Joseph GANDY1839 - 1909
- Statut : Archevêque
- Identifiant : 0933
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Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1867 - 1909 (Pondichéry)
Biographie
[933]. GANDY, Joseph-Adolphe, archevêque de Pondichéry, naquit le 25 février 1839 à Sainte-Anne d'Estrablin, qui à cette époque faisait partie de la commune de Chatonnay (Isère) ; il fit ses études au séminaire de La Côte-Saint-André et au grand séminaire de Grenoble, où il fut ordonné prêtre le 13 juillet 1862. Après avoir été pendant deux ans vicaire à Saint-Symphorien d'Ozon, il entra au Séminaire des M.-E. le 7 août 1866.
Il partit le 15 mars 1867 pour Pondichéry où il fut d'abord professeur. Mgr Laouënan l'envoya en décembre 1870 dans le district de Cottapaleam, et en 1872, dans celui de Coneripatty où il demeura quinze ans. Malgré bien des difficultés, il y établit une colonie de chrétiens de caste, construisit un presbytère, et jeta les fondements d'une église (Eglise, grav., Hist. miss. Inde, v, p. xli) ; il se multiplia pendant la famine de 1876-1877.
Choisi comme coadjuteur, il fut nommé évêque de Tricala le 16 mars 1883, et sacré le 9 septembre de la même année à Pondichéry. Il fit alors pendant quelque temps le cours de théologie au grand séminaire, puis s'occupa de l'administration des districts, et employa dix années à visiter entièrement la mission, dont il prit une connaissance complète. En 1889, le 15 janvier, il devint archevêque de Claudianopolis, et le 29 septembre 1892, il succéda à l'archevêque de Pondichéry, Mgr Laouënan, décédé. La statistique de la mission offrait à cette époque les chiffres suivants : 217 562 catholiques, 88 missionnaires, 34 prêtres indigènes, 160 catéchistes, 1 séminaire avec 47 élèves, 161 écoles et 3 collèges renfermant 7 799 élèves.
L'archevêque s'occupa avec une particulière sollicitude de l'œuvre du clergé indigène et de la conversion des païens, en conformité avec l'instruction Cum postremis (Acta S. Sedis, xxv, p. 513) du 19 mars 1893. Chaque année on compta de 3 000 à 5 500 baptêmes de païens. La vie chrétienne fit des progrès considérables, si l'on en juge par le nombre des communions, qui de 243 045 en 1892 s'éleva à 376 622 en 1899.
Sous son administration, le séminaire de Pondichéry devint le séminaire central des diocèses de l'Inde confiés à la Société des M.-E.
Gandy demanda et obtint la division de son diocèse. Le Souverain Pontife Léon XIII en détacha, le 1er septembre 1899, la partie méridionale qui forma le diocèse de Kumbakônam (Voir BOTTERO).
Pondichéry garda 133 771 catholiques, 79 missionnaires, 27 prêtres indigènes, 83 catéchistes, 88 écoles, et 3 collèges avec 7 351 élèves.
Au mois de juillet 1908, les évêques de la province ecclésiastique de Pondichéry se réunirent pour traiter de plusieurs questions d'administration générale ; quoique très fatigué, Mgr Gandy y joua un rôle actif. Il mourut à Yercaud le 25 mars 1909 et fut enterré à Pondichéry.
" Durant ses 42 ans de mission, il a toujours été sur la brèche, toujours au travail ; n'ayant en vue que le bien des âmes et la sainte volonté de Dieu, se mortifiant, jeûnant, travaillant sans cesse à sa sanctification pour être de plus en plus le forma gregis ; il nous a laissé l'exemple des plus belles vertus. "
Nécrologie
NÉCROLOGE
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MONSEIGNEUR GANDY
ARCHEVÊQUE DE PONDICHÉRY
Né le 25 février 1839
Parti le 15 mars 1867
Mort le 26 mars 1909
Le 26 mars, à 6 heures du matin, une pénible nouvelle arrivait à l’évêché de Pondichéry : Mgr Gandy venait de mourir à Yercand. Nous savions notre archevêque fatigué, mais nous ne pensions pas que le bon Dieu le rappellerait si subitement à Lui. Cependant, depuis quelques semaines, Mgr Gandy avait comme un pressentiment certain de sa mort prochaine. Dans sa dernière lettre à son vicaire général, Sa Grandeur disait :
« La montagne ne me produit plus le même effet qu’autrefois, je sens mes forces baisser et « je compte retourner sous peu à Pondichéry, pour mourir au milieu de mes frères. » C’est au moment où il allait mettre à exécution ce projet, que la mort est venue le sur¬prendre loin de sa ville épiscopale. Il a eu cependant la consolation de voir autour de lui plusieurs de ses enfants qui, par leurs bons soins et leurs prières, ont adouci ses derniers moments.
Dans le court aperçu qui va suivre, nous nous proposons de retra¬cer les faits principaux de la vie de Mgr Gandy. Nous resterons bien au-dessous de notre tâche, car, pour parler d’une vie si sainte et si bien remplie, il faudrait une plume plus habile ; mais notre intention est de rendre un dernier hommage d’affection et de respectueux souvenir à notre vénéré Père.
Joseph-Adolphe Gandy naquit le 25 février 1839 à Sainte-Anne d’Estrablin, au diocèse de Grenoble, d’une famille profondément chré¬tienne et jouissant d’une certaine aisance. Nous savons peu de choses sur les premières années du jeune Joseph-Adolphe. La paroisse avait alors comme pasteur un bon et saint prêtre qui, devinant les des¬seins de Dieu sur cette âme, lui témoigna, dès sa plus tendre enfance, une grande affection. C’est, sans doute, à cette salutaire influence qu’il faut attribuer l’attrait précoce que le jeune homme montra pour l’état ecclésiastique. Le bon curé suivait de près et cultivait avec soin cette âme d’élite. Quand il crut le moment opportun arrivé, il fit entrer Joseph-Adolphe au séminaire de la Côte Saint-André. Un de ses condisciples a rendu de lui le témoignage suivant : « M. Joseph Gandy était « le modèle du séminaire pour la régularité, le travail, et la piété. Sa compagnie était « recherchée comme celle d’un bon et sincère ami. »
Ses études secondaires terminées, Joseph-Adolphe annonça à son cher curé sa résolution d’entrer au grand séminaire. Il laissa même entrevoir son intention de se consacrer un jour aux missions loin¬taines. Nous nous représentons sans peine l’émotion qu’une telle révélation dut produire dans le cœur du vénérable pasteur, qui n’avait point rêvé pour son cher enfant une vocation aussi sublime; cepen¬dant c’était lui qui avait, à son insu, jeté dans l’âme du jeune séminariste le germe de la vocation apostolique. Ce saint prêtre, en effet, était un ami des missions, auxquelles il consacrait généreuse¬ment toutes les sommes dont il pouvait disposer. Il en recevait souvent des lettres qu’il communiquait au jeune séminariste.Il n’en fallut pas davantage pour faire naître dans l’âme de celui-ci le désir de devenir un jour missionnaire.
Le moment d’entrer au grand séminaire approchait. Avant de prendre une détermination définitive, Joseph-Adolphe alla prendre conseil du curé d’Ars, qui n’aimait guère ces sortes de consultations blessant son humilité, il écouta cependant la requête du futur abbé et lui dit qu’il pouvait entrer au grand séminaire, et que le bon Dieu lui montrerait plus tard ce qu’il devrait faire. Ce fut tout.
L’abbé Gandy entra au grand séminaire où il passa quatre ans. Nons ne pouvons le suivre durant le cours de ses études théologiques et de sa formation au sacerdoce. ll fut au grand séminaire ce qu’il avait toujours été : un séminariste exemplaire. Le temps qu’il n’em-ployait pas à l’étude, il le donnait à la prière et à la méditation. A différentes reprises, il confia à son directeur le désir très grand qu’il avait de se consacrer aux missions. Celui-ci, par prudence ou par scrupule, ne l’encouragea jamais dans cette voie.
Le grand jour de l’ordination sacerdotale arriva. Le curé de Sainte-Anne était accouru pour assister à cette fête. Quelle dut être sa satis¬faction en voyant monter, pour la première fois, au saint autel celui que, depuis quinze ans, il entourait de soins et d’attentions délicates !
Après les douces joies de l’ordination et de la première messe, M. l’abbé Gandy fut nommé vicaire à Saint-Symphorien d’Ozon. Il passa deux ans dans cette paroisse et y opéra tout le bien qu’on peut attendre d’un prêtre zélé. Les paroissiens de Saint-Symphorien ont gardé, de leur ancien vicaire, le plus doux et le plus cher souvenir et, jusque dans ces dernières années, ils lui ont adressé des aumônes pour les différentes œuvres de la mission de Pondichéry.
Après deux ans de ministère pastoral, l’abbé Gandy, entendant en lui l’appel de plus en plus pressant à la vocation apostolique, renouvela, auprès de son évêque, sa demande d’entrer aux Missions-Étrangères. Il craignait un refus, et sa joie fut grande quand Mgr Genouillhac lui accorda la permission tant désirée.
L’abbé Gandy arriva au séminaire de Paris le 7 août 1866. L’année suivante, il reçut sa nomination pour Pondichéry, et partit le 15 mars. Il fut d’abord placé dans l’enseignement. Ce n’était peut-être pas ce qu’avait rêvé le jeune missionnaire, mais, outre que ce séjour à Pondichéry lui permettait d’apprendre les éléments de la langue tamoule, il s’initiait, en même temps, aux coutumes si bizarres et si compliquées de ce pays. Il accepta donc de bon cœur la charge de pro¬fesseur. Ses anciens élèves ont toujours gardé de leur maître le meilleur souvenir.
« Notre professeur, disait dernièremeut un de ses anciens élèves, outre les devoirs et les « leçons, nous donnait tous les jours une pensée pieuse que nous devions nous remémorer « plusieurs fois pendant la journée. »
Enfin, arriva le jour où M. Gandy reçut sa destination pour un district. Il fut au comble de ses vœux ! L’amour des âmes, dont il voulait gagner un grand nombre à Jésus-Christ, lui faisait souhaiter un poste éloigné et difficile. Il fut servi à souhait. Placé d’abord à Cottapaléam, il se vit chargé, l’année suivante, du nouveau district de Konéripatty, poste donnant beaucoup d’espérances, mais qui, pour le moment, ne comptait que quelques centaines de pauvres néophytes.
M. Gandy se mit à l’ouvrage avec une ardeur incroyable. Son premier soin fut de donner aux fidèles une instruction solide sans laquelle toute persévérance est impossible. Il ne négligea pas, non plus, la conversion des infidèles dont les dispositions lui paraissaient excellentes.
Les païens de caste, voyant ce grand mouvement vers notre foi, en prirent ombrage et se mirent à tracasser de toutes manières les néophytes. Ils avaient compté sans l’énergie du missionnaire. Celui-ci, en effet, comme le bon Pasteur, soutint ses chrétiens et leur fit rendre justice. Les ennemis, qui avaient chanté victoire trop tôt, comprirent qu’il fallait compter avec lui. Bien plus, M. Gandy, ayant gagné plusieurs procès importants, les vit eux-mêmes venir solliciter sa protection auprès des employés du gouvernement. Il ne leur garda pas rancune et fit, pour les païens, ce qu’il faisait pour les chrétiens.
Nous ne pouvons rapporter ici toutes les belles choses que M. Gandy accomplit à Konéripatty pendant les quinze années qu’il y resta. Disons néanmoins qu’il y établit, au prix de difficultés extrêmes et de dépenses considérables, une colonie de chrétiens de caste. Pour com¬prendre l’importance de cette création, il faut se rappeler que presque tous les néophytes baptisés jusqu’alors à Konéripatty et dans les villages environnants étaient de pauvres parias. Une colonie de chrétiens de caste relevait le nom du district et inspirait du respect aux païens.
M. Gandy bâtit le presbytère de Konéripatty et jeta les fondations d’une grande et belle église sous le vocable de Notre-Dame de la Salette ; c’était le gage de sa vive dévotion à la bonne Mère et un souvenir tout particulier donné à son pays natal.
Ne passons pas sous silence la belle conduite de M. Gandy durant la grande famine de 1876 et 1877. Les pluies ayant fait défaut, toutes les récoltes furent perdues. Poussés par la faim, un nombre incalcu¬lable de païens, attirés par la réputation de bonté, de charité et de douceur dont jouissait le missionnaire, vinrent se jeter dans ses bras. Il fallut s’ingénier pour grouper les néophytes dans les principaux villages et suffire à la subsistance de tant de monde. C’est alors que M. Gandy dut comprendre l’importance de bons catéchistes. En face de milliers de païens qui demandaient le baptême, il avait, pour toute aide, son palefrenier, un pauvre illettré, il était donc seul pour une pareille besogne ; mais son zèle, son esprit de foi et son amour ardent pour les âmes le soutinrent. A l’égard de ses néophytes il mettait en pratique cette parole de saint Augustin : Ama et fac quod vis.
Il aima toujours ses chrétiens d’un amour surnaturel ; il voulait gagner leurs âmes à Jésus-Christ ; pour cela il supportait leurs défauts, leurs importunités, avec une patience admirable. Il se privait souvent du nécessaire pour leur venir en aide. Il tenait beaucoup à la sanctification du dimanche. Il punissait sévèrement ceux qui se mettaient on désordre ; mais, dans ses plus dures réprimandes, tous voyaient bien que c’était l’amour de Notre-Seigneur qui le rendait inflexible. Ceux qui avaient été punis la veille étaient bien sûrs, le lendemain, de retrouver en lui la bonté et l’amabilité d’un tendre père.
L’amour de Notre-Seigneur, une tendre et filiale dévotion à la sainte Vierge, une confiance sans bornes en sa protection, l’amour surnaturel de ses chrétiens, un grand esprit de charité, une régularité parfaite dans tous ses exercices, voilà les vertus que pratiqua M. Gandy pendant tout le temps qu’il fut en district.
Ces vertus éminentes, qu’il s’efforçait de cacher sous le voile d’une profonde humilité, le firent remarquer de tous les missionnaires, et c’est sur lui que tomba leur choix, quand, en 1883, ils furent invités par Mgr Laouënan à élire un coadjuteur. Il fit tout ce qu’il put pour éviter une charge aussi lourde et une responsabilité aussi grande et ne se rendit qu’aux sollicitations pressantes de son évêque et de ses confrères. Voici d’ailleurs ce qu’il écrivit en apprenant sa nomination. Cette lettre montre dans quel trouble l’avait jeté son élection comme
Coadjuteur : « Ma vie de missionnaire a été bien agitée, pleine d’ennuis et de déboires, mais « Dieu ne m’a pas non plus refusé ses consolations, et il a béni mon ministère au delà de tout « ce que je pouvais espérer. La moisson a été abondante : deux grands districts ont été fondés, « bon nombre de chrétientés établies, des chapelles bâties. Le protes¬tantisme, si fier et si « puissant par ici, il y a dix ans, courbe la tête ; les païens, qui nous traitaient de si haut, ont « appris à compter avec nous... Mais au moment où les choses commençaient à s’organiser et « où je devenais maître de la position, voilà que, par des circonstances inexplicables, j’ai été « choisi pour coadjuteur de Mgr Laouënan. Mon cœur sera bien gros, le jour ou plutôt la nuit « de mes adieux à ma paroisse que j’aimais tant. Mais, après tout, cette tristesse est peu de « chose, comparée aux nombreuses sollicitudes qui vont être mon partage. »
Le sacre eut lieu le 5 septembre 1883, avec une grande solennité. Les vicaires apostoliques de Madras, du Maduré, du Maïssour et du Coïmbatour, qui s’y étaient rendus, présentèrent à leur jeune collègue leurs vœux de prospérité et de long épiscopat. Ces vœux ont été amplement exaucés, car Mgr Gandy a été près de vingt-six ans évêque et, durant dix-sept ans, il a dirigé, avec une énergie peu ordinaire, la mission de Pondichéry.
Le nouvel évêque faisait concevoir les plus belles espérances. On admirait en lui une humilité profonde, une piété sincère, un zèle dévo¬rant pour la gloire de Dieu, une délicatesse de sentiments peu ordinaire, une douceur et une bonté qui prévenaient tous les cœurs en sa faveur. Ces qualités, précieuses entre toutes, étaient servies par une constitution robuste qui lui permettait de fournir une somme considérable de travail.
Quelques jours après son sacre, Mgr Laouënan lui confia un cours de théologie au grand séminaire. Un peu plus tard, il l’envoya faire l’administration des districts. Là, Mgr Gandy était dans son élément.
Il mit dix ans à visiter complètement la mission de Pondichéry. Aussi la connaissait-il dans ses moindres détails, et les villages les plus éloignés, qui possédaient seulement une modeste chapelle en chaume, avaient eu l’honneur de voir leur évêque bien-aimé. Mgr Gandy avait la confiance des chrétiens ; il pouvait compter sur l’affection et le dévouement des missionnaires à qui il avait donné des preuves certaines de sa charité ardente et l’exemple de toutes les vertus apostoliques.
En 1892, Mgr Laouënan, chargé d’ans et de mérites, mourait à Montbeton, Mgr Gandy devenait, par le fait même, archevêque de Pondichéry. A la vue du fardeau qui lui incombait, il sentit un instant ses forces défaillir. Il écrivit au Saint-Père pour le supplier d’accepter sa démisssion et de confier le diocèse en des mains plus habiles. Léon XIII, qui connaissait depuis longtemps les qualités éminentes du prélat, lui adressa une lettre pleine d’encouragements en lui envoyant le pallium. Mgr Gandy fut intrônisé solennellement clans la cathédrale de Pondichéry, et cette belle fête ramena, une fois encore, autour du nouvel archevêque les évêques du Coïmbatour, du Maïssour, et les délégués de Madras et de Trichinopoly.
La mission de Pondichéry avait, au moment où le nouvel archevêque en prit la direction, une étendue de 5.000 kilomètres carrés. Elle comptait près de 220.000 chrétiens sur une population totale dc 8.000.000 habitants. Il y avait 92 prêtres européens et 39 prêtres indigènes, une communauté de religieuses européennes et quatre de religieuses indigènes, plusieurs grands collèges, tant sur le territoire français que sur le territoire anglais. Tel était l’héritage laissé au nouvel archevêque par Mgr Laouënan.
Mgr Gandy avait passé quinze ans au milieu des néophytes. Devenu supérieur de la mission, ses sympathies allèrent tout naturellement vers les districts de nouveaux chrétiens. Il encourageait les missionnaires à convertir le plus de païens possible et son cœur débordait de joie quand, à la fin d’un exercice, il pouvait inscrire, dans son compte rendu, plusieurs milliers de nouveaux convertis.
Quand un missionnaire bien placé pour obtenir des conversions envoyait un chiffre trop modeste, il le grondait paternellement : « Vous n’aimez pas le bon Dieu, lui écrivait-il, votre « gerbe de conversions devrait être plus considérable. » Si Mgr Gandy aimait que le missionnaire se livrât de tout cœur à la conversion des païens, il tenait aussi à ce que l’instruction de ceux-ci ne laissât rien à désirer. Pendant la visite épiscopale, il aimait à interroger les néophytes et à les récompenser quand leurs réponses étaient satisfai¬santes.
Une œuvre à laquelle Mgr Gandy a donné tout son cœur, c’est l’œuvre du clergé indigène, œuvre par excellence et qui prime tontes les autres. Il n’a rien épargné pour elle : grâce à ses soins, à sa générosité, aux sacrifices qu’il s’est imposés, le séminaire diocésain est aussi florissant que beaucoup de séminaires de nos pays d’Europe les plus catholiques. Si les vocations ne sont pas plus nombreuses, si les résultats ne sont pas aussi consolants que quelques-uns pourraient le désirer, il ne faut pas oublier que nous sommes dans l’Inde, pays où les mœurs, les coutumes, les usages et le tempérament des peuples sont tout juste l’opposé de nos mœurs européennes.
Un travail aussi pénible que celui d’un vaste diocèse finit par avoir raison de la plus robuste santé. En 1895, Mgr Gandy, sentant ses forces décliner, demanda et obtint la division de l’archidiocèse de Pondichéry. Un nouveau siège fut donc créé à Kumbakonam. C’était plus de 80.000 chrétiens, et des meilleurs, qui passaient sous la houlette de Mgr Bottero. Mais Mgr Gandy fit volontiers ce sacrifice à la pensée qu’il pourrait, désormais, s’occuper plus spécialement des nombreux districts de nouveaux chrétiens devenus son héritage.
Mais ses forces ne revinrent pas. Durant une administration, il tomba si gravement malade, qu’on le crut perdu. On le guérit, cependant, mais pour peu de temps : il dut partir pour la France. L’air du pays natal lui fut si favorable, qu’il put bientôt accomplir son voyage ad limina, puis rentrer au plus vite dans sa chère mission de Pondichéry. Il y recommença ses travaux, ses visites pastorales avec la même ardeur qu’autrefois, mais, hélas ! avec moins de vigueur. On le voyait chaque jour faiblir davantage. Il le sentait lui-même, puisque, à différentes reprises, il annonça sa mort prochaine.
Au milieu de juillet 1908, les évêques de la province de Pondichéry se réunirent au sanatorium, pour y traiter de plusieurs questions communes aux 4 missions. Mgr Gandy, espérant encore quelque soulagement d’un séjour sur les montagnes, se rendit à la conférence où il eut un rôle actif, et sa santé ne parut pas en souffrir. Un mois de repos, et ce fut assez. Il redescendit à Pondichéry et se prépara à une nouvelle tournée épiscopale qu’il ne put accomplir ; il avait déjà achevé sa carrière active, et, jusqu’à sa mort, il ne devait plus que prier et souffrir.
Au commencement de janvier 1909, les confrères vinrent en foule à la retraite annuelle. Mais Mgr Gandy n’en put suivre les exercices ; il ne disait même plus la sainte messe. Les confrères, la douleur dans l’âme, lui firent leurs adieux. Deux mois plus tard, ils se trouvaient de nouveau réunis pour accompagner sa dépouille mortelle au champ du repos.
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Références
[0933] GANDY Joseph (1839-1909)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1883, p. 105 ; 1884, p. 132 ; 1885, p. 125 ; 1888, p. 172 ; 1890, p. 185 ; 1891, p. 208 ; 1892, p. 224 ; 1893, p. 236 ; 1894, p. 266 ; 1895, p. 291 ; 1896, pp. 257, 287 ; 1897, p. 240 ; 1898, p. 227 ; 1899, pp. 257, 287 ; 1900, p. 220 ; 1901, p. 226 ; 1902, p. 249 ; 1904, p. 290 ; 1905, p. 241 ; 1906, p. 228 ; 1907, p. 268 ; 1908, p. 235.
A. P. F., lxxxi, 1909, p. 285. - M. C., xv, 1883, pp. 137, 422 ; Ib., Son sacre, p. 545 ; xvii, 1885, Sa première tournée pastorale, p. 207 ; xxi, 1889, p. 87 ; xxiii, 1891, p. 445 ; xxv, 1893, pp. 49, 52 ; xxx, 1898, pp. 169, 351, 507 ; xxxii, 1900, pp. 15, 184, 469 ; xxxiii, 1901, pp. 278, 328, 410, 435, 531 ; xxxiv, 1902, p. 591 ; xxxvi, 1904, pp. 304, 389, 436 ; xl, 1908, La famine dans l'Inde, p. 421 ; Ib., p. 555 ; xli, 1909, pp. 179, 191.
B. O. P., 1893, Remise du Pallium, p. 22 ; 1895, p. 285. - A. M.-E., 1905, p. 124. - P. M. M., 1898-99, p. 3 ; 1901-02, p. 175. - Sem. rel. Grenoble, 1872-73, p. 396 ; 1878-79, p. 297 ; 1882-83, p. 425 ; 1883-84, pp. 18, 293 ; 1898-99, pp. 30, 150, 184.
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