Victor RENOLLEAU1880 - 1910
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2844
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Birmanie
- Région missionnaire :
- 1905 - 1910 (Mandalay)
Biographie
[2844]. RENOLLEAU, Victor-Marie-Auguste-Germain, vint au monde à Chauché (Vendée) le 3 décembre 1880. Après avoir étudié au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers et à l'institution Richelieu à Luçon, il entra laïque au Séminaire des M.-E. le 23 juillet 1900, reçut le sacerdoce le 26 février 1905, et partit le 16 août suivant pour la Birmanie septentrionale. Il apprit l'anglais à Mandalay, passa à Yemethin, à Myokine, puis à Kinlat.
En novembre 1907, on le chargea du poste de Magydaw ; et, deux ans plus tard, malgré force difficultés, il réussissait à fonder une nouvelle chrétienté, celle de Sin Piou. Malheureusement, sa santé ne tarda pas à être éprouvée, et le 2 août 1910, il mourut à Mandalay.
Nécrologie
M. RENOLLEAU
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA BIRMANIE SEPTENTRIONALE
Né le 3 décembre 1880
Parti le 20 août 1905
Mort le 2 août 1910
Victor-Marie Renolleau naquit à Chauché (Vendée), le 3 décem¬bre 1880. Il portait le sang de nombreuses générations familiales profondément chrétiennes ; la première s’était fixée dans la paroisse près de trois cents ans auparavant. Il comptait dans sa parenté tous les abbés Renolleau et Lhomme. De très bonne heure et constamment, sa bonne mère veilla jalousement sur l’innocence de cette jeune âme, et ne lui permit guère de connaître d’autres compagnons de jeux qu’une petite sœur un peu plus jeune que lui.
A l’école du village, le jeune Victor ne tarda pas à laisser entrevoir une vive intelligence ; aussi en 1891, ses parents l’envoyèrent à Saint-¬Laurent-sur-Sèvre, au pensionnat Saint-Gabriel, dirigé par les Frères du Bienheureux Grignion de Montfort. Là, pendant cinq années, il fit de si bonnes études de français que son père, fier de ses succès, se prit à rêver pour lui quelque brillante position. Mais, sous la direction de ses pieux maîtres, grandissant à l’ombre du tombeau du Bienheureux de Montfort, le jeune homme avait senti naître l’appel divin et, renonçant au monde qui semblait lui sourire, il portait toutes ses aspirations vers le sacerdoce.
Victor avait 16 ans. Il demanda conseil au vénérable curé de sa paroisse, M. l’abbé Jaud, qui l’orienta vers le Séminaire et voulut bien lui apprendre les premiers éléments du latin. L’année qui suivit fut une rude époque de travail pour le jeune homme ; mais, ayant sous les yeux l’exemple de son maître, travailleur infatigable, il apprit à ne plus connaître la fatigue, et, professeur et élève firent si bien, que, en octobre 1896, Victor entrait au petit séminaire de Chavagnes, en quatrième, où il prit aussitôt et conserva jusqu’au bout la tête de sa classe.
A Chavagnes, comme à Saint-Laurent-sur-Sèvre, comme plus tard au Collège Richelieu de Luçon, le jeune étudiant eut bien vite gagné l’affection de tous, maîtres et élèves, par son entrain, sa gaieté, son bon coeur, qualités alliées à une sincère piété qui faisaient de lui l’aimable compagnon qu’on ne peut plus oublier. Mais de nouveaux succès ne firent qu’aviver les espérances, peut-être un peu ambitieuses, mais si légitimes, de M. Renolleau père, qui envoya son fils faire sa rhétorique au Collège Richelieu, avec le secret espoir que, une fois bachelier, les idées du jeune homme suivraient un autre cours. Il était trop tard. Dieu avait dit : Veni, sequere me, et, secondé par une forte volonté, Victor avait fait depuis longtemps tous les sacrifices néces¬saires : il serait prêtre pour les Missions-Étrangères !
De longues objections s’élevèrent. Ne sont-elles pas naturelles ? Cependant, le jeune homme fit tant et si bien que ses parents, le cœur meurtri, mais sincères, permirent à leur fils de partir et il arriva tout joyeux au Séminaire de l’Immaculée-Conception, au mois d’août 1900.
La souffrance est un don de Dieu. Elle ne fut pas épargnée à M. Renolleau, à l’aurore de la vie vers laquelle tous les élans de son cœur généreux l’avaient porté ; il sut comprendre cette vérité. Peu de temps après son départ pour les Missions-Étrangères, son père mourait, presque subitement, et sa mère devenait presque paralysée. Le sacri¬fice était dur ; le nouvel aspirant l’accepta courageusement. Il confia à sa sœur le soin de sa bonne mère, et, plus que jamais, resta décidé à suivre sa chère vocation.
Les années qui suivirent, sauf l’interruption d’une année de caserne, furent pleines de calme. Toujours, comme autrefois, l’aspirant con¬serva son entrain, sa franche gaieté et travailla avec ardeur à sa for¬mation sacerdotale et apostolique. Enfin, le 26 février 1905, devant sa famille émue, il fut ordonné prêtre dans la chapelle des Missions¬-Étrangères et reçut pour destination la Birmanie Septentrionale.
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Après une dernière visite au pays natal, M. Renolleau s’embarque à Marseille le 16 août 1905, et arrive à Mandalay, capitale de la Haute-¬Birmanie, le 22 septembre. Il nous est impossible de décrire son bonheur. Il allait pouvoir se consacrer entièrement au salut des âmes ; aussi quel saint enthousiasme se montre dans toutes les lettres qu’il envoya, vers cette époque, à sa famille !
Aussitôt arrivé, il se mit à l’étude de l’anglais et fut placé, au bout de quelques semaines, près d’un confrère, dans la petite ville de Yame¬thin, où il put bientôt faire quelque ministère. Cependant, il brûlait d’apprendre le Birman pour travailler sur l’élément indigène. Dans son indomptable énergie, il trouva le courage nécessaire pour ne pas reculer devant les fatigues d’une journée de voyage, qu’il lui fallait essuyer à chaque fois qu’il voulait aller prendre des leçons, en plein centre birman, chez un confrère. C’est alors que son évêque lui permit de venir s’installer dans un village indigène, où il put étudier tout à loisir. Successivement à Myokine et à Kinlat, laissé seul pour mieux travailler, quoique assez rapproché d’un autre missionnaire, il mit tant de courage à se perfectionner que, au bout de dix mois, il fut parfaitement en mesure d’administrer un district.
M. Renolleau se demanda alors de quel côté il irait planter sa tente. Son zèle dévorant, ses projets, ses espérances, ne comptant pour rien les fatigues et les privations, le portaient à désirer quelque coin, encore païen, où il pourrait se dépenser tout à son aise. Il fut servi à souhait. Au mois de novembre 1907, il fut placé à la tête du poste de Magyidaw, petit village chrétien, de fondation toute récente.
Le jeune missionnaire était au comble de ses vœux. Il arriva, disposé à semer à large main, mais il put bientôt se convaincre que le terrain était fort ingrat ; au lieu de moissonner à pleine faux, il n’avait devant lui que quelques épis à glaner. Néanmoins, il se mit à la tâche avec son courage habituel et s’il ne put, comme il le désirait, augmenter beaucoup son petit troupeau, il le conduisit d’une façon parfaite, tout en acquérant lui-même une précieuse expérience.
Bientôt, au cours de l’année 1909, il trouva un peu étroites les limites de son village et songea à élargir son champ d’action. Après avoir bien mûri son projet, la place soigneusement choisie, et toutes les démarches faites auprès du gouvernement, il dota son district d’un nouveau centre chrétien, Sin Piou. C’est là, après des courses à pied et cheval par des chemins qui n’en sont point, dans les travaux de tout genre nécessités par cette nouvelle création, que les forces de M. Renol¬leau le trahirent. Il disait alors : « Je ne sais si j’aurai fait grand chose cette année ; cependant, je pourrai me rendre cette justice d’avoir énormément couru. » Déjà, il avait groupé une quinzaine de familles ; l’argent et les matériaux étaient rassemblés pour la construction d’une église ; l’avenir lui souriait, quand la fièvre des bois paralysa toute son activité.
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L’année 1909 touchait à sa fin. Pendant les six mois qui suivirent, M. Renolleau fut souvent obligé de prendre quelque repos pour se soigner. A peine remis, il accourait vers ses chrétiens ; mais c’était pour s’arrêter encore. Une violente dysenterie le tint éloigné pendant tout le mois de mai 1910.
Le repos eût été le meilleur remède à tous ces malaises ; mais chacun sait que pour une chrétienté naissante, la présence du missionnaire est toujours nécessaire, et Magyidaw, en particulier, avait besoin de toute la sollicitude de M. Renolleau. Depuis quelque temps, il avait initié ses chrétiens à la dévotion du premier vendredi du mois et à la communion fréquente. Ses efforts, pour faire comprendre à ces âmes neuves tous les bienfaits d’une union constante avec Dieu, n’avaient pas été vains ; mais il avait fallu allier toute son énergie à sa grande bonté de coeur et à sa piété communicative pour remuer, comme il le fallait, ces jeunes chrétiens plutôt naturellement endormis, et qui n’ont pas toujours en eux l’ardente flamme qu’on veut bien trop souvent leur prêter.
Son zèle était saintement audacieux. Un Eurasien catholique, malheureusement peu instruit, avait projeté de se faire franc-maçon pour obtenir des protections et de l’avancement. M. Renolleau apprit la chose, se rendit chez lui et lui rappela, ou mieux lui apprit ses devoirs. L’autre ne voulut rien entendre, ayant déjà versé une somme assez importante au trésor de la Veuve, en vue de sa prochaine admis¬sion. Peu à peu l’entretien tourna à l’aigre et, faute de bonnes raisons, le Missionnaire fut invité à prendre la porte. « Non, répondit celui-ci, je suis ici par devoir, à cause de votre femme, de vos enfants et, encore plus, à cause de vous. C’est mon devoir d’être ici, et le vôtre de m’écouter. » Le malheureux ne savait pas ce qu’est un prêtre, quand il s’agit de sauver une âme : il fallait le lui montrer. Grâce à cette atti¬tude qui le surprit, mais que, au fond, il admira, il perdit l’argent avancé, renonça à ses espérances, mais demeura catholique, ce dont il se montre maintenant très reconnaissant.
Chacun d’ailleurs savait son inflexible attachement au devoir, et, comment résister à quelqu’un, lorsqu’on a devant soi un modèle de piété forte et bien entendue. Toutes ces qualités étaient connues de ceux qui l’approchaient. Européens, Eurasiens et indigènes étaient frappés, en particulier, de ce quelque chose de surnaturel qui semblait comme l’envelopper, dès qu’il montait à l’autel. Dans son registre de messes, il avait écrit cette prière : « O Jésus crucifié, qui dans votre infinie bonté m’avez appelé au sacerdoce, faites-moi la grâce de mourir avant de monter une seule fois avec tiédeur à votre saint autel ! » A une âme semblable, Dieu pouvait demander de grands sacrifices.
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Au mois de juin dernier, se trouvant plus fort, M. Renolleau revint habiter parmi ses chrétiens. Ayant été à Sin-Piou, il y ressentit aussitôt un malaise inaccoutumé avec une douleur très vive dans la région du foie. Il se fit transporter immédiatement à Mandalay, chez un ami auprès duquel il allait d’ordinaire se soigner. On crut un instant que le repos, un air plus pur avaient conjuré le mal, lorsque, le 25 juil¬let 1910, une fièvre violente et continue s’empara de ce corps déjà si affaibli. C’était la mort à bref délai. M. Renolleau fit alors à Dieu le sacrifice de sa vie et songea à paraître devant le Souverain Juge. Après une dernière confession, fortifié par la grâce des sacrements des mourants, il expira pieusement, le mardi 2 août, vers 8 heures du soir, entouré de son Évêque et de tous les missionnaires présents à Mandalay.
Le corps fut transporté dans une chapelle ardente préparée à l’évêché et y demeura jusqu’au jeudi matin. Missionnaires, communautés religieuses et fidèles veillèrent, jour et nuit, près des restes du cher disparu, offrant à Dieu pour lui de ferventes prières. Au jour des funé¬railles, après la messe pontificale célébrée par Mgr Foulquier, un cortège grandiose se dirigea vers la chapelle mortuaire où devaient reposer les restes de M. Renolleau. Nombreux étaient venus ses chré¬tiens qui, près du corps, pleurant et gémissant, s’opposaient à ce qu’on enterrât leur Père. Non seulement tous les missionnaires qui avaient pu arriver à temps étaient présents, mais — quoiqu’il fût peu connu à Mandalay — un millier de catholiques et de nombreux protestants avaient tenu à l’accompagner à sa dernière demeure et témoigner aux membres de la Mission leurs sympathiques condoléances pour la perte qu’ils venaient de faire.
Et vraiment pour la Mission ce fut une grande perte. O mon Dieu, donnez-nous des missionnaires pour remplacer de tels missionnaires !
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Références
[2844] RENOLLEAU Victor (1880-1910)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1906, p. 214 ; 1908, p. 228 ; 1909, p. 218 ; 1910, p. 242. - M. C., xli, 1909, p. 232. - Sem. cath. Luçon, 1910, pp. 657, 779.
Notice nécrologique. - C.-R., 1910, p. 393.