François DEYDIER1634 - 1693
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 0003
- Bibliographie : Consulter le catalogue
- Ressources externes : 1670, le premier synode du Tonkin
Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Autres informations
Biographie
[0003] François DEYDIER ou DEIDIER, est originaire de Toulon (Var). Les registres de sa paroisse natale, Sainte-Marie, notent le baptême de deux François Deydier, fils de Pierre et de Marguerite Christian : le premier en date du 28 septembre 1634, et le second du 2 mai 1637. On peut supposer que l'enfant baptisé en 1634 meurt, et qu'on donne son prénom à celui qui est baptisé le 2 mai 1637. La supposition est d'autant plus acceptable, que Deydier reçoit la consécration sacerdotale en 1660, avec une dispense d'âge, selon les annales de l'époque. Il fait ses études théologiques à Aix, Toulon n'ayant pas encore de séminaire, et passe ses examens de docteur en théologie. Il connaît par Mgr Cotolendi l'œuvre des vicaires apostoliques. Il semble s’être rendu à Paris en 1659 ou au début de l’année 1660 ; mais il ne fait qu'y passer, et repart pour Toulon. Il rejoint Mgr Lambert de La Motte à Marseille, qui, selon Bénigne Vachet, l’ordonne prêtre en novembre 1660.
Tonkin (1660-1693)
Il s'embarque pour l'Extrême-Orient à Marseille le 27 de ce même mois, traverse à pied la Perse et l'Inde, et se montre dès le début de sa carrière intelligent et fort actif. Pendant son séjour au Siam, où il s'arrête avant d'être envoyé au Tonkin, il apprend le siamois et l'annamite. Il se rend au Tonkin en 1666, sous l'habit de marchand, se fixe à Hung-yen, et commençe immédiatement l'œuvre du clergé indigène, en instruisant les meilleurs des catéchistes qu’il réunit dans une barque. Il emploie d'autres catéchistes pour la conversion des païens ; en 1667, il compte 2 500 baptêmes d'adultes ; lui-même visite les paroisses et baptise 30 personnes à Tra-lu. Il songe à établir des religieuses, et dès 1667, il en écrit à Mgr Lambert de la Motte ; en 1668, il envoie deux catéchistes au Siam pour y être ordonnés prêtres. La même année, du 28 juillet au 23 décembre, il administre les paroisses de Ke-so et de Trinh-Xuyen, confesse plus de 2000 chrétiens, baptise 758 païens, et réconcilie les apostats de Ke-Coi. Dans l'année 1670, il note 10 000 baptêmes dans tout le Tonkin, et au nombre des baptisés, plusieurs personnages de la cour.
Le synode tenu au Tonkin en 1670, sous la présidence de Mgr Lambert de la Motte, est en partie son œuvre ; il applique ensuite les règles définies dans cette assemblée. La même année, le 24 décembre, il est nommé provicaire par Mgr Pallu.
L'année suivante, il est arrêté et subit de mauvais traitements ; il est même condamné à mort par le mandarin qui l'a emprisonné, mais le roi ne ratifie pas la sentence. Le missionnaire sorti de prison le 5 novembre 1671. Dans la relation de ses souffrances, il écrit ces belles paroles confirmées par le baptême de 5 300 adultes en cette seule année : \ Ce sont des roses qui croissent parmi les épines. Malgré les édits du roi, la perte des biens, les bastonnades, les prisons, il se fait tous les jours de nouveaux chrétiens par un miracle continuel de la grâce. Le soleil de justice fait éclater sa lumière de ces nues menaçantes qui devraient l'obscurcir. Les païens découvrent, reçoivent et conservent cette divine lumière aux dépens de leur vie. "
En 1673, il est, avec le P. de Bourges et presque tous les résidents européens au Tonkin, solennellement reçu par le roi. Celui-ci lui fait poser par un eunuque plusieurs questions sur la puissance respective des différentes nations d'Europe. Le missionnaire répond " que tout le monde demeuroit d'accord que la France l'emportoit sur l'Angleterre, sur le Portugal et sur la Hollande, et qu'il n'y avoit aucun de ces Estats qui n'eust non-seulement pour lui autant d'artilleries et de fondeurs et de canons qu'il luy en faloit, mais mesme qui ne fust en état d'en donner aux autres royaumes ".
Cette réponse ayant été portée au roi par l'eunuque, Sa Majesté le renvoya dire de sa part " aux François et aux Anglois, qu'il leur donnoit la mesme liberté de trafiquer dans son royaume, qu'il avoit accordée depuis longtemps aux Hollandois ".
Ses travaux et ses succès sont attristés par de longs démêlés avec les religieux, particulièrement avec les jésuites Fuciti, Marini, et Ferreira, dont les causes sont détaillées dans la notice consacrée au P.de Bourges.
Le 25 novembre 1679, il est nommé évêque d'Ascalon, vicaire apostolique du Tonkin oriental ; il est sacré par Mgr de Bourges, le 21 décembre 1682, à Hung-yen. La cérémonie n’est pas solennelle : célébrée dans l'arrière-cuisine d'une maison annamite, elle n'a pour témoins que quelques catéchistes, car à cette époque, consacré et consécrateur doivent se cacher des mandarins. La division de la mission du Tonkin, décrétée par Rome en 1679, s’effectue en 1683.
Pendant les années suivantes, le P. Deydier visite son vicariat, forme dans plusieurs chrétientés des religieuses Amantes de la Croix, et continue de promouvoir le clergé indigène. Il tombe malade vers 1690 et meurt le 1er juillet 1693, probablement à Ke-Sat, dans la province de Hai-Duong. A sa mort, on compte au Tonkin oriental environ 120 oratoires ou églises, 25 000 confessions, et 24 000 communions annuelles.
De ses restes, voici ce que nous savons : lors de la persécution de 1714, Mgr de Bourges reçoit l'ordre de transférer le corps de Mgr Deydier dans un endroit qu'on lui indiquait ; il répondit qu'il obéirait. En 1720, la province du Midi Son-nam xu, ou, en langage familier, Xu-nam, comprend Hanoï (sauf la ville de ce nom, qui n'appartenait à aucune province), Nam-dinh, Ninh-binh, etc. Il fait enlever la pierre tombale sur laquelle sont gravés, en caractères européens, le nom et la dignité du prélat, et la fait porter à sa maison de campagne pour en faire un pont. Peu après, un autre mandarin veut ouvrir le cercueil, croyant y trouver des trésors. Les chrétiens s'y opposent. Ces données manquent évidemment de précision, car aucun nom n'est indiqué. Il y a quelques années, les Dominicains trouvent à Kesat une tombe sans inscription. Le cercueil contenait des lambeaux d'ornement ayant appartenu à un évêque ; comme les corps de tous les autres vicaires apostoliques ont pu être identifiés, on se demande si ce corps, n'est pas celui de Mgr Deydier.
Références
[0003] DEYDIER François (1634-1693)
Références bio-bibliographiques
Armes. - De... semé d'étoiles de... [Il y a 7 étoiles ; faut-il voir dans ce nombre 7 un rapport avec les 7 provinces tonkinoises comprises dans le vicariat confié à l'évêque ?]
Notes bio-bibliographiques. - N. L. E., vi, pp. 76 et suiv., 129. - M. C., v, 1873, Sa réception chez le roi du Tong-king, p. 155 ; xv, 1883, p. 197. - B. O. P., 1891, p. 372 ; 1892, p. 522. - Relat. voy. de Mgr de Béryte, pp. 28, et passim. - Relat. des miss. des évesq., pp. 7, 19, 66, 165 et suiv., 194, 201, 206 et suiv., 293 et suiv., 327 et suiv. - Relat. des miss. et des voy. 1672-1675, pp. 68 et suiv., 161 et suiv., 241, 291 et suiv., 327. - Relat. des miss. et des voy. 1676-1677, pp. 82, 105 et suiv., 122 et suiv. - Ann. Cong. M.-E., p. 59.
Docum. hist., Tab. alph. - Hist. gén. miss. cath., ii, 2e part., pp. 399 et suiv., 485. - Hist. gén. Soc. M.-E., Tab. alph. - Lett. de Mgr Pallu, Tab. alph. - Lett. à l'év. de Langres, pp. 25, 55 et suiv., 84, 325. - Anecd. sur l'ét. de la Rel., vii, p. 49. - Hist. de l'ét. du Christ., i, pp. 44, 52, 154, 240 et suiv., 253 et suiv., 263 et suiv., 278 et suiv. ; ii, pp. 4 et suiv., 17 et suiv., 27 et suiv., 35 et suiv., 49 et suiv., 60 et suiv., 74 et suiv., 89, 126, 127, 190 et suiv., 265, 313. - La mor. prat. des Jés., ii, pp. 367, 368. - La vie de mess. F. Picquet, p. 165. - La vie de Mgr I. Cotolendi, p. 153. - Hist. nat. civ. et pol., ii, pp. 132, 136 et suiv. - Les prem. prêt. ind., pp. 7 et suiv. - La Franc. pont., p. 676.
Collect., 16 mai 1681 : n° 662 ; 20 mai 1685 : nos 1797, 2005 ; 27 janv. 1687 : n° 281.
Portrait. - Lithographie, sans nom d'auteur, est au Séminaire des M.-E. - M. C., xv, 1883, p. 199. - Les prem. prêt. ind., p. 28.
Références de la NB
Mais les deux Français sont bientôt dénoncés comme prêtres au gouverneur de la province, qui fait perquisitionner chez eux au cours de l'été 1670. François Deydier est arrêté, molesté et retenu quelque temps en prison, puis chez un magistrat de la ville royale (Bourges, relation, 677 f231; 9.10.1670, 650 f214; Deydier, 10.1.1671, 677 f250-252; Marini 1672, 663 f383k-G). A l'exception de déplacements annuels à la cour pour l'hommage des étrangers au roi (Deydier 15.10.1673, 677 f387; journal 1684, 657 f97 et passim), il réside désormais à Hiên, où il se consacre à préparer des jeunes gens à l'office de catéchistes et au sacerdoce. A leur intention "maître François" (thày Phan) compose de nombreux ouvrages en langue tonkinoise (Bourges, 12.1.1686, 680 f382). Hors de la maison, il porte l'habit de "marchand", les non-chrétiens et les mandarins l'appellent "tài Phan", François le commis ou l'écrivain* au sens que ce mot a en français à l'époque (Marini 15.8.1671, lettre annotée par Deydier, 677 f305; journal 1684, 657 f107; 20.10.1684, 651 f246; journal 1686, 680 f454; journal 1692, 681 f390). Jacques de Bourges et lui sont "provicaires généraux" du vicaire apostolique (lettre au père Fuciti, 7.5.1675 , 650 f373). Le 25 novembre 1679, le pape nomme François Deydier évêque d'Ascalon, Jacques de Bourges, évêque d'Auren, et tous deux, in solidum, vicaires apostoliques du Tonkin, avec ordre de diviser leur vicariat en deux parties. François Deydier est sacré par Jacques de Bourges le 21 décembre 1682 (annales, 665 f8). Au début de l'année suivante, après un tirage au sort, il assume la charge pastorale de la partie orientale du Tonkin (Deydier-Bourges 3 et 19.1.1683, 680 f63). Il fait des confirmations à la ville royale sous couvert de ses visites protocolaires à la cour (annales 1683, 665 f17). Figurent au nombre de ses ouvrages : "la traduction de toutes les rubriques du missel et du rituel ; deux ou trois livres de méditations qu'il a composés ; la traduction d'un traité des sacrements et des cas de superstitions qui sont ici en usage" (E.Belot, annales 1693, 665 f308). Jusqu'à ses dernières années, c'est lui qui rédige le "journal" de la mission signé conjointement par Jacques de Bourges. Dans une de ses lettres à M. Delavigne (autographe du 22 novembre 1692, 653 f175-177), François Deydier cite un couplet de "l'opéra du Tonquin" qu'il chante avec ses confrères. En 1685 il souffre encore des séquelles des coups reçus lors de son emprisonnement de 1670. Le tremblement de ses mains ne lui permet plus de réparer les montres (Deydier 18.1.1685, 680 f131). En 1690 il éprouve presque toute l'année "une grande faiblesse des nerfs" (journal, 681 f180, 181). Des crises prolongées d'asthme le privent de sommeil. Il meurt à Hiên à l'âge de cinquante-neuf ans le 1er juillet 1693. Ses funérailles sont célébrées un mois plus tard (journal, 681 f590-22 et 23 ; annales 1693, 665 f304-305). cf. vol. 8 p. 368 (1681)