Honoré DUPONT1859 - 1885
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1637
- À savoir : Mort violente
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1885 - 1885 (Qui Nhon)
Biographie
[1637]. DUPONT, Honoré-Marie, vit le jour à Andrezé (Maine-et-Loire) le 25 février 1859. Ses études faites au petit séminaire de Beaupréau, il entra laïque au Séminaire des M.-E. le 27 septembre 1881. Prêtre le 20 septembre 1884, il partit le 3 décembre suivant pour la Cochinchine orientale, et alla étudier la langue dans le district de Gia-huu. Il était dans ce village lors du soulèvement des païens contre les Français et contre les chrétiens, vers le milieu de 1885 ; il y remplaçait momentanément M. Geffroy, qui s'était rendu à Hué, afin d'exposer la situation au général de Courcy, commandant en chef l'expédition française.
Lorsqu'il prévit qu'il allait être massacré, il écrivit à son frère une lettre d'adieu qui se terminait par ces mots : Mais pas de larmes au pays. Non ! que les amis exaltent la miséricorde de Dieu ! Souvent déjà, j'ai imploré le Dieu des forts, la Reine des martyrs ; je ne suis pas loin peut-être d'être exaucé. " Il fut massacré le 3 août 1885, sur la colline de Hoi-duc, entre Gia-huu et Thac-da, province du Binh-dinh.
Nécrologie
M. DUPONT
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA COCHINCHINE ORIENTALE
Né le 25 février 1859.
Parti le 3 décembre 1884.
Mort le ... août 1885.
Au nord de Cholet, sur un coteau qui domine la fertile et riante vallée du Beuvron, s’élève le bourg d’Andrezé. C’est là que naquit notre cher et glorieux martyr, M. Honoré Dupont. Il fit ses études au Petit-Séminaire de Beaupréau où, comme le dit la Semaine reli-gieuse d’Angers : « Sa piété eut toujours ces trois caractères dis¬tinctifs : amour de la prière, amour de la sainte Eucharistie, amour du sacrifice, » et, pour compléter ce portrait, ajoutons, amour envers la Vierge Sainte. « Dès ce temps, écrit un de ses condisciples, il communiait si souvent que nous en étions saintement jaloux. » C’est dans ces rapp6rts intimes et fréquents avec Jésus, que M. Dupont sentit les premiers désirs de vouer sa vie tout entière à la conversion des infidèles.
Entré au Séminaire des Missions-Étrangères en 1881, il partit le 3 décembre 1884 pour la Cochinchine Orientale. « Je pars, écrivait-il en quittant Marseille, pour me sanctifier, ou mieux pour gagner des âmes, car un des meilleurs moyens d’entrer au ciel, n’est-ce pas de l’ouvrir aux autres, ou mieux encore pour faire la volonté de Dieu. »
La situation de cette mission était loin d’être paisible. Les manda¬rins et les lettrés essayaient de faire passer dans le peuple la haine dont ils étaient animés contre les missionnaires et les chrétiens ; déjà l’on avait eu à déplorer quelques pillages partiels.
M. Dupont fut envoyé dans une petite chrétienté voisine de Gia-¬Huu, afin d’étudier la langue annamite. C’est là qu’il apprit la mort des cinq confrères, massacrés aux mois de juillet et d’août dans les provinces voisines.
M. Geffroy chargé du district appela M. Dupont près de lui. La position devenait chaque jour plus dangereuse ; les païens, enhardis par le succès et l’impunité, continuaient de porter partout le ravage et la mort. « J’offris alors à M. Dupont, dit M. Geffroy, d’aller à Hué exposer la situation au général de Courcy, mais il s’y refusa, disant qu’il était trop jeune et que c’était plutôt à moi d’y aller. Il me promit de veiller à mon district pendant mon absence et de donner l’absolution à mes chrétiens quand toute résistance devien¬drait inutile.»
M. Geffroy partit, et M. Dupont resta seul ; quelques jours après, il écrivit à son frère cette lettre toute vibrante de foi et d’humilité :
Gia-Huu, 23 juillet 1885.
« Bien-aimé Félix,
« Aurais-tu donc, dans ta dernière lettre, été prophète sans le savoir ? Tu m’exhortais, avec toute ta charité de prêtre, de parrain et de frère, à me montrer toujours digne de ma vocation apostolique, fidèle jusqu’au sacrifice de la vie. O Félix ! peux-tu le croire et l’entendre ! Le martyre est là, à ma porte. Encore quelques heures, et il est possible que je sois pris, c’est-à-dire brûlé, massacré, déchiré en mille pièces. Ah ! quelle situation, frère ! Quelle joie, d’une part ; mais aussi quelles douleurs, quelles tortures du cœur !
« Coup sur coup, depuis neuf jours, les nouvelles les plus épou¬vantables nous arrivent ici. Trois missionnaires, les PP. Garin, Poirier, Guégan, cinq à six mille chrétiens massacrés avec une rage diabolique ; le reste en fuite sur les montagnes, où les bêtes et la faim surtout vont les achever ; églises brûlées, bûchers de chrétiens, orphelinats, couvents noyés dans le sang. L’épouvante est partout, le carnage est partout dans cette malheureuse province du Tu-Ngai. Et les Français ?... Rien. Tous les cœurs soupirent après eux, tous les bras sont tendus vers eux... Rien. Pas ombre de secours. Il faut donc que tous nos pauvres enfants, toutes nos œuvres soient anéan¬tis ! O douleur ! ma maison est comme encombrée des petites affaires des chrétiens. Près de nous, ils ont moins peur, ils croient que nous les sauverons. Et que faire ? grand Dieu ! nous mourrons ensemble !
« A plus tard, frère bien-aimé. Si j’en réchappe, je te donnerai les détails. Vraiment, il y en a qui sont d’une atrocité pour ainsi dire invraisemblable.
« Mais, est-ce possible ! Je succomberais martyr ! Ah ! si c’était vrai ! Bénis, mon âme, ah ! bénis le Seigneur !
« Frère, chante avec allégresse le Te Deum ; mais, auparavant, pleurons le Miserere, car j’ai été bien misérable dans ma vie. Si j’y passe, oh ! Félix, dis bien à tous, je ne puis nommer tout le monde, à toute la famille, que je meurs en les conjurant tous de me par-donner offenses et ingratitudes, tous manquements envers eux.
« Et maintenant, vienne la mort. Aidé de Jésus et de Marie, me souvenant de maman, de Victor, d’Octavie, de tous nos bienheureux défunts, je ne faillirai pas. Mais pas de larmes au pays. Non ! que les âmes exaltent la miséricorde de Dieu ! Souvent déjà j’ai imploré le Dieu des forts, la Reine des martyrs ; je ne suis pas loin peut-être d’être exaucé.
« Merci! mon Dieu, merci !
« Enfin, frère, adieu et à Dieu ! J’embrasse tout le monde et vous étreins tous pour la dernière fois peut-être.
« Honoré DUPONT.
Quelques semaines plus tard, M. Dupont avait consommé son sacrifice et reçu la récompense promise à ceux qui donnent leur vie pour la cause de Dieu et de l’Église.
Références
[1637] DUPONT Honoré (1859-1885
Notes bio-bibliographiques. - A. P. F., lviii, 1886, p. 15. - Sem. rel. Angers, 1885, Sa dernière lettre, p. 888 ; Ib., Son service funèbre, p. 971.
Hist. gén. Soc. M.-E., Tab. alph. - Nos miss., Notice, p. 273. - La Salle des Mart. [édit. 1900], Tab. alph.
Notice nécrologique. - C.-R., 1885, p. 241.
Portrait. - A. P. F., lviii, 1886, p. 1.