Joseph JAUGEY1884 - 1955
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2941
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Corée
- Région missionnaire :
- 1907 - 1914 (Seoul)
- 1919 - 1955 (Seoul)
Biographie
[2941] JAUGEY Joseph, Marie, Alexandre, est né à Peigney, près de Langres, dans la Haute-Marne, au diocèse de Langres, le 30 décembre 1884, fils de Amédée Jaugey et de Valérie Boisselier.
Après avoir fait ses études secondaires au Petit Séminaire du diocèse de Langres, il entre laïque au Séminaire des Missions Étrangères de Paris, le 9 septembre 1902. En raison du climat politique qui règne en France (on y est sous le régime Combes, célèbre pour sa politique anticléricale), il part de Paris (où il a entre-temps reçu la tonsure et les ordres mineurs) le 7 décembre 1906, avec tous ses camarades de cours, pour aller poursuivre ses études au "Collège Général" de Pinang, où il est ordonné prêtre le 7 juillet 1907 et est destiné à la Corée. Il quitte Pinang le 18 juillet 1907 avec le Père Polly (mais non pas avec le futur Mgr. Larribeau, ce qu'affirme à tort la notice parue dans le bulletin MEP de 1955, p. 285. Le jeune P. Larribeau avait quitté Pinang le 14 ou 16 avril 1907.) et arrive à In-chon, l'avant-poste de Séoul, le 8 août 1907.
En 1908, il est chargé de ce qu'on appelle "le district de Yang-pyong", qui est détaché de celui de Poung-sou-won et dont le Père Jaugey est le tout premier responsable. En réalité, le Père Jaugey ne réside pas à Yang-pyong, chef-lieu de l'arrondissement du même nom, mais au village de Tok-chon, dans le canton de Yong-moun, à une douzaine de kilomètres de Yang-pyong et à une cinquantaine à l'est de Séoul. S'il passe la majeure partie de son temps entre la Toussaint et Noël et entre les Cendres et Pâques à visiter les diverses chrétientés de son district, durant le "temps ordinaire", il a des loisirs qui lui permettent de bien étudier la langue, car les chrétiens du centre, au village de Tok-chon, ne sont pas nombreux. (Tout en restant dans le même canton de Yong-moun, le centre de la paroisse sera déplacé en 1919 à Ma-ryong-ni et en 1958 au bourg même de Yong-moun).
Le Père Jaugey ne reste pas longtemps à Tok-chon, car en 1909, il est nommé à Won-ju où il succède au Père Chizallet. Pour lutter contre l'analphabétisme, il ouvre une école du soir en 1910. En 1913, il fait construire une véritable église de style gothique qui, tout en n'étant pas très grande (230m2), remplace avantageusement la maison qui sert de chapelle depuis l'époque de la fondation du poste de Won-ju, en 1886, par le Père Le Merre. (Cette église bâtie par le Père Jaugey sera détruite par un incendie lors de la guerre de Corée de 1950).
Mobilisé pour la guerre qui vient d'éclater en Europe, il quitte Séoul le 12 août 1914 ; il n'a pas de successeur à proprement parler, car c'est le Père Chizallet qui, depuis la paroisse "voisine" de Yong-so-mak assure l'intérim. Démobilisé, le Père Jaugey est de retour à Séoul le 15 octobre 1919, et retourne à Won-ju où il reste jusqu'en 1922.
Tandis que le Père Polly va lui succéder à Won-ju, le Père Jaugey est chargé de la procure de la mission de Séoul. Il a bien sûr la responsabilité des comptes de la mission, de ceux de l'imprimerie de la mission, de ceux de la revue catholique nationale dont il est d'ailleurs officiellement le directeur et l'éditeur, et de ceux des confrères. À l'occasion, il rendait aussi service aux autres missions quand celles-ci voulaient faire des commandes en France. Dans son travail, le Père Jaugey était un modèle d'exactitude, de rapidité, de serviabilité, de bon sens et de bon conseil, sa vie étant faite d'humble dévouement et de fidélité quotidienne au devoir. Il garde cette charge jusqu'en 1942, quand la charge du vicariat apostolique de Séoul passe au clergé coréen.
Que fait-il entre 1942 et 1948 ? Aucune information n'a été trouvée au sujet de cette période.
Lorsqu'en juin 1948 une nouvelle préfecture apostolique est érigée à Taejon, et que Mgr. Larribeau, vicaire apostolique de Séoul jusqu'en 1942, en est nommé administrateur, le Père Jaugey, avec la plupart des missionnaires, rejoint la nouvelle mission et en devient le procureur. Durant l'été de 1950, puis durant l'hiver 1950-1951, face à l'avance extrêmement rapide des forces armées de Corée du Nord, il se réfugie à Pusan avec les confrères qui se trouvent à Taejon et quelques autres. S'il garde toute la jovialité du temps où il était procureur à Séoul, il vieillit peu à peu, devient presque sourd, mais continue à assurer une messe ou deux à l'unique paroisse que compte alors la ville de Taejon. C'est à l'occasion de l'une de ces messes qu'il contracte la pneumonie qui l'emporte soudainement le 8 janvier 1955. Ses restes sont inhumés au cimetière catholique de Taejon.
Nécrologie
[2941] JAUGEY Joseph (1884-1955)
Notice nécrologique
Le P. Joseph-Marie-Alexandre Jaugey naquit à Peigney, canton et diocèse de Langres, le 30 décembre 1884, fit de solides études à son petit séminaire, entra au séminaire des M.-E. le 9 septembre 1902, partit minoré de Paris pour Penang le 7 décembre 1906. Ordonné prêtre le 7 juillet 1907, il fut destiné à la mission de Corée en même temps que Mgr Larribeau et le P. Polly, massacré par les Rouges en septembre 1950. Il fut accueilli à l’évêché de Séoul par deux compatriotes, Mgr Mutel et le P. Villemot, lui aussi victime des Rouges à l’âge de 81 ans.
Quelques mois après son arrivée, on lui confia le district de Yangphyeng, à 50 km à l’est de Séoul. Comme tous les missionnaires de cette époque, il avait de nombreuses chrétientés qu’il visitait chaque année de la Toussaint à Noël ; mais les chrétiens du centre n’étaient pas très nombreux, il avait des loisirs. Il les mit à profit pour étudier à fond la langue.
Rentré en France pour la première guerre, il revint en Corée dès 1919 et fut envoyé à Wonjou, à une centaine de km au sud-est de Séoul, dans la province du Kangouento, là-même où devait s’illustrer pour la première fois le bataillon français en arrêtant net l’offensive chinoise de janvier 1951. Le P. Jaugey y construisit une église en briques assez solide puisque les murs résistèrent à la mitraille et à l’incendie. Elle est actuellement relevée de ses ruines par les Pères irlandais de S. Colomban. Il réussissait à Wonjou, y enregistra de nombreux baptêmes et fut aimé des chrétiens. Mais en 1922 il était appelé à la procure de Séoul. C’est comme procureur qu’il devait donner toute sa mesure, et il devait rester dans cette charge jusqu’à sa mort. Sa chambre était le rendez-vous de tous les confrères, missionnaires et Pères de passage, et Dieu sait s’il y en eut ! À entendre toutes les langues qui s’y parlaient : français, latin, coréen, anglais, allemand on se serait cru à la tour de Babel ; mais après chaque dispersion, chacun était heureux d’y revenir, car c’était comme la maison du bon Dieu, tellement on se sentait chez soi ; le P. Jaugey prenait part à la gaieté commune, plaçait son mot dans les conversations.., avec une bonhomie malicieuse : il connaissait toutes les histoires et le caractère de chacun. Sans avoir l’air d’y toucher, il accomplissait son travail avec exactitude. Un exemple en est resté célèbre. Un jour arrive Mgr Larribeau, alors coadjuteur ; il commande un objet au P. Jaugey, qui répond « oui » et n’a plus l’air d’y songer dans ses allées et venues. Au bout d’un moment, avant de se retirer, Mgr Larribeau renouvelle sa commande avec quelque impatience. Le P. Jaugey ne répond rien, fait un pas vers la chambre voisine, et rapporte l’objet désiré en disant : « Voilà, Monseigneur ! » Sans que personne s’en fût douté, il avait immédiatement donné ses ordres à Laurent, le commissionnaire, et l’objet désiré avait été acheté en ville et rapporté à la procure juste au moment où Monseigneur allait la quitter !
C’est ainsi qu’agissait le P. Jaugey. Il fut un modèle de procureur, ainsi qu’un homme de grand bon sens et de bon conseil. Quel que fût le nombre des Pères de passage et l’heure d’arrivée, tout était prêt ; toute commande était expédiée dans les vingt-quatre heures, toute lettre recevait sa réponse par retour du courrier. Il tenait aussi les comptes de l’imprimerie, de la revue catholique, des commandes en France d’autres missions. Les comptes étaient clairs, sans erreur et envoyés aux époques déterminées.
La vie de procureur est une vie d’humble dévouement, de fidélité quotidienne au devoir, sans bruit extérieur. Le P. Jaugey eut cependant son jour de gloire, à l’occasion de la béatification des Martyrs de Corée en 1925. Pendant qu’à Rome, dans la basilique St-Pierre, Mgr Mutel, par privilège spécial, chantait au salut pour la première fois l’oraison par lui composée : Deus, qui in Coreanam regionem fidem catholicam mirabiliter invexisti... notre procureur avait l’honneur de la faire retentir de sa voix musicale et bien timbrée, sous les voûtes gothiques de la cathédrale de Séoul, au salut du Saint Sacrement. C’est que le P. Jaugey était aussi bon musicien ; il avait appartenu dans sa jeunesse à la manécanterie du séminaire de Langres, et il édita à Séoul un recueil de cantiques coréens. Avec les années cependant, il devint dur d’oreille et, sur la fin de sa vie, presque sourd, ce qui lui interdit le ministère de la confession. À Taitjen, il assurait une ou deux messes de paroisse ; c’est dans ce ministère de dévouement qu’il contracta la pneumonie qui devait l’emporter si soudainement. Il est mort dans l’exercice de ses fonctions, sans bruit, sans déranger personne, imitant son patron Saint Joseph jusqu’au bout.
Nul doute que le Procureur de la Sainte Famille n’ait fait bon accueil à l’ancien procureur des missions de Séoul et de Taitjen : Euge ! serve boue et fidelis ; infra in gaudium Domini tui !
Références
[2941] JAUGEY Joseph (1884-1955)
Références bio-bibliographiques
AME 1907 p. 381. 1911 p. 211. 212. 1915-16 p. 160. 161.
CR 1907 p. 325. 1908 p. 47. 1911 p. 44. 1914 p. 21. 1916 p. 235. 1922 p. 23. 1948 p. 13. 1950 p. 15. 1955 p. 79.
BME 1923 p. 438. 1924 photo p. 481. 1931 p. 136. 1932 p. 360. 446. 1935 p. 334. 417. 1939 p. 112. 1940 p. 181. 1941 p. 167. 1949 p. 108. 1950 p. 554. 1951 p. 156. 297. 298. 357. 418. 420. 485. 1952 p. 181. 1955 p. 241. 285. 288. 634.
EC1 N° 486. 571.