François CHATELET1855 - 1885
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1474
- À savoir : Mort violente
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1881 - 1885 (Qui Nhon)
Biographie
[1474]. CHATELET, François, massacré lors de la conquête du Tonkin par la France, naquit le 20 avril 1855 à Saint-Didier-sur-Beaujeu (Rhône). Il fit ses études classiques à l'école cléricale de Saint-Augustin à Lyon, et au petit séminaire de l'Argentière. Ayant été atteint de surdité, il promit à la sainte Vierge que, s'il guérissait assez pour continuer ses classes, il se consacrerait aux Missions-Etrangères. Son désir fut exaucé, et il entra laïque au Séminaire des M.-E. le 11 septembre 1877, fut ordonné prêtre le 26 septembre 1880, et partit le 10 novembre suivant pour la Cochinchine orientale. Il eut à diriger un district dans la province du Phu-yen.
Il résidait à Tra-ké, au moment de la persécution qui s'éleva en 1885. Quand la situation devint critique, il alla s'établir à Cay-gia, afin de mieux défendre ses chrétiens contre les païens qui venaient en masse les attaquer. Après une résistance d'une journée et demie, voyant les assaillants de beaucoup les plus forts, il bénit une dernière fois les fidèles, et se retira dans son presbytère. Les païens lui ordonnèrent de sortir dans la cour et de s'y agenouiller pour avoir la tête tranchée. Je n'irai pas si loin, répliqua-t-il ; si vous voulez ma tête, venez la prendre ici, je ne la défendrai point. " Et il s'avança sous la véranda où il fut massacré ; c'était le 26 août 1885.
Nécrologie
[1474] CHATELET François (1855-1885)
Notice nécrologique
Bon, simple, pieux, serviable, tel fut M. Chatelet d’après le témoi¬gnage de tous ceux qui l’ont connu. Dès l’âge le plus tendre, il manifesta l’intention de se consacrer à Dieu ; lorsque sa mère le conduisit à l’école cléricale de Saint-Augustin, à Lyon, il lui demanda de passer par le village d’Ars, afin de pouvoir consulter le vénérable M. Vianney. L’entretien du saint prêtre et du futur martyr fut long ; que se dirent-ils ? Ni l’un ni l’autre ne l’ont révélé. Mais quand M. Chatelet sortit du presbytère, son visage rayonnait d’une joie extraordinaire. De l’école Saint-Augustin, il alla au Petit Séminaire de L’Argentière où ses études faillirent être interrompues par la surdité dont il était atteint depuis son enfance et qui menaçait, déclara le médecin, d’augmenter d’une manière sensible. Cette nou¬velle bouleversa le jeune élève. Être prêtre avait été le rêve de toute sa vie ; alors il se tourna vers Marie, le refuge et la consolation des affligés, il fit la promesse de se consacrer aux Missions-Étrangères, si Elle lui accordait la grâce de continuer ses classes. La Reine des Apôtres et des Martyrs entendit et exauça cette prière ardente. La surdité disparut en partie, et M. Chatelet put entrer au Grand Sémi¬naire, puis au Séminaire des Missions-Étrangères. Il partit en 1880 pour la mission de Cochinchine Orientale. « Il eut quelque peine, dit M. Chambost, à s’acclimater et à apprendre la langue annamite. Après avoir exercé le saint ministère sous la direction d’anciens confrères, dans plusieurs grandes chrétientés, le P. Chatelet avait été placé, il y a plus d’un an, à la tête d’un immense district, composé d’une dizaine de petites paroisses, éloignées les unes des autres et renfermant environ deux mille catholiques ; c’était sur un plateau élevé, à une grande journée de marche de la mer, dans la province du Phu-Yên, à peu près à égale distance de Saïgon et de Tourane. C’est là qu’il se trouvait en juillet et août, lorsque éclata la catastrophe qui devait anéantir la mission de Cochinchine Orientale. Les rebelles intercep¬tèrent toutes les communications et on resta sans nouvelles de M. Chatelet. Ce ne fut que vers le commencement d’octobre que son évêque Mgr Van Camelbeke, ayant appris que les chrétiens du Phu-Yen tenaient tête à l’ennemi, envoya à leur secours, sous la conduite du P. Auger, une petite colonne de deux cent cinquante hommes. »
Plus d’un mois déjà s’était écoulé depuis la mort de notre cher confrère. A la nouvelle des massacres des chrétiens du Binh-Dinh, du Quang-Ngai et du Phu-Yên, M. Chatelet avait quitté Tra-Ké, sa résidence ordinaire, pour aller s’établir à Cây-Gia, dont la défense était plus facile. Il avait appelé près de lui ses chrétiens et après avoir tout préparé pour la résistance, il avait attendu l’ennemi ; il n’attendit pas longtemps. « Le lundi, 24 août, raconte M. Auger, des bandes armées prenaient position sur les collines de l’est et du sud. Elles y restèrent toute la journée en observation. Pendant ce temps, le Père entendait les confessions, et exhortait ses chrétiens à se conformer à la volonté divine, fallût-il, à l’exemple de saint Bar¬thélemy, dont on célébrait la fête, donner jusqu’à la dernière goutte de son sang.
« Le 25, au point du jour, les païens protégés contre les flèches des chrétiens par des clissages de bambous, s’avançaient en rangs serrés, mais lentement, à cause des lancettes que les assiégés avaient plantées en grand nombre, à la manière des sauvages, pour obstruer les abords de la place. Vers 9 heures néanmoins, ils étaient assez près pour mettre le feu à la haie qui entoure l’église. Dans la crainte que les fusées incendiaires dont les brigands étaient abondamment pourvus ne missent le feu à son église, le Père avait fait enlever toutes les paillotes qui en formaient la toiture. La même mesure fut prise pour le presbytère et les cases voisines, de sorte que vers 11 heures, les assaillants se retiraient sans avoir rien fait. Ils revin¬rent au bout de deux heures, portant cette fois, du bois et de la paille, enlevés dans les cases du village chrétien. A l’intérieur, les assiégés tentaient de repousser les incendiaires, en leur lançant des flèches et des pierres, tandis que les femmes et les vieillards puisaient de l’eau pour éteindre le feu qui consumait le fragile rempart de bambous.
« Vers la nuit, l’ennemi se retira, et peu à peu les flammes s’étei¬gnirent. Le lendemain de grand matin les païens attaquent avec de nouvelles recrues que leur ont fournies sept villages sauvages. Bientôt la haie flambe de nouveau, et si bien que vers 4 heures du soir, en dépit de l’eau qu’on ne cesse d’y jeter, elle présente plusieurs larges brèches.
« Toute résistance semble inutile ; les chrétiens entourent le Père, lui demandent une dernière bénédiction, et se retirent dans l’église pour attendre le moment du dernier sacrifice. Puis le P. Chatelet rentre dans sa maison administrer 12 à 15 blessés. Il accomplit pieu¬sement ce ministère de charité, sans être ému des imprécations, des insultes grossières, des clameurs de la tourbe des assaillants qui entourent déjà le presbytère. Trois de ces furieux, désireux de s’em¬parer les premiers des prétendus trésors de l’Européen, s’avancent enfin, et après avoir, pendant dix minutes, proféré les dernières injures contre le Père et Son catéchiste, le clerc tonsuré Cây, ils somment le missionnaire de descendre dans la cour et de s’y age¬nouiller pour avoir la tête tranchée : « Je n’irai pas si loin, répondit le Père, si vous voulez ma tête, venez la prendre ici, je ne la défen¬drai point. » En même temps, il s’avance sous la véranda, son clerc à sa gauche ; les injures redoublent, enfin, tandis que les uns jettent à la tête du missionnaire tout ce qui leur tombe sous la main, un autre monte à la dérobée, du côté droit de la véranda, s’approche doucement et plonge sa lance dans les flancs du Père qui tombe le visage contre terre ; le troisième bandit le frappe de deux coups de couperet, l’un sur le cou à droite, l’autre sur la nuque, et c’est ainsi que le P. Chatelet consomma son martyre. »
Références
[1474] CHATELET François (1855-1885)
Notes bio-bibliographiques. - A. P. F., lviii, 1886, pp. 16, 148. - M. C., xvii, 1885, Sa mort, pp. 505, 565 et suiv. ; xviii, 1886, Derniers détails sur son martyre, p. 38. - Miss. Quinhon. Mém., 1908, n° du 15 mars, La persécution de 1885, pp. [4], [9]. - Sem. rel. Lyon, 1886, 1re sem., Son martyre, pp. 40, 315.
Hist. gén. Soc. M.-E., Tab. alph. - Nos miss., Notice, p. 299.
Notice nécrologique. - C.-R., 1885, p. 246.
Portrait. - A. P. F., lviii, 1886, p. 1.