Georges CAYSAC1886 - 1946
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3033
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Biographie
[3033] CAYSAC Georges est né le 12 août 1886 à St-Georges-de-Luzençon (Aveyron). Il entre au Séminaire des M.-E. en 1904. Il est ordonné prêtre le 26 septembre 1909 et part le 1er décembre suivant pour la mission du Kouang-Si. Après avoir étudié le chinois à Hoiwan et à Long-tchéou, il est envoyé à Namong, chez les Tho. Il fait construire une église, un couvent et des écoles, et développe peu à peu ses activités à Chagse, et dans les "Cent Mille Monts". En 1932, il est chargé district de Long-tcheou. Il reste dans son poste malgré les bombardements et les pillages pendant toute la guerre sino-japonaise. En 1942, il subit des vexations de la part des autorités locales, puis il est interdit de séjour en Chine. Il est ensuite affecté à la mission de Saïgon, puis à la mission de Hanoï. Atteint de tuberculose, il meurt le 14 juin 1946 à Hanoï.
Nécrologie
[3033] CAYSAC Georges (1886-1946)
Notice nécrologique
M. CAYSAC (Georges-Philippe) né le 12 août 1886 à Saint-Georges-de-Luzençon, diocèse de Rodez (Aveyron). Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 16 septembre 1904. Prêtre le 26 septembre 1909. Parti pour le Kouang-Si le 1er décembre 1909. Mort à Hanoï le 14 juin 1946.
Né le 12 août 1886 à Bel-Air, petite agglomération de la commune de Saint-Georges-de-Luzençon (Aveyron), M. Caysac ne semblait pas devoir devenir prêtre ; son père, instituteur, n’était pas pratiquant et élevait ses enfants dans un esprit plutôt hostile à la religion, mais Dieu choisit ses élus là où il veut. Le père consentit à laisser son fils Georges faire ses études secondaires au petit séminaire Saint-Pierre, à Rodez, pensant que plus tard, le séminariste prendrait une autre voie que celle du sacerdoce. Dieu voulait cette âme pour lui et il dirigea ses pensées vers les missions. Georges réfléchit longuement, et après avoir pris l’avis de son directeur de conscience, écrivit au Séminaire des Missions-Étrangères de la rue du Bac pour demander son admission. La rhétorique achevée, le Supérieur de l’établissement donnait les meilleures notes sur son élève au Supérieur des Missions-Étrangères. Cependant Georges n’était pas au bout de ses peines, car sa famille devait le faire passer par de rudes épreuves !
Le 16 septembre 1904, il se présentait au Séminaire pour y commencer sa formation apostolique. Cette première année se passa dans une atmosphère de piété et d’enthousiasme, à Bièvres. Puis ce furent les vacances. A cette époque, on ne les prenait pas dans la famille à moins de raisons majeures. Une exception a été faite pour M. Caysac, parce que les parents n’auraient pas compris une telle « emprise » sur le jeune homme. Il repartit donc pour l’Aveyron, tout heureux à la pensée que peut-être il ferait partager son bonheur aux siens. Or le lendemain de son arrivée, sa soutane avait disparu et il devait reprendre l’habit laïque. Au moment de retourner à Paris, il recouvra son habit ecclésiastique. Puis le service militaire, par devancement d’appel, pour échapper à la loi de deux ans qui allait atteindre les jeunes conscrits. Il l’accomplit à Montpellier. Quand l’année fut terminée, ses parents furent bien obligés de constater que la résolution de Georges de se consacrer aux missions était inébranlable.
M. Caysac reprit donc avec joie sa place au milieu des aspirants, espérant qu’à l’avenir, rien d’important ne viendrait troubler sa préparation au sacerdoce. De fait, pendant les années qu’il passa à Bièvres et à Paris, jusqu’en 1909, il fut un séminariste plein d’entrain, travailleur, pieux et artiste même, car il était passionné pour la musique. Ordonné prêtre le 26 septembre 1909, il reçut sa destination pour la diffIcile Mission du Kouangsi, en Chine méridionale. Il s’en retourna dans le Rouergue pour faire ses adieux avant le grand départ. Que se passa-t-il pendant ces derniers jours en famille ? On le comprendra facilement, quand on saura qu’au moment de quitter ceux qu’il aimait plus que lui-même, M. Caysac reçut un coup de feu dans les jambes et qu’il revint à Paris avec une soutane trouée, heureusement sans blessure pour lui-même. Le coup de feu avait été l’effet d’un mouvement plutôt irréfléchi et deux mois plus tard, le 1er décembre, le pauvre père faisait acte de réparation en venant assister à la cérémonie de départ de son fils. La grâce divine avait touché son cœur et lui avait fait comprendre ce qu’est une vocation.
A la mi-janvier 1910, M. Caysac arrivait à Nanning. Après quel¬ques mois d’étude de la langue chinoise, il fut jugé apte à occuper le district de Hoiwan, petite ville qui lui parut vite n’offrir que peu de possibilité pour étendre le règne de Dieu ; mais il y avait à plusieurs lieues de là un village, composé de 25 habitants, tous chrétiens chassés de la province du Kouang-tong par une persécution. M. Caysac décida dé se fixer au milieu d’eux. Au début, le missionnaire n’eut comme logement qu’une pauvre paillote à trois chambres, celle du milieu servant de chapelle. Les catholiques étant très pauvres, le nouveau venu était donc obligé de se contenter du régime de ses enfants. Il devait y passer 23 ans. Quand il quitta Namong en 1933, M. Caysac avait appris aux habitants du village, dont la population avait sextuplé, à se servir de leurs mains, à cultiver les rizières et les jardins. Tous étaient heureux, vivant à l’aise sur un petit lopin de terre dans des maisons construites en briques et couvertes en tuiles. La mission catholique avait aussi son presbytère, une belle église, un couvent avec des religieuses enseignantes, un dispensaire et des écoles pour les enfants des deux sexes. Le village était entouré d’un solide mur d’enceinte en terre battue, flanquée de huit tours pour surveiller les alentours ; plus rien à craindre des pirates. Namong est maintenant le centre d’un vrai district chrétien.
M. Caysac comprenait que l’évangélisation doit être le principal travail du missionnaire, et c’est pourquoi il ne négligeait aucun moyen d’étendre davantage le règne de Dieu dans la région qui lui avait été confiée, quelle que fût la race. A Namong, les chrétiens sont d’origine cantonnaise. Mais à côté d’eux, c’est le pays « tho » et un peu plus à l’ouest, en pleine montagne, nous trouvons des gens que les Chinois appellent des sauvages : ce sont les « man » de race « yao », qui habitent le pays des « Cent mille Monts ». Ils ont une nature très agréable, sont gais, sociables et d’une parfaite honnêteté. Rien d’étonnant que, parmi ces pauvres habitants, simples et dénués des biens de la fortune, notre missionnaire ait rencontré les meilleures consolations de sa vie apostolique.
A cause de la proximité du Tonkin, des relations fréquentes existaient entre les habitants des deux côtés de la frontière. L’identité des races et des idiomes les rapprochent ; ils s’aident réciproquement pour leur petit commerce et se rendent service à l’occasion. Les pirates sont nombreux dans le pays, mais M. Caysac était renseigné sur les embuscades projetées et les faisait avorter, en avertissant qui de droit en territoire français. Il est même certain qu’en 1930, si on avait tenu compte de ses informations, la tragédie de Yên-Bay ne se serait pas produite. En agissant ainsi, le courageux apôtre voulait servir autant les intérêts de la France que ceux de la Chine.
En 1927, il y avait 18 ans qu’il était en Chine, et souvent la malaria et d’autres maladies l’avaient affaibli. On lui fit comprendre alors qu’un retour au sol natal lui serait très profitable et lui permettrait de vivre encore de longues années dans ce pays qu’il aimait, et dont il était aimé. Il revint donc en France. S’il avait pu prévoir qu’il ne retrouverait pas son père, il aurait sans doute hésité à reprendre le chemin du retour. En débarquant à Marseille, M. Caysac eut la douleur, en effet, d’apprendre sa mort survenue quelques jours seulement auparavant. L’air de France, une ou deux saisons à Vichy et surtout les bons soins qui lui furent prodigués chez un de ses frères à Meudon, le remirent sur pied assez vite, et, à la fin de 1929, il était de nouveau dans sa chère Mission de Nanning. Ses chrétiens de Namong, de Chagse, des Cent Mille Monts lui firent fête, et lui de reprendre tout de suite ses courses et ses plans d’organisation dans son immense district.
La maladie réapparut bientôt, il ne pouvait plus rester dans ce pays malsain. Mgr Albouy l’envoya à Longtcheou où il pourrait se soigner plus facilement et serait plus près des médecins français du Tonkin. La ville de Longtcheou avait été occupée par les communistes en 1930 et la mission catholique pillée et incendiée par eux. Grâce à l’esprit pratique et organisateur de M. Caysac, il eut bientôt un pied-à-terre dans les anciens appartements des religieuses et, un peu plus tard, tout était remis en état ; les œuvres catholiques : écoles, catéchuménat et dispensaire avaient repris vie. De temps en temps, il profitait de l’auto du Consul de France pour se rendre à Langson ou à Hanoï, toujours avec l’intention de rendre service à un Chinois en lui procurant des marchandises ou d’acheter des remèdes pour guérir les miséreux de Longtcheou et des environs. Les conversions n’étaient pas nombreuses dans son nouveau district. M. Caysac avait l’impression de piétiner sur place, mais son zèle n’était pas ralenti pour cela ; il s’ingéniait à semer le bon grain qui, plus tard, devait donner une moisson féconde.
En cet automne 1936, alors que Mgr Albouy eut besoin d’un missionnaire par son séminaire de Nanning, il fit appel au dévouement de M. Caysac. Sans hésiter, celui-ci obéit, et jusqu’à l’arrivée du nouveau supérieur en février 1937, il tint ferme le gouvernail de l’établissement et professa comme s’il n’avait jamais fait autre chose pendant sa vie en mission. Puis il revint à Longtcheou. C’était pour s’y dévouer encore, en attendant l’ultime épreuve, celle de se voir banni comme un traître par les nouveaux maîtres de cette ville.
En juillet 1937, éclatait la guerre sino-japonaise. Les bombardements nippons commencèrent en 1938 ; la ville en avait déjà subi soixante-six quand M. Caysac quitta Longtcheou , en octobre 1942, pour ne plus y revenir, mais la mission catholique ne fut visée que deux fois, le 28 janvier et le 16 août 1941. Quoiqu’il en soit, ce fut suffisant pour que le missionnaire ait eu l’occasion de manifester de nouveau sa charité devenue proverbiale, et le 28 janvier, pour voir sa maison atteinte et en partie démolie pendant que lui-même était légèrement blessé. On ne peut tout dire, en quelques lignes, sur cette activité charitable ; signalons seulement le zèle de M. Caysac, les 22 et 23 décembre 1939, pour préserver de l’incendie, allumé par les Japonais, les maisons qu’il était possible de sauver, et pour porter les premiers secours à des malheureux désespérés par leur subite ruine. Disons aussi que, pendant tout le temps des deux occupations japonaises, la résidence de Longtcheou fut constam¬ment remplie de réfugiés, venus se mettre sous la protection du bon missionnaire.
Ici se place l’incident qui motiva l’expulsion de M. Caysac de Chine. En décembre 1939, la cité de Longtcheou était gardée par une armée chinoise sous les ordres de deux généraux. Quand les Japonais approchèrent, elle se retira, il n’y eut donc pas de combat ; puis elle revint peu de temps après, une fois l’ennemi parti, et la radio du gouvernement central de Chungking annonça aussitôt qu’au cours de leur raid, les Japonais avaient été sérieusement mis à mal par les soldats chinois commandés par les deux généraux.
Lors d’une seconde occupation japonaise, juin 1940, qui, cette fois, dura quatre mois, M. Caysac demeura à son poste comme la première fois, et ce fut pour lui l’occasion d’actes de dévouement souvent répétés. Pendant toute l’année suivante et le début de 1942, sans comprendre d’où pouvait venir tant d’animosité contre lui, il eut à subir des vexations des autorités officielles locales. En avril 1942, un tract commença à l’éclairer : il était accusé d’espionnage par les chefs militaires, parce que resté à son poste lors des deux occupations de Longtchéou par les Japonais, ce qui prouvait bien qu’il était traître ! Il lui fallait donc quitter immédiatement la Chine s’il voulait éviter un malheur !
M. Caysac, pensant qu’il n’y avait pas à craindre, laissa passer l’orage. Il avait d’ailleurs le bon droit pour lui, et ne changea en rien à sa manière de vivre, mais il se tint sur ses gardes. Le calme paraissant enfin revenu, comme il y avait longtemps que les événements avaient empêché M. Caysac de voir son confrère, il partit pour Hanoï, le 29 septembre de cette même année 1942 ; c’était pour ne plus revenir.
Lors de son retour un mois plus tard, M. Caysac fut arrêté à la frontière par le consul chinois qui s’opposa à son entrée en Chine, mais sans donner d’explication ; c’était le 20 octobre. Dans la suite, aucune intervention ne put faire revenir l’autorité sur la décision prise relativement à cette expulsion pure et simple : la vengeance des généraux, grâce à la complicité d’amis influents, était arrivée à ses fins.
M. Caysac fut ainsi contraint de renoncer à continuer l’œuvre qu’il voulait mener à bien sur la terre de Chine. Il s’en est consolé en pensant que l’épreuve ne saurait être vaine, et il a demandé à Dieu d’en appliquer le mérite aux chrétiens qu’il a dû abandonner et auxquels il est resté attaché jusqu’à sa mort. Mais il n’est pas demeuré pour autant inactif : au Tonkin, il continua de travailler tant que ses forces le lui permirent. Tout d’abord, il eut la consolation de pouvoir rendre de grands services à son Vicaire apostolique, Mgr Albouy, arrivé malade à Hanoï où il dut subir plusieurs interventions chirurgicales. A Hanoï, puis à Saïgon, il trouva des religieuses chinoises réfugiées de Chine ; sa parole apostolique et sa direction spirituelle furent pour elles un baume dans leur exil. Les Français du Tonkin avaient pris pitié de lui ; ils furent heureux de lui procurer du travail en donnant en sa personne un bon professeur à leurs enfants et il fut désigné pour enseigner le latin au lycée Albert Sarraut, à Sontay.
Cependant, M. Caysac dut bientôt s’arrêter ; la maladie faisait des progrès dans son organisme affaibli et les souffrances morales qu’il venait de subir depuis 1942 n’étaient pas faites pour l’aider à remonter la pente. Il était venu à Hanoï au début de 1945. Le Bon Dieu lui demanda un suprême sacrifice : tout son désir avait été, en effet, de pouvoir rentrer en Chine et de mourir à son poste. Ce ne fut pas possible. Il passa les trois derniers mois à la Clinique Saint-Paul; la tuberculose faisait peu à peu son œuvre ; il n’avait plus l’usage de ses jambes et ses douleurs étaient atroces. Il vit venir la mort et il l’accueillit avec joie.
La délivrance arriva enfin le 14 juin 1946. A tous ceux qui venaient le voir, M. Caysac disait combien il était content de mourir. Le divin Juge a dû bien accueillir là-haut cet excellent missionnaire banni de Chine, mais mort pour la Chine et les Chinois. Sa grande dévotion pour les âmes du purgatoire — toute sa vie, il avait célébré la sainte messe du samedi à leur intention — lui aura valu une prompte possession de la couronne qu’il a si bien méritée.
Références
[3033] CAYSAC Georges (1886-1946)
Références biographiques
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Bibliographie
"Introduction à l'étude du dialecte cantonnais", 229 p. Hong-Kong 1926
"Un coin de brousse au Kouangdi", 106 p. 1932.
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