« L’apport des missionnaires à la connaissance des Sciences Naturelles »
Institut catholique de Paris (ICP)
24 mai 2025
L’Institut d’Histoire des Missions organise chaque année une journée consacrée à la documentation missionnaire. Cette année, le thème retenu est la diffusion des connaissances de la faune et de la flore étudiées en terre de mission et transmises en Europe aux XVIII e , XIX e et XX e siècles. Dans nos parcs et jardins contemporains, en effet, une majorité des plantes provenant de divers continents ont été introduites par les missionnaires, depuis des siècles : intermédiaires scientifiques, ces missionnaires naturalistes ont entretenu des relations avec de nombreuses sociétés savantes et de grandes institutions comme le Museum d’Histoire Naturelle de Paris qui conserve aujourd’hui, au sein de ses collections, près de 10 000 planches de plantes et échantillons d’herbiers envoyés par des missionnaires, provenant des quatre coins du monde. Cette journée se propose de découvrir ces missionnaires botanistes, architectes de jardins, zoologistes, leurs travaux ainsi que les trésors des fonds d’archives qui s’y rattachent, en abordant plusieurs thèmes :
1) Les Missionnaires naturalistes – Certains avaient déjà été présentés en 1932, dans l’ouvrage de Paul Fournier (Voyages et découvertes scientifiques des Missionnaires naturalistes français à travers le monde, xv* à xxe siècles. (Encyclopédie biologique, tome X). — Paris, Paul Lechevalier, 1932. In-8° de 108 et 258 pages, 2 figures, 30 portraits). Mais nombreux sont les missionnaires oubliés ou trop peu connus, véritables pionniers, souvent sans formation préalable, se découvrant botanistes ou zoologistes en franchissant et traversant à pied des mondes inconnus, fascinés par la flore et la faune si diverses et si riches qu’ils y découvrent. Les belles correspondances pleines de poésie qui sont conservées dans les archives en témoignent.
2) Les jardins en terre de mission. Le thème des jardins mérite d’être étudié. Rappelons l’existence de ces beaux jardins entourant les couvents de communautés religieuses, quelle que soit la nature du sol, l’art du jardinage étant perçu comme un exercice de sagesse et de méditation en cette existence missionnaire. Ce sont des lieux de retrait spirituel, parfois organisés selon des références bibliques, grottes, monts, cours d’eau qui invitent à la contemplation et au recueillement. Concevoir et cultiver ces jardins est une forme de louange qui permet de s’élever vers Dieu à travers le quotidien. Et ce sont aussi des lieux d’échanges et de rencontres entre ces mondes de culture différente. L’exemple le plus significatif est l’histoire des jardins à la Cour de Pékin dessinés par des missionnaires français, jésuites et Lazaristes qui, dans un deuxième temps, vont transmettre en Europe l’art des jardins chinois au XVIIIe siècle.
3) La découverte de la faune du pays de mission a été une autre source de découverte scientifique, grâce aux écrits des missionnaires. L’un des plus connus est le lazariste Armand David (1826-1900), envoyant en France des classifications botaniques et zoologiques (dont celle du Panda Géant, du Cerf du Père David), dont 70 espèces portent aujourd’hui son nom.
4) Les relations scientifiques régulières entretenues avec les Sociétés Savantes. Ces dernières ont reçu pendant des siècles les comptes-rendus, herbiers, rapports rédigés par ces missionnaires naturalistes, Sociétés nationales, telle le Museum d’Histoires Naturelles de Paris ou l’Institut Botanique de Florence. Certains missionnaires ont collaboré aux travaux d’explorateurs botanistes, tels Gabriel Bonvalot (1853-1933) et le Prince Henri d’Orléans (1867-1901), partis traverser l’Asie à la fin du XIXe siècle.
5) Ces différentes approches du thème de cette journée posent la question des liens entre science, culture et mission. Pour le père David, par exemple, il est impossible de dissocier découvertes scientifiques et Œuvre de Dieu, tout paysage se situant au croisement de la nature, de la culture et du sacré.
6) D’autres thèmes mériteraient d’être abordés : les relations dans le pays de mission entre agriculteurs et missionnaires, souvent fils de paysans eux-mêmes. La culture de la vigne, par exemple, est un sujet souvent évoqué : on se souvient de la belle vigne des Lazaristes à Pékin à la fin du XVIII e siècle, ou à Alger, celle cultivée par les Pères Blancs à Maison Carrée.
Propositions d’intervention à envoyer avant le 31 janvier 2025 à :
Gilles BERCEVILLE, Directeur de l’Institut d’Histoire des Missions
Catherine MARIN, déléguée scientifique
Adresse : ihm@icp.fr
ACCÈS : Missions Etrangères de Paris, Salle Cotolendi, 128 rue du Bac, 75007 Paris
Métro : Sèvres-Babylone