Pierre BRUYÈRE1886 - 1928
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3061
Identité
Naissance
Décès
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Biographie
[3061] Pierre, Auguste Bruyère naquit le 29 mars 1886, à St. Pal-de-Mons, diocèse du Puy-en-Velay, département de la Haute Loire. Il était le sixième de sept enfants. Une de ses soeurs fut religieuse cloitrée. Jean-Pierre, un de ses oncles, frère de son père, missionnaire au Tonkin Occidental mourut le 7 décembre 1883, au séminaire de Phuc-Nhac. Pierre Auguste fit ses études secondaires au petit séminaire de Monistrol.
Le 25 août 1905, il entra laïque au séminaire des Missions Etrangères. Tonsuré le 20 septembre 1907, minoré le 27 septembre 1908, sous-diacre le 18 décembre 1909, diacre le 12 mars 1910, il fut ordonné prêtre le 24 septembre 1910, et reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique du Tonkin Maritime (Phat-Diêm) qu'il partit rejoindre le 10 novembre 1910, en compagnie de M.Emmanuel,Charles Fénart envoyé à la même mission.
Arrivé à Phat-Diêm le 5 janvier 1911, il consacra deux années à l'étude de la langue viêtnamienne. A la fin de 1912, il fut envoyé à Muong-Nhân, au Châu-Laos, où il intensifia la vie spirituelle de ses néophytes. En 1914, mobilisé au Tonkin, il s'embarqua pour la France en 1916; à son arrivée à Marseille, il apprit la mort de trois de ses frères sur les champs de bataille.
La guerre terminée, et après un pélerinage à la Louvesc, il repartit pour le Tonkin Maritime en 1919. Mgr. Marcou l'envoya à Muong-Mot, au Châu-Laos, non loin de la frontière lao-viêtnamienne. Il y avait été précédé par MM.Maigret, fondateur de ce poste, et Adeux. Chargé également du district de Muong-Nhân, M. Bruyère mena de front la formation spirituelle des chrétiens, l'instruction des néophytes, et les constructions matérielles. En 1923, l'installation du poste de Muong-Mot étant à peu près terminée, il célébra dans sa nouvelle église, en septembre 1923, puis, il dût aller faire un séjour à l'hôpital de Phat-Diêm pour refaire sa santé.
En 1924, il ouvrit le poste missionnaire de Muong-Khao, et prit des contacts avec les populations kha .En 1925, nombreuses se firent les demandes d'entrée en catéchuménat et, sous sa direction, deux prêtres viêtnamiens travaillaient à Muong-Huong. Mais au début de 1926, épuisé par le climat, par une furonculose généralisée et une desquamation de la peau, M.Bruyère dut quitter le Châu-Laos et se rendre à Béthanie, à Hong-Kong. Il rentra dans sa mission, vers novembre 1926, sans connaitre d'amélioration sérieuse à son état de santé, malgré les soins reçus.
Le 3 novembre 1927, la retraite des catéchistes, préchée par M.Lehmann, eût lieu à Muong-Mot, chez M.Bruyère dont l'état de santé restait fort préoccupant. Le 10 novembre 1927, celui-ci se fit transporter en filet à Thanh-Hoa, accompagné par M. Lehmann. Il fut alors dirigé sur la clinique St. Paul à Hanoï, où il décéda dans la matinée du 3 janvier 1928.
Nécrologie
M. BRUYÈRE
MISSIONNAIRE DE PHATDIEM.
M. BRUYÈRE (Pierre-Auguste), né à Saint-Pal-de-Mons (Le Puy, Haute-Loire), le 29 mars 1886. Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères le 25 août 1905. Prêtre le 24 septemhre 1910. Parti pour le Tonkin-Maritime le 10 novembre 1910. Mort à Hanoï le 3 janvier 1928.
Après les PP. Varengue et Degeorge, voici en deux ans une nouvelle victime du Laos Tonkinois. M. Bruyère était jeune encore, et sa constitution robuste semblait promettre au Vicariat du Tonkin Maritime une longue période de travail, quand tout à coup un mal implacable l’a terrassé. Comme ses devanciers, notre confrère meurt prématurément, succombant à un ministère pénible et à l’insalubrité du climat.
Pierre-Auguste Bruyère naquit à Saint-Pal-de-Mons, au diocèse du Puy, dans cette région des Cévennes devenue, à l’ombre du tombeau de saint François Régis, une pépinière de prêtres, de religieux et de missionnaires. Il était le sixième de sept enfants ; un de ses oncles, frère de son père, était mort trois années auparavant missionnaire au Tonkin. C’est à un foyer idéalement chrétien, où régnaient les principes de la foi et les maximes de l’Evangile, au milieu d’une popula¬tion universellement croyante, que le jeune Auguste passa ses premières années d’enfance. Milieu familial, milieu social, souvenir des lettres de l’oncle, prières aussi d’une sœur religieuse cloîtrée, conversations avec des séminaristes que le Petit Séminaire de Monistrol envoyait au Séminaire des Missions-Etrangères de Paris, tout cela concourait, avec la grâce divine, à l’orienter vers les Missions. Entré au Séminaire de la rue du Bac, il y fut le séminariste exemplaire qui charme par sa simplicité et édifie par sa piété. Prêtre le 24 septembre 1910, il reçut sa destination pour le Tonkin Maritime.
De la sainte et trop courte carrière de notre confrère défunt, esquissons les grandes lignes : arrivé à Phatdiem le 5 janvier 1911, il consacra deux années à déchiffrer le rudiment, à fouiller les arcanes de la langue annamite. Sur la fin de 1912, il est nommé en pays Thai, à Muong-Nhan. Il trouvait là des néophytes à peine dégrossis, fort ignorants. Son premier soin fut d’intensifier l’instruction religieuse. Sous son impulsion énergique, le nombre des baptisés ne tarda pas à s’accroître. Tout marchait à souhait, les tribus voisines se rapprochaient, quand soudain retentit jusqu’au fond des vallées laotiennes le canon de la grande guerre.
Il fut d’abord mobilisé au Tonkin, puis en France en 1916. Il se faisait une joie de revoir tous les siens ; hélas ! voici qu’au débarqué à Marseille une terrible nouvelle vient le frapper : trois de ses frères venaient de trouver la mort sur les champs de bataille ! nous ne dirons pas la douleur de notre confrère. Le souvenir de ces heures poignantes resta longtemps gravé dans son cœur.
La guerre terminée, M. Bruyère voulut, en bon Cévenol, faire son pèlerinage au sanctuaire de La Louvesc, ce donjon de la foi au cœur des Cévennes, si cher aux populations de la région. Il le fit en compagnie de deux autres confrères : c’était son viatique pour le Tonkin.
M. Bruyère pensait bien reprendre son ancien poste, mais hélas ! les missionnaires proposent, et les Supérieurs disposent ! il fut envoyé à la populeuse tribu des Muong-Mot ; il y avait été précédé de MM. Maigret et Adeux, qui avaient eu à peine le temps de jeter quelque semence. Il fallait donc reprendre à pied d’œuvre l’entreprise ébauchée, insuffler chaleur et vie au nouveau-né ; il se mit courageusement à la besogne. Rassembler et regrouper les bonnes volontés, susciter de nouveaux catéchumènes, mener de front les constructions matérielles et l’instruction religieuse, telle fut l’œuvre de M. Bruyère à Muong-Mot. Durant huit ans de ministère, il inscrivit aux registres paroissiaux les noms de 500 néophytes baptisés de sa main, et instruisit en outre 400 catéchumènes ; dans la tribu voisine des Muong-Khao il pouvait compter 200 catéchumènes étudiant avec ardeur en vue du baptême ; d’autres tribus s’ébranlaient, qui jusque-là s’étaient montrées réfractaires, mais la maladie ne laissa pas à notre confrère le temps de pousser à fond ses succès.
Le secret de ces conversions rapides et nombreuses ?... C’est que notre confrère s’était donné corps et âme à ses ouailles. Comme il les aimait ! pour elles, nulles courses fatigantes, nulles démarches épineuses ou risquées auprès des autorités ne lui coûtaient. Avec ces grands enfants il se faisait enfant. Il s’extasiait sur leurs qualités, et savait tirer sur leurs insuffisances le voile indulgent d’une paternelle discrétion. Se sentant aimés absolument, sans calcul ni réserve, les Thai-Mot bientôt accouraient tous à lui. Non point pourtant qu’il se montrât candide ni aveugle en ses affections : dévoué à son troupeau, il n’eût su tolérer ni insubordination ni mauvais exemple parmi les gens de son personnel. Mais son caractère, franc et loyal inspirait le respect, l’estime, la confiance et l’affection.
Il ne faut pas oublier de noter dans ces quelques lignes écrites à sa mémoire son zèle pour la maison du Seigneur. A son arrivée à Muong-Mot, tout était à créer, église et presbytère. Il n’eut pas de repos qu’il ne fût parvenu à offrir à l’hôte du tabernacle une demeure, non pas luxueuse, la pauvreté du lieu ne le permettait pas, du moins fort convenable, en tout cas moins indigne de l’auguste Majesté. Il se plaisait à l’orner de tentures, d’orchidées, de plantes vertes, et s’ingéniait à lui donner, à chaque solennité nouvelle, un air nouveau. Il voulait que ses paroissiens vinssent avec amour à l’église. C’est que la piété était la note de fond de ses vertus sacerdotales, la source où toutes trouvaient leur aliment. Jusque sur son lit de mort, alors que déjà la volonté laissait flotter hésitantes les rênes de la pensée, rien n’était touchant comme les attitudes d’enfantine piété qu’instinctivement il prenait lorsqu’on lui parlait de Dieu, de la sainte communion, ou qu’on lui suggérait de réciter quelque prière ou oraison jaculatoire.
Dès 1925, la santé de M. Bruyère commença à décliner. Une furonculose généralisée, une desquamation rebelle réapparaissant périodiquement, décelaient une altération du sang. Un séjour au sanatorium de Hongkong ne procura aucune amélioration sérieuse ; en même temps s’éveillaient à la région épigastrique droite des douleurs qui firent appréhender un cancer. Durant tout l’été de 1927 il ne fit que languir ; à l’automne plusieurs attaques épileptiformes le forcèrent à se laisser conduire à Hanoï à la clinique Saint-Paul.
C’est là que le malade acheva de se purifier durant près de deux mois au milieu d’intolérables douleurs de tête qui lui arrachaient jour et nuit des cris et des invocations continuels. C’était un cas fort embar¬rassant que le sien, étrange même, paraît-il ; à la fin les docteurs parvinrent à formuler avec certitude le diagnostic de « pachyméningite hémorra-gique », et avouaient que jamais un malade, à leur connaissance, n’avait enduré souffrances si prolongées ni si atroces. Le dénouement était inéluctable. Mgr Marcou lui écrivit de Phatdiem une lettre d’adieu, lettre vraiment paternelle, et bénit son cher missionnaire pour la dernière fois. M. Bruyère succomba enfin à ses atroces souffrances dans la matinée du 3 janvier.
Nous aimons à espérer que le juste Juge, après l’avoir, aux derniers jours de sa vie mortelle, purifié dans le creuset de si méritoires souffrances, l’a déjà introduit au séjour des rémunérations divines, et admis à la participation de son éternel repos : « Iste homo perfecit omnia quae loculus est ei Deus, et dixit ad eum : Ingredere in requiem meam. »
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Références
[3061] BRUYÈRE Pierre (1886-1928)
Références bibliographiques
AME 1911 p. 53. 1928 p. 130.
CR 1910 p. 300. 1913 p. 207. 208. 1914 p. 81. 1916 p. 121. 1920 p. 50. 1921 p. 79. 1923 p. 112. 1924 p. 87. 1925 p. 97. 1926 p. 106. 1928 p. 191. 1929 p. 145. 1931 p. 158.
BME 1923 p. 653. 1926 p. 710. 1928 p. 53. 54. 179. 1929 p. 349. 350. 1930 p. 670. 1935 p. 318.
EC1 N° 146. RHM. 1924 p. 149.
MC 1923 p. 493. 494. 1925 p. 472