Laurent GÉLIS (de)1820 - 1891
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0537
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1848 - 1891 (Coimbatore)
Biographie
[0537] Laurent de GÉLIS, né le 19 janvier 1820 à Toulouse en Haute-Garonne, fait ses études théologiques au grand séminaire de sa ville natale puis au séminaire de Saint-Sulpice à Paris pendant un an. Son extérieur très réglé fait dire de lui : "Ce sera un sulpicien parfait, il est né pour entrer dans la Compagnie de M. Olier." La prédiction ne se réalise pas.
Prêtre le 20 décembre 1845, il entre au Séminaire des Missions Étrangères le 16 septembre 1846 et en part le 1er août 1847 pour le Coimbatore.
Jeune provicaire.
Il débute à Somanour (1) où la question des castes lui crée des difficultés. En 1853, il est nommé provicaire et le reste jusqu'en 1857, année où il exerce aussi les fonctions de procureur de la mission. En 1859, il est député à la réunion de Salem pour la révision du Règlement général de la Société.
Généreux bâtisseur
En 1860, il construit l'église de Pallapaleam (1) (Eglise, grav., Hist. miss. Inde, v, p. lxxxix). En 1862, on le charge de fonder le poste de Coonoor (1). Il y élève une église en 1867 (Eglise, grav., Hist. miss. Inde, v, p. xcv), une résidence en 1872 et peu après une école. Tous les terrains nécessaires sont achetés avec ses ressources personnelles qu’il verse à la mission. "J'entends, écrit-il, mettre le tout entre les mains et à la libre disposition du vicaire apostolique du Coimbatore, tant pour le fonds que pour le revenu." Il ne se départ jamais de cette règle durant tout le cours de sa carrière. Il ne dépense rien de ses revenus sans la permission de son évêque et se regarde par rapport à ses avoirs personnels comme un simple dépositaire.
A nouveau provicaire
Il est à nouveau provicaire en 1863 et gouverne la mission pendant l'absence de Mgr Dépommier quand il se rend à Rome en 1869 au concile du Vatican et quand il meurt en 1873. Entre temps, en 1872, il est une nouvelle fois nommé procureur. En 1874 ou 1875, il devient supérieur du séminaire à Coimbatore, y professe la théologie et le latin et reconstruit une partie des bâtiments. En 1877, il est nommé chapelain des religieuses Franciscaines Missionnaires de Marie à Ootacamund (2). de nouveau supérieur du séminaire en 1880, il en achève les constructions. En 1891, comme il se rend à Pondichéry, il tombe du train et se blesse gravement. Transporté au presbytère de Salem, il est pris d'une fièvre cérébrale et meurt le 9 mai de la même année.
Ses contemporains retiennent de lui son air sévère et pourtant le P. de Gélis est un homme profondément bon.
1 – Villes à quelques kilomètres au plus d’Ootacamund, Coonoor étant une station de villégiature dans les Nilgiri prisée pour sa fraîcheur.
2 - Des religieuses de Marie Réparatrice se séparent de leur Congrégation et rejoignent en 1874 la mission de Maduré au Coimbatore en 1874 sous la direction de la Mère Marie de la Passion. Elles constituent, ce faisant, le noyau de la Congrégation aujourd'hui très florissante des Franciscaines Missionnaires de Marie.
Nécrologie
M. DE GELIS
VICAIRE GÉNÉRAL DU COÏMBATOUR
Né le 19 janvier 1820.
Parti le 1er août 1847.
Mort le 9 mai 1891.
Mgr Bardou écrit:
« Né à Toulouse d’une de ces nobles et antiques familles aux mœurs patriarcales dans lesquelles la foi et la piété sont héréditaires, le P. Laurent de Gélis fut, dès son bas âge, confié aux soins d’un pré¬cepteur qui lui fit faire toutes ses études classiques. C’est sous les veux mêmes de ses pieux et vigilants parents qu’il fut formé, dès son enfance, à ces vertus solides qui ont fait l’ornement de sa vie aposto¬lique. Entré au grand séminaire de Toulouse, il y fit toute sa théo¬logie. Ses confrères de Toulouse pourraient seuls nous dire combien le pieux séminariste profita des leçons et des exemples de ses vénérés directeurs. Il avait déjà depuis longtemps entendu la voix de Dieu l’appelant à la vie apostolique. Cependant esprit sérieux, sage et pru¬dent, il crut devoir encore mûrir sa vocation et se rendit au séminaire de Saint-Sulpice, à Paris, où il sut se perfectionner dans l’esprit ecclésiastique et puisa cette abnégation de lui-même, cet amour de l’obéissance qui furent la devise constante de sa vie de missionnaire.
« Vers la fin de 1845, il se rendit aux Missions-Étrangères, et en 1846, il fut destiné à la mission du Coïmbatour, qui venait d’être séparée de Pondichéry et fut érigée, en 1850, en Vicariat apostolique avec Mgr Marion de Brésillac comme premier Évêque. Au moment de partir, Dieu voulut encore éprouver son apôtre. Atteint d’une grave maladie qui le conduisit aux portes du tombeau, il fut obligé d’aller dans sa famille pour y réparer sa santé fortement ébranlée. Cette nouvelle épreuve, loin de le décourager, ne fit que le confirmer dans sa vocation. En 1847, il fut assez rétabli pour se rendre dans sa mission.
« Un esprit sérieux, un jugement solide, une abnégation parfaite et par dessus tout une obéissance aveugle à la volonté de ses supérieurs le firent bientôt remarquer de Mgr Marion de Brésillac. Il ne fallait pas une moins grande vertu pour traverser les longs jours d’épreuves qu’eut à subir sa mission.
« Mgr de Brésillac, plein de zèle, de talents et d’initiative, désirait faire de grandes réformes dans l’administration des chrétiens. Mais il rencontra dans l’exécution de ses plans et de ses idées des obstacles insurmontables dans la force de la coutume chez les Indiens. Il crut devoir aller lui-même à Rome, avec l’intention de donner sa démis¬sion, s’il ne pouvait faire admettre ses vues et ses projets. Dans de telles circonstances le découragement envahit le cœur des mission¬naires et plusieurs quittèrent la mission.
Le P. de Gélis, créé second provicaire, au départ de son évêque pour Rome eut beaucoup à souffrir des incertitudes de ce temps d’épreuve. Mais fidèle à sa devise d’être en tout soumis à la volonté de ses supérieurs et résolu de persévérer dans sa vocation malgré toutes les contrariétés, il sut par son inébranlable vertu acquérir l’estime et la confiance de tous ses confrères.
« Le bon P. Métral, premier provicaire, étant mort en 1854, le P. de Gélis resta seul sous la tutelle de Mgr de Pondichéry, chargé de l’administration du Vicariat, jusqu’à l’arrivée de Mgr Godelle, qui, en 1862, envoya le P. de Gélis fonder le poste de Coonoor. Il n’y avait alors à Coonoor ni chapelle, ni maison, ni même un terrain où l’on pût bâtir une petite habitation. Résidant à Wellington, à deux milles environ de Coonoor, le Père prenait soin des Indiens de ce poste et de tout le district, qui comprenait alors tout ce qui forme aujour-d’hui les deux districts de Wellington et de Coonoor.
« Prévoyant la rapide et constante augmentation de la population indienne de Coonoor, à cause des plantations de café qui s’ouvraient de toutes parts, il comprit vite l’importance d’acquérir pour la mis¬sion, à Coonoor même, un terrain où plus tard il faudrait bâtir une église, une école et une habitation pour le prêtre. « J’avouerai, écri¬vait-il alors à Mgr Godelle, « que depuis bien des années une préoccu¬pation que j’avais au cœur, mon rêve favori, était « l’établissement d’un district à Coonoor même. »
« Ayant reçu de son Vicaire apostolique l’autorisation de réaliser son dessein, il se mit immédiatement à chercher et à acquérir un ter¬rain convenable. Après bien des difficultés, il réussit enfin à acheter un petit terrain, il s’y bâtit une habitation ou plutôt une hutte. C’étaient quelques pieux plantés en terre entrelacés de petites bran¬ches d’arbres, le tout enduit de boue et couronné d’un toit de chaume. La hutte pouvait à peine mettre le Père à l’abri de la pluie : peu lui importait. Mais il fallait au moins avoir un local convenable pour célébrer la sainte messe. Sa chapelle comme son habitation fut encore plus pauvre que l’étable de Bethléem. Aussi ne prit-il aucun repos jusqu’à ce qu’il eût acquis un nouveau terrain et bâti une chapelle. A sa grande satisfaction et à la joie universelle, le jour de Pâques 1867, il bénissait son église et y célébrait la messe pour la première fois. « Quoiqu’elle ne soit ni crépie, ni ornée à « l’intérieur, écrivait-il à Mgr Godelle, elle est cependant, jusqu’à un certain point, « convenable et décente pour le culte. »
« L’église une fois bâtie, il songeait à se loger lui-même un peu plus commodément ; il jeta les fondements d’une maison qui ne fut terminée qu’en 1873. Une autre œuvre avait attiré son attention. Les Protestants avaient ouvert des écoles et faisaient une propagande active auprès des enfants catholiques. Il fallait donc bâtir une école pour contrebalancer cette funeste influence. C’est ce qu’il fit et l’école qu’il ouvrit alors a grandi et reste sans contredit la meilleure de toutes celles de l’endroit, malgré les efforts incessants des sectes protestantes. Coonoor qui ne comptait alors que 250 chrétiens en a aujourd’hui plus de 1.200.
« En 1863, au moment d’aller à Rome pour le concile du Vatican, Mgr Depommier qui connaissait et appréciait les qualités d’adminis¬trateur du P. de Gélis, le choisit pour gouverner la mission, durant son absence, et le nomma provicaire apostolique, charge qu’il a tou¬jours remplie jusqu’à sa mort à la satisfaction de tous.
« Un mot maintenant sur les grands exemples de vertus qu’il nous a légués. Faire le plus de bien possible, sans bruit, sans recherche de lui-même et toujours suivant la direction de ses supérieurs, tel fut le point dominant de toute sa vie de missionnaire.
« Recevant une pension de sa famille, il ne voulut jamais rien dépenser de ses revenus annuels sans la permission du Vicaire apos¬tolique. Il se regardait par rapport à son avoir personnel comme un simple dépositaire. C’est ainsi qu’en 1882, ayant acheté de ses propres deniers le terrain de Coonoor, il écrivait : « J’entends remettre le tout entre les mains et à la « libre disposition du Vicaire apostolique de Coïmhatour, tant pour le fonds que pour le « revenu. » Il ne se départit jamais de cette règle durant tout le cours de sa carrière apostolique. Par cette sage et prudente disposition de ses revenus annuels, ce qu’il a fondé dans la Mission restera longtemps comme un témoi¬gnage authentique de son humble désintéressement.
« D’un caractère vif, d’une délicatesse extrême, il était parvenu à se dominer si bien qu’il se reprochait les plus légers défauts de pa¬tience, même à l’égard de ses domestiques.
« Quoique d’un abord sévère, il était cependant d’une grande sen¬sibilité. Les soins dont il entourait ses confrères malades, l’intérêt qu’il prenait à les visiter fréquemment durant leur maladie, prou¬vaient assez à tous que sous une rude écorce battait un cœur plein de bienveillance et de charité. La correspondance régulière et suivie qu’il a toujours eue avec sa famille, pendant 44 ans, prouve assez combien l’affection était ancrée dans ce cœur de missionnaire.
« Atteint d’un asthme qui ne lui laissait que peu de repos, il ne se plaignait jamais. Dieu seul sait ce qu’il a dû souffrir dans ses longs et pénibles accès qui lui survenaient fréquemment. Depuis 1874, année où il avait pris la direction du séminaire, jusque vers les dernières semaines de sa vie, il faisait, matin et soir, la classe de théologie ou de latin à ses élèves, et malgré son grand âge, il les accompagnait même dans leur promenade de la semaine.
« Sa frugalité était remarquable. Depuis longtemps il ne pouvait prendre que peu de nourriture et n’usait jamais de vin. Ce n’est qu’après une grave crise de crachement de sang qui lui survint il y a deux ans, que Mgr Bardou se vit obligé de lui ordonner de prendre un peu de vin, et cependant il disait souvent : « Je ne vois pas que le vin me soit nécessaire ; si vous « le permettez, Monseigneur, je cesserai d’en prendre. »
« Que dire de sa régularité ? Formé à l’exemple de ces directeurs modèles des séminaires, fidèles disciples de M. Olier, il ne se départit jamais de son règlement de vie. Mais il savait le suivre sans qu’on s’en aperçût, c’est-à-dire sans se dérober aux devoirs de la charité et autres exigences de sa position. Levé avant 4 heures du matin, ne se couchant qu’à 10 heures du soir, il savait employer chaque moment de la journée, et on peut dire qu’il est de ceux dont parle le pro¬phète : Et dies pleni invenientur in eis. Tel est en quelques lignes celui qu’un accident aussi tragique qu’imprévu a subitement enlevé à notre affection et à notre vénération.
« Le bon P. de Gélis pour répondre aux désirs de sa famille, qui réclamait de lui une pièce notariée, se rendait à Pondichéry le 8 du mois de mai dernier. On aurait bien voulu lui faire retarder son voyage à cause des grandes chaleurs, mais il lui tardait de donner à sa famille un nouveau témoignage de cette affection qui ne s’est jamais refroidie, il partait donc à 3 heures du soir. A 7 h. ½ , à une quinzaine de milles de Salem, il tombait sur la voie ferrée. A l’arrivée du train à Salem, les employés du chemin de fer, informés de sa dis¬parition, partaient en toute hâte à sa recherche. Ils le trouvèrent vers 11 heures. Il avait une grave blessure au crâne, un des poignets était disloqué, le bras droit cassé et l’épaule démise. Il aura probable¬ment été pris d’un de ces accès terribles de toux qui le faisaient tant souffrir. Il se sera alors appuyé sur la portière pour expectorer, et celle-ci n’étant pas bien fermée, aura cédé à la pression et le pauvre Père aura été jeté ainsi sur la voie ; le train marchait alors à toute vitesse.
« Porté sur un « trally » à la station de Salem, où se trouvait le P. Bosquet, il reçut l’Extrême-Onction et fut transféré au presbytère, après un premier pansement.
« Le cher Père ne reprit un peu de connaissance que vers les 10 heures du matin. Interrogé sur l’accident qui lui était arrivé, il ne se rappela rien. Il croyait être encore au milieu des confrères du Coïmbatour. Bientôt une fièvre cérébrale se déclara et malgré tous les soins qu’on put lui donner, le bon P. de Gélis s’endormit dans le Seigneur, le 9 mai à 11 heures ½ du soir. Sa mort a été soudaine mais non imprévue. Le matin de son départ, il s’était confessé et avait célébré la sainte messe. Du reste sa longue et pieuse vie de missionnaire, on peut bien le dire, n’a été qu’une préparation à la mort : Beatus ille servus quem, quum venerit Dominus ejus, invenerit vigilantem ! »
M. Sire, directeur au grand séminaire de Toulouse, écrit à la sœur du défunt à la date du 8 juillet 1891 :
« ... C’est le 3 octobre 1837 que nous sommes entrés ensemble au grand séminaire de Toulouse pour y faire deux ans de philosophie et de sciences et quatre ans de théologie. Dès la première année, M. Laurent fut un séminariste modèle et il l’est demeuré jusqu’à la fin. Pendant ces six années, je lui ai servi de moniteur, sur sa demande, et je n’ai jamais pu découvrir en lui ni le plus léger man¬quement à la règle du séminaire, ni la violation d’aucune vertu même en matière légère, ni la moindre imperfection volontaire en quoi que ce soit.
« Observer le règlement général de la maison ainsi que les moin¬dres avis de ses supérieurs et de ses professeurs, et observer ce règlement dans tous ses points, même les plus minutieux, en l’absence de tout directeur et de tout séminariste comme devant la communauté et en public, fut, dès son entrée au séminaire et pendant tout son séjour dans la maison, la principale occupation de sa vie, et, je puis le dire sans crainte d’exagérer, je ne crois pas que Dieu lui-même ait jamais découvert en lui le moindre manquement volontaire quant au fond et quant à la forme.
Pour être toujours le premier rendu dans les divers endroits où la cloche nous appelait, il allait trois minutes avant l’avant-quart pren¬dre ses précautions aux cabinets pour pouvoir tomber à genoux dans sa chambre, au premier coup de l’avant-quart, et se rendre, immédiatement après la prière d’usage, à la salle où devait se faire l’exercice. Jamais on ne le prit en défaut pour la règle, pour un exercice, une cérémonie, une leçon, un devoir, un emploi quelconque. Jamais il ne dit une parole plus haute que l’autre ; jamais il ne se permit une interruption en récréation, une immortification quelconque à table, pas même un léger croisement de jambes, ni simplement de pieds quand il était assis ; jamais on ne remarqua en lui une posture ou un mouvement qui sentît le laisser-aller ou la recherche de ses com-modités et de ses aises.
« Vénération et respect constant pour ses maîtres, telle était sa devise, et il ne laissa jamais échapper un mot, même dans l’intimité, qui exprimât le mécontentement, la désapprobation ou la critique. Charitable, doux et plein d’attention envers ses condisciples, jamais il ne manqua d’urbanité et de politesse. Même conduite envers les domestiques, les ouvriers et les pauvres, Il aurait eu sujet de parler longuement et avec satisfaction d’amour-propre de plusieurs de ses parents : il ne le fit jamais.
« Dans sa tenue personnelle, toujours propre mais simple et sans recherche aucune, on admirait malgré soi une modestie, une retenue, une piété parfaite. A la chapelle, dans les cérémonies, en ville ou dans le séminaire, sa conduite était pour nous tous une édification continuelle qui ne s’est pas démentie, je ne dis pas une semaine, un jour, une heure, mais un seul instant.
« Que le bon Dieu devait aimer une âme si pure, si semblable à celle de son divin Fils, si constamment unie à lui par le Saint-Esprit. Aussi se plaisait-il à descendre dans son cœur. Dès sa première année de séminaire, l’abbé Laurent faisait cinq communions par semaine, six plus tard, et vers la fin il communiait tous les jours. Or à cette époque la communion était beaucoup moins fréquente qu’au¬jourd’hui, même dans le séminaire : les lévites les plus fervents et les plus avancés dans les ordres ne communiaient guère que trois fois la semaine, quatre tout au plus.
« Durant les six années passées au grand Séminaire de Toulouse, la régularité de Laurent, sa piété, sa modestie, sa gravité étaient telles que tout le monde disait en parlant de lui : « Ce « sera un Sulpicien parfait : il est né pour entrer dans la compagnie de M. Olier. » De fait il fut jugé par ses supérieurs digne d’entrer dans la société de Saint-Sulpice et admis au séminaire de ce nom à Paris, à la fin des vacances de 1843.
« Dans cette nouvelle maison, où j’ai passé avec lui une année entière, ce fut la même piété, la même régularité, la même modestie à l’extérieur et à l’intérieur, la même sainteté, la même union avec Dieu, le même zèle pour sa perfection. Aussi fut-il constamment regardé comme un des séminaristes les plus parfaits dans une com¬munauté qui compte toujours un très grand nombre de jeunes lévites saints et édifiants.
« Je ne citerai qu’un fait dont j’ai été témoin et qui à lui seul résu¬mera tout ce que je pourrais dire.
« C’était le 2 janvier 1844, veille de la fête de sainte Geneviève, patronne de Paris, que l’on célèbre très solennellement dans la capi¬tale, à la Métropole surtout. Nous avions obtenu la permission de sortir pour faire quelques visites, entre autres, la visite d’un chanoine de Notre-Dame de Paris qui nous protégeait. Eh bien ! au moment de sortir, l’abbé Laurent apprit par une lettre de Toulouse la mort inopinée de son père. Je lui offris alors de monter dans sa chambre et de lui tenir compagnie pour le consoler, en lui faisant remarquer qu’il ne serait pas assez libre de cœur et d’esprit pour faire les visites projetées. Il me répondit : « Nous avons la « permission de sortir aujourd’hui : il est plus parfait d’user aujourd’hui même de cette « permission, c’est plus dans l’esprit de la règle. » Il ajouta : « Mon père était un saint, il est « au ciel : il verra avec plaisir que nous faisons cet acte d’obéissance. » Et nous allâmes faire nos visites pen¬dant lesquelles il fut bon et affable comme à l’ordinaire, en sorte que personne ne se douta du deuil profond où il était plongé.
« Je m’arrête : ce fait en dit plus que tout ce que je pourrais raconter encore. L’abbé Laurent est sinon le plus saint, du moins un des plus saints jeunes gens que j’ai connus de ma vie, et j’en ai vu de très saints. Aussi, en apprenant sa mort, je me suis senti plus porté à l’invoquer qu’à prier pour lui. Dieu veuille que je fasse une mort aussi sainte que la sienne. Fiant novissima mea hujus similia ! »
Références
[0537] GÉLIS (de) Laurent (1820-1891)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1874 (déc.), p. 34 ; 1881, p. 99 ; 1885, p. 131. - Sem. cath. Toulouse, 1891, Sa mort, p. 629.
Hist. miss. Inde, Tab. alph. - Vie de Mgr de Marion-Brésillac, pp. 416, 428, 432, 457, 461. - La T. R. M. Marie de la Passion, p. 73. - Etab. de la Hiér., p. 37.
Notice nécrologique. - C.-R., 1891, p. 269.