Georges LEBARBEY1887 - 1923
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3148
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Japon
- Région missionnaire :
- 1913 - 1914 (Tokyo)
- 1919 - 1923 (Tokyo)
Biographie
[3148] LEBARBEY Georges, Aimé, naquit le 8 mai 1887 à Le Theil, au diocèse de Bayeux (Calvados). Il fit ses études primaires à l'école de sa paroisse, puis il entra d'abord au Petit Séminaire de Vire, puis au Petit Séminaire de Villiers-le-Sec. Il commença sa philosophie au Grand Séminaire de Sommervieu, dirigé par les Sulpiciens. Le 26 février 1907, il entra laïque au Grand Séminaire des Missions Étrangères à Bièvres. Tonsuré le 27 septembre 1909, il reçut les ordres mineurs le 11 mars 1911. Sous-diacre le 2 mars 1912, diacre le 29 septembre suivant, il reçut l'onction sacerdotale le 8 mars 1913. Destiné à la mission de Tokyo, il partit le 14 mai pour arriver à Yokohama le 27 juin.
Après un séjour de quelques mois à l'archevêché, il fut nommé socius" du Père Cadilhac à Utsunomiya. Celui-ci le chargea bientôt du poste de Mito. Au début de l'été 1914, il fut nommé responsable de la communauté chrétienne de Chiba : il n'y fit qu'y passer; le Père Bertrand, aumônier de la léproserie de Kôyama (Gotemba) se mourait, et il dut aller le remplacer. Il n'en eut guère le loisir : la guerre le força à revenir en France : il fut mobilisé comme infirmier.
En mars 1919, démobilisé, le Père Lebarbey repartit pour le Japon. À son arrivée, il fut nommé vicaire du Père Lemoine à la paroisse du Sacré Coeur à Yokohama. Le 1er septembre 1923, un violent tremblement de terre fit s'écrouler l'église et le presbytère. Le Père Lebarbey périt sous les décombres. Il est inhumé dans le cimetière dit "des étrangers" à Yokohama.
Nécrologie
M. LEBARBEY
MISSIONNAIRE DE TOKIO
M. LEBARBEY (Georges-Aimé), né à Le Theil (Bayeux, Calvados), le 8 mai 1887. Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères, le 26 février 1907. Prêtre, le 8 mars 1913. Parti pour la Mission de Tokio, le 14 mai 1913. Mort à Yokohama, le 1er septembre 1923.
M. Lebarbey naquit le 8 mai 1887 dans la paroisse du Theil, au diocèse de Bayeux. Le lendemain, il reçut au baptême les noms de Georges-Aimé qui, pour ceux qui ont connu son caractère plein d’aménité et son zèle pour la conquête des âmes, symbolisaient bien ce qu’il devait être un jour. Dieu, qui l’avait prédestiné à être son missionnaire, avait pris soin de le faire naître et croître à l’ombre du sanctuaire. Son père, Isidore Lebarbey, remplissait en effet les fonctions, de sacristain qu’avait déjà exercées son beau-père. Mais l’enfant commença de bonne heure à regarder au-delà des horizons de la paroisse et du diocèse natals : il déclarait, dès l’âge de cinq ans, à ceux qui lui demandaient ce qu’il ferait un jour, qu’il serait missionnaire au Japon ; il s’entretenait volontiers de ses projets pour le jour où il serait missionnaire en ce lointain pays, et à cette époque, ses confidents auraient été bien en peine de dire où se trouvait le Japon.
A l’âge de six ans, Georges tomba gravement malade ; son état devint même désespéré. Il y a, dans le voisinage du Theil, une grotte de Lourdes où sans doute l’enfant avait été déjà conduit plusieurs fois. S’adressant à ses parents désolés, il leur dit : « Allez, prier la bonne Vierge à la grotte pour qu’elle me guérisse, mais prenez garde de tomber dans l’eau », faisant allusion aux pièces d’eau qui entourent la grotte. Notre-Dame accueillit favorablement leurs prières car le petit malade ne tarda pas à recouvrer la santé.
Tout enfant il réunissait ses petits camarades et avec eux et organisait des processions où il tenait toujours le rôle de célébrant. Plus grand, il commençait son œuvre d’apostolat en faisant de petits sermons à ses compagnons de jeu : bien entendu, il ne fallait que des enfants pour auditoire car la présence des parents le rendait muet. Il montait sur le bûcher près de la cheminée et là, parlait selon son cœur à ses jeunes auditeurs. Il continua cette touchante pratique pendant les premières années de son petit séminaire. Il lui arriva même un jour de perdre un sermon qu’il avait composé sur l’Enfant-Jésus ; le sermon fut retrouvé par un bon chrétien qui n’eut pas de peine à découvrir quel en était l’auteur.
Son grand bonheur était de lire les Annales de la Propagation de la Foi. N’osant pas toujours les demander à son bon curé, il savait mettre à profit les moments où ces annales restaient sur quelque meuble de la sacristie.
Les traditions de famille, qui régnaient encore dans certaines paroisses de Normandie, voulaient que les enfants y fussent élevés sous une discipline sévère. Au foyer de la famille, le futur missionnaire fut formé par cette discipline à la pratique du devoir et au sacrifice. Les jours de congé, il ne lui était pas facilement permis d’aller s’amuser avec ses camarades ; il lui fallait aider son père qui fabriquait des chaises, et il’ était entendu que Georges n’aurait le droit de se mettre à table, qu’après avoir préparé la quantité de paille qui lui avait été fixée.
Ce fut sans doute pour continuer sa formation apostolique que la Providence permit que ses études secondaires fussent rendues pénibles par une mémoire ingrate au mot à mot qu’on exigeait des élèves, Il devait prendre sur son sommeil et sur le temps laissé libre pour appren-dre ses leçons ; encore se voyait-il parfois accusé de paresse. Aussi, malgré une intelligence très ouverte, sa vie d’écolier fut-elle pour lui la continuation d’une rude tâche. Il faut bien dire aussi qu’en lui se réalisa le vieux proverbe édicté pour les âmes énergiques comme la sienne : « Labor improbus omnia vincit. » Il le prouva mieux encore, dès ses premières années de mission, pour l’étude de la langue japonaise : au bout de quelques mois, il fut à même de commencer l’exercice du ministère dans ce que nous appelons une « ambulance », c’est-à-dire dans un de ces districts où il faut courir d’un poste à l’autre ; et au retour de la guerre, mis à la tête d’une paroisse européenne où l’anglais était la langue commune, il acquit de cette langue, en peu de temps, une réelle maîtrise ; mais Dieu sait au prix de quel travail méthodique et persévérant.
Du petit séminaire de Vire où il fit ses premières études secondaires, il garda un pieux souvenir. Ce qui lui plaisait mieux de rappeler, ce n’étaient point les promenades le long de ces vallées dont d’autres ont vanté à bon droit le charme pittoresque, c’étaient les fêtes religieuses intimes, les belles processions du Saint-Sacrement. Plus que les poésies d’Olivier Basselin et en général toute la littérature profane, il goûtait les hymnes d’Eglise et la liturgie sacrée. Sans s’émouvoir outre mesure ce qui n’était point dans son tempérament, il s’élevait parfois contre le sectarisme stupide qui avait fermé les portes du cher petit séminaire où il venait de commencer ses humanités.
Après avoir terminé ses études au petit séminaire de Villiers-le-Sec, il fit un stage de quelques mois au séminaire de philosophie de Sommervieu, dirigé par les Prêtres de Saint-Sulpice auxquels il garda tou¬jours un souvenir reconnaissant,
Il obtint alors, mais ce ne fut pas sans peine, son admission aux Missions-Étrangères de Paris. Son vieux curé lui-même, sa famille, tous à l’envi pressaient de rester au pays ; personne ne mettait obstacle à sa vocation sacerdotale, mais n’était-il pas possible de faire du bien en France et d’y travailler au salut des âmes ? Dieu avait parlé au cœur de Georges Lebarbey, et Sa Voix fut plus forte que la voix du sang. Aux instances indiscrètes de ceux qui lui objectaient le prétendu isolement qui l’attendait en mission, il répondait avec la ferme douceur de quelqu’un dont la décision est inébranlable : « Seul avec Dieu seul, c’est justement ce que je cherche. » Et en réalité, à l’exception de quelques mois passés non loin d’un guide tout à fait autorisé, sa vie de missionnaire, trop courte hélas ! s’écoula en l’édifiante compagnie de plusieurs confrères.
Entré au Séminaire de philosophie de Bièvres, le 26 février 1907, il dut bientôt satisfaire aux obligations du service militaire ; il fut envoyé à Saint-Mandé, dans une section d’infirmiers. Quelques mois après, une épidémie de méningite cérébro-spinale se déclarait à Evreux; des volontaires furent demandés et Georges Lebarbey fut des premiers à s’offrir. L’épidémie dura assez peu. Par son zèle éclairé, son dévouement, sans bornes, s’exerçant avec une simplicité toujours satisfaite du seul devoir accompli, l’aspirant missionnaire avait conquis les galons de sergent et l’estime du médecin chef de l’hôpital, de sorte qu’il termina son congé à Evreux, occupé seulement, dans les derniers temps, à l’entretien du matériel, ce qui lui permit de vaquer plus facilement à ses exercices de piété et à l’étude.
Rentré au séminaire, il y poursuivit ses études, exerça la charge de eryptier, fut ordonné prêtre le 8 mars 1913, et quand vint le soir attendu des destinations, ce ne fut pas sans émoi qu’il s’entendit nommer pour Tokio. C’était le Japon rêvé dès son enfance.
Il alla dire une première messe solennelle dans sa paroisse natale, le dimanche de Quasimodo, et ce fut pour tous ses compatriotes l’occa¬sion d’organiser une grande fête et de lui témoigner leur respectueuse sympathie. Ce fut ensuite l’adieu, le départ pour le Japon et l’arrivée à Tokio, le 27 juin suivant.
Après un séjour de quatre mois à l’archevêché, il fut envoyé le 1er novembre à Utsunomiya, comme socius de M. Cadilhac, qui continuait depuis les « temps héroïques » de la Mission, où il fut l’Inséparable compagnon de M. Vigroux, de desservir l’ambulance des districts situés au nord et au nord-est de la capitale. Pour permettre au jeune Père Lebarbey d’essayer ses ailes, son doyen ne tarda pas à le placer à Mito, un des postes de son vaste district. Au début de l’été 1914, l’apprenti était déjà reconnu apte à desservir les divers postes du district de Chiha, mais sa santé quelque peu délabrée exigea des soins qu’il fut heureux de trouver dans ce Béthanie qu’est, pour les missionnaires du Japon, la trappe de Notre-Dame du Phare, non loin, de Hakodaté. Il y était à peine depuis quelques jours, quand il fut appelé à la léproserie de Koyama dont le directeur, M. Bertrand, se trouvait atteint de la maladie qui devait bientôt l’emporter.
La mobilisation arracha M. Lebarbey à la Léproserie et au Japon qu’il quitta sur l’Amazone, le 20 août, avec un grand nombre de confrères du Japon et de la Corée. A bord, le sergent infirmier, bien simplement, mit son grade au service des confrères que la chaleur, la longueur d’une traversée parfois pénible avaient indisposés. Mobilisé à son arrivée en France dans l’ambulance 15/10, il séjourna de longs mois sur les bords de la Marne, à Barzy-Jaulgonne ; ses connaissances médicales lui permirent de soigner avec succès de nombreux malades civils privés de médecins, avec un dévouement auquel la prudence seule pouvait mettre des limites. Ce dévouement n’a pas été oublié ; quand elle apprit la mort du missionnaire, une famille protestante, dont les membres étaient devenus ses amis, prit l’initiative de faire célébrer à l’église un service, où la population se fit un devoir d’assister. Après Barzy, son ambulance connut des jours pénibles, à Moreuil, à Bouleuse, à Fleury-sur-Aire, mais il y avait aussi pour le prêtre missionnaire des moments heureux, par exemple, ceux qu’il passait avec les confrères de la Société, rencontrés au hasard de ces multiples déplacements. On sentait, à l’accent avec lequel il rappelait pIns tard ces souvenirs, à quel point l’esprit de famille de notre Société l’avait réellement pénétré. Il passa près d’un an et demi avec un confrère du Japon dans la même ambulance ; il aimait à l’appeler son « frère d’armes » ; tous deux partaient ensemble, avant le jour, célébrer la sainte Messe, parfois dans des circonstances pénibles, et souvent le soir récitaient ensemble leur chapelet ; la plus intime communauté de vie s’était établie entre eux, et ils partageaient aussi les émotions des bombardements accidentels. Parfois, de ces émotions, le sergent prenait même la plus forte part...
Démobilisé en mars 1919, M. Lebarbey revint dans sa paroisse natale, en attendant le moment où il pourrait repartir aux missions. Du reste, il était venu passer ses permissions de guerre en famille ; puisque la Providence le permettait, il voulait donner aux siens la preuve de son affection et de sa piété filiale. Sa première absence avait été courte, mais que serait la seconde ? Pendant les premiers jours qui suivirent la mobilisation, il avait eu la joie de célébrer le mariage de sa chère sœur, puis, avec elle et son mari, Il était parti en pèlerinage à Lourdes. Il voulait avant de quitter la France de nouveau aller se mettre sous la protection de la Vierge Immaculée.
Les bateaux ne suffisant pas à rapatrier dans leur mission les missionnaires d’Extrême-Orient, il fallait se faire inscrire longtemps à l’avance et attendre. Pour occuper ses loisirs forcés, M. Lebarbey s’offrit pour remplir le saint ministère dans la paroisse voisine d’Estry, alors privée de curé ; il y demeura plusieurs mois, prépara les enfants à la première communion et à la confirmation. Il avouait volontiers que ce ministère à Estry lui était agréable, mais il ajoutait : « Je ne puis rester, ma place n’est pas ici ; je sens que le bon Dieu me veut ailleurs. En demeurant en France, je ne pourrai jamais posséder la paix. »
Au cours d’un voyage à Caen, il rencontra une religieuse carmélite avec laquelle il correspondait, et dans la conversation, celle-ci lui déclara que sa carrière terrestre serait bientôt terminée. Il rapporta ce propos à M. le curé du Theil et celui-ci, tout en se demandant ce que pouvaient bien dire ces paroles, était loin de se douter que moins de quatre ans après, elles se réaliseraient d’une façon si soudaine et si tragique.
Revenu au Japon au commencement de décembre 1919, il fut désigné pour Yokohama. Il aida d’abord M. Lemoine, comme vicaire de la paroisse européenne du Sacré-Cœur, et en octobre 1920, il fut chargé de la direction de cette paroisse. On ne peut cacher que ce fut pour lui un grand sacrifice d’avoir à renoncer au rêve de sa vie : l’évangélisation directe des Japonais, dont il n’avait eu qu’un rapide avant-goût, six ans auparavant. Il accepta généreusement l’épreuve et, sans arrière-pensée, s’adonna tout entier au soin spirituel de la colonie catholique étrangère. Dans ce monde cosmopolite, plus ou moins déraciné, éloigné qu’il est du pays natal, de ses traditions et de son atmosphère spirituelle, exposé particulièrement aux diverses tentations qu’y créent les dieux du lucre et du plaisir, le ministère est particulièrement délicat et pénible. M. Lebarbey l’affronta avec la simplicité de sa piété, l’audace de son zèle, ses manières affables et surtout un dévouement toujours prêt à l’appel du devoir et sachant se faire tout à tous.
Le bien qu’il fit dans sa paroisse, pendant les quelques années qu’il y passa, Dieu seul le connaît. Ce qu’on peut dire, c’est qu’il sut se faire aimer de tous ses paroissiens, à quelque nationalité qu’ils appartinssent, qu’il obtint de tous ses malades sans exception, à leur lit de mort, leur réconciliation avec Dieu que plusieurs avaient délaissé, que chaque année il eut la joie, après des démarches répétées et parfois pénibles, de ramener au bercail un nombre croissant, de brebis, et qu’il sut, par des moyens appropriés, s’attacher la jeunesse et veiller à sa préservation morale.
Victime, le 1er septembre du tremblement de terre qui fit crouler en quelques secondes la résidence des missionnaires en même temps que l’église, il n’eut pour témoin de ses derniers instants que les anges lui, sans doute, ne tardèrent pas à transporter au sein de Dieu sa belle âme sacerdotale. M. Lemoine qui habitait à l’autre extrémité de la même maison, sorti au bout de deux heures des décombres, tenta pour le retrouver des recherches qui demeurèrent vaines. Ce ne fut que le 6 octobre qu’on put retirer des débris consumés par l’incendie son corps calciné et l’inhumer provisoirement dans un coin du jardin, le cimetière européen restant pour longtemps dévasté.
Il eût semblé que la Providence, qui avait donné de si bonne heure à M. Lebarbey sa destination comme missionnaire au Japon, lui réservait dans ce pays une longue carrière. Il a suffi à Celui dont les yeux ne voient pas les choses du même regard que les nôtres, que cette carrière fût bien remplie et qu’elle réalisât la parole des saints Livres : « Consummatus in brevi explevit tempora multa. »
Le bien qu’il a fait demeure, et aussi les exemples d’édification qu’il a laissés à ses paroissiens et à ses confrères. Tous garderont la mémoire de cette physionomie délicate, dans laquelle se détachaient, comme traits essentiels, la piété solide, la simplicité, le zèle, la fidélité au devoir, l’esprit de sacrifice et, couronnant le tout, la charité qui, se faisant toute à tous, réussit si bien à gagner les cœurs des fidèles à leur pasteur, et par le pasteur, au Dieu qu’il représentait par la dignité et la pureté de sa vie.
Cette piété s’alimentait dans le culte de l’Eucharistie, dans la dévotion filiale à la Reine des Missions-Étrangères, dans la lecture des maîtres de la vie ascétique, et dans les relations qu’il garda avec les Carmels de Lisieux et de Caen, où des âmes d’élite, on pourrait dire sœurs de la sienne, le secondaient par leurs prières et leurs sacrifices. Il avait coutume, a-t-il avoué parfois, de se faire aider dans toutes ses entreprises par la Bienheureuse Thérèse de l’Enfant-Jésus ; et c’est sans doute à cette aide qu’il a dû pour une bonne part les succès dont nous avons parlé plus haut.
Sa piété solide s’alliait à une grande simplicité de manières et de goûts. Il se gardait de tout ce qui lui paraissait superflu dans les vêtements, le mobilier et les repas ; il n’était pas loin de regarder comme des superfluités toutes sortes d’ornements littéraires ; et il était bien évident qu’il ne prenait aucun intérêt à des articles de revue ou à des discussions ayant trait à des matières purement profanes. Ses lectures habituelles étaient, avec l’« Ami du Clergé », des traités bien choisis de théologie, d’Ecriture Sainte et d’ascétisme, et aussi, dans le but de se perfectionner dans l’exercice du saint ministère, des livres et revues catholiques de langue anglaise. Il tenait à la disposition de ses paroissiens et surtout de la jeunesse des deux sexes une bibliothèque de littérature catholique à la fois attrayante et utile, aussi bien que des jeux pour retenir les jeunes gens loin des occasions dangereuses, et les habituer à considérer la Mission comme un second foyer familial.
Les visites à ses paroissiens prenaient au pasteur une grande partie de son temps ; car il les visitait tous et le plus fréquemment possible, estimant à bon droit que c’est dans ces visites à domicile que les brebis et le pasteur arrivaient à se mieux connaître, et qu’il pouvait, par les conversations particulières, atteindre l’intime de leur âme, bien plus que par les sermons à l’église. S’il se fût agi d’un autre, on eût pu trouver qu’il acceptait trop facilement les invitations de ses paroissiens à partager leur table de famille ; avec lui, il n’y avait pas à craindre qu’il cessât d’imposer le respect par sa tenue toujours digne dans sa simplicité.
Du reste, son extérieur mortifié n’était pas chez lui de vaine apparence : sa frugalité, son abstinence ordinaire de vin, la facilité avec laquelle il renonçait au chauffage l’hiver, au tabac à telle ou telle époque de l’année, à son lit en faveur d’un confrère de passage, édifiaient ceux qui l’approchaient ; et l’on peut dire que l’ascétisme, d’ailleurs discret et d’allure simple, qui se manifestait dans son extérieur, augmentait l’influence spirituelle qu’il exerçait déjà par sa bonté et sa douceur envers tous.
C’est à cause de cet ensemble de qualités qu’il obtint beaucoup de ses paroissiens, d’abord au spirituel ainsi que nous l’avons vu, et même au matériel, pour les besoins temporels de l’Eglise. Dans les quatre ans à peine qu’il a passés à Yokohama, il parvint à doter son église de bancs pour les bas-côtés, de vitraux pour le chœur, et d’un calorifère nouveau modèle pour l’achat duquel, ses paroissiens se montrèrent particulièrement généreux. Sa simplicité, qui ne s’arrêtait pas aux difficultés quand il s’agissait d’atteindre un but vraiment utile, et au besoin, sa finesse normande réussirent, plus qu’il n’eût osé l’espérer, à faire couvrir la souscription qu’il avait ouverte. Il s’en’ allait disant à l’un : « M. X, que vous connaissez bien, a promis tant ; vous ne pouvez pas faire moins que lui. » A tel autre, qui aimait à prendre lui-même les initiatives, en lui présentant une liste de noms : « Vous connaissez ces messieurs ; je m’en remets à vous pour obtenir d’eux une somme convenable. Je puis compter sur vous, n’est-ce pas ? » Il ne craignait pas d’ailleurs de revenir à la rescousse avec cette simplicité bon enfant qu’on n’eût jamais osé éconduire. D’ailleurs, sa compatriote, la petite Sœur Thérèse devait bien, même pour le matériel, marcher de pair avec lui, bien qu’il avouât ne la solliciter que pour ses entreprises spirituelles.
En dehors du bien qu’il a fait, des exemples qu’il nous a laissés à suivre, nous avons encore la douce confiance que notre cher P. Lebarbey, aux côtés de celle qui « passe son paradis à faire du bien sur la terre », fera tomber, sur la Mission qui a eu le bonheur de le posséder et le regret de le voir partir si tôt, une pluie de bénédictions, autrement dit « de roses », afin que de la ruine de la plupart de ses postes, elle se relève plus belle et plus florissante.
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Références
[3148] LEBARBEY Georges (1887-1923)
Références biographiques
AME 1913 p. 216. 217. 1923 p. 162. 199. 204. 1938 photo p. 156. 1939 p. 114. CR 1913 p. 311. 1915 p. 10. 1923 p. 3. 5. 260. 1925 p. 6. BME 1923 p. 637. 719. 729. 747. 787. 811. 1924 p. 106. 1959 p. 775. 899. EC1 N° 46. 47.