Pierre PERRICHON1872 - 1932
- Statut : Évêque coadjuteur
- Identifiant : 2203
Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1896 - 1932 (Malacca)
Biographie
[2203] PERRICHON Pierre, Louis, est né le 27 juin 1872 à Larajasse, au diocèse de Lyon (Rhône). Il entre tonsuré au Séminaire des Missions Étrangères le 4 septembre 1891. Ordonné prêtre le 21 septembre 1895, il part le 18 décembre suivant pour la mission de Malacca.
Il apprend le tamoul à la paroisse indienne de Singapour. En octobre 1896, il devient le premier curé du poste indien de Tapah, et, dès l'année 1897, il sera aussi l'administrateur de la paroisse indienne de Penang. Il se remettra d'une sorte de paralysie et partira en convalescence à Hong-Kong.
A son retour, il va continuer à Tapah le travail interrompu en 1897, et, en janvier 1900, il revient à la paroisse indienne de Penang dont il va rebâtir l'église qui sera bénite en 1902.
Il ne quittera cette paroisse, 21 ans plus tard, que pour devenir évêque titulaire de Corona, et, coadjuteur de Mgr. Barillon. Encore faudra-t-il le passage fortuit et les exhortations de Mgr. de Guébriant pour qu'il accepte cette charge. Il est ordonné évêque à Singapour le 27 novembre 1921 par Mgr. Bouchut. Mais dès 1922, il ressent les premières attaques d'un mal de coeur qui l'emportera dix ans plus tard : force lui est donc de prendre un congé en France, le premier depuis son arrivée en mission, 27 années plus tôt. Revenu à Singapour vers la fin de 1923, il va travailler pendant encore neuf ans malgré sa mauvaise santé et des insomnies continuelles, entièrement à la disposition des confrères et de son évêque, avec un dévouement remarquable, une très grande simplicité et une obligeance exquise.
Mgr. Perrichon était en tournée de Confirmation à Penang quand la mort vint l'y surprendre le 11 août 1932.
Nécrologie
Mgr PERRICHON
ÉVÊQUE TITULAIRE DE CORONE
COADJUTEUR DE MALACCA
Mgr PERRICHON (Pierre-Louis) né le 27 juin 1872 à Larajasse (Lyon, Rhône). Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 4 septembre 1891. Prêtre le 21 septembre 1895. Parti le 18 décembre 1895 pour la Mission de Malacca. Evêque titulaire de Corone et Coadjuteur de Mgr Barillon en 1920. Mort à Pinang, le 11 août 1932.
Pierre-Louis Perrichon naquit le 27 juin à Larajasse au diocèse de Lyon. Peu d’informations nous ont été laissées sur son enfance et son éducation, car ceux qui auraient pu nous renseigner à ce sujet ne sont plus.
Admis au Séminaire des Missions-Étrangères en 1891, l’aspirant fut ordonné prêtre le 21 septembre 1895 et reçut ce jour-là même sa destination pour la Malaisie. En arrivant à Singapore, le jeune missionnaire fut placé à l’église indienne pour y apprendre le tamoul. Mgr Gasnier était son professeur. Doué d’une heureuse mémoire, M. Perrichon s’initia facilement aux secrets d’une langue qui a bien des difficultés.
Son séjour à Singapore ne fut pas de longue durée ; en octobre 1896 nous le trouvons chargé du poste indien de Tapals, où il restera jusqu’en 1897. Cette petite station, assez retirée du centre des communications, offrait au nouvel arrivant une solitude relative, qui répondait bien à ses goûts ; il y remplaça Mgr Fée qui venait d’être nommé Evêque de Malacca, à la suite du décès de Mgr Gasnier. Tapals doit avoir ses charmes, car tous ceux qui y sont passés en ont gardé le meilleur souvenir. Cependant au point de vue matériel tout n’y était pas des plus confortable. La sacristie en effet servait de maison d’habitation, et contenait en particulier un coffre à riz, qui faisait office de lit aux visiteurs de passage. Mgr Perrichon aimait beaucoup ce poste et ne manquait pas d’y retourner au cours de ses visites pastorales. A la fin de 1897, nous le trouvons à l’église indienne de Pinang avec M. Cesbron. Mgr Fée qui, dès le début de son épiscopat, avait été déjà bien éprouvé par la mort de deux missionnaires, écrivait à cette époque : « Nous embarquons M. L. Perrichon pour Hong-kong, « heureux encore d’en être quitte à si bon marché ; il fut pris, il y a six semaines, d’une sorte « de paralysie qui mit sa vie tellement en danger que, durant trois jours, le patient resta entre « la vie et la mort. Les docteurs l’avaient condamné et, contre tout espoir, le malade a été « sauvé ». Le bon Dieu avait ses vues sur notre cher confrère.
Au retour de Hong-kong, M. Perrichon alla de nouveau, à Tapals reprendre le travail commencé en 1897. Au mois de janvier 1900, il retourna à Pinang prendre possession de cette église indienne qu’il ne quittera plus que pour revêtir, 21 ans plus tard, la dignité épiscopale et devenir le coadjuteur de Mgr Barillon. Cette église était alors en ruine ; le premier travail du nouveau curé fut de la rebâtir, et il eût la joie de la faire bénir deux ans plus tard. Depuis huit ans des fonds étaient ramassés sou par sou pour sa reconstruction. Aussi quand elle fut terminée, le curé et ses paroissiens étaient-ils heureux et fiers d’avoir mené cette entreprise à bonne fin. Sous l’habile direction de ce vaillant missionnaire, cette paroisse deviendra une des plus belles et des plus vivantes du diocèse. Que de patience cependant il lui a fallu pour écouter les histoires de ses chrétiens et arranger les différends de ses néophytes ! Il lui arrivait quelquefois de gronder ceux qui avaient quelque tort, mais sa charité et sa bonté lui gagnaient tous les cœurs. Qu’il ait été aimé et apprécié, ses funérailles en ont été une preuve éclatante, car pareil concours de peuple n’avait jamais été vu à Pinang et la majorité des assistants était composée d’Indiens, ses anciens paroissiens.
C’est dans cette ville que la nouvelle de sa nomination comme évêque titulaire de Corone et coadjuteur de Malacca vint le surprendre. Dire que le décret de Rome, et les Bulles qui le suivirent, aient été acceptées avec joie et empressement par l’intéressé, serait quelque peu exagéré. Le passage fortuit du Supérieur général de la Société, venant de l’Assemblée générale de 1921, sauva la situation : ses exhortations eurent raison des dernières hésitations de l’élu, qui finit par consentir à recevoir la consécration épiscopale. Heureux de cette décision, Mgr Barillon écrivait quelques jours après : « Tout le monde s’accorde à dire que c’est un véritable miracle, nous en sommes redevables et profondément reconnaissants à Mgr de Guébriant ». Le nouvel évêque prit comme devise : Car unum et anima una. La cérémonie du sacre eut lieu à Singapore, le 27 novembre 1921, premier dimanche de l’Avent. Mgr Perrichon se mit aussitôt à l’œuvre avec courage et entrain, mais ses forces devaient bientôt le trahir ; déjà en 1922 il ressentit les atteintes du mal qui devait l’emporter dix ans plus tard, force lui fut d’aller prendre un congé en France, le premier depuis 27 ans.
Revenu à Singapore vers la fin de 1923, s’ouvre alors pour lui une période de vie active qui dura neuf ans, pendant lesquels, malgré sa mauvaise santé et des insomnies continuelles, il se mettra à la disposition des confrères avec un dévouement au-dessus de tout éloge, jusqu’au jour où le bon Dieu le rappellera à Lui.
Ce curriculum vitœ, si incomplet qu’il soit, nous fait cependant entrevoir quelques côtés saillants de cette belle vie de prêtre et d’évêque.
Mgr Perrichon était observateur et observateur critique ; il savait voir et écouter : parfois il étonnait son entourage par ses remarques judicieuses sur certaines questions plus spéciales, auxquelles personne autre n’avait d’abord songé. Il attachait beaucoup d’importance au bon entretien des objets du culte et ne laissait rien passer à ce sujet. Il n’aimait pas paraître et ne se soumettait aux manifestations extérieures que par devoir ou par nécessité. Sa grande simplicité mettait tout le monde à l’aise et faisait l’admiration de ceux qui l’approchaient. Souffrant d’un mal de cœur qui ne lui laissait guère de repos, il le supportait toujours avec une endurance admirable. Les cérémonies sont pénibles en Malaisie ; Mgr cependant ne se plaignait jamais… Il vivait pauvre et recommandait à tous d’éviter même l’apparence d’un bien-être qui eût pu scandaliser les fidèles. Chez lui pas de dépense inutile : les frais de ses nombreux voyages, même pour les besoins de son ministère, étaient à son compte personnel ; ce n’est qu’à bout de ressources qu’il demandait parfois au Procureur de lui venir en aide.
D’une obligeance exquise, ce digue prélat se faisait tout à tous. Mgr Barillon a sans cesse trouvé en lui un auxiliaire dévoué et respectueux. Il avait prédit qu’il ne deviendrait jamais évêque de Malacca et cette prophétie, qui s’est réalisée, semble l’avoir incité à devenir le parfait collaborateur de son Evêque. Rien ne se passait dans la Mission dont il ne donnât communication à Mgr Barillon, qu’il consultait en toutes choses, et avec qui il partageait le soin de l’administration du diocèse. Que de fois il s’est félicité d’avoir à sa disposition l’expérience et le savoir-faire de son Evêque !
Cette bonté trouvait un autre champ d’action auprès des missionnaires. En toutes circonstances, ses rapporta avec eux les laissaient sous un charme qui faisait trouver trop courts les instants passés en son aimable compagnie. Ses lettres reflétaient également les traits de son caractère ; au sujet traité, Mgr ajoutait toujours quelques nouvelles, quelques détails intéressants, même quelques remarques amusantes qui ventaient atténuer le caractère officiel de sa correspondance. Cette bonté n’était pas cependant sans avoir parfois quelque inconvénient, car elle lui rendait pénible le devoir de faire certaines observations cependant nécessaires, une légère brusquerie, trahissant tout ce qu’il devait prendre sur lui-même pour admonester quelqu’un, aurait pu donner le change à qui ne le connaissait pas.
Cette belle vie s’est terminée d’une façon plutôt brusque. Mgr était en tournée de confirmation et se trouvait à Pinang. Il écrivit alors à Singapore pour nous dire qu’il se croyait de nouveau pris de sa vieille maladie. Trois jours après un télégramme annonçait sa mort. Mgr Perrichon était prêt pour le grand départ et soumis à la volonté du bon Dieu avec la simplicité qui a été une des vertus dominantes de sa vie. Le dernier livre trouvé à son chevet était : « L’âme du curé d’Ars ». Ce beau récit d’une vie qu’il aimait tant à lire et à imiter, se termine par cette réflexion du bon vieux M. Vianney lui-même « Dans le ciel les Saints jouissent de leurs rentes. »
Nous avons la consolation de croire que le Coadjuteur de Malacca jouit maintenant au céleste séjour des rentes perpétuelles qu’il a amplement amassées sur cette terre.
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Références
[2203] PERRICHON Pierre (1872-1932)
Références biographiques
AME 1895 p. 432. 1914 p. 76 sq. 81. 133. 1925 p. 21. 1926 p. 99. 1928 p. 247. 1932 p. 243. 1936 p. 101. 1937 p. 105. CR 1895 p. 332. 1897 p. 209. 214. 300. 1898 p. 205 sq. 1899 p. 241. 1900 p. 188. 402. 1902 p. 221. 1904 p. 216. 1907 p. 230. 1915 p. 205. 1920 p. VI. 1921 p. 105. 108. 110. 164. 1922 p. 123. 125. 128. 58. 1923 p. 134. 1924 p. 103. 1925 p. 117. 118. 131. 136. 162. 194. 1927 p. 125. 164. 228. 248. 1928 p. 131. 166. 198. 1929 p. 171. 179. 230. 231. 280. 1930 p. 192. 243. 333. 1931 p. 206. 269. 1932 p. 239. 243. 306. 312. 416. 1933 p. 269. 1935 p. 283. 1937 p. 288. 289. 1948 p. 110. BME 1922 p. 36. 71. 105. 247. 512. 578. 641. 698. 1923 p. 59. 1924 p. 264. 408. 545. 711. 1925 p. 118. 244. 309. 506. 571. 578. 644. 647. 779. 1926 p. 121. 385. 636. 713. 1927 p. 187. 322. 386. 575. 645. 1928 p. 182. 570. 635. 762. 1929 p. 58. 303. 377. 637. 1930 p. 249. 414. 418. 1931 p. 384. 1932 p. 796 sq. 876. 877. 1933 p. 388. 1934 p. 69. 1948 p. 268. 1956 p. 688. 689. 694. EC1 N° 3. 4. 28. 37. 40. 56. 63. 68. 69. 72. 249. APF 1927 p. 40. 1928 p. 220. RHM 1928 p. 611. MC 1926 p. 90. 414. 617. 1927 p. 401. 1928 p. 474. 1929 p. 83. 1932 p. 506.
Notice nécrologique
CR 1933 pp. 269-272.