Jean LAFON1864 - 1945
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1784
- Bibliographie : Consulter le catalogue
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1888 - 1894 (Penang)
- Pays :
- Birmanie
- Région missionnaire :
- 1894 - 1945 (Mandalay)
Biographie
[1784] LAFON Jean, Léon, est né le 9 juin 1864 à Limac, dans le diocèse de Cahors (Lot). Il fait ses études secondaires au Petit Séminaire diocèsain et entre au Grand Séminaire de Cahors où il reçoit les ordres mineurs. Le 13 octobre 1885, il entre au Séminaire des Missions Étrangères. Ordonné prêtre le 25 février 1889, il part en avril suivant pour le Collège Général de Penang. Il y passera six années pendant lesquelles il sera également l'infirmier de la maison. En 1894, il opte pour la mission de Birmanie septentrionale, comme on appelait à l'époque la partie nord du pays.
Il commence son ministère à la procure de Mandalay, puis va s'établir à l'extrémité de la rue chinoise où il va construire une école pour les enfants chinois, et une chapelle avec une chambre qui va lui servir de presbytère pendant cinq ou six ans. En 1901, il agrandit son école, puis sa chapelle. Avec les dons qu'il reçoit, il peut acheter des rizières qui lui fournissent de quoi nourrir son petit monde. Le gouvernement anglais l'aidera à bâtir un dispensaire dont il confiera le soin aux Soeurs Franciscaines Missionnaires de Marie. Mais au bout de dix ans, comme elles n'ont toujours pas le minimum de confort, elles se retirent et le Père reste seul avec son orphelinat. Il veut bâtir une nouvelle chapelle mais les travaux commencés en 1914 sont interrompus pendant la durée de la guerre. En 1928, son école est ravagée par un incendie. Le Père se remet à la tâche. En janvier 1939, il confie son orphelinat aux Pères Salésiens de Don Bosco auxquels il remet aussi quelques rizières et d'autres terrains. Lors de l'invasion japonaise de 1941, les Pères se retirent à la léproserie protestante. Le Père Lafon est victime d'un grave accès de fièvre le 16 janvier 1945. Malgré les soins des confrères salésiens qui l'amènent à la léproserie, il va y rendre le dernier soupir le dimanche 21 janvier 1945.
Nécrologie
[1784] LAFON Jean (1864-1945)
Notice nécrologique
M. LAFON
MISSIONNAIRE DE MANDALAY
M. LAFON (Jean-Léon) né le 9 juin 1864 à Linac, diocèse de Cahors (Lot). Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 13 octobre 1885. Prêtre le 25 février 1888. Parti pour le Collège de Penang le 4 avril 1888. Mort à Man¬dalay le 21 janvier 1945.
M. Lafon, Jean-Léon, vint au monde le 9 juin 1864, au petit village de Linac, département du Lot, d’une famille foncièrement chrétienne ; son père était instituteur, et le bras droit du curé de l’endroit. Dès ses années les plus tendres, il reçut nécessairement une éducation très soignée et son intelligence formée de très bonne heure, se développa vite, ce qui lui permit de faire de bonnes études primaires. Son curé remarqua bientôt les excellentes dispositions de cet enfant au catéchisme et pensa à l’envoyer au petit séminaire. Son père, qui avait déjà donné l’aîné de ses fils à Dieu, n’hésita pas un instant à lui accorder le second, le petit Jean. Ses humanités terminées, il entra au grand séminaire de Cahors, où il reçut les ordres mineurs. Depuis longtemps sans doute il songeait déjà à se consacrer aux missions ; de fait, en 1885, M. Lafon sollicita son entrée au Séminaire des Missions-Étrangères de la rue du Bac. Il y fut admis et donna à ses maîtres pleine satisfaction pour sa piété et son intelligence si on en juge par les fonctions de sacristain qui lui furent confiées.
Le 5 février 1888, il est ordonné prêtre et reçoit sa destination pour le Collège de Penang. Pendant les six années qu’il y passa, il exerça l’emploi d’infirmier de la maison, ce qui lui permit d’acquérir certaines connaissances médicales qui devaient lui être utiles plus tard en Birmanie.
En 1894, la création successive de séminaires régionaux amena nécessairement une forte diminution dans le nombre des élèves du Collège ; plusieurs jeunes professeurs devenus disponibles purent choisir à leur gré la Mission qu’ils préféraient. M. Lafon avait appris un peu de birman avec les séminaristes birmans et il avait en outre deux compagnons d’ordination, MM. Jarre et Legendre en Birmanie septentrionale ; il opta donc pour cette Mission.
Dès son arrivée à Mandalay, dans le courant de l’année 1894, il débuta à la procure ; puis en 1895, tout en conservant ses fonctions, il alla s’établir à l’extrémité de la rue chinoise dans un enclos qu’il devait élargir plus tard par des achats de terrains. Il y construisit pour les enfants chinois une école à laquelle il donna le nom de « Chine » ; tout à côté il bâtit une chapelle avec une chambre qui devait lui servir de presbytère pendant cinq ou six ans. Mais il rêvait plus grand ; la petite école ne suffirait pas pour recevoir tous ses élèves dont le nombre augmentait sans cesse. Il en fallait une plus vaste. Il écrivit donc un peu partout pour avoir les ressources nécessaires. Eu 1901, les dons vinrent abondamment, et grâce aux subsides substantiels que lui accorda le Gouvernement anglais, il réussit à construire une magnifique école avec des murs en briques, qui malheureusement devait être détruite par un incendie en 1928. La chapelle fut aussi agrandie, mais heureusement ne subit pas le sort de l’école. Il put bientôt recevoir 200 enfants de toute race : Birmans, Indiens, Anglo-Indiens, Shans, Catchins et Chinois, ceux-ci en petit nombre ; malgré tout, le, nom de « Chine » restera à l’école. M. Lafon eut l’heureuse fortune de rencontrer un nouveau converti de Ceylan, M. Charles, instituteur émérite qui lui rendit les plus grands services et qui eut la grande part des succès obtenus aux examens. Chaque année, un certain nombre d’orphelins se convertirent au catholicisme ; tous ne persévérèrent pas, hélas, mais ils conservèrent pour M. Lafon un profond attachement qui se traduisit souvent par des cotisations substantielles. Il lui fallait d’abondantes ressources pour nourrir tout ce petit monde. La première était sa confiance inébranlable en la divine Providence et en saint Joseph, patron de la chapelle : cependant il ne négligea pas les moyens humains. Vers 1907 il entreprit une longue tournée en quête d’argent dans toute la Birmanie : il s’adressait surtout aux riches commerçants chinois dont plusieurs s’intéressèrent vivement à son œuvre et lui furent d’un précieux secours. Avec les collectes recueillies, il put acheter dans la région de Mandalay des rizières qui lui fournirent suffisamment de riz pour toute l’année. Mais M. Lafon avait encore d’autres projets en tête : il voulait un dispensaire. Le Gouvernement anglais l’aida grandement en lui allouant une forte somme annuelle avec l’autorisation d’acheter à ses propres dépôts et à bas prix toutes les médecines dont il avait besoin. Bien vite la clientèle devint nombreuse et lui-même pansait les plaies des malades, distribuait des remèdes et de bons conseils. Tout alla bien jusqu’en 1909 ; mais ne pouvant plus suffire à la besogne, la pensée lui vint de faire appel à des Religieuses qui s’occuperaient du dispensaire, des enfants et de quelques vieillards recueillis de-ci de-là. Il s’adressa donc aux Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie qui acceptèrent. Elles vinrent et furent installées dans une maison dépourvue de confort en attendant un local plus agréable. Le provisoire dura 10 années, trop longtemps, même pour les meilleures volontés ; aussi les religieuses se retirèrent-elles, laissant M. Lafon seul avec son orphelinat.
Ce premier échec ne le découragea pas. La chapelle était encore trop petite pour contenir tous ses enfants ; il résolut d’en bâtir une plus grande qui devrait éclipser toutes celles de la Mission. Commencés en 1914, les travaux ont dû être interrompus pendant la guerre à cause de la difficulté de se procurer du ciment. L’ancienne chapelle fut démolie ; il convertit la grande salle d’étude de l’école en chapelle provisoire jusqu’en 1928. Cette année-là, une nouvelle épreuve l’attendait : un incendie détruisit l’école ; il n’y eut heureusement aucun accident de personnes. Jusqu’au jour où l’édifice fut ouvert au culte, M. Lafon dut célébrer la messe dans un hangar échappé au feu. Sans perdre de temps, il éleva un premier bâtiment en bois pour y aménager les classes et plus tard un second en ciment armé pour être utilisé comme dortoir et comme réfec¬toire.
Les années passèrent. En février 1938, il célébra ses noces d’or ; presque tous les confrères de la Mission étaient venus pour lui témoigner leur fraternelle sympathie. Mgr le Délégué apostolique, de passage à Mandalay, honora de sa présence le repas du soir. On fêta le jubilaire en vers et en prose ; c’était un vieillard de 74 ans sans doute, mais qui avait conservé l’ardeur et l’activité de sa jeunesse.
M. Lafon dormait peu ; jamais couché avant minuit, il se levait de très bonne heure, faisait sa méditation, célébrait la messe, et après avoir pris une tasse de café avec un morceau de pain, il se rendait au dispensaire, soignait les malades, distribuait des médecines, faisait le catéchisme et repartait. S’il était très exact pour ses exercices de piété, il l’était moins pour les repas. Il lui arrivait souvent, à deux ou trois heures de l’après-midi de n’avoir dans l’estomac que son habituelle tasse de café. Ce fut sans doute par suite de cette irrégularité qu’il eut à souffrir souvent de douleurs intestinales. M. Lafon était très pieux, d’une foi profonde en la divine¬ Providence, récitant fréquemment son bréviaire à genoux devant le Saint-Sacrement. Charitable envers ses chrétiens, il l’était aussi avec les missionnaires. Apprenait-il qu’un confrère était malade, sans tarder il allait le voir pour lui offrir ses services et le soigner.
Au lendemain de ses noces d’or, sentant le poids des ans peser sur ses épaules, il résolut de confier son orphelinat à une main sûre. Il fit donc appel aux Pères Salésiens de Don Bosco qui en acceptèrent la direction. En janvier 1939, deux Pères et deux Frères vinrent à Mandalay, le Père Provincial lui-même présida à l’installation de ses religieux. Ce fut pour M. Lafon une des plus grandes joies de sa vie de missionnaire. Il leur remit aussi rizières et autres terrains, y compris une vaste propriété qu’il avait acquise au cœur de la ville dont le loyer assez élevé était un revenu pour l’école. M. Lafon resta avec les Pères Salésiens qui ne voulurent pas se séparer de lui et le choyèrent comme un véritable patriarche. Il pensait pouvoir chanter son « Nunc dimittis » en paix avant de mourir, mais une dernière épreuve ne devait pas tarder. Fuyant devant l’invasion japonaise, des bandes de réfugiés affluèrent à Mandalay et trouvèrent naturellement un abri à l’école de M. Lafon : bientôt les bombardements aériens commencèrent; plusieurs bombes tombèrent dans l’enclos et causèrent de sérieux dégâts à la toiture de l’église. La proximité de la gare rendait la position très périlleuse. Aussi, les réfugiés se dispersèrent-ils peu à peu pour aller chercher un endroit plus sûr. Les Pères Salésiens qui avaient licencié les enfants dont les familles étaient proches, se retirèrent avec les trente ou quarante orphelins qui leur restaient à la léproserie protestante confiée à nos soins après l’exode des autorités anglaises. M. Lafon ne voulut pas quitter ; il resta seul près de son église. Maintes fois les Pères essayèrent de l’attirer à eux, mais sans succès. Saint Joseph devait le protéger. Le 16 janvier 1945, atteint d’un grave accès de fièvre, il perdit complètement connaissance ; les Salésiens alertés, et sûrs queM. Lafon ne résisterait plus, allèrent le chercher et l’emmenèrent chez eux. Quelques jours après, redoutant une issue fatale, on lui administra les derniers sacrements et, le dimanche 21 janvier, il rendit le dernier soupir.
Notre cher confrère repose maintenant dans le cimetière des lépreux, à côté de son grand ami M Wehinger. On espère plus tard le transporter, selon son désir, dans le caveau qu’il s’était préparé dans la crypte de son église, dans ce coin de terre où il a bien travaillé et beaucoup souffert.
Références
[1784] LAFON Jean (1864-1945)
Références bibliographiques
AME 1888 p. 6. 1890 p. 97. 278. 784. 1899 p. 271. 1902 p. 321(art). 1905 p. 129 (art). 133. 219 (art). 224sq. 1917-18 p. 94. 291 (art). 1919-20 p. 32 (art). 1922 articles p. 23. 182. 1923 p. 50 (art). 159. 198. 235. 1925 p. 75 (art). 1926-27 p. 68 (art). 1934 p. 91. 1938 p. 28. 1939 p. 186. CR 1888 p. 207. 1894 p. 258. 1895 p. 280. 1896 p. 276. 1897 p. 230. 1898 p. 222. 1900 p. 205. 1901 p. 211. 1902 p. 237. 240. 1903 p. 240. 241. 1904 p. 237. 1905 p.226. 243. 1906 p. 213. 1907 p. 259. 1908 p. 230. 1909 p. 217. 219. 237. 1910 p. 243. 1911 p. 222. 1912 p. 271. 1913 p. 273. 1915 p. 135. 1918 p. 106. 1919 p. 103. 1920 p. 68. 69. 1922 p. 136. 1923 p. 148. 1924 p. 116. 219. 1925 p. 125. 127. 1926 p. 140. 142. 1929 p. 130. 1930 p. 278. 321. 1932 p. 258. 1935 p.201. 202. 1937 p. 195. 1938 p. 200. 1939 p. 185. 1947 p. 267-270 (notice nécro.). BME 1923 p. 582. 1924 p. 763. 1925 p. 119. 1927 photo p. 193. 1928 p. 636. 764. 1930 p. 705. 1931 p. 687. 767. 847. photo p. 536. 1932 p. 66. 69. 678. 679. 1937 p. 537. 602. 1938 p. 303. 349. photo p. 283. 1939 p. 293. 438. 1941 p. 635. 1948 p. 250. EPI 1969 p. 433. ME1 N° 136 p. 30. MC 1899 p. 448. + 28 avril 1905. EC1 N° 439.