François SAVINA1876 - 1941
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2566
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1901 - 1941 (Hung Hoa)
Biographie
[2566] François, Marie SAVINA naquit le 20 mars 1876, à Mahalon-en-Cornouaille, département du Finistère, diocèse de Quimper. Il fit ses études primaires à Mahalon; puis, envoyé au petit séminaire de Pont-Croix pour ses études secondaires, il passa au grand séminaire de son diocèse, où il reçut la tonsure le 26 juillet 1897.
Le 14 septembre 1897, il entra au séminaire des Missions Etrangères.. Minoré le 23 septembre 1899, sous-diacre le 22 septembre 1900, diacre le 2 mars 1901, il fut ordonné prêtre le 23 juin 1901 et reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique du Haut Tonkin (Hung-Hoa) qu'il partit rejoindre le 24 juillet 1901, en compagnie de M. Marie-Joseph-Paul Aigouy destiné à la même mission.
Dès son arrivée, il se lança avec acharnement dans l'étude de la langue viêtnamienne, puis des caractères chinois. La multiplicité des langues et dialectes qui ont cours dans le Haut Tonkin et le Sud de la Chine le fascina. Pour les posséder il n'hésita pas à vivre de la vie.de ces divers groupes ethniques.Le 1er octobre 1906, il fut nommé au pays des Tays de la Haute Région; après avoir parcouru les territoires de Tuyên-Quang à Ma-Giang, il se fixa à Vinh-Tuy, situé sur la rive droite de la Riviière Claire, à l'embouchure du Sông Con, à 87 kms en amont de Tuyên-Quang. Il y éleva une église dédiée à Ste Anne, et le 19 mars 1907, y célébra la messe en présence de plus d'une centaine de Tays.
En 1908, il parcourut la région couverte de forêts, habitée par les Muongs, les Thôs, les Nungs entre Tuyên-Quang et la frontière de Chine. En 1909, il projeta la fondation d'une léproserie qu'il ne pût réaliser à cause du manque de ressources. En 1910, il fonda la chrétienté de Pai-Xat sur le Sông-Con, dans la direction de Yên-Binh-Xa, à 60 kms de Vinh-Tuy.et il termina la rédaction de son "Dictionnaire-Tay-Annamite-Français" (800 pages), projetant d'y ajouter en 1911, les caractères chinois; cet ouvrage imprimé à Nazareth, Hong-Kong, fut couronné par l'Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres en 1912.(prix Stanislas Julien); cette même année, il prépara un catéchisme en Tay et la traduction de quelques prières.usuelles.
Ainsi, de 1903 à 1925, il séjourna dans diverses tribus, étudiant langues et dialectes d'abord chez les Tay à Vinh-Tuy, Pai-Xat, et Lai-Chau, puis chez les Miao (Mèos) à Lao-Kai et Chapa, chez les Nung (Long) à Dong-Dang et Cao-Bang, chez les Mans à Mon-Kay et Tien-Yen, enfin au Yunnan et au Kouy-Tcheou pour l'étude du chinois mandarin et du hoklo.
En 1924, il fit paraitre son "Dictionnaire Etymologique Français-Nung-Chinois" (528 pages), imprimé à Nazareth, Hong-Kong, et couronné en 1925 par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (prix Gilles). Cette même année, il publia son Histoire des Miao (304 pages), imprimé à Nazareth et réédité en 1930.
En 1925, le Gouvernement Chinois le demanda comme interprète officiel pour la reconnaissance de la grande île de Haïnan, et le Gouvernement Général de l'Indochine, sous le patronage de l'Ecole Française d'Extrême-Orient, le chargea d'une mission de recherches ethnographiques et linguistiques dans cette île.où il séjourna plus de quatre ans. Il la parcourut dans tous les sens, et en ramena de nombreux renseignements et de précieux documents, dont une carte orographique en couleurs au 1.000.000è, les manuscrits de trois dictionnaires: Hoklo-Français, Bê-Français, et Dai-Français complétés par trois lexiques: Français-Hoklo, Français-Dai, et Cantonnais-nung-hoklo, des notes sur les coutumes et traditions des tribus de l'intérieur de l'île, sur leurs croyances et moeurs, cérémonies funéraires etc..
De retour dans sa mission, en avril 1929, Mgr. Ramond l'envoya dans la région de Lao-Kay - Chapa pour s'occuper des Mèos dont il avait écrit l'histoire. M; Savina s'installa à quelques 40 kms de Lao-Kay, dans la vallée de Muong-Bo,au bord de la Rivière Claire; il y construisit une chapelle-école, tout en continuant ses importants travaux lexicographiques.Tombé malade vers Juin 1930, il rentra au pays natal en septembre 1931 en vue de refaire sa santé. En raison de ses nombreuses publications linguistiques et ethnographiques, il fut fait correspondant de l'Ecole Française d'Extrême-Orient, par arrêté du 2 juillet 1931, publié au Journal Officiel.
Au début de 1934, il se rendit à Hong-Kong pour préparer et faire imprimer son "Guide Linguistique de l'Indochine Française",2 volumes grand in-4° de XVIII-2516 pages. C'est un ouvrage monumental de philologie comparée des langues monosyllabiques: les "Octaples Savina" pourrait on dire. Environ 20.000 mots ou expressions français y sont traduits (en romanisation et en caractères chinois), en viêtnamien, en sino-viêtnamien, en Tay ou tho, en man ou yao, en miao ou meo,en cantonnais, en hoklo, et en mandarin.
Vers le milieu de 1939, son grand dictionnaire terminé, il rentra dans sa mission. Mgr. Ramond lui confia le district de Ha-Giang, sur la haute Rivière Claire, région proche de la frontière chinoise, où vivent de nombreuses ethnies différentes. Un peu avant Pâques 1941, il contracta une pneumonie qu'il négligea. Mais peu à peu, le mal s'aggrava, et il dût finalemnt se faire hospitaliser à la Clinique St. Paul à Hanoï, où, après un léger mieux, il mourut le mardi 22 Juillet 1941, à 11h30.
Homme au tempérament généreux, travailleur inlassable, de "cette race aux longs cheveux qui ne dit jamais non quand elle a dit:je veux", missionnaire de valeur, linguiste bien connu pour ses travaux sur les langues du Haut-Tonkin, et de Hai-Nan, il collabora avec l'Ecole Française d'Extrême -Orient, tout en mettant ses connaissances au service de la mission, de ses confrères, des PP. Domincains de la préfecture de Lang-Son, des PP.de Picpus à Hai-Nan.
Nécrologie
[2566] SAVINA François (1876-1941)
Notice nécrologique
À une dizaine de kilomètres de la Pointe du Raz, dans la chrétienne paroisse de Mahalon en Cornouaille, diocèse de Quimper, naquit le 20 mars 1876 François-Marie Savina, qui devait plus tard étonner l’Indochine par sa science des langues. Le missionnaire arriva au Tonkin en même temps que M. Aigouy qui devait mourir trois ans plus tard. Ce fut, dès les premiers jours, une émulation extraordinaire entre les deux nouveaux arrivés, doués l’un et l’autre d’une excellente mémoire et d’une volonté de travail peu commune. M. Savina sut bientôt par cœur son dictionnaire et entreprit de bonne heure l’étude des caractères chinois. Pour posséder les langues des nombreuses races du Tonkin, il n’hésita pas à passer des mois et des années parmi ces peuplades, vivant de leur vie, travaillant aux champs avec les paysans, son petit carnet toujours à la portée de la main. Quand il était en possession d’un dialecte, il recommençait le même travail ailleurs. Il arriva ainsi à savoir les langues de toutes les races du Tonkin.
Il fit profiter de sa science les Pères Dominicains de la préfecture de Langson, lors de sa fondation. Le Gouvernement chinois le demanda comme interprète officiel pour la reconnaissance de la grande île de Hainan où il passa environ cinq ans.
Il revint dans sa Mission vers 1929 et obtint de Mgr Ramond fa faveur d’être placé à Chape pour s’occuper des Mèos, dont il avait écrit l’histoire dans un ouvrage très curieux, que l’on recherche encore avec avidité.
Notre confrère s’installa dans la vallée de Muongbo, y construisit une grande chapelle-école en bois et attira rapidement à lui la population mèo. D’un tempérament trop généreux, il ne savait pas compter. Il était revenu de Hainan avec une petite fortune : un an plus tard tout était dépensé. Les Européens qui venaient passer l’été à Chapa étaient heureux de rendre visite à leur bon ami. C’était un lieu de promenade pittoresque, où les grands marcheurs se rendaient à pied, les autres à cheval. Le missionnaire aurait pu profiter des restes abondants que laissaient les généreux visiteurs... Un jour, deux confrères décidèrent d’aller voir M. Savina. La veille, des estivants avaient offert un magnifique jambon de Chapa à l’ermite de Muongbo : « Inutile d’emporter de la viande », se dirent les deux missionnaires. Hélas ! du jambon, il ne restait plus que l’os, les Mèos du hameau étaient venus aider M. Savina à faire « plat net ».
Au bout de quatre ans environ sa santé laissant beaucoup à désirer, il prit alors la direction de la Pointe du Raz qu’il n’avait pas revue depuis plus de trente ans. A Marseille, les journalistes interviewèrent le spécialiste des langues d’Extrême-Orient.
Après une année de séjour en Bretagne, M. Savina se rendit à Hongkong pour préparer et faire imprimer son grand dictionnaire en huit langues. C’est un travail de savant, mais peu pratique, qui ne sera guère utilisé. On aurait tant voulu, au lieu de cet ouvrage monumental, qu’il fît des lexiques séparés pour chacune des langues qu’il possédait, des essais de traduction du catéchisme et des prières usuelles ; mais il n’a pas cru devoir répondre à ce désir de tous.
Quand il eut terminé son dictionnaire, M. Savina revint au Tonkin. Mgr Ramond le désigna pour Hagiang, où jadis M. d’Abrigeori avait construit une magnifique église restaurée récemment par les militaires.
Hagiang est tout près de la frontière de Chine, à l’extrémité nord-est du Vicariat de Hunghoa. C’est une petite chrétienté où se côtoient un grand nombre de races. Notre confrère avait donc de quoi utiliser son vocabulaire si varié. Il ne demeura pas longtemps à Hagiang. Moins de deux ans après son arrivée, un peu avant Pâques 1941, souffrant de la poitrine, il fut hospitalisé à la clinique Saint-Paul à Hanoi. Il ne devait pas guérir. Sa résignation à la Volonté divine n’a pas été d’abord immédiate, car il voulait encore travailler mais la grâce de Dieu finit par triompher, et M. Savina fit une mort édifiante. Il avait été soigné avec le plus grand dévouement par Sœur Françoise à laquelle les missionnaires de Hunghoa doivent tant de reconnaissance. Du ciel, il doit regarder avec amour la chrétienté mèo de Chapa où il avait semé, et où d’autres ont com¬mencé à moissonner.
Références
[2566] SAVINA François (1876-1941)
Références bibliographiques
AME 1901 p. 267. 1910 p. 274. 1912 p. 331. 1935 p. 185. Article : 1910 p. 274.
CR 1901 p. 277. 1907 p. 183. 1908 p. 167. 1909 p. 162. 1910 p. 160. 161. 166. 1911 p. 150. 1919 p. 65. 1925 p. 89. 1929 p. 140. 1930 p. 162. 163. 1947 p. 348. 1949 p. 181.
BME 1923 p. 115. 665. 1924 photo p. 621. 1925 p. 315. 1926 p. 251. 448. 772. 775. 1927 p. 254. 1929 p. 55. 247. 248. 633. 1930 p. 375. 376. 1931 p. 40. 128. 453. 678. 928. 948. 1932 p. 784. 1933 p. 568. 1934 p. 223. 716. 1935 photo p. 1. 1936 p. 300. 534. 1938 photo p. 282. 1939 p. 472. 1941 p. 190. 267. 341. 627. 628. 1950 p. 64.
MDA janv.1953 p. 25.
RHM 1932 p. 282. 1935 p. 479.
EC1 N° 64. 80. 228. 229. 266. 429.
Bibliographie
Dictionnaires :
"Miao-Tseu-Français". Hanoï. 1917.
"Thay-Annamite-Français". Hanoï. 1910.
"Dict. Etymo. Français-Nung-Chinois". HKG. Nazareth. 1924.
"Français-Man". Hanoï. 1926.
"Histoires des Maios". HKG. Nazareth. 1924.
"Lexique Thay-Français". Hanoï. 1931.
"Guide linguistique de l'Indochine Française". HKG. Nazareth. 1939. 2 vol.
Notes Bio-bibliographiques
-Mission Quinhon: Mémorial : 11, p.37
-Anthropos, 1942-45, p.972
-R.H.M.,1932, p.280; 1935, p.479.
-Missionnaires d'Asie, 1953, p.25-29.
Bibliographie
-"Dictionnaire Tay-Annamite-Français" "Vocabulaire Tay-Français" 1 volume, 1910, Hanoï.
-"Dictionnaire Miaotse-Français" 1 volume - Hanoï.
-"Vocabulaire Français-Miaotse" .
-"Dictionnaire Etymologique Français-Nung-Chinois" 1 volume, 528 pages, Nazareth -Hong-Kong 1924.
-"Histoire des Miaos", Nazareth - Hong-Kong, 1 volume, 1924
-"Dictionnaire Français-Man" 1 volume, Hanoï 1926., précédé d'une note sur les "Man Kim-di-mun", c'est à dire Hommes qui habitent au pied des montagnes.
-"Lexique Tay-Français & Français-Tay" Hanoï, 1931.
-"Guide Linguistique de l'Indochine Française", 2 volumes Nazareth - Hong-Kong , 1939.
Pendant son séjour à Haï-Nan:
-Une carte orographique en couleur au 1.000.000ème
-"Dictionnaire Hoklo-Français"
-"Dictionnaire Bê-Français"
-"Dictionnaire Dai-Français"
-"Lexique Français-Hoklo"
-"Lexique Français-Dai"
-"Lexique Cantonnais-Nung-Hoklo"