Georges LAGRÈVE1902 - 1982
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3268
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Japon
- Région missionnaire :
- 1925 - 1982 (Nagasaki)
Biographie
[3268] LAGRÈVE Georges, Clément, est né le 24 avril 1902 à Fougerolles-du-Lessis, au diocèse de Laval (Mayenne). Ses études primaires terminées, il entra au Grand Séminaire diocésain : il y reçut les ordres mineurs et fut ordonné sous-diacre en la fête de la Sainte Trinité, en 1923. Il demanda son admission aux Missions Étrangères le 21 août 1923 et, devenu aspirant le 11 septembre, il termina ses études théologiques en juin 1924. À cause de son âge, il dut attendre un indult de Rome, et il fut ordonné prêtre seulement le 20 décembre 1924. Destiné à la mission de Nagasaki, il s'embarqua le 20 avril 1925.
Dès son arrivée, le 6 juin, il fut envoyé à Matsushiro pour étudier la langue. Et il y resta tout juste une année. En effet, en 1926, son évêque le nomma vicaire à l'importante paroisse de Urakami, à Nagasaki même. Cependant, en 1927, le diocèse de Nagasaki ayant été divisé, Mgr. Thiry, évêque du nouveau diocèse de Fukuoka, appela le Père Lagrève à Kokura dans le Kitakyushû, où travaillait déjà le Père Bertrand. Celui-ci demanda au jeune Père de fonder une desserte à Yahata. En 1932, Mgr. Breton le nomma dans le secteur de Shindenbaru. Il venait en effet d'y implanter un hôpital, un dispensaire et une école maternelle. Un contingent important de chrétiens originaires de Nagasaki venait d'arriver à Shindenbaru dans le but de défricher des terres que la municipalité cédait à bon marché. Par ailleurs, une communauté de Trappistes s'était fondée dans ce même secteur. De nombreuses vocations sacerdotales et religieuses naquirent de cette paroisse de Shindenbaru.
Après la guerre, en 1947, le Père Lagrève passa à la paroisse de Shindenbaru, puis en 1948 à celle d'Imamura, dans le district de Tachiarai. En 1950, une maison commune pour les pères du district du Kitakyushû fut construite à Yahata : on demanda au Père Lagrève d'en assurer la mise en marche. L'année suivante il fut nommé collaborateur du Père Roullier, à l'orphelinat de Seikozaki. Puis de là, sa santé s'affaiblissant, il alla à la paroisse de Yugawa : il y resta neuf ans. En 1962, le Père Lagrève se retira à Moji, chez les Soeurs de Notre Dame des Anges. Enfin, en 1982, on dut l'hospitaliser à l'hôpital des Soeurs de la Visitation à Shindenbaru. Le 25 juillet 1982, il s'endormait dans la paix du Seigneur.
Nécrologie
Le Père Georges LAGRÈVE
Missionnaire de FUKUOKA
1902 - 19 82
LAGRÈVE Georges
Né le 24 avril 1902 à Fougerolles-du-Plessis, diocèse de Laval, Mayenne
Entré aux Missions Etrangères (sous-diacre) le 11 septembre 1923
Prêtre le 20 décembre 1924
Destination pour Nagasaki
Parti le 20 avril 1925
En mission : 1925-1982
Décédé le 25 juillet 1982
Voir carte nº 5.
Enfance et jeunesse
Georges Lagrève naquit à Fougerolles-du-Plessis, dans la Mayenne, au diocèse de Lavai, le 24 avril 1902. Après ses études primaires à Fougerolles, il entra au grand séminaire de Laval où il poursuivit ses études ecclésiastiques de 1918 à 1923. Ordonné sous-diacre à la féte de la Trinité 1923, il obtint la permission de quitter le diocèse pour entrer aux Missions Etrangères. Il était d’ailleurs en relation depuis quelques années avec le P. Depierre. C’est le 11 août 1923 qu’il présenta sa demande et il fut admis le 18 août. Mais la lettre du supérieur du grand séminaire de Laval à qui on avait naturellement demandé des renseignements est des plus laconiques. « Notre séminariste, M. Lagrève, est considéré comme bon élève sous tous les rapports. Il est très jeune de caractère et de santé médiocre. Daignez agréer, Monsieur, etc. » Ces quelques lignes ne nous renseignent guère sur notre futur missionnaire. Mais nous savons par ailleurs qu’il était un élève brillant.
Entré à Paris le 11 septembre 1923, il termina ses études, mais comme il était trop jeune pour recevoir le sacerdoce, il dut attendre jusqu’au mois de décembre 1924. Il était alors tout juste dans les conditions voulues pour obtenir un indult et recevoir le sacerdoce. Il fut ordonné le 20 décembre 1924 et reçut sa destination pour la Mission de Nagasaki au Japon. C’est le 20 avril 1925 qu’il s’embarqua pour le Pays du Soleil Levant.
En mission (1925-1982)
Un confrère qui l’a bien connu a accepté de retracer sa vie missionnaire. Laissons-lui la parole : « Le P. Georges Lagrève débarquait à Nagasaki le 6 juin 1925. Il avait 23 ans. Il étudia la langue japonaise à Yatsushiro, dans le département de Kumamoto. Grâce aux facilités qui, durant son séminaire, avaient fait l’admiration de ses professeurs, il possédait au bout d’un an un bagage bien suffisant pour se lancer dans l’apostolat missionnaire.
Le premier poste attribué au jeune Père fut la paroisse d’Urakami, en pleine ville de Nagasaki, bien connue par son nombre important de chrétiens et aussi à cause de la bombe atomique qui, 20 ans plus tard, tombait à 300 mètres de l’église.
En 1927, fut érigé le diocèse de Fukuoka. Le premier évêque, Mgr Thiry désirait de jeunes forces et le zélé P. Lagrève fut tout désigné pour entreprendre une percée dans la masse païenne. Ainsi à l’automne de la même année, notre jeune missionnaire arrivait avec de bien modestes bagages dans le secteur qui constitue aujourd’hui la grande ville de Kitakyushu, située à l’extrême nord de l’île Kyushu. Une « Mission » existait déjà dans l’arrondissement de Kokura où travaillait le P. F. Bertrand. C’est ce dernier qui accueillit le jeune missionnaire et sans plus tarder l’envoya fonder un poste dans l’arrondissement voisin de Yahata. Les débuts furent pénibles ; les Japonais, quoique très polis et courtois, se montraient très réservés à l’égard du christianisme, avec même une certaine méfiance pour une religion venant de l’Occident. Toutefois l’ardeur du jeune apôtre n’en fut pas entamée pour autant : une maison très ordinaire fut louée dans un quartier plutôt pauvre ; ce fut l’embryon de la future paroisse de Yahata qui aujourd’hui en compte trois. Au bout d’un an un terrain fut acheté, au pied de la grande montagne de Yahata ; une agglomération importante s’y étalait, due à l’essor rapide des aciéries. Bientôt une église s’élevait, dominant ce centre industriel.
En 1932, le P. Lagrève passait le manche au P. Doller et partait encore pour une mission à fonder, mais cette fois-ci en plein milieu rural. C’est le secteur dit Shindenbaru. Il fut grandement soutenu dans son travail de pionnier par les Pères Trappistes qui venaient d’essaimer du Hokkaido à Shindenbaru. Le Père Abbé, Français, Dom Gérard, devint le grand ami du P. Lagrève et tous deux fondirent en une seule leur vocation de contemplatif et d’actif. Egalement les Religieuses japonaises de la Visitation, congrégation récemment fondée par Mgr Breton, évêque de Fukuoka, venaient de s’implanter à Shindenbaru avec hôpital, dispensaire et école maternelle. Le P. Lagrève aida beaucoup les religieuses dans la poursuite de leur apostolat.
Un contingent important de chrétiens originaires de Nagasaki venait d’arriver à Shindenbaru dans le but de défricher des terres que la municipalité cédait alors à bon marché. Ces chrétiens de vieille souche vivaient dans une extrême pauvreté. Le P. Lagrève se mit en quatre pour les aider et leur construire une église. De nombreuses vocations sacerdotales et missionnaires naquirent de cette mission que, après 15 ans de labeur, notre missionnaire devait quitter pour le poste d’Izuka, situé dans la région des mines de charbon.
Entre-temps la guerre avait paralysé l’apostolat des missionnaires ; les résidents français étaient strictement surveillés. En 1945, les missionnaires français du diocèse de Fukuoka furent réunis dans une sorte de camp pour les étrangers ; ils n’y restèrent que quelques semaines, car la bombe atomique avait précipité le dénouement d’une épuisante guerre.
En 1948, le P. Lagrève, alors âgé de 46 ans, se trouvait dans le secteur de Tachiarai, exactement à la paroisse de Imamura. Il était là pour aider deux frères prêtres japonais. Ces deux frères étaient les fils du catéchiste qui secondait le P. Lagrève à Shindenbaru ; ainsi après les avoir épaulés dans leur préparation au sacerdoce, le Père se faisait humblement leur assistant.
En 1950, la Communauté MEP de Kitakyushu consolida ses assises. Une maison de société fut construite à Yahata et on fit appel aux bons services du P. Lagrève pour la mise en marche du nouvel établissement.
En 1951, le P. Roullier, procureur, ayant réorganisé l’orphelinat Seikozaki, a besoin d’un collaborateur qualifié ; le P. Lagrève qui manie habilement la machine à écrire se trouve tout désigné.
Mais bientôt la santé de notre missionnaire donne des signes d’inquiétude ; son entrain diminue. On lui confie alors la petite paroisse de Yugawa, dans l’arrondissement de Kokura. Malgré sa santé déficiente, il devait y rester 9 ans, modèle de fidélité au Seigneur et aux âmes dont il avait la charge.
En 1962, à 60 ans, il se retirait à Moji chez les Sœurs de Notre-Dame des Anges qui dirigent un centre pour les fillettes abandonnées. Avec une patience admirable, il porta sa croix de malade, la plupart du temps alité. L’estomac fonctionnait mal, ses mains tremblaient de plus en plus, sa vue faiblissait, ses jambes refusaient tout service. Il dut bientôt s’arrêter de célébrer la messe ; son âme de prêtre ressentit douloureusement ce sacrifice. Mais au milieu de toutes ses infirmités, si son corps allait se dégradant, son âme conservait sa fraîcheur de jeune missionnaire. Il manifestait une sainte résignation en face de la mort qui approchait.
Au début de juillet de cette année 1982, la fièvre persistant, le médecin ordonne l’hospitalisation. Les Religieuses de la Visitation dont il s’était occupé autrefois, l’accueillirent de grand cœur dans leur hôpital et leur affectueux dévouement fut pour le Père une dernière consolation
La maladie faisant son œuvre, le P. André Bertrand jugea bon de lui conférer le Sacrement des malades qu’il reçut avec une simplicité aussi profonde que sa foi. C’est là, à Shindenbaru, le 25 juillet, qu’il rendit pieusement son âme à Dieu, entouré de la prière des Religieuses et de fervents chrétiens accourus des alentours.
Les funérailles, à l’église de Moji, réunissaient dans une profonde prière, deux évêques, de nombreux prêtres, japonais et missionnaires, ainsi qu’une grande assistance recueillie et émue. Un prêtre japonais, dans un mot bien senti, rappela le temps où, à l’âge de 13 ans, en voyant vivre le P. Lagrève, il avait senti germer en lui le désir du sacerdoce. Mgr Hirata présida la cérémonie et fit remarquer que le P. Lagrève avait une grande dévotion à la Vierge Marie, Notre-Dame de Pontmain.
Sa personnalité
Georges Lagrève était doué d’une vive intelligence. Ayant réussi à maîtriser rapidement la difficile langue japonaise, Mgr Breton ne tarda pas à lui faire traduire des livres de piété pour ses Religieuses de la Visitation. Les talents de traducteur du P. Georges furent aussi mis à contribution par la JOC japonaise débutante ; il rédigea également quelques articles pour le journal jociste « Monde Nouveau » et traduisit des livres de spiritualité pour les jeunes travailleurs.
Il n’était pas rare que de jeunes missionnaires apprenant la langue aillent se faire corriger leurs sermons chez le P. Georges.
Bien que modeste et discret de tempérament, il était cependant un vrai boute-en-train. Il avait le don d’agrémenter les réunions de confrères avec des chansons parfois assez « drôles ». « Il avait toujours le mot pour rire et ne se gênait pas pour faire le clown », témoigne un de ses condisciples.
Une de ses distractions favorites était de tirer sur les moineaux avec une carabine qu’il s’était fait envoyer de France. Cette fameuse carabine devint une source d’ennuis avec la police ; c’était la période où le Japon préparait intensivement sa guerre ; on surveillait les étrangers facilement soupçonnés d’espionnage. L’affaire de la carabine fut, semble-t-il, une des raisons pour lesquelles Mgr Breton jugea prudent de déplacer le P. Lagrève de Yahata à Shindenbaru.
Par-dessus tout, son extrême bonté était reconnue à l’unanimité. Il avait le don de l’accueil avec toujours une bonne bouteille pour ses visiteurs. Aucune animosité à l’égard de qui que ce soit ; il supportait en silence les incompréhensions et interprétait dans le bon sens les rudesses de certains confrères.
Quoique favorisé de talents précieux, il ne recherchait en rien l’estime, se tenant humblement à sa place. Son dévouement au service des confrères, sa bonté envers tous, sa patience dans la maladie, toutes ces vertus avaient germé dans le terreau de sa vie de prière. Fidèle jusqu’au bout à ses exercices spirituels, sa piété demeure pour nous tous un bel exemple. Les dernières années de sa vie, alors que ses jam¬bes fléchissaient, il tenait malgré tout à faire chaque jour sa visite au Saint-Sacrement ; sur le parcours, il lui arriva plusieurs fois de tomber. A la personne qui se précipitait pour le relever, il citait en souriant le proverbe japonais : « Tomber sept fois, se relever huit fois. » Sa spiritualité était contenue dans ce mot : « Peu importe de tomber, disait-il, l’essentiel est de se relever. » Toute la vie du P. Lagrève a été la mise en lumière de la parole de saint Paul : « C’est quand je suis faible que je suis fort. »
Cette évocation de la vie du P. Lagrève nous donne un exemple de persévérance dans notre vocation à travers les joies et les peines. L’apostolat au Japon est souvent bien ingrat. Le prêtre fait avancer le règne de Dieu bien plus par sa prière que par son action. C’est la grande leçon que nous laisse le P. Lagrève.
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Références
[3268] LAGRÈVE Georges (1902-1982)
Références biographiques
AME 1925 p. 118. CR 1925 p. 148. 1928 p. 8. 9. 1929 p. 12. 1930 p. 10. 12. 1931 p. 16. 1932 p. 19. 1933 p. 9. 1934 p. 14. 1936 p. 10. 11. 1937 p. 12. 13. 1938 p. 12. 1939 p. 11. 1940 p. 2. 1949 p. 18. 1950 p. 13. 14. 1953 p. 15. 1956 p. 18. 1958 p. 22. 1960 p. 33. 1961 p. 31. 1962 p. 41. 1963 p. 50. 1964 p. 23. 1965 p. 39. 1966 p. 41. 42. 1968 p. 124. 1969 p. 28. 32. 1974-76 p. 39. AG80-81 p. 51. 80-82 p. 44. BME 1923 p. 746. 1925 p. 178. 252. 442. 314. 758. 1928 photo p. 160. 1929 p. 359. 676. 1930 p. 725 (art). 1931 p. 812. 818. 889. photo p. 868. 1932 p. 119. 926. 1933 p. 362. 524. 922. 1934 p. 701. 1938 p. 316. 1939 photo p. 77. 1948 p. 161. 1949 p. 173. photo p. 504. 1950 p. 52. 256. 1952 p. 477. 1953 p. 189. 1954 p. 887. 1118. 1955 p. 239. 1956 p. 419. 421. 1957 p. 850. 851. 1079. 1958 p. 168. 356. 742. 1961 p. 70. 488. 742. EPI 1962 p. 594. EC1 N° 46. 79. 84. 281. 294. NS. 14P434. 21P211. 44P232. 49P49. 58P330. 66P243. 72P89. 73P118. 76P212. 96P148. 142P211. A82/78ss