Remi BARNIER1860 - 1913
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1599
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1884 - 1895
- 1896 - 1913
Biographie
[1599]. BARNIER, Remi, né le 25 juillet 1860, à Lussat (Puy-de-Dôme), fit ses études au petit et au grand séminaire de son diocèse, et entra diacre au Séminaire des M.-E. le 11 septembre 1883. Prêtre le 6 juillet 1884, et destiné à la mission du Kouang-tong, il quitta Paris le 10 septembre de cette même année. Il fut d’abord placé à Tching-pin sous la direction de M. Bernon, et y resta jusqu’en juillet 1886. Il travailla ensuite à Canton, dirigea le district de Vou-nay (Ho-yun) jusqu’en 1892, et y fonda la station de Li-tien. Il fut ensuite placé au séminaire de Canton. Revenu en France en 1895, il passa quelques mois à la Trappe de Sept-Fonds (Allier), et repartit pour le Kouang-tong en 1896. Nous le trouvons cette même année, à Phong-tong dans le nord de la province ; en 1901, à Lok-tchong où il resta jusqu’à sa mort arrivée le 20 juillet 1913.
Nécrologie
[1599] BARNIER Rémi (1860-1913)
Notice nécrologique
Rémi Barnier naquit à Lussat (Clermont, Puy-de-Dôme) le 25 juillet 1860. Son père, Pierre Barnier, était entrepreneur de maçonnerie ; sa mère, Marie Farce, vaquait aux soins du ménage. C’est au foyer paternel qu’il puisa avec une piété vive l’esprit positif et mathématique qui devait le caractériser plus tard. Un saint prêtre, l’abbé Rance, vicaire de Lussat, remarqua bientôt la piété de Rémi, se l’attacha comme enfant de chœur et le fit entrer au séminaire de Cellules, dirigé par les Pères du Saint-Esprit. C’est là que le futur missionnaire entendit pour la première fois l’appel de Dieu.
Au grand séminaire de Clermont, il fut l’élève modèle qu’il avait été à Cellules. Les prêtres de Saint-Sulpice laissèrent en lui une empreinte ineffaçable. La gravité sacerdotale qu’il cultiva chez eux, il la conserva toute sa vie. Sa mère étant morte, il partit pour le Séminaire des Missions-Étrangères de Paris.
Destiné à la mission du Kouang-tong, il s’embarqua à Marseille le 14 septembre 1884, et arriva à Hong-Kong le 14 octobre suivant. Il y rencontra son évêque et presque tous les confrères du Kouang-tong, chassés de leur mission par la guerre franco-chinoise. La paix ayant été signée au mois de juin 1885, les missionnaires regagnèrent à la hâte leurs districts pour en relever les ruines. M. Barnier resta à l’évêché jusqu’à la fin de l’année.
C’est alors qu’il fut envoyé à Chin-pin, pour être le bâton de vieillesse du doyen de la mission, le vénéré M. Bernon.
Dès qu’il posséda suffisamment le hak-ka, M. Barnier entreprit l’administration des chrétientés. Arrivé dans un poste, il n’avait rien de plus pressé que de faire venir à lui les tièdes, les retardataires, et les réconciliait avec le bon Dieu. Etait-il appelé pour une extrême-onction, il volait aussitôt au secours du moribond. Quand il quitta le district de Chu-pin, les fidèles firent de lui cet éloge : « Il n’a laissé mourir personne sans les derniers sacrements. »
Cependant les fatigues de l’administration, et, il faut le dire aussi, la manière de vivre extrêmement mortifiée de son vieux curé, avaient miné la santé de M. Barnier. Les œufs durs et le pain cuit à la vapeur, aliments exclusifs de M. Bernon, avaient usé l’estomac de son timide vicaire, que Mgr Chausse crut devoir rappeler à Canton au mois d’août 1886.
Pendant les années qui suivirent, de 1886 à 1891, M. Barnier fut l’architecte de la mission. Il eut une part dans l’achèvement du grand œuvre entrepris par Mgr Guillemin, car c’est lui qui plaça les vitraux de la cathédrale de Canton. Il les posa si solidement dans les baies qui leur étaient destinées, qu’ils ont résisté, depuis lors, à tous les typhons et à tous les orages.
M. Barnier éleva plus tard la jolie chapelle de la concession française de Shameen et le presbytère y attenant. Les pierres de ces bâtiments proclameront longtemps le mérite de l’architecte, et le désigneront à la reconnaissance des missionnaires.
En 1894 enfin, à son retour de France, M. Barnier construisit le séminaire de la mission. Les anciens élèves, aujourd’hui prêtres, parlent encore de ce temps héroïque, où, sous la direction de leur supérieur, ils consacraient leurs loisirs au déblaiement du terrain qui forme aujourd’hui le jardin du séminaire.
Mais revenons sur nos pas. En 1891, suivons M. Barnier à Ho-nien. Il achève la construction de l’orphelinat de Vounay, l’organise et le laisse dans une situation financière florissante. Il répare l’oratoire de Chong-Peung, et transforme une masure délabrée en une résidence fort commode ; il restaure aussi la chapelle de Vounay. Il fonde la station de Litien. Il aime ses chrétiens, les visite souvent, malgré la difficulté qu’il éprouve à voyager, à cause d’une hernie dont il souffre beaucoup par moments.
Cette infirmité entretenait dans son esprit la pensée de la mort. Pour mieux se préparer au grand passage, il résolut de se faire trappiste. Mgr Chausse essaya de le retenir en le plaçant au séminaire de Canton, mais, en 1895, M. Barnier frappait à la porte du monastère de Septfonds.
Une retraite sérieuse le remit en face de sa vocation de missionnaire ; il se reprocha l’égoïsme de son découragement, et prit l’héroïque résolution de ne rien retrancher à l’holocauste que Dieu avait demandé de lui en l’appelant à l’apostolat. Il revint donc en Chine, pour y mener une vie d’abnégation et de renoncement, tout en restant missionnaire. Décidé à mourir à tout et à tous pour vivre plus uni à Notre-Seigneur, il cessa dès lors presque toute correspondance, même avec ses meilleurs amis ; ce qui ne l’empêcha pas de demeurer le plus hospitalier et le plus aimable des confrères. Dans les réunions de missionnaires, il y allait de sa chanson comme les autres.
À son retour de France, M. Barnier fut chargé du district de Fantong, laissé vacant par la mort de M. Mouroux. En 1901, il échangea Fan-tong contre Lok-sheung, qu’il devait administrer pendant douze ans, c’est-à-dire jusqu’à sa mort. Là, comme dans tous les postes qu’il avait précédemment occupés, le missionnaire montra un zèle intense pour la maison de Dieu. On lui doit les deux grandes chapelles de Tong-sheung et de Pe-sheung.
Il veillait lui-même au maintien de l’ordre et de la propreté dans ses oratoires ; il avait soin de la lampe du sanctuaire et des fleurs qui ornaient les autels. Une chasuble défraîchie, une fleur fanée offusquaient sa piété, et il ne cessa de faire des dépenses considérables pour augmenter la beauté de la maison de Dieu. C’est dans le même esprit qu’il s’efforçait de trouver des enfants pour les envoyer au séminaire de Canton ; de faire de ses chrétiens des temples vivants de l’Esprit-Saint par la fréquentation des sacrements, et de conserver en eux la pureté de la foi en leur interdisant tout contact avec les protestants.
Il avait une grande dévotion aux âmes du Purgatoire qu’il voulait se rendre propices, en prévision de sa fin prochaine. De secrets pressentiments, en effet, l’avertissaient qu’il mourrait bientôt. En 1912, il avait déclaré à ses chrétiens que la cinquante-troisième année, qui fut la dernière pour son père, serait pour lui aussi la dernière. Au commencement de 1913, il marqua lui-même le lieu de sa sépulture et prépara la pierre funéraire qui devait être placée sur son tombeau. Lors de sa dernière visite à son ami M. Collas, il lui dit adieu en le quittant et rentra à Lok-sheung pour mourir.
Il arriva chez lui trempé jusqu’aux os, la figure décomposée et le corps brisé par un voyage de trois jours. On était au 20 juin. Il put encore célébrer la messe jusqu’au 30 ; il la dit une dernière fois le 4 juillet, fête du Précieux Sang. À partir de ce jour, la dysenterie qui le minait lui fit cesser et la récitation du bréviaire et l’offrande du saint sacrifice.
Dur pour lui-même, habitué à la maladie et aux infirmités depuis si longtemps, le malade ne fit appeler aucun confrère, et chercha à enrayer lui-même un mal qui était sans remède.
Par une permission de la Providence, M. Fabre et M. Clauzet arrivèrent de Canton à Tong-sheung, le soir du 14 juillet : ils venaient pour passer avec M. Barnier quelques jours de vacances ; en réalité, ils allaient l’assister à ses derniers moments.
L’état de faiblesse du malade était tel qu’on ne pouvait songer à un transfert au sanatorium de Hong-Kong ni même à Canton. Cependant M. Barnier espérait encore ; le jour même de son décès, 20 juillet, il manifesta le désir de prendre avec ses hôtes le repas de midi. Mais la faiblesse augmentant à vue d’œil, ses deux confrères le mirent en face de la réalité. À 7 heures du soir, M. Fabre lui administra les derniers sacrements en présence des chrétiens. Le mourant bénit silencieusement l’assistance et tous les fidèles de son district. Dans le même religieux silence, il écouta les exhortations qu’on lui adressait, et suivit pieusement les prières des agonisants. Sa figure respirait une paix parfaite. Il rendit son âme à Dieu vers 10 heures, sans la moindre secousse.
L’ami intime de M. Barnier, M. Collas, prévenu par télégramme dès le 18, ne put arriver que le mardi soir 22. Le mercredi 23, il présida les funérailles auxquelles assistèrent près de deux cents chrétiens du district.
Références
[1599] BARNIER Rémi (1860-1913)
Notes bio-bibliographiques.
C.R., 1894, p. 167¬ ; 1899, p. 156¬ ; 1902, p. 140¬ ; 1911, p. 309¬ ; 1912, p. 160.
— Sem. rel. Clermont, 1913, p. 673.