François BAUQUIS1866 - 1940
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1794
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1888 - 1940 (Chengdu)
Biographie
François-Marie BAUQUIS naquit le 7 février 1866, à Marcellaz, diocèse d'Annecy, département de la Haute-Savoie, d'une famille qui a donné de nombreux enfants à l'Eglise. Il fit ses études secondaires au petit séminaire d'Evian les Bains.
Le 11 septembre 1884, il entra au séminaire des Missions Etrangères. Tonsuré le 26 septembre 1885, minoré le 7 mars 1886, sous-diacre le 5 mars 1887, diacre le 25 février 1888, il fut ordonné prêtre le 22 septembre 1888, à vingt deux ans et demi; il reçut sa destination pour le vicariat apostolique du Se-tchoan occidental (Chengtu), qu'il partit rejoindre le 30 octobre 1888.
Le 16 mars 1889, M.Bauquis arriva à Chengtu, où il fut accueilli par Mgr. Annet-Théophile Pinchon, son vicaire apostolique. Après s'être initié à la langue chinoise qu'il arriva dans la suite, à parler "comme un vrai chinois", .il fut envoyé à Kouang-yuen, un vaste district dans les hautes montagnes. La sous-préfecture de Kouang-yuen qui se situe au nord de la province du Se-tchoan sur les limites des provinces du Chen-si et du Kan-sou, est traversée par la route de Chengtu à Pékin. Elle est bâtie sur la rive droite d'un des affluents du Yang-tse-kiang.
Le 28 juillet 1892, il assista M.Gatin, dans ses derniers moments et précise-t-il:.. "J'avais quitté mon district de Tchou-lin-tsin pour me rendre à mon nouveau poste de Kouang-yuen et je me reposais ici (à Su-lin-hien, chez M.Gatin), depuis une semaine, en attendant la fin des chaleurs. Depuis trois jours, M. Gatin se plaignait toujours de la chaleur, et disait que l'air lui manquait . Puis, tout à coup, je le vis en délire. J'appelai à la hâte deux médecins de la ville: point d'espoir. J'eus le temps de lui conférer une dernière absolution et l'Extrême Onction. Il cracha du sang à deux reprises, et ce fut fini.."
En 1899, Yu-man-tse à la tête d'une armée de repris de justice et de bandits souleva le Se-tchoan contre les étrangers et les chrétiens. M. Bauquis se vit alors dans la nécessité de se faire garder par trente soldats, et cela à Ta-yuen, chrétienté située au milieu d'une couronne de montagnes, à environ 5 kms derrière Kouang-yuen, où l'on n'accèdait que par des sentiers difficiles. Cette station qui comptait environ 300 fidèles, se défendit et fut sauvée. Autrefois, vers 1770, Mgr Pottier fuyant les persécutions, s'y était réfugié. En 1902, M. Bauquis avait en charge les districts de Pa-tcheou, Lan-kiang où il instruisait de très nombreux néophytes; il arriva à prendre pied dans ces deux villes.
De 1914 à 1919, M. Bauquin fut supérieur des Grand et Petit séminaire réunis à Ho-pa-tchang. Il eût la joie de voir Fabien Iu, l'un de ses anciens élèves, promu à l'épiscopat, et mis à la tête du vicariat apostolique de Kia-tin. En 1919, le retour des confrères mobilisés le rendit à la vie missionnaire ambulante qu'il affectionnait et il regagna les montagnes du haut Tchouan-pee. En 1926, au nord-est de Chouen-king, depuis Iun-chan où il s'était fixé, M.Bauquis desservait seul 47 stations qui totalisaient 1.130 chrétiens.
En 1933, profitant de la guerre civile, de l'anarchie, des rivalités entre chefs militaires, les troupes communistes pénétrèrent au Se-tchoan. Devant leur avance rapide, et avant leur arrivée à Pat-chow, M. Bauquis fut contraint de quitter Guen-yang-ho, le 22 février 1933; avec M. Pinault, il se réfugia à Paolin chez M. Eymard d'abord, puis, quelques semaines plus tard, il gagna Shun-king, centre du vicariat apostolique confié au clergé autochtone. Vers juillet 1933, il reçut l'hospitalité des PP. Bénédictins de Sishan (Shun-king), distribuant des aumônes à ses chrétiens chassés par les communistes; enfin en janvier 1934, il revint à Chengtu.
Contraint à quitter les Hautes Montagnes, il administra à partir de 1935, la station de Kiang-ho-pa (212 chrétiens) dans la plaine de Chengtu, chrétienté détachée du district de Muchang. .."Depuis trois ans que je suis dans cette contrée, écrit-il le 1 janvier 1937, on n'entend parler que d'exploits de bandits, et les nuits sont presque continuellement troublées par les détonations d'armes à feu et les cris des malheureux pillés ou amenés dans les repaires. La plupart des gens sont affiliés aux sociétés secrètes, dans l'espoir de se faire protéger; mais ces sociétés secrètes protègent elles-mêmes ou mettent à couvert les brigands...."
Durant cinquante deux ans en Chine, sans congé ni retour en France, M. Bauquis, toujours à pied, accompagné d'un homme portant sa modeste chapelle, visita tour à tour, trente sous-préfectures, installa des maisons de prière dans quarante localités, administra de nombreuses chrétientés, subit diverses persécutions locales, sans se départir de son sourire, de sa joie et de sa patience.
En 1939, M.Bauquis, doyen d'âge de la mission de Chengtu, commença à souffrir de plaies aux jambes, rebelles à toute médication; vers septembre 1940, la gangrène s'y mit. C'est à Kiang-ho-pa qu'il s'éteignit le 8 octobre 1940.
Nécrologie
[1794] BAUQUIS François (1866-1940)
Notice nécrologique
Le Père François Bauquis. — Le doyen des missionnaires de notre Mission, notre cher et vénéré Père François Bauquis, s’est pieusement endormi dans le Seigneur le 8 octobre 1940, muni des sacrements de notre Mère la Sainte Eglise, qu’il a reçus de la main du benjamin de la Mission, le Père Colin.
Depuis un an environ, le P. Bauquis souffrait de plaies aux jambes, rebelles à toute médication. Il y a un mois, la gangrène s’y mit et notre confrère comprit que la fin était proche ; il demanda et reçut les derniers sacrements dans les sentiments de la plus vive piété et de complet abandon à la volonté de Dieu.
Le P. Bauquis naquit le 7 février 1866 à Marcellaz, au diocèse d’Annecy (Haute-Savoie), d’une famille qui a donné de nombreux enfants à l’Eglise ; il fit ses études secondaires au petit séminaire d’Evian-les-Bains et entra aux Missions-Étrangères le 11 septembre 1884. Ordonné prêtre le 22 septembre 1888 à vingt-deux ans et demi, il partit pour la Chine le 30 octobre suivant, et arriva à Chengtu le 16 mars 1889 ; il fut reçu à bras ouverts par Mgr Pinchon, le Vicaire apostolique d’alors.
Après avoir appris la langue, qu’il devait dans la suite parler comme un vrai Chinois, il fut envoyé en district dans les hautes montagnes, régions les plus inhospitalières de notre Mission.
De taille moyenne, la tête bien droite sur de larges épaules, le teint d’un ton très chaud comme les montagnards vers lesquels il était envoyé, des pectoraux énormes qui même à la soixantaine passée, arrachaient un cri d’admiration au Docteur français qui l’auscultait, des jarrets d’acier, il était paré pour cette marche à l’étoile qui, devait durer cinquante ans.
Toujours à pied, suivi d’un homme portant une hotte qui contenait sa modeste chapelle, le P. Bauquis a visité, tour à tour, trente sous-préfectures, administré plus de mille chrétientés, inscrit plus de trois mille païens comme catéchumènes, installé des maisons de prières dans quarante localités, subi six persécutions locales, et finalement, chassé des hautes montagnes par les Communistes, il est venu terminer sa carrière dans un petit poste de la plaine de Chengtu.
De 1914 à 1919, pendant la Grande Guerre, le P. Bauquis fut supérieur des Grand et Petit Séminaires, réunis à Hopatchang ; et grande fut sa joie à la nouvelle de la promotion à l’épiscopat de son ancien élève, Mgr Fabien Iû, Vicaire apostolique de Kiatin.
Un mois à peine avant sa mort, notre confrère envoyait un élève au Probatorium : ultime activité d’un missionnaire mourant qui, jusqu’au dernier souffle, a travaillé dans l’esprit de notre Société.
Cinquante-deux ans de Chine, sans retour en France et sans congé de détente, ce n’est pas absolument inédit ; mais cinquante-deux ans passés en Chine, avec le sourire et cette joie angélique qui était bien la note caractéristique de notre vénéré confrère, c’est simplement admirable et digne d’être donné en exemple aux jeunes missionnaires.
À la nouvelle de la mort du P. Bauquis, le P. Eymard, son vieux compagnon de courses dans les montagnes et son émule, m’écrivait simplement : « Beati mortui qui in Domino moriuntur ; opera enim eorum sequuntur illos. »
C’est notre espoir et notre consolation dans le deuil qui nous frappe. Requiescat in pace !
Références
[1794] BAUQUIS François (1866-1940)
Références bio-bibliographiques
AME 1889 p. 35. 1903 p. 180. 1907 p. 46 (art.). 1935 p. 35. 1938 p. 246 (art.).
CR 1888 p. 207. 1892 p. 87. 362. 1898 p. 100. 1899 p. 91. 1913 p. 100. 1915 p. 168. 1926 p. 42. 1929 p. 298. 299. 1933 p. 59. 1940 p. 29. 30. 151.
BME 1922 p. 333. 1923 p. 243. 1933 p. 281. 368. 690. 772. 852. 1934 p. 198. 780. 1937 p. 273. 514. 1938 p. 147. 750. 833. 1940 p. 114. 263. 608. 686. 745. 786. 795. 1941 p. 595. 1949 p. 164. 165. 1932 p. 365. 1935 p. 186.
EC1 N° 427.