Philippe SÉRARD1738 - 1804

[227]. SÉRARD, Philippe, naquit à Saint-Paul-du-Vernay (Calvados) le 14 décembre 1738. Il fut tonsuré le 21 septembre 1760. Il partit du Séminaire des M.-E. au mois d’octobre 1766 pour le Tonkin occidental, et resta pendant d’assez longues années au séminaire de Ke-vinh, enseignant la théologie. Il étudia à fond la langue annamite et parvint à la posséder très bien. Il fut nommé provicaire vers 1772. Les persécutions de 1773 et de 1775 le forcèrent de s’enfuir. En 1777, il était de nouveau à peu près tranquille au séminaire, qui avait alors 16 élèves de 20 à 30 ans.
En 1779, il fut question de l’envoyer au Séminaire des M.-E. comme député de la mission du Tonkin occidental­ ; mais il tomba malade et on renonça à ce projet.
Vers 1785, il commença la traduction et la composition de nombreux ouvrages de spiritualité. Voici la liste de ces ouvrages, telle que nous avons pu la constituer en lisant ses lettres­ : Les examens (Tronson)­ ; Pensez-y bien­ ; Synode (Bellarmin)­ ; Traité ascétique (Bona)­ ; Explication des sacrifices de l’ancienne Loi­ ; Explication des cérémonies de la Messe et des ornements­ ; Extrait du catéchisme de Montpellier (corrigé)­ ; Méthode des confessions­ ; Les principaux péchés de la langue­ ; Instructions spéciales pour les catéchistes­ ; Pratique de la Perfection chrétienne (Rodriguez)­ ; Retraite ecclésiastique (Tiberge)­ ; Guide du chrétien.
Il composa également un catéchisme­ ; mais Mgr Longer en ayant rédigé un en même temps, le sien, quoique, paraît-il, écrit en une langue plus claire et plus conforme au génie annamite, fut laissé de côté. La mission ne possédant pas d’imprimerie, Sérard faisait copier ses ouvrages­ ; il se plaint souvent de manquer de copistes, et également de ne pouvoir recouvrer ses manuscrits originaux prêtés à des missionnaires. Les missions du Tonkin n’ont pas fait imprimer, et ne semblent pas posséder tous les ouvrages de M. Sérard­ ; c’est pourquoi, nous ne saurions affirmer si tous ceux dont nous avons donné le titre ont été achevés.
Cette abondance de productions ne l’arrêtait pas dans ses travaux apostoliques. Après la mort de Mgr Davoust en 1789, il gouverna la mission jusqu’à l’arrivée de Mgr Longer. En 1790, le 14 juin, Leroy écrivait de lui­ : « M. Sérard travaille toujours comme un homme à la fleur de l’âge­ ; il a donné cette année-ci des retraites à Ke-so, à Ke-vinh, à Dong-chuoi, à Bai-vang, à Ke-la, à Ke-so près de la ville royale où il est encore présentement, et cela de suite­ ; il ne se contente pas de prêcher et d’assister à tous les exercices­ ; mais encore il veille assez souvent jusqu’à minuit, pour entendre les confessions et quelles confessions­ ! il y en a qui durent deux et trois heures. »
De 1791 à 1797, il parcourt les chrétientés du Nghe-an, du Ha-tinh et du Bo-chinh. En 1797 et 1798, il revient dans les provinces de Nam-dinh et de Hanoï­ ; il retourne ensuite dans le Nghe-an. Il mourut à Trang-den, le 2 octobre 1804. Le missionnaire qui fut témoin de ses derniers moments, Leroy, écrivait ensuite­ : « Il fait bon d’assister à la mort des justes. C’est là qu’on reconnaît mieux la vérité des promesses divines, et qu’on apprend à aimer la mort, tant elle paraît belle­ ! »