
Le barattage de l’océan de Lait – Cambodge, 1974
Bois sculpté (H. 80 ; L. 193,5 ; P. 6,5) / (IRFA, objets 24-C-567)
Cette longue planche de bois sculptée reproduit à échelle réduite un bas-relief de près de 50 m de long du temple d’Angkor Vat (XIIe siècle) que l’on doit au roi khmer Sūryavarman II et nous narre un épisode fameux de la mythologie hindoue.
Ce récit dont l’origine se trouve dans les Brāhmana (Ve siècle av. J.-C.) est repris et développé dans d’autres textes dont les deux célèbres épopées indiennes en sanskrit : le Mahābhārata (composé entre le IVe siècle av J.-C. et le IVe siècle apr. J.-C.) et le Rāmāyana (composé au début de notre ère) qui a donné naissance à d’autres versions dans les pays d’Asie du Sud-Est.
Pourquoi ce barattage ?
Aux origines du monde, les Devas (les dieux) et leurs ennemis les Asuras (les anti-dieux) n’étaient pas tous immortels. Certes ils vivaient beaucoup plus longtemps que les hommes mais comme eux ils étaient voués à disparaître et à se réincarner. Visnu leur conseille alors de baratter l’océan de Lait afin de se procurer l’amrita, la liqueur d’immortalité. Entreprise colossale pour laquelle ils doivent s’allier et coopérer s’ils veulent réussir.
Sur ce panneau est représenté le début du barattage proprement dit, après les travaux préparatoires. Le mont Mandara a été déplacé pour servir de batteur, le prince -serpent Vâsuki fait office de corde avec, placés à sa tête et supportant son souffle dévastateur, les Asuras, tandis que les Devas sont à sa queue avec le dieu Hanuman, un des protagonistes du Rāmāyana.
Le dieu Visnu y figure deux fois : sous forme humaine à quatre bras, reconnaissable à sa coiffe, son épée et son disque solaire, il dirige l’action ; sous la forme animale de l’un de ses avatars (incarnation), la tortue Kûrma qui sert de socle et empêche le mont de s’enfoncer dans l’océan.
Les efforts conjugués commencent à produire leurs effets : les Apsaras, ces nymphes des eaux apparaissent …
De ce barattage, qui dura plus de mille ans, vont peu à peu émerger d’autres merveilles : Surabhi, la vache céleste d’abondance, l’arbre paradisiaque Parijata, le dieu-lune qui ornera le front de Shiva, Hala, un poison terrible que Shiva neutralisera en l’absorbant, Uchchaisshravas, le cheval ancêtre des chevaux terrestres, Lakshmi, la déesse de la beauté qui deviendra l’épouse de Visnu, Airavata l’éléphant blanc à six défenses, monture d’Indra, et enfin Dhanvantari, le médecin des dieux tenant la coupe tant convoitée d’amrita.

Bois sculpté (H. 80 ; L. 193,5 ; P. 6,5) / (IRFA, objets 24-C-567