Pierre GIRAUDEAU1850 - 1941

[1378] Pierre Giraudeau naît le 17 mars 1850 à Saint- Mars-de- Coutais (Loire Atlantique), dans le diocèse de Nantes. Il s’engage en 1870 parmi les zouaves pontificaux du général de Charrette ; les archives ne font pas mention de sa jeunesse. Ordonné prêtre le 29 juin 1876, il est retenu pendant un an dans son diocèse d’origine en qualité de professeur au collège Notre Dame des Couëts. Il entre aux MEP le 9 août 1877 et fait une année de probation.
Le 11 juillet 1878, il part pour la Mission du Tibet.

Tibet (1878-1941)

Le Tibet, vaste contrée située au centre du continent asiatique, est limité au nord par le Turkestan, à l’est par la Chine, à l’ouest et au sud par l’Inde, séparée par l’Himalaya. D’un accès très difficile, ce passage est encore peu connu avec ces hautes montagnes couronnées de neiges éternelles, ces vastes plateaux, ces lacs nombreux et ces superbes forêts. Le climat est âpre et dur. Les vallées fertiles, à l’abri des grands froids, voient murir fruits, légumes, blé, orge, sarrasin. Les fleuves (l’Indus, le Brahmapoutre, l’Irrawaddy, le Mékong, le Fleuve Bleu) prennent naissance dans ces montagnes. Le pays est sillonné de rares pistes avec des abîmes prestigieux, coupées de rivières ou de torrents que le voyageur ne peut franchir que difficilement par le biais de ponts fragiles, de barques légères en peau de yak. La population, évaluée à cinq millions d’habitants, se compose de Thibétains, de Chinois, de Mosos sauvages, de Lissous (Lisu), de Loutse, etc... La capitale, Lhassa, cité sainte impénétrable aux étrangers, est la résidence du Bouddha vivant, le Daï Lama. Sur le plan politique, ces régions, grandes ou petites, ont un double gouvernement chinois et thibétain, en grande rivalité d’où des querelles sanglantes.
Voici exposée la Mission confiée par Rome aux MEP le 22 mars 1878, qui devient le Vicariat du Tibet dévolu au P. Giraudeau.

Parti le 11 juillet 1878, il arrive à Tatsienlu après un long voyage ; il est nommé au poste de Bathang mais il en est chassé brutalement en 1889 après avoir vu sa résidence incendiée. Son évêque l’envoie à Mosymien, poste plus avancé à l’intérieur du pays et de création récente. Dans l’exercice de son ministère, il se montre prudent dans ses relations avec les païens. En 1891, il est nommé Provicaire.

Mosymien est détruit par les païens, et le P. Giraudeau retourne à Tatsienlu ; regagnant son district, il travaille à relever la Mission de ses ruines. Il convertit peu à peu des adultes, mais la haine et la jalousie des païens l’emportent, et plusieurs postes de chrétiens sont détruits. Un délégué extraordinaire chinois est nommé afin de faire une tournée de pacification ; le P. Giraudeau l’accompagne et contribue à obtenir de bons résultats. Malgré cela, le père subit la colère des Lhamas. En 1929, Mgr Bief, âgé, infirme, a besoin d’un co-adjuteur ; le P. Giraudeau est nommé par Rome administrateur du vicariat. Il est consacré à Suifu le 12 décembre 1897.

. Vicaire apostolique

A la mort de Mgr Biet en 1901, il lui succède comme vicaire apostolique.
En 1929, Mgr Giraudeau, se rendant compte que le Tibet est trop éloigné de Tatsienlu, cède cette portion de la Mission, au sud du Tibet. La mission du Sikkim est alors érigée canoniquement, la ville de Kalimpung devient le centre de cette nouvelle Mission avec Mgr Gouennel comme Préfet apostolique.

En avril 1936, Mgr Giraudeau célèbre ses noces de diamant sacerdotales ; à cette occasion, il remet ses pouvoirs à son co-adjuteur, Mgr Valentin. Il se retire à Tatsienlu, se consacrant à la méditation.

Il décède le 13 novembre 1941 à Tatsienlu ; à Rome, le cardinal Fumasioni Boni, préfet de la Congrégation et de la Propagande, envoie une lettre au Révérend P. Robert, supérieur général MEP, rendant hommage à Mgr Giraudeau en ces termes :

« Mgr Giraudeau a toujours été entouré de l’estime de son clergé et de ses fidèles. Estime et admiration bien méritées pour ce vieillard plus que nonagénaire qui a passé la plus grande partie de sa vie dans sa patrie d’adoption en se prodiguant pendant soixante- trois années au bien des âmes. Si les fruits spirituels n’ont pas correspondu aux très dures fatigues de ce missionnaire, nous pensons que le Juge souverain, qui récompense non pas tant le succès, que le travail de ses ouvriers, aura fait un bon accueil à son serviteur fidèle (lettre du 15 décembre 1941). »