Émile MONBEIG1876 - 1942
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2587
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1901 - 1926 (Kangding [Tatsienlu])
- 1930 - 1942 (Xichang (Kientchang/Ningyuan))
Missionnaires de la même famille
Biographie
[2587] Emile Monbeig, né le 22 décembre 1876 à Sallies de Béarn (Pyrénées Atlantiques), diocèse de Bayonne, après ses études primaires, fit ses études secondaires au collège dOrthez, avant dopter pour le Grand séminaire de Bayonne ; le 11 janvier 1897, il entra aux Missions Etrangères, fut ordonné prêtre le 23 juin 1901 et partit pour le Thibet le 31 juillet.
Arrivé à Tatsienlu, il étudia dabord le mandarin, langue officielle chinoise et fit office de curé de la paroisse de 1902 à 1904. Il fut alors envoyé à Tsechong, région située sur les rives de Salouen, proche de lHimalaya. Vie pénible que celle des missionnaires du Thibet chargés dévangéliser un pays impénétrable, de lHimalaya au Setchouan, ils devaient traverser des vallées profondes, emprunter des sentiers difficiles, dangereux, escalader des montagnes escarpées et enneigées et, vers louest circuler sur des plateaux arides balayés par un vent glacial.
Tel fut le théâtre des premières années dapostolat du Père Monbeig qui travailla au milieu dune population arriérée, primitive, parfois hostile. Pendant une décade environ, il fut voyageu, prédicateur, convertisseur, bâtisseur.
Péril perpétuel aux confins du Thibet, les missionnaires sont confrontés à la haine des moines thibétains, les lhamas. En 1914, le frère du Père Monbeig, lui-même missionnaire dans les Marches thibétaines, fut massacré. Le Père Emile Monbeig poursuivit son évangélisation, assuré désormais dune intercession nouvelle, tendrement fraternelle.
En 1926, le Père Monbeig décida de prendre un congé de trois ans en France et arriva chez lui à limproviste à la surprise de sa maman âgée et de sa famille. Toutefois, il ne resta pas inactif et poursuivit son ministère dans une paroisse voisine.
De retour au Thibet en 1930, il fut affecté au Kientchang, à Mou-Ly situé sur un haut plateau à 3000 mètres daltitude où il oeuvra jusquà sa mort, allant dans les postes voisins : Ouitchenn, Ghou-ous-ho, édifiant une petite chapelle et un presbytère, sa résidence à Yentsinn possédait une église.
Son district vaste, éloigné de Ningyuanfu, résidence du vicaire apostolique, à pas lent, avec sa mule et ses porteurs, il avançait et faisait quelques conversions, adoptant des orphelins quil catéchisait, baptisait et mariait. Ainsi, ces nouvelles familles devenaient des oasis de chrétienté parmi le paganisme ambiant. Deux ou trois fois par an, il revenait à Ningyuanfu pour y faire retraite. Il était apprécié de tous ses confrères qui lappelaient le patriarche, les faisant profiter de sa longue expérience très ecclectique : cest lui qui introduisit la culture de la vigne au Kientchang. A son retour de France, il ramena quelques sarments des meilleurs crus du domaine familial.
En 1941, le Père Monbeig connut les affres de la maladie qui devait l'emporter et se retira à Ningyuanfu où son état de santé empira : son foie et son estomac ne fonctionnaient plus. Il expira le 12 avril 1942 paisiblement, en pensant aux paroles de Mgr de Guébriant, sur son lit de mort : On meurt heureux quand on a consacré toute sa vie aux Missions.
Nécrologie
M. MONBEIG
MISSIONNAIRE DE SICHANG
(Ningyuanfu)
M. MONBEIG (Emile-Cyprien) né le 22 décembre 1876 à Salies-de-Béarn, diocèse de Bayonne (Basses-Pyrénées). Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 11 février 1897. Prêtre le 23 juin 1901. Parti pour le Thibet le 31 juillet 1901. Mort à Ningyuanfu le 12 avril 1942.
M. Emile Monbeig naquit le 22 décembre 1876, à Salies-de-Béarn, au diocèse de Bayonne, d’une famille de bonne bourgeoisie terrienne et profondément chrétienne. Il reçut une excellente éducation, dans une atmosphère familiale intime et chaude, pénétrée d’une profonde et solide piété. C’était un enfant intelligent et vif, aimable et quelque peu turbulent. Sur ses vieux jours, aimant à revenir sur l’heureux temps de son enfance, il narrait volontiers ses espiègleries et les bons tours qu’il aimait à jouer à son entourage : jamais rien de désagréable d’ailleurs ni de méchant. Le soir, avant de s’endormir, il confessait à sa maman toutes ses peccadilles de la journée, et une douce semonce lui enjoignait alors de devenir bon, docile et pieux comme son frère Théodore, qui voulait se faire prêtre et était si sage. C’est ainsi que M. Monbeig apprit de bonne heure à se modeler sur ce frère aîné si parfait, et à suivre son exemple jusqu’au bout. A sa suite, en effet, il s’en fut étudier au collège d’Orthez ; il entra au grand séminaire de Bayonne, puis au Séminaire des Missions-Étrangères ; comme lui toujours, et le suivant de près, il devint missionnaire au Thibet. Quand en 1914, ce frère aîné fut massacré par les Thibétains, ennemis de l’évangile, M. Monbeig continua le sillon déjà tracé jusqu’à la fin, fidèle à sa vocation.
Arrivé au Thibet en 1901, il apprit d’abord la langue mandarine afin d’évangéliser les nombreuses colonies chinoises des Marches thibétaines ; puis il se mit au travail résolument. Il était extrêmement doué et avait tout ce qu’il faut pour réussir auprès des Chinois. De taille imposante et au physique avantageux, sa prestance attirait le respect et la crainte, génératrice de sagesse : plein de finesse, en bon Béarnais qu’il était, il avait vite fait de démêler le vrai du faux, et bien malin le Chinois qui eût pu se vanter de l’avoir trompé. Généreux à hon escient, il avait le geste large quand il le fallait, mais jamais en faveur de ces quémandeurs de profession, toujours nombreux, et qui, en Chine surtout, opèrent avec tant de désinvolture, comme si le fait de « taper » était un hommage à la personne choisie. Eloquent et disert, il aimait à causer avec ses fidèles et à les catéchiser. Enfin, il puisait dans sa vie intérieure, sans ostentation comme sans artifice, le courage de mener la rude vie qui était la sienne.
Car c’est une vie pénible que celle des missionnaires au Thibet ! chargés d’évangéliser un pays impénétrable, ces vaillants soldats du Christ, de l’Himalaya au Se-Tchouan, donnent assaut à la terrible terre des Esprits qu’ils rêvent de conquérir au vrai Dieu. Quel pays ! vallées profondes et encaissées, sentiers difficiles et dangereux, montagnes escarpées, aux sommets neigeux que continuent là-bas, vers l’Ouest, les hauts plateaux arides, balayés par un vent glacial ; et dans ces montagnes, une population arriérée et primitive, féroce parfois. Le missionnaire vit avec eux, comme eux et pour eux, parce qu’il les aime comme ses frères, et veut les gagner tous à Jésus-Christ.
Tel fut le théâtre de ses premières années d’apostolat. En 1904, M. Monbeig fut envoyé dans une région plus lointaine encore, sur les rives de Salouen, proche de l’Hymalaya. C’était vers l’inconnu, pays et climat nouveaux. Il n’avait qu’à suivre, cette fois encore, l’exemple de son frère. En effet, depuis quelque temps déjà, M. Théodore Monbeig là-bas et toujours par monts et par vaux, sans trêve ni repos, prêchait l’évangile, fondait des chrétientés, édifiait des chapelles. Comme son frère, M. Monbeig fut, une décade durant, voyageur et prédicateur, convertisseur et bâtisseur, apôtre courageux et plein de zèle. Ce furent, disait-il, les plus belles années de sa vie, non les moins pénibles, mais les plus fécondes.
Dans ces pays perdus, on avait parfois la surprise de se voir visiter par des Européens qui venaient, au nom de quelque Société de géographie, reconnaître ces régions inexplorées. En toute occasion les missionnaires étaient pour eux des amis secourables et empressés. Un jour M. Monbeig apprit que des explorateurs allemands, tombés dans un guet-apens, couraient un grave danger non loin de chez lui. Il courut à eux au péril de sa vie, mais trop tard ! Il ne trouva que des cadavres qu’il ensevelit pieusement, récitant sur eux les prières de l’Eglise. Plus tard, en Allemagne, leurs familles éplorées, apprenant le geste charitable de ce missionnaire français, lui écrivirent de touchantes lettres de gratitude, et le gouvernement allemand lui décerna une flatteuse décoration.
Le péril est perpétuel aux frontières du Thibet ; et les missionnaires n’en sont pas exempts, eux surtout que poursuit la haine farouche des Lamas idolâtres. La liste est longue des apôtres de l’Evangile mis à mort à leur instigation. C’est ainsi que vers la fin de 1914, M. Monbeig apprenait avec douleur la mort tragique de son frère : ayant quitté Batang pour une tournée apostolique à Yarégong et Lithang, M. Théodore Monbeig avait été guetté sur sa route par des Thibétains fanatiques et massacré impitoyablement. Quel crève-cœur de perdre ainsi un frère bien-aimé, inséparable depuis l’enfance, et depuis 15 ans compagnon d’apostolat ! Il pleura en pensant à la douleur immense qu’éprouveraient sa chère maman, ses frères et sœurs, car pour lui, le sacrifice fut vite accepté ; il ne regrettait qu’une chose, c’est de n’avoir pas été admis à partager l’holocauste. Il continua à évangéliser plus courageusement que jamais, assuré désormais d’une intercession nouvelle et tendrement fraternelle.
Les années passèrent, toutes enrichies de labeur apostolique, fécondes en grâces reçues, en grâces transmises et en âmes sauvées. Au milieu de mille sollicitudes, sa principale consolation était sa régulière correspondance avec sa famille et les bonnes nouvelles qu’il en recevait : une nièce entrait au Carmel de Bayonne, un neveu se destinait au sacerdoce, et dans la maison natale sa mère bien-aimée menait une vieillesse heureuse et choyée au milieu de ses nombreux enfants et petits-enfants.
Mais cette vaillante mère, qui avait déjà offert à Dieu de si héroïques sacrifices, n’avait plus qu’un désir que chacune de ses lettres renouvelait avec insistance : revoir encore une fois son cher missionnaire et recevoir sa bénédiction, l’entendre narrer sa vie apostolique, l’écouter parler surtout de son cher « martyr » ! Ce serait sa suprême consolation avant d’aller le rejoindre dans l’éternité. Le voyage au pays natal finit par être décidé. En 1927, M. Monbeig débarquait à Marseille et arrivait chez lui à I’improviste, doublant de surprise la joie de toute la famille. D’ordinaire, le congé du missionnaire est de quelques mois seulement. On lui avait permis de prolonger le sien tout le temps qu’il voudrait : il le fit durer trois ans, mais ne resta pas inactif ; il prit du service dans une paroisse voisine, et il pouvait ainsi, tout en faisant du ministère, retourner très souvent dans sa famille voir sa mère, ses frères et sœurs, ses neveux et nièces.
Il rentra en mission en 1930 et fut affecté au Kientchang. Il connaissait déjà le Kientchang pour y avoir voyagé autrefois ; les habitants le connaissaient aussi, car ils avaient eu l’occasion d’apprécier son savoir-faire et l’aménité de son caractère. C’était une précieuse recrue et il fut le bienvenu.
Le Kientchang c’est encore le Thibet, surtout dans sa partie occidentale, haut plateau de 3.000 mètres, aux confins du royaume lamaïque de Mou-ly. Ce fut précisément le champ d’apostolat confié à M. Monbeig, c’est là qu’il missionne douze années durant jusqu’à sa mort. Il fixa sa résidence à Yentsinn qui possédait église et rési¬dence ; à quinze kilomètres de là, à Ouitchenn, il y avait aussi une chrétienté avec une école et un catéchuménat ; et bien plus loin, à 50 kilomètres, c’était la poste de Ghou-oua-ho, petite bourgade en pleine brousse. Il y édifia une jolie chapelle et un coquet presbytère.
Son district d’évangélisation était vaste, immense et bien éloigné de Ningyuanfu, où réside le Vicaire apostolique. Mais les distances n’effrayaient pas M. Monbeig. Il avait appris à voyager au Thibet et mettait à profit sa longue expérience ; il allait au pas lent de sa mule ; des bagages le précédaient, d’autres le suivaient : une vraie petite caravane comme au Thibet. Et au cours de ses pérégrinations, il aimait à reconnaître au passage les sympathiques figures thibétaines si fréquentes dans ces régions. Chaque année quelques conversions venaient récompenser son zèle et augmenter son troupeau. Il adoptait aussi volontiers orphelins et orphelines pour lesquels il avait des tendresses de père ; il les catéchisait, les baptisait et les mariait. Et ces nouvelles familles devenaient des oasis de chrétientés au milieu du paganisme. C’était une excellente méthode, disait-il, la méthode en Afrique du Cardinal Lavigerie. Deux ou trois fois l’an, il faisait le long voyage de Ningyuanfu notamment à l’occasion de la retraite. Son arrivée était accueillie avec joie, car il était aimé de tous ses confrères ; il était leur doyen d’âge et on l’appelait le « patriarche ». D’une humeur charmante, plein d’indulgence et d’une grande bonté, il avait conquis l’affection de tous. Il faisait volontiers profiter tous les confrères de son expérience absolue et universelle qu’il mettait à la disposition de chacun pour 1es multiples besoins de la vie quotidienne matérielle et spiri-tuelle : ministère des âmes, apostolat, questions économiques et financières, architecture, horticulture, viticulture même ; c’est lui qui introduisit la culture de la vigne au Kientchang ; il apporta en 1930 quelques sarments des meilleurs vignobles du domaine familial de Salies. Ils ont prospéré et donnent aujourd’hui les belles grappes de raisin dont on extrait le vin de messe.
Comme on était bien reçu quand on allait le voir à Yentsinn ! La visite d’un confrère lui procurait une grande joie et il voulait qu’ou oubliât chez lui les fatigues du voyage. Il veillait à ce que la cuisine fût spécialement soignée et conservait pour ces rares occasions quelque flacon du délicieux vin du cru béarnais de Salies. Enfin, il ne laissait point partir son hôte sans lui remettre argent et provisions pour le voyage.
Malheureusement, une vieillesse prématurée et chargée d’infirmités apparaissait. En 1936, M. Monbeig, se sentant de moins en moins résistant, demanda et obtint du renfort en la personne d’un jeune prêtre chinois. Ce dernier s’installa dans le presbytère de Ouitchenn ; ils se firent de fréquentes visites et entretinrent toujours des relations de vraie et profonde amitié.
En 1941, M. Monbeig connut la maladie qui devait l’emporter : le foie et l’estomac ne fonctionnaient plus, Mgr Baudry lui envoya alors un successeur, un prêtre chinois. Quant à lui, il se retirerait à Ningyuanfu où de bons soins le guériraient, pensait-on. Il quitterait donc sa chère chrétienté sitôt qu’un mieux se produirait, car le voyage est long et difficile. Hélas, ce mieux ne se produisit pas et le mal ne fit que s’aggraver. M. Monbeig comprit alors que c’était la fin. Un médecin de l’hôpital catholique de Ningyuanfu mandé à son chevet, ne fit que confirmer son pressentiment, et le malade fit de bon cœur le sacrifice de sa vie. La mort ne l’effrayait nullement, il lui semblait tout naturel de quitter ce monde. Il pensait sans doute plus que jamais à ce frère « martyr » qui l’attendait là-haut ! Comme lui, il allait mourir en vrai missionnaire, fidèle à son poste jusqu’au bout.
Ses derniers jours fuient consolés par la visite d’un confrère et compatriote, M. Carriquiry, accouru à quatre jours de là. Les souffrances semblèrent oubliées, et après les premiers instants d’émotion, ce fut la joie toute pure, toute simple ; puis cette conversation, comme toujours pleine de finesse et de malicieuse bonté, mais aussi les suprêmes et édifiantes recommandations. Il pensait à tous ses amis, à ses confrères, à ses chrétiens, à sa famille, surtout à sa nièce carmélite et à son neveu, prêtre, sur les prières desquels il comptait tout spécialement.
Il vécut encore quelques jours, sans grandes souffrances. Il reçut les derniers sacrements avec foi et dévotion ; puis le 12 avril 1942, vers onze heures, il expira paisiblement et sans agonie. Au moment de paraître devant Dieu, M. Monbeig à dû faire siennes ces paroles que Mgr de Guébriant disait à son lit de mort : « On meurt heureux quand on a consacré toute sa vie aux missions. »
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Références
[2587] MONBEIG Émile (1876-1942)
Références bibliographiques
An.ME.01P268/06P8.10/33P284/39P33.164
C.R.01P278/02P117/04P114/07P123/08P98/09P108/11P90/18P35/20P26/22P50.56/23P66/25P55/32P99/38P76/47P198
B.ME.28P43PH/29P575/30M332.807/31P368.446.518.747/32P128.204.539.778/33P264.615.692.855.929/34P45.413.492.784.616/35P49.733/36P193.517.659/37P119/38P110.330.752/39P341.646/40P45/41P613/48P85+
Ec.RBac.159.162.179.191.210.431+