Joseph DÉCROUILLE1881 - 1939
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2821
- Bibliographie : Consulter le catalogue
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1905 - 1933 (Qui Nhon)
- 1933 - 1935 (Kontum)
Biographie
[2821] Elie, Joseph, Jean-Baptiste DECROUILLE naquit le 17 Décembre 1881, à WISSANT, diocèse d'ARRAS, Département du PAS-DE-CALAIS. Des sept enfants que compta cette famille, quatre devinrent prêtres : deux dans le diocèse d'ARRAS, deux dans la mission de KONTUM, et une fille entra au couvent.
En Octobre 1894, Joseph commença ses études secondaires au Petit Séminaire de BOULOGNE, et le 13 Septembre 1900, laïque, il entra au Séminaire des Missions Etrangères où il retrouva un de ses condisciples de Petit Séminaire, M. DENIS, futur fondateur de la Trappe de PHUOC-SON, près de HUE (Viêtnam). Tonsuré le 20 Septembre 1901, il reçut les ordres mineurs le 28 Septembre 1902 ; Sous-Diacre le 26 Juin 1904, Diacre le 24 Septembre 1904, il fut ordonné prêtre le 17 Décembre 1904. Il reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique de la Cochinchine Orientale (Quinhon) et partit pour sa mission le 26 Août 1905.
Il commença alors l'étude de la langue viêtnamienne à Song-Cat, village situé près de l'Evêché. En Avril 1906, Mgr. GRANGEON l'envoya chez les BAHNARS (Kontum). M. Joseph DECROUILLE débuta dans le district de Kon-Klong, centre d'une dizaine de chrétientés. C'est dans ce village que quelques mois auparavant M.GAILLARD avait été attaqué et pillé. M. DECROUILLE se mit à l'œuvre, aménagea résidence et église, s'intéressa aux jeunes, et obtint la conversion du fils d'un chef influent.
En 1908, il fut nommé à Kon-Hgo, où il resta peu de temps. M.VIALLETON, Supérieur de la Mission et curé de KONTUM étant décédé le 11 Novembre 1909, M. Joseph DECROUILLE fut appelé à prendre sa succession à la tête de cette paroisse mi-viêtnamienne mi-bahnar. Quelques mois après son installation, une incendie détruisit entièrement son église-paillotte. Sur ces entrefaites, une lettre de France lui annonçait le prochain départ pour la mission des Bahnars,de son frère Jean-Baptiste, lui apportant un don princier destiné à construire une église définitive à KONTUM .
Pour en établir les plans, il fit appel aux compétences et aux conseils de M. KEMLIN, architecte de talent. Il éleva un édifice élégant avec son clocher, des portes et fenêtres ajourées, de multiples colonnettes disposées sur le pourtour intérieur des murs, rien ne laissant deviner que tout le reste était en torchis. Le 6 Janvier 1918, Mgr.JEANNINGROS bénissait solennellement cette église devenue Cathédrale du diocèse actuel de KONTUM. Pendant dix ans, avec un tact parfait et une pondération restée proverbiale, M. Joseph DECROUILLE mena de front travail spirituel et matériel, et gagna le coeur de tous.
En 1920, M. KEMLIN nommé Supérieur de la Mission s'installa à KONTUM, son centre. M. Joseph DECROUILLE prit alors la direction du district de Kon-Mah. Mais en Novembre 1922, se trouvant très fatigué, il dut aller à SAIGON, consulter le médecin qui constata anémie, fatigue du cœur, poitrine fragile. Un séjour de deux mois au sanatorium de HONG-KONG n'ayant pas apporté l’amélioration espérée, il dût s'embarquer pour la France, où il resta trois ans, de 1923 à 1926.
De retour dans sa mission, en 1926, avec une santé un peu meilleure, M. Joseph DECROUILLE retrouva son district de KON-MAH. Mais en 1933, de violents maux de tête, une surdité progressive, et une diminution de la vue l'obligèrent à prendre du repos. Il consulta un spécialiste à SAIGON qui lui conseilla de rentrer en France, mais il préféra revenir à KON-MAH. La maladie progressant, accompagné de son frère, en Juin 1934, il monta à HANOI consulter un oculiste renommé. Une tumeur au cerveau provoquait les maux de tête et comprimait les nerfs optiques, d'où nécessité d'une opération très délicate qui ne pouvait être tentée qu'en France où il arriva le 14 Août 1935.
Son état général ne permit pas aux médecins de tenter l'opération. En Février 1939, au sanatorium de Montbeton, M. Joseph DECROUILLE eût un commencement de broncho-pneumonie. Le 1er mars, une pleurésie se déclara. Son frère Antoine, curé au diocèse d'Arras, averti, arriva à son chevet. Le 12 mars 1939, M. Joseph DECROUILLE, rendit son âme à Dieu. Sa dépouille mortelle repose dans le cimetière du Sanatorium des Missions Etrangères à Montbeton.
Nécrologie
M. DECROUILLE
MISSIONNAIRE DE KONTUM
M. DECROUILLE (Elie-Joseph-Jean-Baptiste) né le 17 décembre 1881 à Wissant, diocèse d’Arras (Pas-de-Calais). Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 13 septembre 1900. Prêtre le 17 décembre 1904. Parti pour la Cochinchine orientale le 26 avril 1905. Mort à Montbeton le 12 mars 1939.
C’est à Wissant (Pas-de-Calais) que naquit, le 17 décembre 1881, d’une famille foncièrement chrétienne, M. Joseph Decrouille. La piété dont il fit preuve toute sa vie, montre bien qu’au foyer paternel sa jeune âme fut de bonne heure formée à la pratique de la vertu. De sept enfants, quatre devinrent prêtres : deux dans le diocèse d’Arras, et deux dans la Mission de Kontum ; une fille entra au couvent. C’est assez dire combien cette belle famille savait aimer et servir Dieu par dessus tout.
La Vierge Marie, gardienne tutélaire de Boulogne, forma l’âme d’élite de Joseph à l’ombre de son sanctuaire, au petit séminaire de cette ville, où il entra en octobre 1894. Durant ses 34 ans d’apostolat, son amour pour la Très Sainte Vierge alla toujours grandissant. Il se fit un devoir de faire proclamer comme souveraine, partout où il passa, la douce Mère de Jésus. C’est sa main bienfaisante qui le conduisit, en septembre 1900, au Séminaire des Missions-Étrangères, où il retrouva, aspirant missionnaire comme lui, son ancien condisciple du petit séminaire de Boulogne, M. Denis, futur fondateur de la Trappe de Phuoc-Son, près de Hué. A la rue du Bac, passant inaperçu à cause de sa modestie, il sut rendre à ses confrères les services inhérents à la vie de communauté.
Ordonné prêtre en décembre 1904, il partit peu après pour la Mission de Cochinchine orientale, désignée maintenant sous le nom de Mission de Quinhon. C’est à Song-Cat, village situé près de l’évêché, qu’il commença l’étude de la langue annamite. La facilité avec laquelle il apprenait laisse supposer qu’elle n’aurait pas eu pour lui de secret, s’il était resté dans le delta ; mais Mgr Grangeon eut besoin de lui pour la région des Bahnars ; c’est aux langues de cette région qu’il devra s’appliquer désormais. Plus tard, il éditera un livre sur le mois de Marie, dans lequel sont révélés son zèle pour le culte de la Mère de Dieu et sa connaissance approfondie du bahnar. Ce livre, très apprécié des chrétiens, est un chant de reconnaissance à la Vierge Marie pour la guérison d’une très grave laryngite obtenue par son intercession.
En avril 1906, il débuta dans le district de Kon-Klong, centre d’une dizaine de chrétientés. Dans ce village, quelques mois auparavant, une troupe de pillards avait attaqué M. Gaillard et lui avait enlevé la plus grande partie de son mobilier et de ses objets du culte. La résidence du missionnaire n’était qu’une pauvre maison boiteuse ; l’église ne valait guère mieux mais qu’importait la pauvreté ? M. Decrouille se mit à l’œuvre. Aux pieds de la Vierge de Lourdes, mise à la place d’honneur dans sa maison et toujours ornée de fleurs, il réunit les enfants et les jeunes gens du village pour les conduire « à Jésus par Marie », et, par les jeunes, assurer l’avenir. De son passage à Kon-Klong date la conversion du fils d’un chef influent, conversion qui devait faciliter grandement, les années suivantes, la tâche de ses successeurs.
En 1908, le zélé missionnaire quitta Kon-Klong pour aller à Kon-Hngo. Son séjour dans ce dernier poste fut de courte durée. M. Vialleton, Supérieur de la Mission et curé de Kontum étant mort le 11 novembre 1909, c’est lui qui fut appelé à succéder au titulaire défunt dans son district mi-bahnar mi-annamite. L’épreuve ne tarda pas à venir ; quelques mois seulement après son installation, il eut la douleur de voir la paillotte qui lui tenait lieu de chapelle détruite entièrement par un incendie. Le bon Dieu, il est vrai, ne fit pas attendre la consolation ; puisque sur ces entrefaites, une lettre venue de France lui annonçait que son frère Jean-Baptiste partait pour le rejoindre dans la Mission des sauvages bahnars, et lui apportait un don princier destiné à cons-truire à Kontum une église définitive.
Pour établir les plans de la cathédrale, M. Decrouille eut recours aux conseils de M. Kemlin, missionnaire, architecte de talent. Encore maintenant, cet édifice fait l’étonnement et l’admiration de ceux qui passent à Kontum, par son gracieux clocheton, ses portes et ses fenêtres ajourées, ses multiples colonnettes disposées avec une rare élégance sur le pourtour intérieur des murs. Rien ne laisse deviner que tout le reste est en torchis. L’église du pays bahnar fut bénite solennellement par Mgr Jeanningros le 6 janvier 1918.
Durant dix ans, avec un tact parfait, une pondération restée proverbiale, le dévoué curé sut mener de front le travail matériel et le spirituel. Dans un district où il faut exercer le saint ministère en deux langues, il sut, avec un zèle égal, s’occuper des annamites et des bahnars. — « Ici, plus que partout ailleurs, disait jadis M. Vialleton, il faut se souvenir que tout vient à qui sait attendre et qu’à chaque jour suffit sa peine ». M. Decrouille sut mettre en pratique ces sages conseils et rester à la hauteur de sa tâche, semant partout le bien et gagnant le cœur de ses chrétiens.
On dit que les orientaux ne connaissent pas le chemin de la reconnaissance. Les chrétiens de Kontum prouvèrent le contraire durant les cinq années de terribles souffrances par les-quelles leur père termina sa vie en France. Que de messes demandées par ses anciens enfants, que de prières récitées à la grotte de N.-D. de Lourdes à Kontum, pour que la Vierge permette le retour de leur pasteur bien-aimé. A l’annonce de sa mort, messes, services solennels, prières, tout fut mis en œuvre pour le repos éternel de celui dont ils avaient apprécié la ferme direction et la grande bonté.
M. Kemlin, devenu supérieur des Bahnars, vint en 1920, s’installer à Kontum, endroit plus central, et M. Decrouille céda la place pour prendre la direction du district de Kon-Mah. Tou-jours sous l’égide de Marie, ses efforts eurent d’heureux résultats. Aujourd’hui encore, si les chrétiens de ce poste sont demeurés fervents et donnent toute satisfaction, c’est, le reconnaît le curé actuel, grâce au zèle et aux prières de leur ancien pasteur.
La somme de travail considérable fourni à Kontum par notre regretté confrère avait miné sa santé. Le district de Kon-Mah étant moins pénible, on espérait le voir conserver ce poste de longues années. Il n’en fut rien. Dès le mois de novembre 1922, se trouvant très fatigué, il dut aller consulter le médecin à Saigon. Celui-ci constata chez le malade une poitrine très fragile, un cœur défectueux et une profonde anémie causée par le paludisme. C’est alors qu’on envoya M. Decrouille au sanatorium de Hong-Kong. Deux mois passèrent sans apporter aucune amélioration : il fut donc décidé qu’il s’embarquerait pour la France. Trois ans après, il nous revint avec une santé un peu meilleure et reprit son poste de Kon-Mah. Quelques années plus tard, en 1933, de violents maux de tête, une surdité progressive et une diminution sérieuse de la vue l’obligèrent à prendre du repos. Un spécialiste consulté à Saigon jugea que seul, le climat de France pourrait atténuer ces infirmités ; et le malade, confiant en sa bonne Mère du ciel, préféra revenir à Kon-Mah souffrir pour ses chers sauvages et remplir jusqu’à la fin sa charge de chef de district.
La vue redevenue très faible, il dut remplacer la récitation du bréviaire par celle du rosaire et se contenter de célébrer la messe « de Beata » et celle des morts.
N’ayant pu trouver à Saigon le moyen d’arrêter les progrès de la maladie, accompagné de son frère, il monta à Hanoi en juin 1934, consulter de nouveau un oculiste renommé, espérant encore découvrir là le remède efficace. Hélas ! les signes diagnostiques du mal étaient certains : une tumeur au cerveau provoquait les maux de tête et comprimait les nerfs optiques, d’où nécessité d’une opération très délicate, seul espoir de guérison et qui ne pouvait être faite qu’en France. Toujours soumis à la volonté divine, M. Decrouille prit le premier bateau en partance pour la France. Les larmes aux yeux, il dit à son frère, en le quittant : « Je sens que je « ne reverrai plus ma Mission où j’ai tant souffert et où j’aurais désiré mourir. De retour à « Kontum, fais beaucoup prier pour que je porte généreusement la lourde croix que le bon « Dieu m’envoie ».
L’état général ne permit pas aux médecins de France de tenter l’opération. Durant 5 ans encore, notre pauvre confrère vécut avec la souffrance connue de lui seul et de Dieu. Il resta toujours uni à sa chère Mission des Bahnars par la prière et de multiples lettres qu’il écrivait souvent avec beaucoup de peine. Plusieurs fois il se rendit à Lourdes demander à la bonne Mère force et résignation pour gravir son calvaire. Si la guérison ne lui fut pas obtenue, du moins la Vierge lui accorda une soumission admirable à la volonté de Dieu jusqu’à la dernière heure.
Selon les prévisions médicales, le cœur ou la tumeur amena la mort de notre confrère. En février 1939, alors que M. Decrouille se trouvait au sanatorium de Montbeton, il eut un commencement de broncho-pneumonie. Bien que très affaibli, il paraissait aller mieux, lorsque le 1er mars, une pleurésie se déclara. Son frère Antoine, curé au diocèse d’Arras fut prévenu par télégramme et arriva sans tarder au chevet du bien-aimé frère Joseph. On s’attendait à une fin rapide ; mais à la couronne de notre fervent missionnaire manquaient encore quelques prières précieuses qui devaient être payées par une souffrance prolongée ; c’est le 12 mars seulement qu’il rendit sa belle âme à son Dieu
En nous annonçant le décès, un confrère écrivait : « M. Decrouille s’est préparé saintement à paraître devant Dieu avec une résignation absolue et une soumission complète à la « volonté divine. D’une délicatesse admirable, il craignait toujours de faire de la peine aux « autres comme il avait peur d’en faire au bon Dieu, c’est un missionnaire de moins sur la « terre et un élu de plus au ciel, où il priera pour nous et sa chère Mission. »
La dépouille mortelle de notre regretté défunt repose dans le cimetière du sanatorium des Missions-Étrangères à Montbeton au pied de la statue de la Très Sainte Vierge qu’il a tant aimée et si bien servie. C’est là à l’ombre discrète que projettent les pins sur les tombes de ses frères missionnaires qu’il attend le jour de la résurrection !
Références
[2821] DECROUILLE Joseph (1881-1939)
Références biographiques
AME 1939 p. 139. 340. 375. CR 1905 p. 288. 1914 p. 91. 1922 p. 108. 1925 p. 180. 1927 p. 108. 1933 p. 186. 1934 p. 173. 1935 p. 225. 1939 p. 216. 220. 252. BME 1923 p. 115. 395. 1924 p. 131. 1926 p. 187. 1934 p. 429. 875. photo p. 225. 1935 p. 667. 672. 817. photo p. 672. 1936 p. 80. 146. 305. 1937 p. 368. 449. 1938 p. 129. 137. 1939 p. 367. 803. EC1 N° 35. 36. 37. 38. 42. 44. 50. 74. 97. 98. 101. 319. 369. 398.