Jean-Marie BLOIS1881 - 1946

[2861] Jean-Marie BLOIS naît le 18 septembre 1881, à Machecoul, dans le diocèse de Nantes en Loire Atlantique. Il reçoit le sous-diaconat le 29 juin 1904.
Le 19 septembre 1904, il entre au séminaire des MEP. Diacre le 28 mai 1905, prêtre le 29 juin 1905, il reçoit sa destination pour le vicariat apostolique de la Mandchourie méridionale (Moukden), qu'il part rejoindre le 11 octobre 1905.
Chine (1905- 1919)
En 1909, jeune missionnaire à Kao-Chan-Touen, le P. Blois se voit confier le soin d'achever la construction de l'église, commencée par le P. Hérin, tout en restant chargé du district de Siao-hei-Chan dont il reconstruit l'église en 1912, et qu'il dédie à Notre Dame de Lourdes.
Paris,1919
En janvier 1919, le P.Blois est rappelé en France comme directeur au séminaire de Paris.
Autorisé à reprendre la vie missionnaire, il regagne son vicariat apostolique en 1920.
Retour en Chine (1920-
Il est choisi comme provicaire par Mgr.Choulet. Le 19 décembre 1921, il est nommé vicaire apostolique de la Mandchourie méridionale, et le 29 du même mois, évêque de Lambèse. Le 23 mars 1922, les lettres apostoliques arrivent à Moukden; malgré les évènements politiques et militaires du moment, le 28 mai 1922, dans la cathédrale, Mgr.Jean-Marie Blois reçoit la consécration épiscopale des mains de Mgr. Demange, vicaire apostolique de Taikou, assisté de NN.SS. Devred et Gaspais.
Dès ses premières tournées pastorales, et durant toute sa vie, Mgr. Blois se heurte au banditisme, à la guerre civile et à l'insécurité. Le 2 janvier 1923, quittant le district de Eul-pa-tan, en compagnie du P.Chabanel, il échappe de justesse aux brigands. En 1924, en raison de ces désordres, il n’est pas en mesure d’assurer l'administration d'un grand nombre de districts, principalement ceux de l'es,t devenus le fief des "barbes rouges".
L'année 1925 s'achève au milieu de troubles graves suscités par la guerre civile au point qu'il doit fermer pour un temps, écoles et couvent des vierges chinoises. En 1931, la tension aigüe entre la Chine et le Japon déclenche l'attaque soudaine de l'armée japonaise dans la nuit du 18 au 19 septembre 1931; les positions stratégiques importantes passent entre les mains japonaises. Il s'en suit une panique folle; les brigands réapparaissent, et avec eux l'insécurité surtout dans les campagnes. Le calme revient en 1933, mais en 1935, il est troublé par des scènes de brigandages gênant la visite des chrétientés éloignées.
Mgr. Blois a le souci de préparer un clergé autochtone capable d'assurer la direction d'une ou de plusieurs missions. Très attentif à la formation des séminaristes, en 1923, il confie au P. Beaulieu la direction du grand séminaire, et auP. Roger celle du petit séminaire auquel il adjoint une section préparatoire.
En 1925, la mission compte 22 prêtres autochtones. La consécration des premiers évêques chinois produit un effet des plus heureux sur les chrétiens. En 1935, sept philosophes et trois théologiens font leurs études au grand séminaire de Kirin.
"Le 31 octobre 1938 », écrit Mgr Blois, « j'ai eu la consolation d'ordonner deux nouveaux prêtres...Nous avons de fait 15 élèves au grand séminaire, et l'an prochain sept latinistes aborderont l'étude de la philosophie scholastique". En novembre 1938, trois séminaristes sont admis au collège urbain de la Propagande.
Le 4 juillet 1875, les"Sœurs de la Providence de Portieux" arrivèrent en Mandchourie. En 1913, Mgr. Choulet leur confie la jeune congrégation autochtone des "Vierges du Saint-Cœur de Marie" qu'il vient de fonder. Mgr. Blois suit de près leur formation spirituelle et intellectuelle. En 1924, il dirige vers les études secondaires plusieurs juvénistes et jeunes religieuses. En 1928, il en oriente certaines vers l'exercice de la médecine pratique; En 1932, il obtient du Saint Siège que la Communauté des "Vierges du Saint Cœur de Marie" soit érigée en congrégation de droit diocésain à voeux simples; ainsi, quatorze de ses membres font leur profession perpétuelle en 1938, année du centenaire de la création de la mission de Mandchourie. Pour leur donner une meilleure maitrise de la langue japonaise, en 1937, il obtient de Mgr.Breton trois sœurs japonaises de la Visitation. Le 8 septembre 1934, Mgr. Blois annonçe que les Sœurs de la Providence de Portieux ouvrent les portes de leur Institut aux jeunes filles du pays, et qu'un juvénat pour elles est créé.
Mgr. Blois aide les pauvres, les orphelins, les malades. Mais il attache une importante capitale à la création d'écoles dans les districts. Il ouvre à Moukden, en mars 1923, un "Collège Franco-Chinois" dont il confie la direction au P.Sage, puis à la rentrée de 1924, aux Frères Maristes. Ce collège dont l'effectif dépasse la centaine d'élèves, dès ses débuts, connait des moments d'agitation, de crise, de xénophobie, des poussées violentes de nationalisme crées par la situation politique du temps. En 1931, sous la pression du Bureau de l'Instruction Publique, ce collège ferme ses portes, au moment où il vient d'atteindre un état de prospérité inespéré.

En 1924, Mgr. Blois confie au P.Sébastien Yen la direction d'une école de catéchistes avec 12 élèves auxquels, deux ans plus tard, suite à un examen écrit et oral, il remet un diplôme. Il ouvre, en 1926 l'Ecole Normale des filles; les Soeurs de Portieux en assument la direction. Le 16 octobre 1936, il accueille trois frères des Ecoles Chrétiennes de Montréal, pour travailler dans la mission et enseigner au petit séminaire. Il encourage, en 1937, les Dames de Saint Maur à développer leur cours complémentaire.

Mgr. Blois appele d'autres sociétés missionnaires à venir travailler en Mandchourie. Par lettre du 23 mars 1925, la Sacrée Congrégation de la Propagande envoie dans la mission de Moukden les premiers missionnaires de la Société des Missions Etrangères du Québec. En juillet 1929, le Tao-chang-Tao, détaché de Moukden, fut érigé en Préfecture Apostolique confiée à Mgr. Joseph Lapierre, et devient la mission de Sze-ping-kai. Par lettre du 11 mai 1925, de la Congrégation de la Propagande, la Société des Missions Etrangères d'Amérique (Maryknoll)est autorisée à aller travailler dans la mission de Moukden. Accueillis par Mgr.Blois en 1926, ces nouveaux missionnaires s'implantent dans le Tung-Pien-Tao, au sud-est de la mission. Par lettre apostolique du 4 février 1932, ce territoire détaché de Moukden, érigé à leur intention en préfecture apostolique confiée à Mgr. Lane prend le nom de mission de Fushun. Par décret de la Propagande du 9 février 1938, la mission de Moukden céde à celle de Jehol cinq préfectures civiles.

Attentif aux besoins des diverses communautés chrétiennes établies dans son vicariat, Mgr. Blois se soucie de leur procurer des lieux de prière et de réunion. En 1924, l'administration japonaise de Dalny qui compte plus de deux cents catholiques japonais lui offre un terrain où il bâtit chapelle et résidence. Il fait de même à Fushun, grand centre houiller, lieu de travail pour plus de 200 chrétiens chinois. A Moukden, un vicaire de la cathédrale s'occupe de la communauté chrétienne japonaise. Mais en 1927, il rencontre une opposition systématique à toute acquisition de propriétés nouvelles par la mission, même pour construire écoles, résidences, ou églises.

Le 14 mars 1932, Mgr.Blois accueille le P. Patrouilleau, missionnaire de Tokyo, et lui confie les chrétiens japonais de la paroisse St.François-Xavier, située à proximité de la concession japonaise et dans le quartier des consulats. Le 4 décembre 1932, il bénit son église nouvellement restaurée. Cette église sert aussi à la communauté chrétienne coréenne, et aux étrangers..

À la demande de Mgr. Blois, en juillet 1933, Mgr. Larribeau envoie en Mandchourie, le P.Dourisboure pour le service, durant ses vacances, des chrétiens coréens émigrés et dispersés dans les missions de Moukden et de Kirin. Le 20 octobre 1937, un prêtre coréen, le P.Joseph Sin s'installe à demeure à Moukden, au service de la communauté coréenne qui compte, dans toute la mission, environ 450 catholiques et vingt et quelques mille autres compatriotes .
Séjour en France , 1930
Le 8 mai 1924, Mgr. Blois quitte Moukden pour participer au "Concile plénier de Chine" qui s'ouvre à Shanghai le 15 mai 1924. Le 6 décembre 1929, il part pour Shanghai, se rend à Béthanie, à Hong-Kong, fait une visite à la mission de Swatow ; le 25 février 1930, il embarque pour Marseille où il arriva le 28 mars 1930. Fatigué depuis longtemps, il refait sa santé, et participe à l'Assemblée Générale des MEP qui s'ouvre à Paris le 15 juillet 1930. Le 12 février 1931, il repart pour Moukden où, à son arrivée le 30 mars on lui réserve un accueil triomphal.
Moukden (1931-1946)
Le 21 Mai 1932, Mgr. Blois et ses missionnaires qui terminent leur retraite annuelle, accueillent Mgr. de Guébriant, supérieur général des MEP. Du 5 au 14 mai 1937, la même faveur leur est accordée. Du 12 au 16 février 1934, Mgr. Blois se rendit à Hsin-King, capitale de l'Etat de Mandchourie pour participer à une réunion des évêques des différentes missions.

En Juin 1934, en raison des relations difficiles avec la Chine et avec Hong-Kong, les Ordinaires du "Mandchoukouo" décidèrent d'établir à Moukden une imprimerie à l'usage de toutes les missions. Le 30 octobre le Fr.Haser, s.j. de la mission de Sienhsien arrive pour organiser cette œuvre, et former le personnel; le 6 décembre 1934, Mgr. Blois bénit le local, et les machines, et proclame St.Nicolas patron de l'Etablissement. En juillet 1935, cette imprimerie publie le nouveau catéchisme pour toutes les missions de Mandchourie; en 1936, elle édite un "Annuaire des Missions Catholiques de Mandchourie"

Le 28 octobre 1934, les supérieurs des Missions, réunis autour de Mgr. Gaspais échangent leurs vues sur la création d'un grand séminaire commun à toutes les missions de Mandchourie. Le 5 avril 1940, Mgr. Gaspais a la joie de bénir cet établissement bâti à Hsinking (Tchang-Tchouen), capitale du "Mandchoukouo", confié aux PP. Assomptionnistes, où quelques jours plus tard, une cinquantaine d'élèves s'installent
La santé de Mgr. Blois se détériore. Il s'éteignit subitement le 18 mai 1946, terrassé par une crise cardiaque au cours d'une visite à un malade à l'hôpital de la mission à Moukden.

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Servi par une forte personnalité, doué de qualités d'esprit et de cœur remarquables, Mgr. Blois a tenu le rôle qu'on pouvait attendre d'un évêque missionnaire. En 1922, il a rerçu le maréchal Joffre lors de son passage à Moukden. Vis à vis des autorités du pays, et du Japon, avec la prudence et la réserve que préconise le droit canon, il a été fidèle aux instructions de Rome. Très attentif aux besoins de sa mission, il a construit un évêché, ouvert plusieurs dispensaires confiés à des sœurs chinoises infirmières diplômées, et un hôpital dirigé par deux religieuses chinoises doctoresses diplômées.
Vers la fin de la guerre, il a été très éprouvé par les épreuves qui vinrent s'abattre sur la mission de Moukden et sur la Mandchourie..