Julien DUNAND1841 - 1915
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 1024
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Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1870 - 1915 (Chengdu)
Biographie
[1024] Marie Julien DUNAND naît le 23 janvier 1841 à Saint Jean-de-Belleville, dans le diocèse de Moutiers (Savoie). Il fait ses études au petit et au grand Séminaires diocèsains. Il est ordonné prêtre le 19 septembre 1863. Il est ensuite professeur pendant près de cinq ans et vicaire d'Albertville. Il entre aux MEP le 18 juin 1868. Destiné au Setchoan occidental, il quitte Paris le 3 août 1869 et arrive dans sa mission en 1870.
Chine (1870-1915)
Il fait ses débuts missionnaires à Gan-io, mais il est rapidement nommé à la direction du séminaire situé alors à Mou-pin. En 1875, le séminaire est tranféré dans de nouveaux bâtiments à Ho-pa-tchang.
En 1886, Mgr. Pinchon le prend comme provicaire (vicaire général) en le chargeant du secteur de Tsong-king-tcheou au sud de Chengtu. À la mort de l'évêque, le P. Dunand dirige la mission pendant deux ans.
Il est nommé évêque de Caloë et vicaire apostolique le 21 août 1893. Il est sacré à Suifu le 26 novembre par Mgr. Chatagnon, vicaire apostolique du Setchoan méridional.
Son épiscopat est marqué par de continuelles souffrances : appréhensions, fatigues des voyages, soucis du ministère pastoral, insuccès dans les démarches auprès des autorités. Tout cela est son lot.
C'est aussi l'époque des concessions territoriales avec les révoltes et la xénophobie qui en résultent; parfois cela va jusqu'aux persécutions avec massacres et incendies des chapelles et résidences.
Par trois fois, Mgr. Dunand ne doit son salut qu'à la fuite.
En 1897, éclate la persécution de In-man-tse (In le Barbare) : plusieurs stations sont saccagées. De même, le soulèvement des Boxers, en 1900, a une répercussion au Setchoan qui se traduit par des pillages et des massacres ; celui de 1902 également et Mgr. Dunand doit demander l'aide d'une canonnière française.
En septembre 1911 a lieu la révolution chinoise avec les exactions qu'elle entraîne : plusieurs chrétientés sont détruites. Et pourtant, la paix revenue, de nombreuses stations sont fondées.
Mgr. Dunand entreprend des oeuvres nouvelles pour l'éducation de la jeunesse et le soulagement des malades : orphelinat, hôpital catholique, hospice pour les pauvres sont dirigés par les Soeurs Franciscaines Missionnaires de Marie. Une école de garçons est confiée aux Frères maristes.
Il est fait chevalier de la Légion d'Honneur.
Mgr. Dunand a encore de nombreux projets quand, le 4 août 1915, il est subitement rappelé à Dieu. Le 12 août, un service solennel est célébré à la cathédrale. Les consuls de France et d'Angleterre, les représentants des autorités chinoises civiles et militaires y assistent.
Mgr. Dunand repose au cimetière de Mo-pan-chan..
Nécrologie
N É C R O L O G E
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Mgr DUNAND
VICAIRE APOSTOLIQUE DU SU-TCHUEN OCCIDENTAL
Né le 23 janvier 1841
Parti le 3 août 1869
Mort le 4 août 1915
Marie-Julien Dunand naquit le 23 janvier 1841 à Saint-Jean de Bel¬leville (Moutiers, Savoie), dans une famille profondément chrétienne, qui devait donner un évêque et plusieurs prêtres à la sainte Eglise.
Doué d’un tempérament robuste, Marie-Julien semblait avoir em¬prunté aux montagnes de la Savoie cette nature forte et vigoureuse dont il fit preuve toute sa vie. Dieu l’avait formé pour résister au choc de terribles persécutions, pour diriger la mission du Su-Tchuen occi-dental au milieu de difficultés incessantes pendant vingt-cinq ans, et pour la doter d’œuvres nouvelles, en rapport avec l’évolution intellec¬tuelle et sociale du peuple chinois.
Après de sérieuses études au petit et au grand séminaire, l’abbé Dunand fut ordonné prêtre le 19 septembre 1863. Il passa ensuite près de cinq ans dans son diocèse comme professeur et comme vicaire d’Al¬bertville. Désireux de se consacrer à l’apostolat, il demanda son admis-sion au Séminaire des Missions-Etrangères, où il entra le 18 juin 1868. Destiné au Su-Tchuen occidental, il quitta Paris le 3 août 1869 et arriva dans sa mission en 1870.
Il fit ses débuts de missionnaire à Gan-io, où il ne demeura pas long¬temps, car Mgr Pinchon ayant remarqué ses belles qualités, lui confia la direction du séminaire qui se trouvait alors à Mou-pin, petite chrétienté située au milieu des hautes montagnes, loin des grands centres païens. Le lieu était bien choisi et les élèves y vivaient à l’abri de la persécu-tion dans le calme de la solitude ; mais les temps étant devenus meil¬leurs pour les chrétiens, Mgr Pinchon se décida à construire un nou¬veau séminaire à proximité de Tchentou, sa résidence, dans la vallée de Ho-pa-tchang. C’est en 1875 que M. Dunand se transporta avec ses élèves à Ho-pa-tchang et occupa le nouvel établissement, dont il acheva l’ins¬tallation et l’aména-gement.
M. Dunand possédait les vertus et la science nécessaires à un supé¬rieur de séminaire. Il maniait fort bien la langue latine ; sa parole était claire, nette et pressante. Il répétait souvent à ses élèves : « Soyez obéissants, appliquez-vous au travail. Dépouillez-vous de votre nature « apa¬thique et orgueilleuse. Voyez plutôt comment vit un Chinois ; sa vie se passe trop « souvent entre une tasse de thé et une pipe de tabac ; vie inutile, s’il en fut. Vous, vous devez « travailler et mener une vie régu¬lière. Vous serez plus tard ce que vous êtes au séminaire. Si « vous êtes fervents pendant votre séjour ici, vous le resterez jusqu’à la mort ; si vous êtes « négligents pendant votre jeunesse, vous aurez beau faire plus tard, vous n’arriverez jamais à « vous corriger de vos défauts et vous éviterez difficilement les chutes lamentables. »
Dans la direction des élèves, le supérieur savait être ferme sans dureté, patient sans transiger avec la règle. Il était sévère envers les hypocrites, mais se montrait plein de bonté pour encourager les faibles. Il aimait la jeunesse et avait grandement à cœur la formation du clergé indigène. Nous l’avons vu enseigner la théologie jusqu’à sa mort et pré¬parer lui-même, chaque année, les ordinands à la réception des saints osdres. C’est à lui que nous devons cette belle phalange de prêtres indi¬gènes, qui sont pour nous de si précieux auxiliaires.
Vers 1886, l’âge et les infirmités ayant obligé M. Rimet à résigner ses fonctions de provicaire, Mgr Pinchon nomma M. Dunand provicaire de la mission et le chargea du district de Tsong-kin-tcheou, chrétienté ancienne et florissante, où le Bienheureux Dufresse avait tenu le synode du Su-Tchuen en 1803.
Mgr Pinchon lui-même étant mort, le provicaire dirigea la mission, comme supérieur intérimaire, pendant deux ans, au bout desquels il fut nommé par le Saint-Siège vicaire apostolique avec le titre d’évêque de Caloë. On était en 1893.
Un des premiers actes du nouvel évêque fut de se rendre compte par lui-même des besoins de sa mission. Ce que les vicaires apostoliques, ses prédécesseurs, n’avaient pu faire, il résolut de l’entreprendre, et on le vit visiter régulièrement tous les postes de son immense vicariat, sans reculer devant aucune fatigue.
Il s’occupait lui-même de tous les détails de l’administration, et répondait à toutes les lettres qui lui étaient adressées. Ses réponses, écrites en un style clair et concis, traçaient la ligne de conduite à suivre et ne laissaient personne dans l’embarras.
L’évêque puisait sa force dans une union continuelle avec Dieu ; rien ne le détournait de ses exercices spirituels. Sévère à lui-même, mortifié dans le vêtement et la nourriture, il était d’une régularité exemplaire qui ne se démentit jamais. Infatigable jusqu’à la mort, il géra les inté¬rêts spirituels et temporels de la mission sans consentir à partager le travail, quelque pénible qu’il fût, avec un ou plusieurs missionnaires.
Il s’efforça toute sa vie de susciter des vocations ecclésiastiques parmi les enfants d’anciens chrétiens. Il aimait les prêtres indigènes et veillait à maintenir chez eux la vigueur de la discipline. Pendant la retraite an¬nuelle, il leur communiquait le zèle ardent qui le dévorait et ne crai¬gnait pas de leur faire un reproche, quand ils le méritaient. A ceux qui alléguaient tel ou tel prétexte pour ne pas aller dans un poste incom¬mode où il voulait les envoyer, il disait : « Dans une armée en marche, les braves sont au front, les poltrons à « l’arrière, aux bagages. Si je vous envoie au feu, au péril, c’est un honneur que je vous fais. « Vous êtes les soldats du Christ ; marchez… » Quand il devait secouer la tor¬peur de quelques-uns, il leur disait : « Pour Dieu, travaillez toujours, travaillez jusqu’à la mort; « jusqu’à la mort inclusivement, vous entendez bien ? »
Au jour de sa consécration, dans un temps où tout paraissait rela¬tivement calme, Mgr Dunand avait pris pour devise de ses armoiries : In pace in idipsum. Il souhaitait la paix, et la Providence lui destinait un épiscopat très agité, qui devait s’écouler au milieu de persécutions continuelles. Dieu cependant exauça sa demande en lui accordant la paix de l’âme, la force de caractère qui rend l’homme tranquille au milieu des agitations du monde. Ni les appré-hensions, ni les fatigues des voyages, ni les soucis du ministère pastoral, ni les insuccès dans les dé¬marches auprès des autorités, ne purent ébranler un seul moment sa constance. Toujours nous l’avons vu sûr de lui-même, imperturbable et ne s’émotionnant de rien.
Dès l’époque où il dirigeait la mission comme provicaire, il avait formé le projet de construire, à Tchentou, une nouvelle résidence épis¬copale, plus vaste que l’ancienne et aménagée de façon à pouvoir hospi¬taliser tous les confrères pendant la retraite annuelle. Le projet fut mis à exécution, mais Lieou-pin-tchang, vice-roi de la province, en prit om¬brage, et la population elle-même ne tarda pas à manifester sa haine contre les missionnaires qui habitaient une si belle maison. En 1895, le cinquième jour de la cinquième lune, la foule se rua sur la résidence épiscopale et la détruisit de fond en comble. A la suite de cet attentat, tous les oratoires des environs de Tchentou furent pillés et brûlés. Dans cette circonstance si pénible, Mgr Dunand faillit perdre la vie, mais il réussit à gagner le mandarinat et échappa ainsi à la mort. Quand la nouvelle du désastre parvint à la Légation de Pékin, M. Gérard, ministre plénipotentiaire, adressa au gouvernement chinois une vigoureuse pro¬testation. En même temps, il désignait Mgr Dunand comme son délégué pour arranger l’affaire avec les autorités locales. L’évêque dressa une liste détaillée des dommages causés à la mission et fixa le chiffre de l’indemnité qu’il exigeait. Les mandarins faisant des difficultés pour reconnaître la note à payer, Mgr Dunand leva brusquement la séance et s’en retourna chez lui. Les autorités chinoises comprirent alors qu’elles n’avaient qu’à accepter les propositions de l’évêque ; le lendemain l’ac¬cord était signé et la mission pouvait relever ses ruines.
En 1897 éclata la persécution de Iu-man-tse (Iu le Barbare), qui mit la mission du Su-tchuen oriental à deux doigts de sa perte, et qui s’éten¬dit à quelques postes du Su-Tchuen occidental. Les stations de Gan-io, de Su-lin et de Chouen-kin furent pillées ou incendiées ; mais, grâce à la fermeté de Mgr Dunand et à la protection du ministre de France à Pékin, l’ordre fut rétabli et les dommages causés à la mission furent réparés.
C’est alors que l’évêque de Caloë, sur la proposition de M. Gérard, se vit nommé chevalier de la Légion d’honneur. Il méritait vraiment cette distinction, car il avait agi avec vigueur comme délégué du minis¬tre et avait réussi à sauvegarder le prestige de la France aux yeux du peuple chinois.
Le soulèvement des Boxeurs en 1900 eut aussi sa répercussion au Su¬-Tchuen. Des chrétiens furent pillés et massacrés. Le danger devenait de jour en jour plus menaçant. Mgr Dunand écrivit aux missionnaires en ces termes laconiques : « Chers confrères, nous avons « tout à craindre en ce moment ; que chacun se débrouille comme il pourra : c’est peut-être la « fin pour nous. Adieu et au revoir au ciel. » Mais Dieu veillait sur la mission ; l’ouragan passa sans causer beaucoup de dégâts.
Tout semblait redevenu tranquille, quand, au mois de juin 1902, on apprit coup sur coup que de nouveaux Boxeurs avaient massacré des néophytes à Gan-io, que les « Lanternes rouges » avaient entouré la chrétienté de Sou-kia-ouan au point du jour et égorgé hommes, femmes et enfants ; que les oratoires, les résidences et les maisons des chrétiens avaient été pillés et incendiés à Sin-tchang, Tchou-lin-tsin, Tong-tchoan, Iang-tao-ky, etc. Mgr Dunand mit encore une fois tout en œuvre pour sauver sa mission. A sa prière, le commandant Hourst se présenta avec des marins français dans une chaloupe à vapeur sous les murs de Tchentou et menaça de bombarder la ville s’il n’obtenait protection immédiate pour la mission catholique. Les autorités chinoises, réveillées de leur torpeur par cette intervention si inattendue, prirent des mesures pour disperser les rebelles. Le calme se rétablit peu à peu dans la province, et les chrétiens furent indemnisés de leurs pertes, grâce aux démarches que fit l’évêque en leur faveur auprès des mandarins.
Au mois de septembre 1911 eut lieu la Révolution chinoise. A Tchen¬tou, les meneurs soulevèrent la population, s’emparèrent du vice-roi et le mirent à mort dans son prétoire. Puis, on organisa le pillage de la ville. Ce fut une nuit de terreur. La soldatesque, mêlée à la populace, saccagea les bureaux de l’administration impériale et les maisons des particuliers, mais la résidence épiscopale fut épargnée. En dehors de la ville, plusieurs stations chrétiennes furent détruites et un bon nombre de fidèles périrent sous le fer des assassins. A sa mort, Mgr Dunand avait à peine obtenu satisfaction pour tous les dommages causés alors à ses chrétiens.
Toutes ces persécutions n’empêchèrent pas la foi catholique de pro¬gresser au Su-Tchuen occidental. Elles attirèrent l’attention du peuple sur notre sainte religion, et aux cris de mort contre les chrétiens suc¬cédèrent la louange et l’admiration pour la doctrine catholique.
Les mandarins, naguère encore nos ennemis jurés, se firent un hon¬neur de protéger les missionnaires et les chrétiens. De nombreuses sta¬tions furent fondées dans les régions de Sin-tsin, Tsong-kin-tcheou, Mien-tchou, Kien-tcheou, etc. Dans plusieurs endroits, les missionnaires virent doubler le nombre de leurs néophytes. Il en fut ainsi à Che-fang, Gan-io, Su-lin, Kouang-gan, Chouen-kin, Tong-choan, Pao-lin et Kouang-yuen.
Le zèle de la gloire de Dieu et du salut des âmes fit alors entreprendre à Mgr Dunand des œuvres nouvelles pour l’éducation de la jeunesse et le soulagement des malades. Sa Grandeur chercha et trouva les fonds nécessaires pour faire face à tous les besoins : « Si vous saviez, « disait-elle, quel métier c’est d’être caissier ; on est tiré de tous côtés. » Et l’évêque allait de l’avant avec un désintéressement absolu, accueillant favorablement toutes les demandes et ne refusant jamais rien à personne, à moins d’une impossibilité réelle.
A côté de sa résidence, située à l’intérieur de la ville, il acheta plursieurs immeubles dans la dessein de grouper les œuvres principales de la mission et de les avoir en quelque sorte sous sa main, Il bâtit d’abord, à droite de l’évêché, un grand orphelinat pour les petites filles aban¬données par leurs parents ; ensuite, l’hôpital catholique pour les malades tant chrétiens que païens. Dans un autre quartier de la ville, il fit cons¬truire encore un hospice pour les pauvres. La direction de l’orphelinat, de l’hôpital et de l’hospice fut confiée aux Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie. Mgr Dunand aimait à visiter ces trois établissements et à se rendre compte par lui-même de leur bon fonctionnement.
Mais une autre chose le préoccupait ; c’était l’éducation à donner aux jeunes garçons chrétiens. Il fit donc installer, à gauche de sa résidence, l’école des Frères Maristes, où les jeunes gens reçoivent une instruction solide et apprennent le français.
D’autres entreprises devaient s’ajouter aux précédentes. Ainsi l’évê¬que avait formé le projet de fonder un couvent de PP. Trappistes dans les montagnes et une maison de Petites Sœurs des Pauvres, à Tchentou. Le temps et les circonstances ne lui ont pas permis de réaliser ces pro¬jets si utiles.
Mgr Dunand a fait restaurer presque tous les anciens oratoires de la mission, en dehors de Tchentou ; il en a construit de nouveaux, grands et petits, par centaines ; il a réparé une quantité de résidences et fondé un nombre considérable de nouveaux postes dans le vicariat ; il a orga¬nisé des fabriques dans les principaux centres. En un mot, il a fait tout ce qui dépendait de lui pour subvenir aux besoins du présent et assurer la marche régulière des œuvres déjà établies. C’est à lui que la mission doit les deux séminaires dont elle est si justement fière. Sous son admi¬nistration, la situation du Su-Tchuen occidental est devenue prospère à tout point de vue ; elle a changé du tout au tout en 25 ans.
Après tant de travaux et de fatigues, l’évêque de Caloë aurait pu pren¬dre un peu de repos, mais il voulut rester sur la brèche et lutter jus¬qu’à la fin de sa vie. En 1915, à l’âge de 74 ans et malgré sa maladie de cœur, il visite encore plusieurs districts de son vicariat, sans se plaindre jamais et sans laisser soupçonner aux missionnaires l’affection grave dont il souffrait. Cependant, comme il passait de très mauvaises nuits, il jugea prudent de se préparer à toute éventualité par une confession générale. Cet acte important accompli, il continua à former des projets pour le bien de la mission ; il avait en vue diverses œuvres très utiles, quand Dieu le rappela subitement à Lui le 4 août. Ce jour-là, à 7 h. ½ du matin, Mgr Dunand se trouvait dans sa chambre avec un mission¬naire. Tout à coup, il s’écria : « Cher confrère, donnez-moi vite l’abso¬lution. » Et il s’affaissa dans son fauteuil : notre Père vénéré était mort.
Mgr Dunand a travaillé « jusqu’à la mort, inclusivement », comme il avait exhorté tant de fois ses prêtres indigènes à le faire. Il s’est refusé tout repos en cette vie ; il jouit maintenant du repos éternel. In pace in idipsum dormiam et requiescam.
Le 12 août, un service solennel fut célébré à la cathédrale, prœsente corpore. MM. les Consuls de France et d’Angleterre y assistaient avec les représentants des autorités chinoises, civile et militaire. Quatre confrè¬tes, MM. Maupoint, Dupuis, Bayon et Bouchard, avaient pris place, par droit d’ancienneté, auprès du catafalque, deux de chaque côté. Le cer¬cueil était recouvert des insignes épiscopaux. Onze missionnaires et douze prêtres indigènes formaient la chorale. M. Bauquis, supérieur du grand séminaire, chanta la messe de Requiem, toujours si impressionnante dans sa simplicité.
Le lendemain, de grand matin, le cortège funèbre s’organise pour traverser la ville et se rendre au cimetière. Ce qu’on pourrait appeler le corbillard chinois, ressemble assez à un catafalque fabriqué avec des bambous qui disparaissent sous les fleurs et les toiles blanches ; il est porté par 64 hommes qui marchent à pas comptés. Devant le cercueil, une longue théorie de chrétiens suit la croix en psalmodiant les prières de circonstance. Puis, viennent les séminaristes en grand deuil, c’est-à-dire habillés de blanc des pieds à la tête ; ils sont attelés en quelque sorte à une grande pièce de calicot blanc et font le geste de tirer le¬ corbillard. Douze missionnaires, tous en chaise à porteurs, les prêtres indigènes, huit religieuses françaises et les chrétiennes chinoises suivent le cercueil. Le cortège s’étend sur une longueur de plusieurs kilomètres. Une foule énorme de curieux stationne sur le parcours du convoi.
Les murs de la ville franchis, le cercueil, sans autre ornement que le drap mortuaire, est porté par huit hommes seulement, et chacun se di¬rige à son gré vers le cimetière de Mo-pan-chan, distant de 25 lys (envi¬ron 8 kilomètres). Missionnaires et chrétiens arrivent longtemps avant le corps. Il est 11 h. ½ quand celui-ci paraît, suivi de Mère Adèle, nièce de Mgr Dunand, et d’une autre religieuse. M. Briand donne une dernière absoute et bénit la fosse. A midi, tout est terminé.
Mgr Dunand repose à côté de Mgr Pinchon, non loin de Mgr Fontana et de Mgr Pérocheau, ses prédécesseurs. C’est dans le même cimetière de Mo-pan-chan qu’avaient été inhumés les restes mortels du Bienheureux Dufresse.
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Références
[1024] DUNAND Julien (1841-1915)
Références biographiques
AME 1893 p. 15. 1894 p. 139. 1895 p. 365. 412. 416. 418. 420. 421. 424. 425. 427. 1896 p. 460. 461. 464. 465. 468. 498sq. 505. 508. 596. 1898 p. 86. 1902 p. 271 (art). 321. 1903 p. 14. 66. 75. 76. 78. 80. 1910 p. 43. 1912 p. 83. 1915-16 p. 168. 172. 1936 p. 197. 1939 p. 200. 201. CR 1886 p. 40. 1888 p. 66. 247. 1889 p. 325. 1891 p. 247. 318. 1892 p. 86sq. 1893 p. 2. 98. 101. 1894 p. 111. 126. 127. 1895 p. 116. 128. 131. 1896 p. 104. 114. 1897 p. 82. 296. 1898 p. 81. 96. 317. 364. 365. 1899 p. 89. 117. 1900 p. 76. 1901 p. 87. 343. 344sq. 1902 p. 97. 98. 109. 1903 p. 76. 391. 1909 p. 84. 1910 p. 76. 95. 1911 p. 71. 1912 p. 87. 1913 p. 97. 390. 391. 1914 p. 42. 1915 p. 3. 163-169 (notice nécro.). 1916 p. 182. 237. 1933 p. 330. 1940 p. 29. 1947 p. 289. 1948 p. 236. 238. BME 1948 p. 340. 1949 p. 168. MC 1876 p. 105. 1893 p. 147. 399. 519. 1894 p. 259. 1895 p. 265. 292. 301. 420. 1897 p. 496. 533. 1899 p. 613. 1905 p. 269. 1907 p. 545. 1915 p. 456. APF 1895 p. 322. 1898 p. 73. 1903 p. 26. ASE 1902 p. 179. SR Lyon 1895, 2è partie p. 75. 161. Mém. Quinyon 1909 p. 160. Le Tour d'Asie" II p. 269. "Nos Miss. Patr. et sav" .p. 54. "P. Piolet : les Miss. Cath. au XIXè siècle" III p. 299.