Jacques-Léon THOMINE-DESMAZURES1804 - 1869

[0542] Jacques-Léon Thomine-Desmazures a été le premier membre des MEP vicaire apostolique du Tibet au milieu du XIXe siècle.

Il naît le 17 février 1804 dans la paroisse Saint-Sauveur, à Caen (Calvados). Ses études achevées au lycée et à la faculté des lettres de sa ville natale, il entre au Grand séminaire de Bayeux. Prêtre le 22 septembre 1827, il ne peut exercer aussitôt le ministère paroissial à cause de la faiblesse de sa santé. Son évêque, Mgr Robiou, le nomme le 26 mai 1829 chanoine honoraire. En 1834, il le nomme chanoine titulaire, trésorier de la fabrique de la cathédrale de Bayeux, directeur spirituel d’un pensionnat, et supérieur des religieuses de l’Hôtel-Dieu, puis en 1838 vicaire général.

Désireux depuis longtemps de se consacrer à l’apostolat, il demande son admission au Séminaire des MEP sa santé s’étant améliorée. Son âge parait d’abord un obstacle. Il n’est accepté qu’après une seconde demande, et entre le 26 juin 1847. Le 16 septembre suivant (non le 16 décembre comme le porte l’Histoire de la mission du Thibet, i, p. 291), il part pour le Sichuan (Se-tchoan).

Chine (1849-1864)

Il arrive à Chongqing (Tchong-king) le 16 février 1849. Mgr Pérocheau le charge du district de Ho-pao-tchang. Il y travaille de son mieux, commence à enseigner le latin à des vierges chinoises, enseignement qu’il doit cesser sur l’ordre du vicaire apostolique. Il travaille également à Yuin-tchouan, dont il trouve « l’état fort affligeant », et à Ta-tsiou.

Lors de la division du Sichuan (Se-tchoan) en deux vicariats : septentrio-occidental et méridio-oriental, il aurait fait partie de ce dernier si, au moment où s’exécute cette division décrétée en 1856, il n’est choisi par Mgr Desflèches pour être chef de la mission du Thibet, érigée en vicariat apostolique par le bref Ex debito pastoralis (Jus Pont. de Prop. Fid., v, p. 360), du 27 mai 1846. Sa nomination de vicaire apostolique de Lhassa, faite en vertu d’un bref du 4 avril 1856, est du 17 février 1857. Le 3 mai de la même année, il est sacré à Ho-pao-tchang évêque de Sinopolis ou Sinople.

Le 5 août suivant, il fait avec Mgr Desflèches et Mgr Pérocheau un accord pour la délimitation de son vicariat, qui doit comprendre le Tibet, une partie du Sichuan (Se-tchoan) méridional, et la ville de Guilin (Yuin-lin-tou) dans le Yunnan. Cette délimitation, ratifiée par un décret de la Propagande du 7 janvier 1858, donnait à l’évêque huit mille à neuf mille catholiques. Elle est modifiée en 1860, lors de l’érection en vicariat apostolique du Sichuan (Se-tchoan) méridional. Elle le fut de nouveau en 1861. Mgr Thomine n’eut plus alors de juridiction que sur le Tibet proprement dit, auquel on doit adjoindre plus tard quelques principautés et territoires dépendant de la Chine.

Pendant ce temps, installé à Ta-lin-pin, au Sichuan (Se-tchoan), l’évêque y fait élever un presbytère et des écoles. Il a acheté à Teou-kan-tse un terrain pour y établir un séminaire. N’ayant plus de juridiction dans cette région, et après que, selon le traité de Pékin, Rome lui manifeste le désir de le voir marcher de l’avant, il part le 7 mai 1861 avec plusieurs missionnaires dans l’intention de se rendre à Lhassa. Mais la caravane rencontre sur sa route une vive hostilité, et les menaces des lamas l’obligent de s’arrêter à Tchamouto. Après plusieurs mois d’attente, le 11 mars 1862, l’évêque prend le parti de se rendre à Pékin, afin d’en appeler à la Légation de France. Mal soutenu par notre chargé d’affaires, de Kleczkowski, il n’obtient même pas l’autorisation de retourner au Tibet.

France (1864-1869)

Il rentre alors en France et se rend exposer la situation au ministère des Affaires étrangères. C’est en pure perte. Il part pour Rome, et, après avoir fait connaître l’état critique de son vicariat, donne sa démission qui est définitivement acceptée le 28 août 1864.

Il se retire à Mouen (Calvados), et y meurt en 1869, le 25 janvier, riche de vertus.