Pierre MICHEL1849 - 1914
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1135
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1872 - 1914
Biographie
Pierre-Paul MICHEL naquit le 16 janvier 1849, à Châteauroux-les-Alpes, diocèse de Gap, département des Hautes-Alpes. Fils cadet d'une modeste famille de cultivateurs chrétiens, deux de ses soeurs devinrent religieuses. Il commença ses études primaires dans son village natal, puis vers l'âge de neuf ans, un de ses oncles, pharmacien à Marseille l'amena avec lui et le fit entrer en huitième, dans l'un des meilleurs collèges de cette ville. Pierre y passa deux ans et eût pour camarades Léo Taxil et Gambetta. Son oncle s'étant installé à Paris, il revint alors dans son diocèse où il continua et termina ses études secondaires au petit séminaire d'Embrun.
Il se dirigea vers le grand séminaire de Gap. Il était minoré lorsque éclata la guerre de 1870; en raison des circonstances, et pour leur éviter l'enrôlement dans l'armée, l'évêque du diocèse jugea bon d'ordonner sous-diacres, vers la fin de 1870, les séminarites minorés. M.Pierre Michel fut du nombre. Il reçut le diaconat le 2 juillet 1871.
Le 1 septembre 1871, il rentra au séminaire des Missions Etrangères. Prêtre le 25 mai 1872, il reçut sa destination pour le vicariat apostolique du Kouy-Tcheou (Kweiyang) qu'il partit rejoindre le 17 juillet 1872
Arrivé dans sa mission, dans le courant du mois de décembre 1872, et après un séjour d'environ une année à Kweiyang pour une première étude de la langue chinoise, Mgr. Lions l'envoya, en 1873, dans le district de Mou-yeou-se pour perfectionner son chinois, tout en étant vicaire. Là, il trouva des communautés chrétiennes fort éprouvées par la persécution quelques années auparavant; administrées par un prêtre chinois très zélé et maitre en catéchèse, le P. Ouang, elles restaient fortement attachées à la foi de leur baptême. M. Pierre Michel grâce à son travail sérieux et à ses dons divers progressa rapidement en langue chinoise, et arriva à la parler avec une justesse et une clarté parfaites. Devenu chef de ce vaste district, pendant 18 ans, il en visita les nombreuses stations instruisant et préparant ses fidèles à la réception des sacrements. Il baptisa aussi un grand nombre de Hé-Miao", minorité ethnique appelée "Barbares Noirs" par les chinois.
En 1890, rappelé à la capitale par son évêque, M.Pierre Michel fut placé à la tête de la paroisse de la cathédrale St. Joseph du Pe-tang qui comptait 1.500 chrétiens environ, ainsi que de nombreuses écoles. Parlant parfaitement le chinois, riche d'une grande expérience, accordant beaucoup d' importance à la prédication et à l'enseignement du catéchisme, il y fut vite apprécié, grâce à son sourire et à son contact simple et facile. En 1890, il aida Mgr.Guichard pour terminer les procès canoniques, en vue de la béatification des Vénérables Martyrs du Kouy-Tcheou.
Les récoltes de 1893, 1894 et 1895 furent fort mauvaises; la famine s'installa surtout dans le nord de la mission. M.Pierre Michel constatait dans son compte-rendu de 1896 que "depuis bien des années, il n'y avait eu aussi grande mortalité parmi tous les fidèles de la capitale. A peu près tous ceux qui sont morts n'avaient point de maladie, ils avaient seulement trop souffert de la faim." Aussi son aide fut souvent sollicitée.
Lors du soulèvement "Boxers" de 1900, il vit plusieurs fois, son église envahie par une populace haineuse, insolente et menaçante. Et survint de nouveau la famine. Dans son compte-rendu de 1901, il écrivait : "Je me souviendrai longtemps de ces années 1900 et 1901. J'ai perdu mon compagnon, mon ami, mon soutien, le regretté M. Lucas. Mes paroissiens ont été décimés, et beaucoup de ceux qui sont partis étaient les meilleurs." Il donnait alors des secours à 12 veuves chargées d'enfants, soit environ une cinquantaine de bouches à nourrir, et avait pris en charge 7 ou 8 vieillards infirmes.
En 1902, nommé chef du district de Kiang-Long, de fondation récente, dans l'ouest de la mission, M. Pierre Michel y trouva de nombreux nouveaux chrétiens en majorité "autochtones" et pas le moins du monde antipathiques à l'européen; il sentit la nécessité d'avoir des catéchistes, et d'ouvrir des écoles..En 1905, ce district comptait 25 stations avec un total de 752 chrétiens.
En 1905, M. Pierre Michel fut chargé du district de Gan-chouen; il se fixa en cette ville et bâtit une coquette résidence dans cette station de création récente. Le 3 décembre 1907, il présenta à Mgr. Seguin en visite pastorale, "plus de 60 familles d'adorateurs et parmi eux beaucoup de lettrés".Outre l'administration des nombreux chrétiens, et la direction de deux grands orphelinats, travailleur acharné, il trouva assez de temps pour composer un traité complet de prédication.
En 1909, fut fondée à Kouy-Yang une école de catéchistes et d'instituteurs; dès son ouverture, en mars 1910, elle comptait 20 élèves originaires des diverses ethnies du Kouy-Tcheou et envoyés par les missionnaires. M.Pierre Michel fut choisi pour en assurer la direction. Il s'appliqua à donner à ses élèves une haute idée de leur fonction et de leur service, et il les voulut fort instruits. A cette charge, il ajouta aussi celle de prêcher des retraites aux séminaristes et aux prêtres chinois.
A la fin de 1913, sa santé déclinant, il dût quitter la direction de son école pour prendre un peu de repos à la campagne, espérant un mieux qui ne se produisit pas. Anémié, épuisé par une dysenterie chronique rebelle à tout traitement, il rentra à Kouy-Yang en février 1914. Vers la fin de mai 1914, il se rendit au grand séminaire, et c'est là qu'il s'endormit paisiblement dans le Seigneur le 4 juin 1914, à 23 h.45, assisté par Mgr. Seguin et plusieurs confrères.
Un service solennel fut célébré dans la chapelle du grand séminaire; sa dépouille mortelle fut ensuite transportée au Pe-tang; ses funérailles eurent lieu le 8 juin 1914. M.Pierre Michel repose, selon son désir, au pied de la montagne au sommet de laquelle se trouve la chapelle dédiée à St.Joseph, patron de la mission du Kouy-tcheou.
Nécrologie
M. MICHEL
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU KOUY-TOUÉOU
Né le 16 janvier 1849
Parti le 17 juillet 1872
Mort le 4 juin 1914
M. Pierre-Paul Michel naquit à Chateauroux-les-Alpes (Gap, Hautes-Alpes), le 16 janvier 1849. Il était fils de modestes cultivateurs. Dieu aima et bénit ces humbles chrétiens : très souvent les cloches de la paroisse carillonnèrent au baptême de leurs nouveaux-nés. Le père et la mère donnaient eux-mêmes l’exemple de toutes les vertus ; ils voulaient faire de leurs enfants de vrais chrétiens et ils réussirent au delà de leurs espérances. Paul, le cadet, devint prêtre, et fut choisi de Dieu « pour porter son nom devant les Gentils » pendant quarante-deux ans. Deux de ses sœurs se consacrèrent à Dieu, dans les austérités et les renoncements de la vie religieuse. Les pieux parents ne manquaient jamais, matin et soir, de s’agenouiller avec leurs enfants devant « le Père qui est aux Cieux ». Le chef de la famille veillait à ce que, même les plus jeunes, ne parlassent à Dieu qu’avec un très grand respect. Quand parfois l’un d’entre eux s’oubliait sur ce point, un formidable coup de chapeau de feutre rappelait aussitôt au délinquant, que, dans les manquements envers Dieu, les circonstances atténuantes n’étaient jamais admises : chacun devait se souvenir que le châtiment suivait toujours la faute de près.
De bonne heure, Dieu parla au cœur du futur missionnaire. L’enfant entendit l’appel divin, et tous les siens se dirent avec bonheur, que Paul serait un jour l’honneur de la famille. Vers l’âge de neuf ans, un de ses oncles lui proposa de l’emmener avec lui à Marseille, où il était pharmacien. L’intelligence et les qualités de l’enfant l’avaient frappé, et il désirait qu’il commençât au plus tôt ses études. Pour que la famille ne fît pas d’opposition à ce projet, il offrit généreusement de payer tous les frais d’éducation de son neveu. Le jeune Michel accepta avec enthousiasme l’offre de son insigne bienfaiteur.
Il entra comme élève de huitième, dans le collège le plus en renom de Marseille, à cette époque lointaine. Un grand nombre de jeunes gens, qui faisaient leurs études dans cette maison, étaient loin de se destiner à l’état ecclésiastique : M. Michel se souvenait d’avoir eu pour camarades Léo Taxil et Gambetta !
Les tout jeunes élèves n’avaient presque pas de relations avec leurs aînés. Ils prenaient leurs repas, sous la surveillance d’une religieuse, qui n’avait de maternel que le cœur ; l’allure, la voix et le geste surtout lui donnaient, un air tout à fait autoritaire et résolu. Les plus lutins savaient, par expérience, ce qu’il en coûtait d’enfreindre la discipline sous ses yeux. Paul ne resta que deux ans à Marseille : son oncle étant allé résider à Paris, l’enfant dut rentrer aussitôt dans son diocèse. Il continus et termina avec succès ses éludes au petit séminaire d’Embrun.
Depuis sa plus tendre enfance, toutes les aspirations de son cœur tendaient vers le sacerdoce ; ce fut donc avec bonheur qu’il entra au grand séminaire. Il eut pour professeur, tant au petit qu’au grand séminaire, l’évêque actuel de Gap. Mgr Berthet. Le professeur n’oublia pas son ancien élève. Il lui écrivit souvent, et les lettres du vénérable prélat excitèrent toujours, dans le cœur du missionnaire, de vifs sentiments de reconnaissance et de filiale affection.
M. Michel était minoré, quand éclata la guerre entre la France et l’Allemagne. Le sort des séminaristes, qui n’étaient pas encore dans les ordres sacrés, préoccupait vivement l’évêque du diocèse. Ils pouvaient être enrôlés, d’un moment à l’autre, parmi les défenseurs de la patrie vaincue et humiliée. Pour parer à cette éventualité, l’évêque ordonna sous-diacres les séminaristes qui avaient déjà reçu les ordres mineurs, et dont la vocation paraissait suffisamment affermie. M. Michel fut du nombre de ces privilégiés. Ordonné diacre l’année suivante, il quitta ses parents et entra au Séminaire des Missions-Étrangères. Le 25 mai 1872, il était ordonné piètre et recevait sa destination pour le Kouy-tchéou. Parti de Paris le 17 juillet, il arriva dans sa mission au mois de décembre de la même année.
Le district de Mou-yeou-se qui, à celle époque, comprenait les deux districts actuels de Tchen-fong et de Houang-ko-chou, fut son premier champ d’apostolat. Les chrétiens de la station de Mou-yeou-se étaient fortement attachés à la foi de leur baptême. Quelques années auparavant, ils avaient passé par l’épreuve de la persécution sanglante. Le P. Yang, prêtre chinois qui les évangélisait, avait été mis à mort par les ennemis du nom chrétien. Quand M. Michel arriva à Mou-yeou-se, l’administration de ce district était faite par le P. Ouang. Prêtre très digne, le P. Ouang était grandement attaché à ses chrétiens, et il les instruisait avec un zèle remarquable. Le jeune missionnaire aurait voulu se livrer aussitôt, avec toute l’ardeur de son zèle apostolique, à la prédication de l’évangile, mais il lui manquait encore l’arme principale de combat : il ne possédait que très imparfaitement la langue chinoise.
Grâce à sa grande facilité et à un travail sérieux, M. Michel fut capable, au bout de quelques mois, de prêcher avec fruit la religion aux païens. Il arriva à parler la langue chinoise à la perfection. Son organe, d’une souplesse merveilleuse, rendait avec une justesse absolue les nuances si nombreuses du langage parlé. Il liait volontiers conversation avec le premier Chinois qu’il rencontrait. Il était aussi bien compris de ceux qui l’abordaient pour la première fois, que de ceux qui vivaient habituellement avec lui. Si, dans la suite, son ministère fuit si fructueux, il le dut, en grande partie, à la facilité et à la clarté avec lesquelles il s’exprimait sur n’importe quel sujet.
Il avait remarqué avec quel soin le P. Ouang instruisait les chrétiens et les préparait à la réception des sacrements. Il se proposa de l’imiter sur ce point si important. Bien qu’il fût encore jeune missionnaire, il se rendait très bien compte, que les meilleurs chrétiens sont habituellement ceux qui possèdent la plus grande connaissance des vérités de la religion Aussi, quand il visitait les nombreuses stations de son vaste district, il ne perdait pas une minute. Du matin au soir et bien avant dans la nuit, les catéchismes succédaient aux catéchismes. Il y en avait pour toutes les catégories de personnes qui composaient son troupeau. Il s’attachait pourtant, de préférence, à instruire les enfants et les grandes personnes qui n’avaient pas encore fait leur première communion. Le soin des chrétiens ne lui faisait pas oublier la conversion des infidèles. Il eut la joie de baptiser un grand nombre de « barbares noirs », dans le pays de Tchen-fong. Ces braves gens lui donnèrent de grandes consolations. Il vécut, en les écoutant prier, des moments délicieux.
M. Miche] était à Mou-yeou-se depuis dix-huit ans, Il était le meilleur des pères pour ses chrétiens, qui éprouvaient pour lui un très grand respect et une vive affection. Il espérait passer encore de longues années au milieu de ses enfants de prédilection, mais son évêque, qui connaissait la valeur du missionnaire de Mou-yeou-se, l’appela à la capitale, pour le placer à la tête de la paroisse Saint-Joseph du Pe-tang. On ne sut jamais ce qu’il lui en avait coûté de quitter son premier district. Si on le lui demandait, il détournait aussitôt cette douloureuse question.
Au moment où M. Michel arriva au Pe-tang, la paroisse se composait de 1.500 chrétiens, qui passaient, peut-être avec raison, pour les meilleurs de la mission. Les écoles étaient nombreuses et bien fréquentées. Le nouveau curé de la cathédrale était donc sûr de ne pas manquer de travail. C’était tout ce que désirait cet homme de Dieu. Travailler pour son Maître en sauvant des âmes, telle était la grande passion de son cœur d’apôtre. Les chrétiens du Pe-tang apprécièrent grandement leur nouveau pasteur : il ne pouvait pas en être autrement. Il parlait le chinois à la perfection, il avait du zèle, de l’expérience et beaucoup de tact ; il accueillait tous les chrétiens avec bonté. Très simple, mais toujours très digne, il avait pour tous un bon sourire et un mot aimable. Quand la nécessité l’obligeait à réprimander quelqu’un, il le faisait avec fermeté, en évitant l’éclat, il faisait sentir au coupable qu’il voulait son amendement, et il ne lui disait jamais un mot capable de l’aigrir et de l’indisposer.
Nos chrétiens chinois sont fort portés à user et même à abuser de la bonté de leur curé ; ils ne s’en privèrent pas avec M. Michel. Il ne parut jamais importuné de leurs assiduités, et ce ne fut pas là son moindre mérite. Au Pe-tang, il était pris toute la journée par les devoirs d’un ministère laborieux. Il prêchait, certes, avec éloquence et grand profit pour ses auditeurs, mais il ne montait en chaire qu’après une longue et minutieuse préparation. Il écrivait tous ses sermons jusqu’à la dernière ligne. Il ne remettait peut-être pas vingt fois son travail sur le métier, mais il le polissait et le repolissait avec beaucoup de soin. Il apprenait ensuite son sermon par cœur, et s’efforçait de le prêcher tel qu’il l’avait écrit.
Le ministère qu’il affectionnait le plus et dans lequel il excellait, c’était l’enseignement du catéchisme. Une longue pratique de ce ministère, si humble mais si utile aux âmes, avait fait de M. Michel un catéchiste incomparable. Il interrogeait tout le monde avec soin, il évitait d’humilier les moins bien doués, il encourageait leur bonne volonté, et, dès qu’il remarquait un commencement de progrès, il ne le laissait pas sans récompense.
Il sortait du catéchisme pour aller s’asseoir au confessionnal ou pour courir au chevet des malades. Il disait souvent que les plus grandes consolations de sa vie de missionnaire, il les avaient éprouvées au lit de mort de ses chrétiens. Il employait un bon nombre de baptiseurs et baptiseuses zélés, qui, tous les ans, peuplaient le ciel de plusieurs centaines de petits Chinois.
L’année 1900 fut pleine de cuisants soucis pour M. Michel. Tous les Boxeurs n’étaient pas à Pékins ; il y en avait aussi au Kouy-tchéou. Plus d’une fois, ils annoncèrent bien haut qu’ils allaient massacrer les étrangers et tous leurs chrétiens. M. Michel vit à plusieurs reprises son église envahie par une populace haineuse et insolente. Pour comble d’infortune, la famine se fit vivement sentir au Kouy-tchéou, cette année-là. Un grand nombre de chrétiens du Pe-tang sont des gens de très petite condition. Ils savaient que le missionnaire ne refusait jamais l’aumône à ceux qui étaient dans le besoin. Tous les jours, le pauvre curé se vit assailli par une foule de malheureux qui lui tendaient la main pour ne pas mourir de faim : il leur fit d’abondantes aumônes. Touchés par son exemple, les chrétiens un peu fortunés firent part de leurs biens à leurs frères qui étaient dans le besoin.
Pendant les dix années que M. Michel passa au Pe-tang, ses confrères eurent plus d’une fois l’occasion de recourir à ses bons offices : ils ne pouvaient pas lui faire un plus grand plaisir. C’était pour lui un bonheur incomparable de leur rendre service. Pour les confrères malades il était d’un dévouement infatigable : il allait les voir souvent, les encourageait et, comme il ne manquait pas d’esprit, ses visites paraissaient toujours trop courtes. Plusieurs furent assistés par lui à leurs derniers moments.
En 1902, M. Michel, sur ses instances réitérées, obtint de retourner à la campagne, et son évêque le nomma à Kiang-long. C’était un district de fondation récente. Les chrétiens étaient disséminés dans un grand nombre de stations. M. Michel remonta à cheval et commença à parcourir son nouveau district, avec l’entrain et l’enthousiasme d’un jeune missionnaire. Comme il fut heureux à Kiang-long ! Hélas ! personne en ce monde ne peut se promettre un lendemain de bonheur. Trois ans après, il était nommé à Gan-chouen. Il obéit, mais en se disant que les beaux jours étaient finis pour lui. Les chrétiens de cette station étaient nombreux, et, en plus de l’administration des chrétiens, le missionnaire était chargé de la surveillance et de la direction de deux grands orphelinats. Malgré de multiples occupations, M. Michel sut trouver assez de temps pour composer un traité complet de prédication. Il travailla bien souvent jusqu’à 11 heures du soir, ce qui ne l’empêcha jamais de se lever de très bonne heure le lendemain.
En 1909, le vicaire apostolique put enfin mettre à exécution un projet qu’il avait grandement à cœur : c’était la fondation d’une école de catéchistes et d’instituteurs qui pussent venir utilement en aide aux missionnaires et à leurs chrétiens. M. Michel était désigné d’avance par le suffrage de tous les missionnaires pour être placé à la tête de cette école, dont on attendait les meilleurs résultats. Notre confrère accepta de bon cœur ce poste de confiance et de dévouement. Il savait le bien immense que peuvent faire des maîtres d’école et des catéchistes bien formés et ayant conscience de leur devoir. Il s’attacha immédiatement à ses élèves, et il leur témoigna un dévouement et une sollicitude de tous les instants. En toute rencontre, il s’appliquait à leur faire concevoir une haute idée de leur fonction et de ce que l’Eglise attendait de leurs services. Il voulait qu’ils fussent bien instruits de leur religion pour pourvoir plus tard l’enseigner aux autres avec fruit. Quand ses premiers élèves, leurs études terminées, retournèrent dans leurs districts d’origine, les missionnaires apprécièrent beaucoup la bonne formation qu’ils avaient reçue.
M. Michel, qui n’avait jamais eu une très forte santé, s’était dépensé plus que de raison pour le bien de ses élèves. Dès qu’il s’agissait de travailler pour Dieu, cet homme ne calculait pas avec ses forces. Presque tous les ans, on lui demandait de prêcher les retraites aux séminaristes ou aux prêtres chinois. Malgré la fatigue que lui occasionnait ce surcroît de travail, il ne refusa jamais ce service. Pourtant, vers la fin de l’année dernière, il dut s’avouer vaincu et accepta d’aller se reposer chez un confrère à la campagne. Il lui en coûta de quitter son école et d’interrompre une œuvre à peine commencée. Le mieux qu’on avait espéré de ce changement, ne se produisit pas. M. Michel était complètement anémié, et une dysenterie chronique, rebelle à tous les traitements, lui enlevait progressivement le peu de forces qui lui restait. Aux premiers jours du mois de février, on crut que la fin était proche, et le malade reçut les derniers sacrements. Il se remit un peu néanmoins et quelques jours après, il put retourner à Kouy-yang, où il arriva sans accident. Il fut heureux de revoir son évêque et tous ses confrères, réunis à la capitale pour la retraite annuelle. Vers la fin de mai, il se rendit au grand séminaire, et c’est là, qu’il s’endormit paisiblement dans le Seigneur, le 4 juin, à 11 h. 45 du soir, assisté par Mgr Seguin et plusieurs confrères.
Après un service solennel, célébré dans la chapelle du grand séminaire, on transporta la dépouille mortelle de notre regretté confrère au Pe-tang. Ses anciens chrétiens et ses anciens élèves prièrent avec ferveur pour le repos de l’âme de celui qui les avait tant aimés. Les funérailles curent lieu le 8 juin. M. Michel repose maintenant, selon soit désir, au pied de la montagne, au sommet de laquelle se trouve la chapelle dédiée à saint Joseph, patron de la mission du Kouy-tchéou.
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Références
[1135] MICHEL Pierre (1849-1914)
Bibliographie
Traité complet de prédication composé à Gan-chouen
Note Bio-bibliographique
P. Piolet "Les Missions Catholiques Françaises au XIXème siècle" p.324
Références biographiques
AME 1901 p. 310. 1930 p. 60. CR 1872 p. 53. 1882 p. 122. 123. 1889 p. 105. 1890 p. 91. 1892 p. 133. 135. 1896 p. 135. 1898 p. 122. 1900 p. 119. 427. 1901 p. 115. 116. 1903 p. 114. 115. 1904 p. 129. 1905 p. 102. 1908 p. 106. 1910 p. 122. 1911 p. 104. 1913 p. 153. 1914 p. 61. 189. 1947 p. 138. 140. BME 1929 p. 365. 1931 p. 121. "Les Missions Cath. Françaises au XIXème siècle", P. Piolet, p.324.