Pierre GRAND1852 - 1893
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1283
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Thaïlande
- Région missionnaire :
- 1876 - 1891
Biographie
[1283]. GRAND, Pierre, naquit le 29 juillet 1852 à Saint-Julien-Chapteuil (Haute-Loire). Ses études faites au petit séminaire de la Chartreuse, il entra laïque au Séminaire des M.-E. le 17 septembre 1872, reçut l'onction sacerdotale le 10 octobre 1875, et partit pour le Siam le 30 décembre de la même année. En 1877, il administra la chrétienté de Bang Pla Soi, et en 1879, celle de Bang Xang.
En 1882, Mgr Vey lui confiait celle de Vai-niau où tout était encore à créer, et il commençait à y obtenir d'excellents résultats, lorsqu'en 1884, il fut assailli par les Chinois de la secte des Ang-ji, qui le frappèrent et tuèrent son catéchiste. Conduit devant le gouverneur de Kambouri, il fut immédiatement relâché, et l'on châtia ses agresseurs ; mais à la suite de ces incidents, il tomba malade. En 1891, il revint en France. Sa santé ayant paru s'améliorer, il se disposait à retourner au Siam, quand le 20 juillet 1893, étant en voyage, il mourut subitement près de Brives-Charensac (Haute-Loire). Il a été enterré à Saint-Julien Chapteuil.
Nécrologie
M. GRAND
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE SIAM
Né le 29 juillet 1852.
Parti le 30 décembre 1875.
Mort le 20 juillet 1893.
Né à Saint-Julien-Chapteuil (Haute-Loire) d’une de ces familles à foi robuste des montagnes du Velay, M. Pierre Grand fit ses études au petit séminaire de la Chartreuse. Entré au Séminaire des Missions-Étrangères en 1872, il y fut ordonné prêtre le 10 octobre 1875. Destiné à la mission de Siam, il partit de Paris le 30 décembre suivant.
« Ses débuts dans l’étude de la langue siamoise, écrit Mgr Vey, dénotèrent chez lui une grande facilité pour la prononciation si dif¬ficile des idiomes de l’Extrême-Orient. Dès qu’il put s’exprimer de manière à être compris, son Vicaire apostolique le plaça à la paroisse du Rosaire, à Bangkok, sous la direction du P. Saladin. Cette paroisse avait donné asile aux premiers chrétiens chinois du royaume de Siam. C’est là que M. Albrand, devenu plus tard vicaire apostolique du Kouy-tchéou, avait ouvert pour eux un catéchuménat ; l’église du Rosaire est encore aujourd’hui comme le centre naturel auquel se rattachent les chrétientés de langue chinoise. Le P. Grand étudia les deux dialectes dont la connaissance est nécessaire pour l’exercice du saint ministère, le « Tiou-tchéou » et « l’Akkha » ; ses progrès dans cette étude furent rapides.
« En 1879, il fut mis à la tête de l’importante chrétienté de Bang-¬xang, qu’il dirigea avec fruit pendant deux ans. Remplacé en 1882 par le P. Salmon, le P. Grand se vit appelé à un poste plus éloigné et plus difficile : c’était de l’avancement, comme on dit en mission.
« A Vai-niau, sur le Mekhlong, à deux journées de barque au nord de Bang-xang, se trouvait une nouvelle chrétienté composée de 120 néophytes. Il fallait là une main ferme et déjà expérimentée ; le P. Grand était l’homme de la situation. Une construction en bambou, longue de 18 mètres, large de 7, servait de catéchuménat et d’oratoire. C’était là que logeait le catéchiste et que devait loger le mis¬sionnaire. Le P. Grand ne trouva donc rien dans son nouveau poste : tout y était encore à créer. Notre confrère se mit courageusement à l’œuvre ; l’espérance fondée qu’il avait de convertir beaucoup d’âmes, à Vai-niau et aux environs, augmentait son ardeur. Il y avait en effet de nombreux catéchumènes, non seulement à Vai-niau, mais aussi à Sam-rong, près de la forêt que défrichent les planteurs de tabac, et à Nong-bua, au pied des montagnes qui séparent le royaume de Siam de la Birmanie. En quelques années, le Père obtint plusieurs centaines de baptêmes d’adultes. Il comptait sur des succès plus grands encore, quand, soudain, arriva l’épreuve.
« Les chefs des « Ang-ji » (francs-maçons chinois), qui s’étaient abs¬tenus de toute propagande depuis de longues années, se mirent de nouveau à recruter des adeptes. L’enrôlement ne coûtait que quatre « ticaux » : à ce prix, chacun avait droit à l’inscription sur le grand registre de la franc-maçonnerie et au brevet d’admission dans la secte ; de plus, on lui promettait aide et protection en cas de besoin. L’entraînement fut général parmi les Chinois : tous, à l’exception des chrétiens, se firent « Ang-ji ». Or les « Ang-ji » se crurent bientôt tout permis et commirent beaucoup d’injustices. Le P. Grand lui-même faillit devenir leur victime : voici à quelle occasion.
« Un Chinois de Nong-bua, chrétien depuis peu et père de famille, réclama à un païen des plus influents du village son petit garçon qu’il lui avait donné en qualité de fils adoptif, avant sa conversion ; il ne voulait pas le laisser entre les mains du païen. Ce dernier ne fit d’abord aucune objection et rendit l’enfant à son père. Une demi-heure après, on entend de grands cris dans le village ; le P. Grand n’y attache aucune importance et s’imagine qu’il ne s’agit que d’une que¬relle entre païens. Le tumulte avait cessé depuis quelques minutes, quand un individu se présente devant le Père et l’invite à sortir de sa chambre pour traiter une affaire. Le missionnaire, sans défiance aucune, se lève et suit l’homme qui le demande. Arrivé à la porte de sa chambre, il aperçoit une bande de Chinois, armés de sabres et de fusils. Plus de doute possible : on vient l’attaquer et on en veut à sa vie. Les bandits se jettent sur lui, le saisissent par la barbe, le pous¬sent dehors à coups de pieds et à coups de poings et lui font deux larges blessures avec leurs sabres. Ils le traînent ensuite jusque dans la cour du notable païen. Là, on l’assied par terre contre un tronc d’arbre et deux jeunes gens brandissent des haches comme pour lui trancher la tête. La maîtresse de la maison s’interpose et lui sauve la vie ; bien plus, elle lui applique des remèdes pour arrêter le sang qui coule à flots. Que Dieu la récompense de cette bonne action ! Les meurtriers décontenancés tiennent conseil pour savoir ce qu’ils feront du Père ; après une longue dispute, ils décident qu’il faut le conduire à Kanburi, chef-lieu de la province.
Cependant le missionnaire n’était préoccupé que d’une seule chose : il craignait que ses chrétiens, mis au courant de ce qui s’était passé, ne prissent les armes pour le venger, malgré leur petit nombre. Ils eussent été infailliblement massacrés jusqu’au dernier. Il leur fit dire par un jeune homme, qui se trouvait là fortuitement, de s’abs¬tenir de toute intervention. Les chrétiens obéirent en pleurant. Le P. Grand fut donc conduit au tribunal du gouverneur de Kanburi, qui le mit en liberté et punit sévèrement les auteurs de l’attentat.
« Dès qu’il fut suffisamment rétabli, le missionnaire retourna à Vai-niau. La chrétienté compte actuellement 800 âmes, avec une église, un catéchuménat et deux écoles, et c’est le P. Grand qui a tout installé. Cependant la guérison de notre confrère n’avait pas été com-plète ; il éprouvait souvent des douleurs au côté droit et aux reins ; l’appétit diminuait sensiblement et les insomnies se multipliaient. Pendant quatre ans, le P. Grand lutta généreusement contre ce ma¬laise continuel qu’il ressentait. En 1888, il fit un voyage à Hong-¬kong. Là, un accès de sciatique se déclara d’une manière tout à fait soudaine ; il ne dura guère et le Père revint à Siam, où il continua à travailler avec son entrain habituel. Malheureusement un nouvel accès de sciatique le força à s’aliter de nouveau. Un séjour au pays natal pouvait seul le guérir. Toutefois, il ne voulut quitter la mission que par obéissance, au mois d’août 1891, en compagnie du P. Perbet.
« Le bon air des montagnes du Velay lui fut très salutaire et il se disposait à revenir au milieu de nous, quand une mort imprévue l’en¬leva subitement, le 20 juillet 1893. Ce jour-là, il avait assisté à la dis¬tribution des prix du petit séminaire de la Chartreuse et avait paru très gai. Le soir, à 6 heures ½ , la voiture qui l’avait amené avec le vicaire de sa paroisse et plusieurs de ses parents repartait pour Saint-¬Julien. Un quart d’heure après, le P. Grand, sans faire aucun signe, sans pousser un soupir ni un cri, s’affaissa et tomba de son siège sur la route. Le vicaire eut à peine le temps de lui donner une dernière absolution : notre confrère était mort : Requiem œternam dona ei, Domine. »
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Références
[1283] GRAND Pierre (1852-1893)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1884, p. 10 ; 1895, p. 242. - Sem. rel. Le Puy, 1892-93, p. 681. - Sem. rel. Paris, 1881, p. 542.
Le culte de N.-D. de Lourd., p. 221.
Notice nécrologique. - C.-R., 1893, p. 353.