Pierre GANTON1855 - 1912
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1580
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Thaïlande
- Région missionnaire :
- 1884 - 1912 (Bangkok)
Biographie
[1580] GANTON, Pierre, Jean-Baptiste est originaire de la paroisse de Faveyrolles dans la commune de Saint-Izaire (en Aveyron). Il y naît le 29 avril 1855. Élève au Petit séminaire de Belmont, puis au grand séminaire de Rodez, il entre tonsuré, le 16 septembre 1880, à celui des Missions Étrangères. Prêtre le 22 septembre 1883, il quitte Paris le 21 novembre suivant avec comme destination la mission du Siam.
Bangkok (1883-1912)
Il reste à Bangkok et est professeur au collège de l'Assomption, qui à cette époque dispense principalement son enseignement à des orphelins. Il se dévoue à eux avec une infatigable persévérance. Lorsque cet établissement est confié aux Frères de Saint-Gabriel en 1901, il devient vicaire à la paroisse de l'Assomption. Il meurt au sanatorium de Béthanie à Hong-Kong le 29 novembre 1912, après une vie remarquable de piété et d'humilité.
Nécrologie
M. GANTON
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE SIAM
Né le 29 avril 1855
Parti le 21 novembre 1883
Mort le 29 novembre 1912
Il est des missionnaires qui, chargés de nombreuses chrétientés, doivent déployer une activité prodigieuse : ils construisent des églises au prix de grandes fatigues et de pénibles tracas, visitent, administrent leurs fidèles, parfois très disséminés ; et prêchant, instruisant avec zèle, obtiennent, chaque année, des conversions plus ou moins nombreuses. La carrière apostolique de M. Ganton a été plus modeste, plus effacée. Pendant vingt ans, il se consacre à la tâche, aussi ardue qu’obscure, d’enseigner les rudiments de la langue française à quelques orphelins ; ensuite, durant les dix dernières années de sa vie, il remplit les fonctions de vicaire à l’église de l’Assomption de Bangkok. Il a toujours occupé une humble position, ce qui n’empêche pas que sa mort soit pour nous une perte bien sensible. Nous n’aurons plus sous les yeux les beaux exemples de vie de prière, de recueillement et de mortification qu’il n’a cessé de nous donner.
Très réservé, se mêlant peu aux conversations de ses confrères, tout entier à ses modestes fonctions, passant pour ainsi dire, en adoration devant le saint Sacrement, tout le temps libre que lui laissait son ministère, il s’appliquait à être inaperçu ; mais tous reconnaissent que, pendant trente ans, il fut pour eux un modèle de régularité, de travail et d’abnégation. Malgré la maladie qu’il avait à supporter depuis plusieurs années, il s’acquitta toujours, avec un soin méticuleux, de ses exercices de piété, et il remplit jusqu’au bout sa tâche journalière, endurant sans se plaindre les souffrances, parfois très vives, que lui causaient ses infirmités. Aussi je ne doute pas que plusieurs, au jour du départ de ce cher confrère pour Hongkong, alors qu’il était mortellement atteint, l’entendant se recommander humblement à leurs prières, n’aient été tentés de lui dire : « Allez, mon bon Père, je voudrais bien être à votre place. »
Pierre Ganton était originaire de Faveyrolles (Rodez, Aveyron) ; il naquit le 29 avril 1855. Pour raconter les premières années de notre confrère, nous ne saurions mieux faire que d’emprunter les quelques pages émues, que lui a consacrées M. Constans, archiprêtre, dans la Revue religieuse de Rodez :
« Ce ne fut pas sans quelque peine que ses parents se décidèrent à le laisser aller au petit « séminaire de Belmont, pour y continuer les études commencées sous la direction du saint « curé de la paroisse, M. Tourreau ; il ne fallut rien moins que les instances réitérées du « pasteur et les désirs formels du petit Pierre pour vaincre leur résistance.
« A la rentrée d’octobre 1869, il se confondit avec les nouvelles recrues. On regardait bien « un peu ce petit étudiant, venu des campagnes faveyrollaises, et qui, dans la coupe de ses « habits, dans la candeur étonnée de son visage, l’expression et l’accent de sa voix, avait « gardé quelque chose qui trahissait son origine ; mais lui se préoccupait peu de tout cela. Il « savait pourquoi il était venu, et le voilà tout de suite à ses livres, à ses leçons, à ses devoirs, « le plus attentif, le plus appliqué, le plus docile ; il fallait voir avec quel soin ses copies « étaient faites, sans une tache, sans une rature, presque sans une faute... Et il resta jusqu’au « bout de ses classes, élève brillant, à force d’avoir été travailleur. Au jour des distributions de « prix, il recueillait des brassées de lauriers, dont il laissait aux autres de courts rameaux.
« Pendant les vacances, si vous aviez parcouru les bords du Gos, vous auriez pu voir, au « coin d’un champ ou d’une pâture, notre séminariste, berger d’occasion, surveiller le « troupeau, un livre à la main. Il lisait les Annales de la Propagation de la Foi, récitait son « Rosaire, l’office de la sainte Vierge, ou des prières pour les morts qui dormaient, à deux pas « de là, dans le cimetière de la paroisse. Car, à côté de son ardeur au travail, de sa docilité, ce « qui le distingua toujours, ce fut une douce et tendre piété. Comme il était recueilli à la « chapelle ! Comme il faisait bien ses communions ! Et avec cela, il était toujours serviable, « toujours bon, toujours souriant, même quand il vous faisait un reproche et vous suppliait « d’éviter, à l’avenir, ce qu’il avait remarqué de défectueux, ou ce que les maîtres nous « avaient justement reproché. Est-il étonnant que les supérieurs et les professeurs lui aient « accordé pleine confiance, que ses camarades lui aient fait une auréole de respect « affectueux ? Il le méritait bien.
« De Belmont, Pierre Ganton passa au grand séminaire de Rodez, au mois d’octobre 1878. « C’est à cette époque, que se place un événement bien douloureux pour le cœur du futur « missionnaire. Le bon Dieu lui ravit successivement, à quelques mois d’intervalle, sa digne « mère et son père vénéré. Cette double perte causa un grand vide dans le cœur de ce fils si « affectueux. Dès lors, il ne cessa de prier pour ses parents bien-aimés et de demander des « prières en leur faveur. Il écrit un jour à son frère, alors soldat : « Il est bien douloureux de « nous rappeler de si pénibles séparations. Nous devons prier et faire prier beaucoup pour nos « chers défunts. Pour moi, je ne passe pas, pour ainsi dire, une heure du jour, sans songer à « ces chères âmes que le bon Dieu nous a ravies, mais que, dans son infinie miséricorde, il « nous accordera de revoir au ciel. Là nous pourrons nous embrasser, et nous serons heureux « d’avoir été séparés sur cette terre. »
« A la rentrée de 1880, M. Ganton était au Séminaire des Missions-Étrangères. Il reçut les « ordres mineurs le 12 mars 1881, et le lendemain, le sous-diaconat. « Me voilà sous-diacre, « écrit-il, c’est-à-dire consacré à Dieu pour toujours... pour l’éternité !... Combien je me suis « trouvé heureux, est chose impossible à exprimer. Ton cœur de frère, de chrétien, te le dira « mieux que ma plume ne saurait le faire. Qu’il me suffise de te dire que le jour de mon sous-« diaconat a été le plus beau de ma vie. C’est un de ceux qu’on voudrait voir durer toujours... « Ah ! j’aurais voulu quitter, en ce jour de célestes délices, cette vallée de larmes !... Mais « non, il y a des âmes qui se perdent, il faut aller les sauver. »
Ordonné prêtre le 22 septembre 1883, il s’embarquait, au mois de novembre suivant, pour le Siam. Après un court stage à Huaphai, sous la direction de M. Guégo, notre confrère dut revenir à Bangkok, où M. Colombet venait de fonder un collège pour l’enseignement des langues française et anglaise. Pour cette œuvre M. Colombet avait besoin de collaborateurs : M. Ganton fut l’un des premiers, et il garda Ces humbles fonctions jusqu’au jour où la mission, ne pouvant plus sans inconvénient se priver du concours des trois ou quatre missionnaires nécessaires au bon fonctionnement du collège, dut le remettre, en pleine prospérité et rempli d’élèves, aux mains des Frères de Saint-Gabriel, en 1902.
Le collège de l’Assomption admettait comme pensionnaires non payants les métis ou eurasiens, que le départ ou l’inconduite de leurs parents eût fatalement jetés dans la rue. Ces pauvres orphelins trouvèrent, auprès de M. Ganton, les soins qui leur eussent manqué ailleurs. Il fut pour eux la bonne maman, qui s’occupe des besoins du corps et de l’âme, car notre confrère avait au cœur une sollicitude inlassable pour les enfants confiés à ses soins.
Sorti du collège, M. Ganton resta le collaborateur de M. Colombet, qui était chargé de la paroisse de l’Assomption. Il n’abandonna point d’ailleurs ses chers orphelins, et jusqu’à sa mort, s’il n’eut plus à s’occuper de former leurs jeunes intelligences, il continua de diriger leurs âmes.
Pendant trente ans aussi, dans cette paroisse de l’Assomption, il fut pour ainsi dire le commensal de son évêque. Il en fut toujours le serviteur fidèle et dévoué, lui obéissant comme un enfant obéit à son père, comme il aurait obéi à Jésus-Christ lui-même. Avec ses confrères, c’était la charité et la prévenance même. S’il lui arrivait de manifester des préférences, c’était pour ceux qu’il jugeait plus adonnés à la piété. Il avait alors des degrés dans ses appellations : c’était « le Père un tel », « le bon Père un tel », « l’excellent Père un tel ». Mgr de Géraza lui ayant fait remarquer un jour ce que ce classement pouvait avoir de choquant et de singulier, il y renonça aussitôt.
Si M. Ganton eut une telle vénération pour ceux qui approchent de Jésus-Christ, quelle ne dut point être sa piété, lorsqu’il célébrait le saint sacrifice ou remplissait quelque autre fonction sacrée ! On le sentait alors tout pénétré de la présence de son divin Maître. Mgr Vey et son successeur l’avaient chargé de s’occuper des ornements et des autres objets du culte ; la pieuse sollicitude qu’il apportait à soigner tout ce qui touchait au service de l’autel, dénotait un profond esprit de foi.
Depuis plusieurs années, il était évident que notre confrère souffrait ; mais ses souffrances, il essayait de les cacher à tous et continuait à s’acquitter de ses fonctions, comme à l’époque de sa jeunesse apostolique, il dérobait au temps qu’il eût pu consacrer au repos, de longues heures de méditation, ou de lectures pieuses. Aussi lorsque, vaincu, il lui fallut abandonner son corps aux mains des docteurs, il était trop tard pour enrayer les progrès de la maladie. Soit à l’hôpital Saint-Louis, soit à la paroisse de l’Assomption, il reçut tous les soins qu’exigeait son état. A la fin, s’illusionnant peut-être sur la gravité de son mal, il crut qu’un séjour à Hong¬kong le guérirait. Il partit le 15 octobre. Nous ne devions plus le revoir ici-bas.
Terminons cette notice par la lettre, où M. Fillastre, supérieur du sanatorium de Béthanie, relate les derniers moments de notre confrère :
« Le vénéré M. Ganton a terminé pieusement sa sainte existence, hier soir, 29 novembre, à « 9 heures 3/4. Sa fin édifia tous ceux qui en furent témoins. Le cher Père offrit ses « souffrances et sa vie pour sa famille, son évêque, ses confrères et sa chère mission de Siam, « qui furent l’objet de ses dernières pensées.
« Frappé le 31 octobre d’une attaque de paralysie, probablement à la suite d’une crise « d’urémie, il a passé tout un mois dans la souffrance aiguë, n’ouvrant guère la bouche que « pour faire des invocations ou pour remercier les confrères qui venaient le visiter. Il put faire « la sainte communion presque chaque matin ; les deux derniers jours seulement, la difficulté « d’avaler empêcha de lui donner cette grande consolation...
« Notre édifiant confrère est, je l’espère, dès maintenant, dans le sein de Dieu, continuant « là-haut de prier pour sa chère mission, comme il le faisait sur la terre. Le peu de temps que « nous l’avons eu ici, a suffi pour nous édifier profondément et nous montrer qu’il avait une « âme pure comme le cristal. Il semble bien en effet, qu’il ne pût en être autrement, car il avait « la foi vive et ardente de l’enfant, dont il avait aussi la simplicité, l’humilité et la candeur.
« Quand je le prévins, il y a quelques jours, qu’il allait mourir, pas une seule expression « d’étonnement ou de surprise ne parut sur ses traits ; ce fut une soumission simple et ferme à « la volonté du bon Dieu, acceptant d’avance les souffrances qu’il plairait au divin Maître de « lui envoyer ; il ne songea qu’à régler ses petites affaires au plus vite, afin de ne plus penser « qu’à Dieu, devant lequel il allait paraître. »
« Aussi, conclut M. Constans dans la Revue religieuse du diocèse de Rodez, le soir du jour « a tenu les promesses de l’aurore ; le cher missionnaire a été fidèle à lui-même... Que son « souvenir et surtout ses exemples demeurent une consolation à sa famille éplorée, et à nous « tous, l’espoir qu’il nous aidera à le rejoindre près de Dieu. »
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