Jean TARDIVEL1863 - 1906
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1777
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Thaïlande
- Région missionnaire :
- 1888 - 1906
Biographie
[1777] TARDIVEL Jean-Pierre, né le 2 décembre 1863 à Castello, un hameau de la commune de Saint-Brandan dans les Côtes-du-Nord (1), fait ses études au collège de Quintin et au petit séminaire de Plouguernevel. Il entre laïc au séminaire des Missions Étrangères le 14 septembre 1883, reçoit le sacerdoce le 24 septembre 1887 et part le 14 décembre suivant pour la mission
Après avoir été pendant trois ans, de 1888 à 1891, vicaire à Bang Xang, il est chargé en 1892 de Dong Kabuang ; il y relève l’église qu’il dédie à saint Michel et en 1905 dote cette paroisse d’un presbytère.
Très malade en 1906, il part pour la France au mois d’août, mais ses forces sont épuisées et il succombe en mer le 16 ou le 17 septembre suivant, un peu avant d’arriver à Colombo. Il est enterré dans cette ville, dans le cimetière des Oblats de Marie-Immaculée, missionnaires du diocèse.
Nécrologie
[1777] TARDIVEL Jean (1863-1906)
Notice nécrologique
M. Jean-Pierre Tardivel naquit à Saint-Brandan (Saint-Brieuc, Côtes-¬du-Nord) le 2 décembre 1863.
D’après les notes trouvées après sa mort, il appartenait à une famille vraiment chrétienne, comme il y en a encore tant dans la catholique Bretagne.
Il fréquenta d’abord l’école primaire de son village : puis il fut placé au collège de Quintin pour y faire ses humanités. Doué d’une nature généreuse, il se sentit porté de bonne heure à se sacrifier pour une noble cause, et il comprit bientôt que la plus noble de toutes était celle de Jésus-Christ. Aussi résolut-il, dans un âge encore tendre, de se consacrer tout entier au service du bon Maître. C’est dans ce but qu’il entra au petit séminaire de Plouguernevel, où Mgr Laouënan avait fait ses études.
Le sacerdoce, qui implique le don de tout soi-même à Dieu en reconnaissance des bienfaits reçus de Lui, fut, dès lors, l’unique objet des aspirations de Jean-Pierre. Il fit sa première communion avec ferveur, et ce grand acte l’affermit d’une manière inébranlable dans la vocation à l’état ecclésiastique. Au petit séminaire, le jeune élève étudia sérieusement le latin et le grec, mais rien en lui ne laissa soupçonner à ses professeurs une vocation extraordinaire. On était convaincu qu’il serait prêtre un jour ; voilà tout. Cependant la perspective d’être prêtre pour rester en F’rance et y jouir d’un bien-être relatif ne répondait pas complètement à l’idéal que Jean-Pierre s’était formé d’une vie de sacrifice et d’immolation. Il voulait se donner corps et âme au bon Dieu, et, après y avoir mûrement réfléchi, il se décida à entrer aux Missions-Étrangères. Il arriva à Paris le 14 septembre 1883. Il devait y rester quatre ans. M. Tardivel sut apprécier, dès le début, le bonheur de vivre au séminaire de la rue du Bac, et il conserva toujours le meilleur souvenir des années qu’il y avait passées. Bon aspirant, il n’eut d’autre but que de se préparer, avec tout le soin possible, au ministère apostolique. L’observation scrupuleuse de la règle ne lui faisait rien perdre de sa gaieté. Les aspirants d’alors n’ont pas oublié les récréations homériques, où, à Ferrières comme à Meudon, M. Tardivel et son ami M. Verbier jouaient d’ordinaire le principal rôle. Mais les vacances terminées, le sérieux reprenait le dessus et augmentait encore à l’approche des ordinations.
Ordonné prêtre le 24 septembre 1887 par Mgr Vey, M. Tardivel reçut avec bonheur sa destination pour la mission de Siam. Siam ! on en parlait beaucoup parmi les aspirants, à cette époque, et pas toujours en bien : car il était de mode, alors comme aujourd’hui, de désirer les missions où l’on aurait plus de chance de se faire casser la tête. Mais, en réalité, qu’est-ce que le Siam, pour ceux qui le connaissent ? C’est, en quelque sorte, un résumé de notre Société. En effet, on y trouve réunis tous les peuples évangélisés par la Société des Missions-Étrangères : Cambodgiens, Annamites, Pégouans, Indiens, Chinois de tous les dialectes, Japonais, Birmans. Il ne manque que les Thibétains. C’est, en vérité, plus qu’il n’en faut pour donner libre carrière au zèle même d’un saint François-Xavier.
M. Tardivel, à son arrivée en mission, fut placé à Donkra-bu’ang, pour y apprendre le chinois, auprès du P. Joseph, Chinois d’origine. Il ne passa que quelques mois dans ce poste et fut envoyé comme vicaire d’un vieux missionnaire, à Bang-nok-khuek. Le curé de cette importante paroisse pourrait dire tous les services que lui rendit son zélé collaborateur, qui se prodigua pour l’aider à construire la nouvelle église du poste. Sur ces entrefaites, le P. Joseph, âgé et hors d’état d’administrer convenablement son district, demanda à Mgr Vey la faveur d’être nommé à un poste plus en rapport avec ses forces défaillantes. Sa Grandeur, avec sa bonté habituelle, acquiesça à ce désir ; mais pour tenir le poste de Donkra-bu’ang, il fallait trouver un homme de première force comme santé. Le choix tomba sur M. Tardivel. Dès lors, les travaux manquèrent moins que jamais à notre confrère. L’église de Donkra-bu’ang était dans un tel délabrement qu’on n’y pouvait plus, par respect, conserver le Saint-Sacrement ; il était devenu nécessaire de la remplacer. M. Tardivel prit cette œuvre à cœur, et employa ses ressources à la construction d’un édifice digne de saint Michel, patron de la paroisse.
On peut dire que notre confrère a usé, dans son nouveau district, tout ce qui lui restait de ses forces d’antan. Souvent obligé de chevaucher en plein soleil, à longueur de journée, ayant parfois de l’eau jusqu’à mi-corps, se contentant de n’importe quoi pour nourriture. M. Tardivel n’était déjà plus robuste, lorsqu’il posa la première pierre de son église. Conçue d’après les plans de M. Bernat, elle causa bien des soucis au constructeur, qui devait remplir, tout à la fois, le métier d’architecte et celui d’entrepreneur de maçonnerie. Aussi, dès cette époque, tout le monde vit qu’il s’affaiblissait ; mais plus il se sentait décliner, plus il désirait mettre la dernière main à l’œuvre commencée.
Il entreprit aussi la construction d’un presbytère en briques, et réussit à l’achever avant de tomber sur la brèche.
Atteint d’une entéro-colite, il avait besoin d’un régime fortifiant et d’un changement d’air. Mais M. Tardivel ne voulut entendre parler d’abord ni de soins, ni de repos. Averti par l’excellent Dr Poix, médecin de l’hôpital Saint-Louis à Bangkok, de la nécessité de faire un voyage en France s’il voulait se rétablir, il refusa de quitter la mission, espérant se remettre un peu de temps et retourner à son poste. Lorsque, après un séjour de deux mois à l’hôpital Saint-Louis, il consentit à reconnaître la gravité de son état, il voulut s’embarquer pour la France ; mais il était trop tard, son état de faiblesse ne lui permettait plus un tel voyage. Cependant, au bout de quelques semaines d’un mieux relatif, le médecin finit par consentir à le laisser prendre la mer, à condition qu’il suivrait un régime tout à fait strict. Pendant la traversée de Singapore à Colombo, notre cher malade, trop faible pour marcher, incommodé d’ailleurs par une diarrhée continuelle, fut condamné à rester dans sa cabine, et dut se résigner à quitter ce monde, loin de ses confrères qui auraient été si heureux de pouvoir l’assister au moment suprême. Encouragé par des religieuses de Saint-Paul de Chartres, qui se trouvaient sur le paquebot, M. Tardivel rendit son âme à Dieu, quelques heures avant d’arriver à Colombo. Il fut inhumé dans le cimetière des Pères Oblats de Marie.
M. Tardivel était un exellent missionnaire. Il n’omit jamais, sans raison, ses exercices de piété. Au milieu des travaux les plus absorbants, il sut trouver chaque jour un moment pour, avec l’aide de Saint-Jure, son auteur favori, s’unir à Notre-Seigneur dans un fervent entretien. Depuis son ordination sacerdotale jusqu’à sa mort, il fut fidèle à la récitation quotidienne du Rosaire. Pour ses chrétiens, il serait allé au bout du monde et se serait exposé à tous les dangers. Dans la vie ordinaire, on vit rarement un missionnaire plus unanimement aimé de ses confrères. Unissant la plus franche gaieté à une bonne simplicité, il suffisait qu’il fût présent à une réunion pour la rendre agréable. Ses chansons du pays natal avaient le don de dérider les fronts les plus austères. On ne l’entendit jamais parler mal d’aucun de ses confrères, car, comme il le disait, il n’avait rien à voir aux affaires des autres, et se trouvait déjà bien assez occupé avec les siennes propres.
Employer à l’œuvre du bon Dieu les ressources dont il pouvait disposer personnellement ne lui semblait que juste ; et il répétait souvent que, si le supérieur de la mission lui ordonnait de quitter son poste pour aller ailleurs, il partirait n’emportant que ses habits et son bréviaire. Jusqu’à sa mort, il s’abandonna plein de confiance à la miséricorde infinie de Dieu, pour qui il a tant travaillé.
Aussi nous aimons à croire qu’il est déjà en possession de la récompense promise par Notre-Seigneur à celui qui a tout quitté pour son amour : Qui reliquerit domum, vel fratres, aut sorores, aut patrem, aut matrem, aut agros propter nomen meum... vitam œternam possidebit.
Références
[1777] TARDIVEL Jean (1863-1906)
Notes bio-bibliographiques
C.R., 1895, p. 241¬ ; 1901, p. 188¬ ; 1903, p. 222¬ ; 1906, p. 194.
A. M.E., 1913, pp. 202, 204.