de poste. On le vit en plus d’une circonstance, lorsque Mgr Vey, voulant placer M. Perbet à la tête d’une autre communauté chrétienne, dut condescendre aux considérations personnelles de M. Schmitt qui, appréciant à leur juste valeur les qualités de son vicaire, ne se résigna jamais à s’en séparer. C’est ainsi que M. Perbet demeura vicaire à Petriou pendant vingt-huit ans. Si un auteur ascétique a pu dire que la véritable humilité consiste dans la joie de servir en sous-ordre, nous pouvons conclure que M. Perbet était doué à un haut degré de cette belle et difficile vertu. Il ne tint qu’à lui d’être placé à la tête d’une chrétienté et, s’il est resté si longtemps dans son unique poste, c’est qu’il lui plaisait par vertu de demeurer en second ; c’est là un bel éloge de notre confrère. L’humilité fut, en effet, avec la bonté, la caractéristique de sa vie. Jamais on ne le vit se mettre en avant, essayer de s’imposer en aucune façon. Dans les petites discussions entre confrères, sa facilité de céder aux vues d’autrui était admirable. Tout au plus marquait-il par son silence qu’il était d’une opinion contraire à celle qu’on émettait devant lui.
Cette humble idée de soi-même lui acquit l’estime et l’affection de tous ses confrères ; il n’en est pas un parmi eux qui ne souscrive à cet éloge : Il fut un doux et humble de cœur. Eloge auquel il est difficile d’ajouter quelque chose, puisque ce sont ces deux vertus que le Divin Maître nous a recommandé expressément d’apprendre de Lui.
Notre confrère faisait l’édification de tous par sa piété et son zèle pour le salut des âmes qui lui étaient confiées. A son arrivée à Petriou, les chrétiens étaient encore peu nombreux ; plusieurs demeuraient loin de l’église, dispersés le long du fleuve ; il alla les visiter souvent, les réunit en groupes et put ainsi laisser plus tard à des confrères plus jeunes plusieurs petites chrétientés aujourd’hui florissantes, comme Nakhonnajok, Pachim, Pakkhlongthalat, sans parler de celles qui ne durèrent qu’un temps et disparurent ensuite, parce que leur situation n’étant pas favorable à la vie matérielle des chrétiens, ceux-ci se transportèrent en d’autres localités.
Le soin de ces chrétiens dispersés ne lui faisait pas négliger les intérêts de la chrétienté centrale. Il profita d’occasions favorables pour acquérir de vastes terrains propres à la culture du riz et y installa des chrétiens, procurant ainsi à ceux-ci le moyen de gagner leur vie, en même temps qu’il assurait la stabilité du poste. C’est en allant inspecter ces rizières, à un endroit où il avait établi quelques familles, que M. Perbet faillit tomber victime des ennemis du nom chrétien.
A cette époque, il y a quarante ans, Siam n’était pas administré comme de nos jours ; les fauteurs de désordre avaient beau jeu. Parmi eux se distinguaient particulièrement les « Angji », société secrète composée surtout de Chinois. Les adeptes de cette sorte de franc-maçonnerie, gens de sac et de corde, n’ont qu’un but : créer du désordre et opprimer les honnêtes gens. Par là même ils sont les ennemis-nés des chrétiens à qui il est défendu d’entrer dans ces associations secrètes. Un jour, ces misérables s’avisèrent d’entourer la petite maison qu’habitait M. Perbet et ses serviteurs et de manifester des intentions nettement hostiles. Mais la Providence veillait. Avant que le Père eût eu le temps de l’en empêcher, un de ses gens de service, homme à moitié idiot, empoigna la carabine du missionnaire et du premier coup coucha à terre deux des agresseurs. Ceux qui restaient s’empressèrent de déguerpir. L’endroit où se déroula cette scène est occupé actuellement par une petite église en bois très convenable, autour de laquelle sont groupés plus de trois cents chrétiens. C’est le poste de Nakhonnuangkhet.
Après la mort de M. Schmitt, M. Perbet lui succéda tout naturellement comme chef du poste de Petriou. Il s’était d’ailleurs si bien assimilé les habitudes, la manière d’agir de son prédécesseur que personne parmi les chrétiens ne put remarquer un changement dans la méthode d’administration, sinon peut-être de la part du nouveau pasteur un redoublement de charité envers ses ouailles. Parmi les chrétiens de ce poste, il n’en est peut-être pas un qui, ayant recours à M. Perbet dans une difficulté quelconque, n’ait reçu de lui un allègement à sa peine.
La charité du bon missionnaire s’étendait encore à ses confrères et l’on peut dire que le presbytère de Petriou fut toujours la maison du bon accueil. Tous y étaient reçus avec la plus cordiale affabilité et les missionnaires malades y furent l’objet des soins les plus empressés.
Parmi les œuvres où la charité de M. Perbet se donnait libre cours, une de celles qu’il eut le plus à cœur fut l’éducation des enfants. Toute sa vie il se montra fidèle à donner, plusieurs fois par jour, une explication claire et simple du catéchisme aux enfants de la paroisse. Dans ces dernières années, le gouvernement siamois ayant édicté des lois sur l’instruction publique, le curé de Petriou fut un des premiers à mettre à profit ce que ces réglementations ont d’avantageux pour développer les écoles des chrétientés. Non content de ses écoles paroissiales, il mit tout en œuvre pour que les Frères de Saint-Gabriel vinssent fonder à Petriou un collège où l’on donne une instruction plus élevée. Les Sœurs de Saint-Paul de Chartres, déjà installées dans le poste, développèrent leurs programmes et actuellement une belle école de filles fait pendant au collège des garçons. En même temps il offrait spontanément l’emplacement nécessaire pour l’établissement d’une école normale d’instituteurs catéchistes, et aida puissamment à la réussite de cette œuvre d’utilité générale.
C’est pendant l’exécution de ces travaux que la robuste santé de notre confrère commença à décliner. Atteint d’infirmités qui lui causaient des douleurs extrêmes, le bon Père supporta son mal avec une patience admirable, ne craignant qu’une chose : être à charge à ses confrères. Il se vit contraint de se reposer de tout ministère sur son vicaire dévoué et commença dès lors à se préparer de son mieux au dénouement qu’il prévoyait prochain.
Pendant ses dernières semaines, il fit ses derniers préparatifs pour son dernier voyage, en pleine connaissance et lorsque le moment fut venu, sans secousse, son âme se détacha de son corps et s’envola vers son Créateur. C’était le 21 mai 1924, vers cinq heures du matin.
La nouvelle de la mort aussitôt connue, ce fut pendant deux jours un concours ininterrompu de chrétiens venant rendre leurs derniers devoirs au pasteur bien aimé. Tous eurent à cœur de se relayer pour prier jour et nuit auprès de sa dépouille mortelle. Monseigneur, entouré d’un grand nombre de missionnaires et de prêtres indigènes, célébra la messe des funérailles et conduisit notre cher confrère à sa dernière demeure. Avant que le corps ne descendît dans la tombe, Sa Grandeur, s’adressant à l’assistance fit ressortir en termes touchants la grande perte qu’éprouvait la Mission, et exhorta les chrétiens à mettre toujours en pratique les enseignements et les vertus du Père regretté. Quelques instants après, Monseigneur recevait de M. Pila, Ministre de France à Bangkok, le télégramme suivant : « Je m’associe sincèrement au deuil de la Mission et suis le premier à ressentir la grande perte faite par les Français du Siam en la personne vénérée du Père Perbet. »
Notre confrère repose maintenant dans l’église de Petriou, à côté de M. Schmitt, son ancien curé, et de M. Voisin, à la place même du fauteuil qu’il occupa pendant près de cinquante ans. Il nous laisse l’exemple à imiter d’un missionnaire humble, mortifié, charitable, dont le souvenir vivra longtemps parmi nous.
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Références
[1300] PERBET Jean (1850-1924)
Références biographiques
AME 1913 p. 100. 194. 1924 p. 197. 1938 p. 12. CR décembre 1876 p. 45. décembre 1884 p. 10. 1886 p. 110. 1902 p. 186. 1904 p. 424. 1912 p. 233. 1916 p. 216. 217. 1918 p. 91. 1920 p. 62. 1924 p. 100. 201. 1926 p. 221. 222. 1929 p. 262. BME 1924 p. 477. EC1 N° 63.