Achille DUHAND1850 - 1908
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1237
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Birmanie
- Région missionnaire :
- 1875 - 1908 (Mandalay)
Biographie
"[1237]. DUHAND, Achille-Pierre, né à Deneuvre (Meurthe-et-Moselle) le 12 décembre 1850, élève du petit séminaire de Pont-à-Mousson et du grand séminaire de Nancy, entra minoré au Séminaire des M.-E. le 10 janvier 1873, reçut la prêtrise le 19 septembre 1874, et partit le 16 décembre suivant pour la Birmanie septentrionale. Il débuta à Chaung-u, développa ce poste, et en reconstruisit l'église qu'il décora lui-même. En 1884, il organisa la résistance des habitants contre les attaques des Dacoïts, qui furent obligés de reculer ; le gouvernement anglais reconnut ses services en lui donnant un fusil d'honneur.
En 1888, il fut nommé provicaire, et chargé de la paroisse de la cathédrale à Mandalay ; il reconstruisit l'église. En 1892, on lui confia le poste de Bhamo et l'évangélisation des Shans et des Katchins ; mais la mort de Mgr Simon l'obligea, l'année suivante, de revenir à Mandalay pour y exercer par intérim la charge de supérieur.
En 1894, il donna sa démission de provicaire, et en 1895, il obtint d'être agrégé au vicariat de la Birmanie méridionale. Placé à Rangoon, il y éleva l'évêché (Evêché, grav., M. C., xlii, 1910, p. 589), et commença les fondations de la cathédrale. Il fut aussi, dans cette ville, aumônier des Frères, de la maison du Bon-Pasteur, et à dater de 1899, chapelain militaire. Malade, il fut en 1908 chargé d'une paroisse moins fatigante, celle de Saint-Jean-Baptiste. Cette même année, il fit, mais sans grand succès, un court séjour aux îles Andamans. Il mourut à Rangoon le 6 septembre 1908, et fut enterré au cimetière de Puzundaung, dans la chapelle des missionnaires."
Nécrologie
M. DUHAND
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA BIRMANIE SEPTENTRIONALE
Né le 12 décembre 1850
Parti le 16 décembre 1874
Mort le 26 septembre 1908
Achille-Pierre Duhand naquit à Deneuvre (Meurthe-et-Moselle) le 12 décembre 1850. C’est entouré de soins affectueux et dans une atmosphère de piété chrétienne, que l’enfant grandit, montrant de bonne heure un attrait marqué pour le sanctuaire. Aussi ses heureuses qualités, une intelligence vive servie par une mémoire peu commune, firent de lui, dès l’école primaire, un élève modèle. Son père, graveur à la cristallerie de Baccarat, petite ville industrielle voisine de Deneuvre, put se flatter un moment de voir son fils l’accompagner à la verrerie, tant le jeune Achille avait de disposition et de goût pour le dessin.
L’amour de Dieu, le désir de le faire connaître et aimer eurent vite fait naître dans l’âme de l’enfant la vocation sacerdotale et apos¬tolique. Il entra donc au petit séminaire diocésain de Pont-à-Mousson où il fit de sérieuses études secondaires et où il eut quelque temps comme professeur un futur prince de l’Église, le cardinal Mathieu. Élève studieux et intelligent, il fut aussi bon camarade et, ses huma¬nités achevées, nul ne se montra surpris de le voir entrer au grand séminaire de Nancy. Il n’y passa que le temps nécessaire pour recevoir les ordres mineurs : puis sollicita et obtint son admission au Séminaire des Missions-Étrangères où il arriva le 29 juin 1872. Là, comme à Pont-à-Mousson et à Nancy, le jeune aspirant missionnaire sut se faire estimer de ses maîtres et de ses confrères. Ordonné prêtre le 19 septembre 1874, M. Duhaud reçut sa destination pour le vicariat de Birmanie septentrionale, en même temps que le regretté M. Cadoux.
Partis ensemble de Paris le 16 décembre de la même année, ils devaient combler les vides faits par la mort dans la mission naissante de Mandalay. Depuis le commencement de 1872, Mgr Bourdon avait perdu plusieurs de ses missionnaires. Les deux nouveaux venus allaient enfin consoler le cœur si paternel de l’évêque de Dardanie, en fournissant une longue et utile carrière.
Peu après son arrivée en mission, M. Duhand fut placé à Chaung-u, vieille chrétienté composée de descendants de métis portugais et birmans. Pour le jeune titulaire, l’étude de la langue fut un jeu. Sous sa direction ce poste se développa rapidement. L’église trop étroite menaçait ruine. Il la remplaça par une élégante construction en bois de teck. Les ornements de sculpture et de ciselure qu’il y a prodigués font encore l’étonnement des connaisseurs. Bon pasteur dans toute la force du terme, il était prêt à donner sa vie pour son troupeau.
Nous sommes en 1884. Les Anglais réussissent à s’annexer sans coup férir, par une simple marche militaire sur Mandalay, tout le reste de l’ancien empire birman. Le roi Thiban est emmené captif, pendant que son palais devient le centre du nouveau gouvernement qui s’y installe au nom du vice-roi des Indes, représentant de Sa Ma¬jesté britannique.
Cependant tout le pays, la Haute-Birmanie surtout, est le théâtre de brigandages d’autant plus horribles, qu’ils paraissent inexplicables. Les dacoits (voleurs armés) se montrent plus acharnés contre leurs compatriotes que contre l’étranger envahisseur. Il leur faut du butin à tout prix, et ils s’attaquent aux plus paisibles villages.
Le bourg important de Chaung-u, qui compte plus de païens que de chrétiens, n’est pas plus épargné que les autres. Mais là les pillards eurent à compter avec une résistance opiniâtre, habilement organisée par le missionnaire. Grâce à lui la place tient bon, repousse avec succès les attaques de jour et de nuit, empêche les dacoits de forcer les barricades improvisées. En vain le fameux chef de brigands Illa-U se met à la tête des confédérés pour tenter un dernier assaut. Il est tenu en échec et obligé de reculer devant les forces admirablement disciplinées des villageois de Chaung-u. Pour ses hauts faits, M. Duhand reçut du gouvernement anglais un fusil d’honneur.
A l’époque de l’élection de Mgr Simon en 1887, le héros de Chaung-u fut appelé à Mandalay comme provicaire et chargé de la paroisse de la cathédrale. L’église était une vieille construction en bois. Grâce à la générosité d’un riche Birman chrétien, qui s’offrit à payer tous les frais, elle fut remplacée par un bel édifice en briques surmonté d’une flèche hardie qui permet au signe de la rédemption de dominer toute la capitale. C’est sous l’habile direction de notre confrère que cette œuvre remarquable put être achevée en quelques années. Il mit à ce travail tout son talent et tout son cœur. Le nouveau monument était livré au culte le 8 décembre 1890.
Le missionnaire ne jouit pas longtemps du fruit de ses travaux. Deux ans plus tard il partait pour Bhamo, avec mission d’établir, sur une base solide et durable, l’évangélisation des tribus sauvages Chans et Katchins, qui peuplent le nord de la Birmanie. Il avait à peine débuté dans la préparation de ces plans d’un nouveau genre, quand la mort de Mgr Simon, survenue en juillet 1893, l’obligea à revenir à Mandalay prendre la charge de supérieur intérimaire de la mission. Deux ans après, il demandait et obtenait d’être agrégé au vicariat de la Birmanie septentrionale.
Comme il avait bâti à Mandalay, il bâtit à Rangoon. Lorsqu’il y arriva, on avait besoin d’un évêché et d’une cathédrale. Il acheva en quelques années la construction de l’évêché et jeta les fondations de la cathédrale, puis il céda la direction des travaux à M. Janzen que la Providence nous envoyait. Il était, en même temps, aumônier des Frères. Il quitta bientôt cet emploi pour prendre en main la charge de l’aumônerie militaire et celle du couvent du Bon-Pasteur. Toujours zélé pour la maison de Dieu, il dota l’église militaire d’un chemin de croix artistique et remit à neuf la chapelle des Sœurs .
De santé très ordinaire, notre confrère trouvait dans une grande énergie morale les forces qui lui permettaient de satisfaire à ses nombreuses occupations, mais enfin il dut s’avouer vaincu. La vue devint si faible, qu’on appréhendait une cécité complète. Six mois de séjour en France améliorèrent sa vue, mais ne purent réparer sa constitution épuisée. Depuis lors il ne fit que décliner. Une diarrhée rebelle à tous les remèdes se déclara. Devenue chronique, elle devait l’emporter en peu de temps. En vain essaya-t-il d’une vie plus tran¬quille à la paroisse Saint-Jean, au lieu et place de son ami de cœur, M. Perret ; rien ne put arrêter le progrès du mal.
Au commencement d’août 1908, il songea à revenir en France. Il se contenta d’un voyage aux îles Andaman. L’air de la mer sembla le remettre un moment sur pied. Il revint apparemment mieux ; mais, en réalité, il était aussi souffrant que jamais. Il dut s’aliter.
Il vit venir la mort avec résignation et même avec joie. Elle était plus proche que nous ne le pensions. Le vendredi 25 septembre, au soir, alors que nous finissions notre dîner, un mot de M. Saint-¬Guily nous avertit que le cher malade était à l’extrémité, et qu’il demandait les derniers sacrements. Tous nous nous rendîmes en hâte auprès de notre confrère mourant. Il nous reconnut et récita avec nous les prières. La nuit ne fut pas mauvaise, mais l’agonie commença dès le lendemain. Cette agonie fut douce et de courte durée.
Le corps, revêtu des ornements sacerdotaux, resta exposé dans la résidence de l’aumônier militaire jusqu’au lendemain dimanche. A l’issue de la messe réglementaire pour les soldats catholiques de la garnison, M. le provicaire fit la levée du corps, chanta la messe solennelle des morts et, suivi d’un grand concours de fidèles de toutes les paroisses de la capitale, le conduisit à sa dernière demeure. C’est dans le cimetière de la ville, et dans la chapelle qui est comme le caveau de famille des missionnaires, non loin de son vieil ami et compatriote M. Fercot, que le vénéré M. Duhand dort son dernier sommeil en attendant le jour de la bienheureuse résurrection.
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Références
[1237] DUHAND Achille (1850-1908)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1886, p. 120 ; 1887, p. 168 ; 1888, pp. 163, 169 ; 1890, p. 165 ; 1892, p. 350 ; 1893, pp. 228, 346 ; 1894, p. 261. - A. M.-E., 1912, p. 146.
Notice nécrologique. - C.-R., 1909, p. 318.