Jean DAMAIS1854 - 1905
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1457
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1880 - 1905 (Malacca)
Biographie
[1457]. DAMAIS, Jean, né à Saint-Priest-la-Roche (Loire) le 1er juillet 1854, élève du petit séminaire de Saint-Jodard et du grand séminaire de Lyon, entra tonsuré au Séminaire des M.-E. le 11 septembre 1877. Prêtre le 21 février 1880, il partit le 31 mars suivant, pour la Presqu'île de Malacca. Après avoir dirigé l'école Saint-Joseph à Singapore, il devint vicaire de la cathédrale (Bon-Pasteur). En janvier 1883, on lui confia la paroisse de Pulo Tikus, dans l'île de Pinang. En septembre 1886, on le rappela à Singapore pour l'attacher à la cathédrale ; en même temps, il était nommé chapelain militaire de la garnison et aumônier de l'hôpital général.
Curé de la paroisse Saint-François-Xavier à Malacca en 1888, il y développa l'école des garçons. En mars 1898, il reprit possession de son ancienne paroisse de Pulo Tikus. Il y construisit une très belle église dont la voûte, à peine achevée, s'écroula. Le missionnaire, aidé de ses paroissiens et même des protestants, recommença courageusement son œuvre ; il réussit à faire un édifice solide, mais moins beau. Il mourut à Pulo Tikus le 28 octobre 1905, et fut inhumé dans le sanctuaire de l'église.
Nécrologie
M. DAMAIS
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE MALACCA
Né le 1er juillet 1854
Parti le 31 mars 1880
Mort le 28 octobre 1905
M. Jean Damais naquit à Saint-Priest-la-Roche (Lyon, Rhône) le 1er juillet 1854. Entré tonsuré au Séminaire de Paris le 11 septembre 1877, il fut ordonné prêtre le 21 février 1880 et partit pour Malacca le 31 mars suivant. La carrière apostolique de M. Damais a été de vingt-cinq ans et demi. Cette carrière, relativement longue, a été bien remplie parce que le cher défunt fut toujours un prêtre pieux, régulier, fidèle à ses devoirs et plein de dévouement pour les âmes qui lui étaient confiées. Il a fait peu de bruit, et beaucoup de bien. En repassant une vie comme la sienne on ne rencontre rien de bien extraordinaire, mais on trouve partout une fidélité persévérante, faite de force et de douceur. Ce sont là, en effet, les deux caractéristiques de la vie de M. Damais.
Il était d’une nature très calme, mais, sous ce calme, il cachait une grande énergie, une force de volonté qui le faisait triompher des obstacles. En même temps, il était bon et affable. Cœur généreux, il attirait les âmes en leur témoignant beaucoup de sympathie, et il a été grandement apprécié dans tous les postes qu’il a occupés.
Singapore, Pinang et Malacca sont les trois endroits où il a exercé le saint ministère.
Arrivé à Singapore en avril 1880, il y passa ses trois premières années de mission. Il se mit tout d’abord à l’étude des langues, puis Mgr Gasnier lui confia la direction de l’école Saint-Joseph, et enfin le nomma vicaire de la cathédrale. A cette époque, le gouverneur des Straits-Settlements était sir Frédéric Weld, fervent catholique. Il avait obtenu du Saint-Siège, pour lui et sa nombreuse famille, la faveur d’avoir une chapelle domestique et d’y conserver le Saint-Sacrement. M. Damais devint chapelain de la maison du gouverneur. Cette famille si profondément chrétienne eut vite apprécié les qualités du jeune missionnaire, il en resta toujours l’ami intime et privi¬légié.
Cependant, la paroisse de Pulo-tikus, dans l’île de Pinang, étant devenue vacante, Mgr Gasnier fit choix de M. Damais pour ce poste important auquel était attachée la charge de chapelain militaire de la garnison. C’est là qu’il fit ses débuts comme curé de paroisse, et c’est là qu’il devait revenir, quinze ans plus tard, pour y terminer sa carrière de missionnaire. Arrivé à Pulo-tikus au mois de janvier 1883, il y resta jusqu’en septembre 1886, époque à laquelle M. Mazery, de retour de France, le remplaça dans ce poste où il l’avait déjà précédé.
Rappelé à Singapore pour être de nouveau attaché à la cathédrale du Bon-Pasteur, il fut, en même temps, nommé chapelain militaire de l’importante garnison de la ville et aumônier de l’hôpital général.
Tous ceux auxquels des fonctions similaires ont été confiées savent par expérience combien elles exigent de bonté et de patience, de dévouement et de désintéressement, mais aussi combien elles procurent de consolations à celui qui les remplit, en lui donnant l’occasion de ramener beaucoup d’âmes à Dieu. M. Damais exerça ce ministère de charité pendant deux ans, au bout desquels il fut chargé de la paroisse de Saint-François-Xavier à Malacca. Là, il consacra les efforts de son zèle à diriger dans la voie du ciel les déshérités de la fortune, car la plupart des chrétiens de Malacca sont très pauvres. A cette époque, l’un des grands soucis du curé de la ville était de pourvoir à l’entretien et au bon fonctionnement de son école de garçons.
Cette école était absolument nécessaire, puisqu’elle était la seule où les enfants pussent recevoir une éducation vraiment chrétienne ; mais, d’autre part, les élèves devaient presque tous y être instruits gratuitement, à cause de la pauvreté de leurs familles. Il était difficile aussi de se procurer de bons maîtres, à cause de la modicité des ressources, qui ne permettait pas de leur donner de gros salaires.
M. Damais se dévoua de tout cœur à cette œuvre aussi méritoire qu’indispensable, et il réussit à maintenir son école sur un très bon pied. Elle se trouve maintenant entre les mains des Frères des Ecoles chrétiennes et, grâce à leur concours, elle est sortie de l’état précaire dans lequel elle resta pendant bien des années. Mais la prospérité présente, en nous rappelant les difficultés passées, nous est une raison de plus pour témoigner notre reconnaissance aux missionnaires, qui n’ont pu vaincre ces difficultés qu’au prix d’une lutte pénible et, pour ainsi dire, quotidienne.
Après neuf ans de séjour à Malacca, M. Damais fit un voyage en France, pour rétablir sa santé fort ébranlée. Quand il revint au mois de mars 1898, il fut de nouveau chargé de son ancienne paroisse, à Pulo-tikus. Les chrétiens, qui avaient gardé de lui le meilleur souvenir, furent heureux de son retour parmi eux. La vieille église de l’Immaculée-Conception avait été démolie et une véritable petite cathé¬drale était alors en construction. Malheureusement, le devis avait été fait d’une manière erronée, et les dépenses s’élevèrent à une somme beaucoup plus considérable que celle indiquée par l’architecte. M. Damais eut à combler cette grosse lacune. Les chrétiens de Pulo-tikus, qui sont pourtant loin d’être riches, se montrèrent admirables de générosité et de dévouement. Leur belle église était achevée. Hélas ! on ne s’attendait pas à la catastrophe qui allait bientôt se produire. La voûte en briques de l’édifice avait été surchargée et mal assise. Elle s’effondra tout entière, détériorant une grande partie des murs. La douleur de M. Damais était navrante. Cette église qui lui avait coûté tant de labeurs et dont il était si fier, il la voyait ruinée, comme si un tremblement de terre avait passé par là. Elle était toute à refaire, il fallait consolider les piliers, reconstruire les murs et renouveler la couverture.
Notre confrère se remit à l’œuvre avec un admirable dévouement. Après avoir achevé de sacrifier ce qu’il possédait personnellement, il fit un nouvel appel à la charité publique. Il était si estimé et si aimé à Pinang, qu’il rencontra partout d’ardentes sympathies. Des protestants eux-mêmes prirent part aux souscriptions, et le missionnaire eut la consolation de relever les ruines de cette église, qu’il pouvait appeler à double titre sa « chère » église.
Le contre-coup de cette pénible épreuve se fit sentir sur l’état général de sa santé et jeta une teinte de mélancolie sur son caractère, d’ordinaire si gai et si plein d’entrain. Cependant, il continua de rem¬plir les devoirs de son ministère avec sa régularité habituelle. Le 21 février 1905, il célébra, presque sans aucune solennité, le vingt-cinquième anniversaire de sa prêtrise. Il voulut encore faire un voyage à Malacca, son ancien poste. Il était de retour le 2 mars, après un voyage aussi tranquille que possible. Rien ne faisait donc prévoir l’attaque d’apoplexie qui survint le lendemain. Cette première attaque ne fut pas mortelle pour notre confrère, mais il ne se rétablit jamais complètement. Peu à peu, il se trouva mieux, et, sur l’ordre du docteur, il se rendit, au mois d’août, au sanatorium de Béthanie. Après quelques semaines de séjour à Hong-kong, on ne put l’empêcher de revenir, car la pensée de mourir en dehors de sa mission était comme un cauchemar insupportable qui le hantait sans cesse. Le 16 octobre, il était de retour à Pulo-tikus. A son passage à Singapore, il n’avait pas rencontré son évêque, qui était alors en tournée pastorale. Il lui écrivit le 18 octobre, d’une main tremblante, la lettre que voici et qui devait être la dernière : « Enfin j’ai un petit moment pour écrire quelques lignes « à Votre Grandeur et lui faire savoir que je suis rentré à Pulo-tikus depuis lundi dernier. Je ne « puis dire que je suis complètement guéri, mais je me sens beaucoup mieux et, avec le temps, « j’espère me remettre tout à fait. Je pense pouvoir désormais faire mon petit travail à Pulo-« tikus. Je prie Monseigneur de m’excuser pour aujourd’hui ; à bientôt une plus longue « lettre. »
Hélas ! quelques jours après, c’était l’annonce de son décès que le télégraphe apportait à Mgr Barillon. Voici ce qui s’était passé.
Le vendredi 27 octobre, une grande amélioration parut se produire dans l’état général de M. Damais. La mémoire lui revenait, la parole était moins embarrassée et les mouvements de la main droite plus libres : « Si ce mieux persiste, disait-il, j’en ai encore pour quelques années. » Le samedi, il dit sa messe comme d’habitude, entendit quelques confessions et consacra le reste de sa matinée à préparer une courte instruction pour le dimanche. Depuis sa première attaque, il n’avait jamais pu reparaître en chaire. A 11 heures, il déjeuna de fort bon appétit. Après midi, il reçut la visite d’une chrétienne chinoise. Pendant qu’il était en conversation avec elle, il éprouva un peu de faiblesse et voulut prendre quelque chose. Son domestique lui apporta une tasse de lait, dont il but la moitié. Le lait ne lui rendit point de force. Averti par un domestique, M. Pagès, directeur au collège de Pinang, vint voir le malade vers 4 heures. Il le trouva assis dans un fauteuil : « Je n’éprouve aucune souffrance, lui dit M. Damais, mais je me sens mal à l’aise. » On fut obligé de le soutenir et de l’aider à marcher pour le mettre sur son lit. Sans être sûr d’une nouvelle hémorragie cérébrale, M. Pagès lui donna les soins que les médecins prescrivent en pareil cas, et fit appeler le docteur. Vers 5 h. ½ le cher malade fut pris de vomissements, la main droite commença à se paralyser. Il le comprit lui-même et le fit remarquer. On lui proposa alors de recevoir les derniers sacrements : « Oui, dit-il, je sens que je vais mourir. » Après avoir reçu l’extrême-onction et l’indulgence plénière, il put encore dire quelques paroles, mais peu après, il était sans connaissance et sans mouvement. Le docteur arriva vers 7 heures et jugea l’état du malade excessivement grave, quoique non encore désespéré. Il ordonna simplement de continuer le traitement déjà commencé. Entre 9 et 10 heures, la fièvre augmenta, la respiration devint bruyante. Evidemment, la fin approchait. Plusieurs chrétiens, réunis dans la chambre, récitaient le chapelet pendant que les missionnaires achevaient les prières des agoni¬sants. Enfin, cinq minutes avant minuit, après une longue aspiration, notre cher confrère rendit son âme à Dieu.
Ses funérailles eurent lieu dans la soirée du dimanche, au milieu d’un grand concours de fidèles, accourus de toutes les paroisses de la ville. Les chrétiens de Pulo-tikus pleuraient comme des enfants qui viennent de perdre un père bien-aimé. Il fut enterré dans le sanctuaire de son église. C’est là qu’il repose, ce bon et fidèle serviteur, ce prêtre si dévoué, sous le regard et la protection de la Vierge immaculée.
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Références
[1457] DAMAIS Jean (1854-1905)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1883, p. 95 ; 1884, p. 125 ; 1885, p. 112 ; 1886, p. 113 ; 1891, p. 192 ; 1893, p. 219 ; 1899, p. 243 ; 1900, p. 188 ; 1902, p. 221 ; 1904, p. 216 ; 1905, p. 212. - A. M.-E., 1914, pp. 79 et suiv.
Notice nécrologique. - C.-R., 1906, p. 303.