Louis MAINIER1909 - 1969
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3476
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Thaïlande
- Région missionnaire :
- 1933 - 1969
Biographie
[3476] MAINIER Louis est né le 15 mars 1909 à Montbéliardot (Doubs).
Il fait ses études secondaires au Luthier, au Séminaire de Consolation et sa philosophie à Faverney. Entré laïc aux MEP le 13 septembre 1927, il est ordonné prêtre le 17 décembre 1932 et part le 21 avril 1933 pour la Mission du Laos.
Il se rend d’abord à l’École de Langues de Vientiane (1933), puis il est vicaire à Ubon (1933-1936) et à Tharae (1936-1938). (Thaïlande !?). Il passe ensuite quelques années dans le secteur de Paksé, à Khampeng et Muong Khai (1939-1947), s’occupe de Nasson et Paravane (1947-1951) ainsi que de Siengvang, puis il est curé de Thakhek.
En 1954, il est capturé par les Vietminh avec Mgr Arnaud, les pères Malo et Cozien et sœur Jeanne-Antide-du-Noyer (17 février - 15 octobre).
A partir de 1955, il est aumônier des sœurs de Siengvang.
Au cours d'un congé maladie, il s'occupe des religieuses laotiennes qui se forment en France (1958-1960).
De retour au Laos, il est chargé des Filles de la Croix de Paksé, issues des Amantes de la Croix.
En 1966-1967, il rentre une nouvelle fois en France pour s’y faire soigner, et pendant ce congé, il met au point et édite les constitutions des Filles de la Croix.
En 1967, il est nommé à Udomsuk, une chrétienté située à vingt-cinq kilomètres de Paksé et constituée de plusieurs villages de réfugiés, en tout 800 chrétiens et 500 catéchumènes.
Il meurt d'une crise cardiaque le 4 février 1969.
Nécrologie
Le Père Louis MAINIER
1909 - 1969
Missionnaire au Laos
Né le 15 mars 1909, à Montbéliardot (Doubs), diocèse de Besançon.
Etudes secondaires à Le Luhier, au séminaire de Consolation et philosophie à Faverney.
Entré aux Missions Etrangères le 13 septembre 1927, prêtre le 17 décembre 1932, destiné à la mission de Thakhek (Laos) et parti le 21 avril 1933.
Postes occupés
1933-1938, étude de la langue, Vientiane, Ubon, Tharé. 1938-1947, secteur de Paksé (Khampeng, Muong-Khai). 1947-1949, secteur de Khampeng (Nasson, Saravane. 1953.1954, Tha Ngam (au sud de Thakhek). 1954, otage des Vietminh, avec Mgr Arnaud, les Pères Malo et Cozien, la Sœur Jeanne-Antide du Noyer, (du 17 février au 15 octobre 1954).
A partir de 1955, le P. Mainier est chargé des religieuses de la mission. Il est aumônier des sœurs de Xieng Vang ; au cours d’un congé de maladie (1958-1960), il s’occupe des religieuses laotiennes qui se forment en France. De retour au Laos, il est chargé des Filles de la Croix de Paksé, issues des Amantes de la Croix. Pendant le congé de maladie qui le retient en France en 1966 et 1967, il met au point et édite leurs constitutions.
En 1967. il est nommé à Oudom Suk chrétienté située à 25 km de Paksé et constituée de plusieurs villages de réfugiés, en tout 800 chrétiens et 500 catéchumènes. Il y est décédé subitement le 4 février 1969.
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Témoignages
Extraits de l’allocution prononcée par le P. Jean Maillot, m.e.p. au service funèbre célébré en l’église du Luhier, Le 11 mars 1969.
« C’est en tant que représentant de la Société des Missions Etrangères de Paris à ce service pour le P. Louis MAINIER. que je viens vous parier de lui.
« Quoique guère plus ancien que lui et originaire du même canton du Russey, je ne l’ai pas connu dans sa première jeunesse. Nous n’avons pas fait nos études dans le même petit séminaire et, il y a cinquante ans, les communications, les voyages, les relations étaient moins faciles qu’aujourd’hui. Par contre, parmi vous, dans cette nombreuse assistance, parmi les anciens de la paroisse, les anciens du Montbéliardot, les anciens de Luhier, il y en a qui se souviennent du jeune Louis Mainier, enfant.
« Parmi les membres du clergé régional ici présents, plusieurs ont été ses condisciples au Séminaire de Consolation. Et dans les environs, nombreux sont ceux qui ont remarqué. en avril 1933, le jeune missionnaire partant pour le Laos et, plus nombreux encore ceux qui ont fait sa connaissance au cours de ses congés en France.
« Tout ce que je puis vous dire au sujet de sa jeunesse, c’est qu’il trouvait du plaisir à en parler longtemps après. Il aimait le Montbéliardot, il aimait Le Luhier, il aimait les siens, ceux qui l’ont élevé, ses anciens professeurs, ses anciens condisciples du séminaire, il aimait ses confrères du clergé de la région, il aimait les familles du pays, il se souvenait de ceux qui l’accueillaient au cours de ses congés, de ceux qui l’aidaient pour sa chère Mission.
« Je l’entends encore là-bas loin d’ici au Laos, me parler des uns et des autres, me vanter le temps de son enfance et me dire la joie de ses retours au pays.
« Personnellement, je n’ai encore guère connu le jeune abbé Mainier aux Missions Etrangères de Paris, avant notre départ en mission ; si j’avais entendu parler de lui depuis longtemps, je ne l’ai bien connu qu’il y a une douzaine d’années au Laos même, au cours de deux voyages que j’avais dû taire là-bas pour m’occuper de réfugiés chinois.
« Le Père était alors dans toute la force de l’âge, un missionnaire chevronné. Il donnait une impression de plénitude, plein de calme, d’énergie et de bonté à la fois, plein de gaieté aussi avec son rire franc et son sourire accueillant. De l’avis unanime de ses confrères, c’était un missionnaire de valeur. Certains de ses confrères espérèrent même un moment le voir élevé à l’épiscopat.
« Travailleur méthodique, il avait fait l’effort suffisant et continué longtemps pour bien apprendre le laotien. la langue de son apostolat.
« Dur pour lui-même, c’était un missionnaire suffisamment exigeant pour faire du solide, travailler en profondeur, bien former ses chrétiens. Quand je l’ai retrouvé, là-bas, il venait, après plus de vingt ans de travail missionnaire en pleine brousse — justement à cause de ses qualités de formateur — d’être nommé aumônier des premières religieuses laotiennes pour les former.
« Le P. Mainier s’est révélé un maître dans cette tâche délicate. Avec son grand bon sens et sa solidité piété, il s’est appliqué d’abord à donner à ses religieuses une sérieuse formation spirituelle. Sa piété du séminaire à N.-D. de Consolation était devenue plus profonde au cours de ses épreuves, elle l’aida à former ses Filles de Marie de la Croix ; ainsi se nomment ces religieuses qui sont, elles aussi, au pied de la Croix depuis longtemps, dans leur malheureux pays.
« Le P. Mainier avait, en effet, une grande dévotion à Marie. Après ses neuf mois de captivité chez les communistes qui l’avaient tait marcher, marcher, marcher encore, répétait-il, il avait écrit, au lendemain de la guerre d’Indochine, dans le Bulletin des Missions Etrangère de Paris, un bel article intitulé : « La voie mariale ».
« Mais sa piété ne l’empêchait pas d’être à la page et de vouloir y mettre ses protégées. Il choisit quelques-unes de ses religieuses pour les envoyer à l’étranger, en Thaïlande d’abord dans d’autres communautés plus anciennes, et en France même, pour leur permettre de se perfectionner et de s’instruire en voyant ce qui se fait ailleurs. Cependant que lui-même rédigeait leurs constitutions, en prenant conseil ici et là, et en utilisant sa profonde expérience du tempérament laotien. expérience acquise au cours de tant d’années en contact permanent avec la population de ce pays. Sans minimiser ce que fit le P. Mainier pour la conversion des païens, avant et après ce travail de formation des religieuses laotiennes, ce travail a sans doute été sa principale tâche, celle qui restera la plus utile et qui gardera le mieux la trace de son apostolat. Il fut pour ces religieuses un véritable fondateur. Et son rôle pour cette communauté, important au point de vue spirituel, ne l’a pas moins été au point de vue matériel. Le P. Mainier, a construit pour les religieuses laotiennes de Marie de la Croix, en payant de sa personne, non seulement comme chef d’entreprise, mais aussi comme transporteur et comme travailleur au besoin, un beau couvent, une belle maison-mère, dont il était justement fier.
« Une confidence qu’il me fit en rentrant en France, pour son dernier congé, me fait penser que c’est à cet énorme effort pour construire ce couvent qu’il a miné sa santé. Mais ce congé terminé, sa santé à peine rétablie, le voilà de retour au Laos. Il va parfaire son œuvre en donnant à as famille spirituelle, et à tous ses confrères, un bel exemple d’obéissance, le plus bel exemple de sa vie après tant d’autres et celui qui le grandit le plus dans notre souvenir.
« Son évêque, Mgr Urkia, connaissant sa valeur et sa vertu, au lieu de le laisser reprendre sa place à la tête de son couvent, le nomme à un nouveau poste, très important sans doute, mais où presque tout était à faire, pour les nombreux réfugiés qui étaient venus s’installer au-delà du couvent des religieuses de Marie de la Croix. Et le P. Mainier accepte ; il n’était pas contestataire : il fit alors un bel acte d’amour parfait, car c’était quelque chose pour lui de laisser ainsi une œuvre qui lui avait tant coûté, pour aller, comme il y est allé, en toute connaissance de cause, là où l’envoyait son évêque. Il lui a fallu refaire une fois de plus le sacrifice de sa vie, et, qui plus est, en toute connaissance de cause, accepter d’aller vivre là-bas une vie de labeur et de pauvreté austère, sans aucun confort. une vie pleine de soucis et de responsabilités, difficiles, dans un pays en plein désordre. Et j’ai entendu dire que le P. Mainier avait réagi rapidement après le choc que lui avait donné cette nouvelle nomination et qu’il avait quitté la France plein d’un enthousiasme raisonné et combien méritoire en pensant qu’il allait de nouveau pouvoir travailler directement à la conversion des païens.
« Le Bon Dieu a voulu, peu de temps avant de le rappeler à lui, que le P. Mainier puisse ainsi signer son enseignement, toute se prédication, par ce bel exemple d’obéissance beaucoup plus convaincant que n’importe quel discours.
« Quand Dieu l’a rappelé à lui, le 4 février 1969, le P. Mainier était là-bas, dans son nouveau poste, à la tête de 800 chrétiens et de 500 catéchumènes à instruire. La veille de sa mort, il avait fait le catéchisme, comme d’habitude et, dans la soirée, il était allé visiter un malade.
« On l’a trouvé mort, au pied de son lit, après que, ne le voyant pas à l’église, comme chaque matin, on eût forcé la porte de la sacristie qui lui servait à la fois de bureau et de chambre à coucher.
« Son église était trop petite pour contenir la foule des chrétiens, des catéchumènes qui assistèrent à ses obsèques, au cours desquelles son évêque. Mgr Urkia. ses confrères des Missions Etrangères et deux supérieurs des Pères Oblats de Marie Immaculée concélébrèrent devant son cercueil.
« Puis, la dépouille mortelle du P. Mainier fut transportée au couvent des religieuses de Marie de la Croix pour être inhumée au milieu de se famille spiri¬tuelle. Ainsi, sa tombe peut encore là-bas, continuer sa prédication.
« En priant ici pour le repos de l’âme du P. Mainier, en cette église du Luhier où il fut baptisé et où il célébra sa première messe, prions aussi pour que l’exemple de sa belle vie de missionnaire, cette vie exaltante, dont les épreuves ne font qu’augmenter le prix, tans diminuer la vraie joie, oui prions pour que l’exemple de sa belle vie lui suscite des imitateurs. »
A ce très bel éloge funèbre, nous nous permettons d’ajouter ces quelques extraits d’une lettre du P. Vignalet, compagnon d’apostolat du P. Mainier, à Paksé, au Laos. Les détails qu’il nous donne sur la mort de son ami intéresseront certainement nos lecteurs et ce sera pour eux un nouveau sujet d’édification.
« Notre cher Père Louis est donc mort au petit jour du mardi 4 février. Non, lui n’a pas été tué. Dieu l’a simplement rappelé à lui alors qu’il était plein de force et de santé, rayonnant de joie. Il est parti sans maladie, sans souffrances, sans accident. Il était seul dans sa « chambre-cuisine-bureau-sacristie ». Dans la nuit, il s’était levé, avait sans doute quelque peu vomi dehors, puis était rentré et n’avait pu rejoindre son lit, auprès duquel on le trouva allongé.
« I1 avait l’habitude de se lever tôt. Le matin, les Sœurs — deux habitaient la maison à côté — ne le voyant pas se lever pour dire la messe, le trouvèrent là, encore tiède, endormi pour toujours dans la paix de Dieu.
« Monseigneur et le couvent du Km 15, à une dizaine de kilomètres, rapidement avertis, exposèrent le corps dans la chapelle, où, jusqu’aux obsèques, le 6 à 1l heures, vinrent se relayer pour prier et veiller, les chrétiens d’Udomsuk. de Paksé et ses environs, avec les Sœurs et les Pères. La stupeur et la peine furent unanimes. Tous ceux qui l’avaient connu l’aimaient profondément. Rien ne laissait supposer sa fin : il avait eu, depuis quelques années, quelques évanouissements rares, qui ne paraissaient pas graves. On le plaisantait sur son rhume de cerveau chronique et bénin. Il me le rendait bien, surtout depuis l’an dernier où j’avais bel et bien été extrême-onctionné ! Je remplaçais à cette époque le P. Galan, tué par les Viets, et m’occupais du couvent où il m’aidait de ses conseils et de son expé¬rience. Depuis son retour de France, il s’occupait de ce village de réfugiés, agglomérat de villages et de races diverses, dont certains étaient ses premiers évangélisés.
« Il avait beaucoup de tracas et souffrait d’avoir tant de peine à les grouper, éduquer, soigner, aider en toutes manières.
« De toute se vie missionnaire, cette année a, sans doute, été la plus dure, pour couronner sa belle carrière. Plus que jamais, il a déployé ses qualités d’intelligence et de cœur, ses trésors de bonté et de charité.
« Il ne paraissait pas son âge, restait présent à toutes les adaptations... Maintenant, il est arrivé! Nul ne sait le jour, ni l’heure... Si je prie pour lui, je le prie encore davantage. Il a souffert le martyre sans en mourir ; il est revenu continuer simplement sa vie d’apôtre. Il est auprès de Dieu !
« Depuis vingt ans, nous étions amis. J’avais été le voir cinq jours avant et, le lendemain, il devait venir passer quelques jours avec moi, ici, à une centaine de kilomètres.
« Que la volonté du Seigneur soit faite ! il nous laisse sa vie exemplaire et son intercession. Il repose au couvent du Km 15, auprès de ses Sœurs, pour lesquelles il a tout fait. Dans nos regrets, gardons l’Espérance... »
Dans une lettre, datée du 19 décembre 1968, un mois et demi avant sa mort, et adressée à une parente, chez laquelle il aimait à séjourner lors de ses congés, le P. Mainier écrivait :
« Ces jours-ci, j’ai pensé à ta maman. En effet, le 17 décembre est l’anniversaire de mon ordination, en 1932 — 36 ans déjà ! — et ta maman y était. Beau souvenir... On ira bientôt en reparler avec elle en Paradis... »
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Références
[3476] MAINIER Louis (1909-1969)
Références biographiques
AME 1933 p. 98. CR 1933 p. 255. 1934 p. 203. 1939 p. 188. 1947 p. 231. 1948 p. 175. 1952 p. 57. 1953 p. 60. 1954 p. 57 et note. 1955 p. 50. 51. 1957 p. 59. 1961 p. 61. 62. 1962 p. 72. 1963 p. 84. 1964 p. 48. 1965 p. 94. 95. 1966 p. 116. 1967 p. 83. 85. BME 1927 p. 582. 1933 p. 238. 321. 568. 635. 801. 1936 p. 529. 1937 p. 454. 1938 p. 276. 411. 555. 631. 1939 p. 69. 146. 165. 168. photo p. 296. 1950 p. 573. 1951 p. 767. 1953 p. 788. 1954 p. 490. 799. 800. 913. 914. 1029. 1037. 1143. photo p. 1108. 1955 p. 52. 101 sq. 352. 353. 784. 908. 1085. 1956 p. 78. 79. 167. 270. 563. 660. 1957 p. 179. 1091. 1958 p. 658. 788. 1960 p. 176. 733. 1961 p. 684. 762. Epi 1961 p. 10. 1962 p. 291. 1964 p. 684. 762. Echos Miss. 1943 p. 338. Février 1947. Enc. PdM. 8P4. ME1 1961 N° 116. p. 10. 1962 N° 121. p. 50. Hir N° 117 p. 2. EC RBac N° 9 juin 1968 p. 284. N° 15 janvier 1969 p. 22. 23. N° 135. 157. 261. 266. 452. 553. 558. 565. 567. 641. 680. NS 4P103. - 9P284. - 15P22. 23. - 17/C2. - 18P121. - 49P51. - 58P338.
Bibliographie
Notice Hamon.
Notice nécrologique
Mémorial 1961-69 p. 124.