Théodule GRABY1828 - 1888
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0785
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1861 - 1871 (Coimbatore)
Biographie
[785]. GRABY, Théodule-Etienne, naquit à Quingey (Doubs) le 17 avril 1828. Après son ordination sacerdotale qui eut lieu le 27 août 1854, il fut nommé vicaire à Sancey-le-Grand. Il entra au Séminaire des M.-E. le 10 octobre 1859, et partit pour le Coïmbatour le 24 octobre 1860. Il administra le poste de Codively, et, deux ans plus tard, le district d'Atticodou, assez pénible à cause des troubles causés par le schisme goanais ; aussi éprouva-t-il tout d'abord de réelles difficultés. Néanmoins, comme il ne ménageait pas sa peine, il finit par vaincre les préventions et l'apathie d'un grand nombre d'égarés, gagna même l'estime de l'ancien chef des rebelles, et reconstruisit l'église.
Sa santé s'étant altérée, il regagna la France en 1871, et comme il ne recouvrait pas assez de forces pour reprendre sa vie de missionnaire, il accepta la cure de Lombard, dans son diocèse (mai 1872). Il s'y fit remarquer par son humilité et sa douceur. Quelque temps avant sa mort, ne pouvant plus vaquer au saint ministère, il donna sa démission de curé de Lombard, et entra à l'hôpital de Quingey, où il mourut le 3 juillet 1888.
Nécrologie
M.GRABY
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU COÏMBATOUR
Né le 7 avril 1828.
Parti le 24 octobre 1860.
Mort le 3 juillet 1888.
Le 3 juillet dernier, un humble prêtre terminait, sur un modeste lit de l’hospice de sa ville natale, une existence qu’il avait tout entière vouée aux travaux apostoliques, mais que ces travaux mêmes avaient brisée dans sa fleur.
Parti en 1860 pour la mission du Coïmbatour, M. Graby avait contracté, par excès de travail, une maladie qui le força de revenir en France quelques années plus tard. Sur le conseil de ses supérieurs, il accepta du ministère dans son diocèse, et fut nommé curé de Lombard, paroisse qu’il administra jusqu’au commencement de cette année.
Il fut en France ce qu’il avait été dans les missions, un prêtre tout à son devoir. Humble en tout, ami du silence et de la pauvreté, il nous laissa ignorer que sa santé ruinée l’avait forcé de donner sa démission et qu’il était sans ressources. Il demanda à entrer à l’hospice de Quingey, où il est mort après quelques semaines seulement de séjour.
« A la première crise qui survint, nous écrivait M. le curé de Quingey, je fus appelé près de lui, et il reçut avec une grande foi, une grande piété, les derniers sacrements. Un mieux apparent survint. Mais bientôt des crises nouvelles se produisirent ; elles se répétèrent fréquemment. C’était comme des attaques d’apoplexie, après lesquelles il revenait à lui, et on le croyait rétabli. Il mangeait comme d’habitude, se levait une partie du jour. Mais il ne pouvait ni célébrer la Messe ni dire son bréviaire. Il récitait son chapelet avec une vive dévotion. J’allais souvent le voir, et il m’a toujours édifié par sa patience et sa soumission à la volonté de Dieu. Un jour où je l’avais laissé mieux que de coutume, je fus tout à coup rappelé ; j’arrivai trop tard. La crise avait été instantanée ; elle dura à peine quelques minutes : le cher confrère était délivré de tous les maux. Nous lui fîmes des funérailles solennelles et nous l’avons enterré dans une chapelle dédiée à sainte Anne, et placée dans l’ancien cimetière de la paroisse. Il avait manifesté cette intention, et je fus très heureux d’obtenir sans difficulté cette permission de notre bienveillante municipalité. »
Né à Quingey (Doubs), le 7 avril 1828, M. Théodule-Étienne Graby était prêtre quand il arriva au Séminaire des Missions-Étrangères, le 10 octobre 1859. L’année suivante, il fut destiné avec le P. Pageault à la mission du Coïmbatour.
« Tout le temps de la traversée qui dura plus de trois mois, écrit son compagnon de route, il se montra très bon pour moi et me rendit tous les services qui étaient en son pouvoir. Dans le voyage de Pondichéry, qui nous prit une vingtaine de jours, il ne pouvait voir sans gémir les nombreux temples et signes du diable qu’on rencontre sur la route. S’il n’avait tenu qu’à lui, le règne du démon aurait bientôt cessé dans toutes ces régions. »
« Après quelques mois consacrés à l’étude du tamoul, écrit Mgr de Coïmbatour, le P. Graby fut envoyé à Codivély, où il resta deux ans. Ce poste de deux mille chrétiens, disséminés dans une quinzaine de villages, éprouva beaucoup sa santé. Pourtant il s’acquitta de ses devoirs avec une grande assiduité, et il s’attira l’estime de tout le monde.
« Il fut ensuite chargé d’Atticadou, le district le plus difficile peut-être de toute la Mission. Le schisme goanais, qui venait d’y être éteint, avait fait un grand mal, et beaucoup de chrétiens étaient imbus de très grands préjugés de révolte et d’indifférence religieuse. Le cher confrère eut beaucoup à souffrir parmi eux ; pourtant son zèle, sa grande piété et sa douceur purent ramener à la pratique des sacrements un grand nombre de ces pauvres égarés. L’ancien chef des rebelles avait ce Père en singulière estime, et se laissa déterminer à rester une semaine au presbytère, pour y faire une retraite sous sa direction.
« Il cherchait à rainimer l’esprit de foi et de piété dans la chrétienté et s’occupait activement du soin des enfants. Le P. Marchand m’écrit : « J’ai toujours vu le bon père Graby se dévouer au bien des âmes, sans jamais se plaindre des misères sans nombre qu’il avait à supporter parmi ces chrétiens. Je me souviens qu’étant allé le voir, il me dit un jour qu’il avait donné une centaine de premières communions, et qu’il lui en restait encore une soixantaine à donner. Moi, qui sais un peu ce qu’il en coûte pour préparer les enfants à la première communion, j’en fus si édifié que j’en ai toujours gardé le souvenir. Lui, jeune missionnaire dans un tel milieu, avoir pu réunir en une seule fois plus de cent cinquante enfants pour la première communion, cela me paraissait prodigieux. »
« A cette époque, il fallut reconstruire l’église du village ; le cher Père, ne calculant pas ses forces, ne songeait malheureusement pas à se précautionner contre les ardeurs du soleil, et presque tout le jour il était à surveiller les ouvriers ; après quelques mois de ce rude labeur, il tomba malade. Un jour, nous le vîmes arriver à Coïmbatour à trois heures du soir ; il avait chevauché six à sept heures, c’est-à-dire, tout le temps de la grande chaleur. Il ne comprenait pas toute l’imprudence d’une telle course au soleil. A sa descente de cheval, il fut pris de vertige et dès ce moment sa maladie s’aggrava. Le docteur ne put le guérir, et le regretté Mgr Dépommier fut obligé de le faire partir pour l’Europe.
« Depuis, nous n’avons eu de lui que de rares nouvelles ; mais il resta attaché à la Mission, et plusieurs fois il avait désiré y revenir. Mais une rechute était trop à craindre, et les médecins dissuadèrent toujours de le laisser revenir.
« Nous avons confiance que le bon Dieu l’aura récompensé de ses nombreux sacrifices, et aussi de son grand amour pour la vie apostolique. Le cher défunt intercédera pour nous et pour nos pauvres chrétiens, au bien desquels il aurait voulu consacrer toute sa vie. »
Références
[0785] GRABY Théodule (1828-1888)
Notes bio-bibliographiques. - Hist. miss. Inde, Tab. alph.
Notice nécrologique. - C.-R., 1888, p. 255.