Il est encore possible de postuler jusqu’à fin avril.
APPEL À COMMUNICATION
COLLOQUE CREDIC : ARRAS
28-31 août 2023
Maison Diocésaine et Université d’Artois (CREHS et IEFR)
Directeurs scientifiques : Didier Galibert (LAM Sciences Po Bordeaux) et Claire Kaczmarek (CREHS, IEFR, Université d’Artois)
Titre
Stratégies et pratiques missionnaires, esclavages et travailleurs déplacés (début XIXe siècle-milieu XXe siècle)
Mots clés : missions religieuses, pratiques missionnaires, travailleurs déplacés, esclavage, servitude, traite, liberté et émancipation, abolition de l’esclavage, inculturation / contextualisation, altérités, identités culturelles, (dé)colonisation, circulation impériale, réseau, répertoire d’action, imaginaire moral, philanthropie
Aires géographiques : Missions religieuses sur tous les continents
Périodes : du début du XIXe siècle (abolitionnismes et rencontres d’autres sociétés esclavagistes) au milieu du XXe siècle (veille des décolonisations)
Définir les pratiques missionnaires en contexte d’esclavage et d’émancipation
Les pratiques missionnaires seront appréhendées à partir de trois situations possibles :
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Esclaves des colonies européennes : voir dans quelle mesure les missionnaires, à partir de leur expérience, participent, influencent les controverses ou sont influencés ; modes d’interventions sur les habitations (« missions des Noirs ») ; initiatives d’émancipation progressive (Mana en Guyane française par exemple) ; engagement en vue de l’abolition immédiate et sans condition. On n’apportera rien de très nouveau sur ces aspects mais cela peut permettre une comparaison entre missionnaires catholiques et protestants.
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Esclaves liés à la traite « arabe » : si la dénonciation est unanime, sous quelle forme les missionnaires participent-ils à la lutte contre les traitants « arabes » ; actions de libération par rachat ou aide aux captifs ; villages dits de liberté. Là encore, vu l’abondante littérature, l’objectif serait surtout de comparer.
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Esclaves dans les autres territoires non colonisés : face aux pouvoirs locaux, dilemme de la dénonciation (au risque de condamner la mission) / résignation (au prix d’un reniement majeur), situations de malentendu opératoire. Ce champ est moins documenté.
Les choses se compliquent après les abolitions avec de nouvelles formes de déplacements forcés de travailleurs : engagisme, coolie trade, blackbirding. Mais on ne peut pas prétendre aborder toutes les formes de servitude post-abolition. Il paraît raisonnable de choisir parmi :
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Les esclaves « domestiques » et « indigènes » : sont-ils une cible privilégiée, voire une priorité de la mission, dès lors que l’abolition triomphe, et dans quel but ? Quel est le statut des domestiques dans les missions ?
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Les engagés sous contrat, pour une durée déterminée. Ils sont censés avoir donné leur consentement, mais relèvent souvent d’une traite déguisée et subissent des conditions de vie qui limitent strictement leur liberté individuelle. Les Indiens sont les plus étudiés mais l’Afrique, Madagascar, le Vietnam, la Chine (surtout vers l’Amérique du sud : Pérou) ont aussi été l’objet de ces trafics, avec pour les Africains le recours très contesté au rachat préalable. Or on sait peu de choses sur l’attitude des missionnaires face à ce commerce pourtant très vite accusé d’être une crypto-traite. On n’en sait guère davantage sur les initiatives des missionnaires pour protéger, aider, émanciper, convertir ces populations au sein des plantations.
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Les travailleurs déplacés, voire razziés, au service des économies coloniales. Il ne s’agit pas tant de s’arrêter sur le travail forcé (ce serait trop vaste et ambitieux) que sur la manière dont les missions agissent pour faciliter, critiquer ou encadrer des déplacements de population en vue de la mise en valeur d’une région (Office du Niger ou Cambodge ; Tamouls au Sri Lanka). Y sont-ils attentifs ? Que font-ils ?
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On pourrait aussi inclure les populations transférées dans les métropoles pendant les deux guerres mondiales pour cultiver (riz de Camargue), travailler dans les usines. Des missionnaires semblent avoir joué un rôle pour convaincre des « indigènes » catholiques. Ont-ils participé aux recrutements de travailleurs dans les pays de départ ?
Cadre chronologique
Il convient de borner cet immense sujet. Le choix de l’Assemblée générale du CREDIC s’est porté sur une périodisation débutant par la concomitance du grand essor de l’abolitionnisme européen et de l’implication missionnaire dans une variété de sociétés esclavagistes non-européennes : missionnaires et sociétés de planteurs (Amériques, Océan Indien, Australie, Fidji), missionnaires et esclavage en Afrique et à Madagascar. La période enchaîne sur l’engagisme et le travail forcé en situation coloniale. Elle s’achève avec la fin de l’indigénat et du travail contraint (cas particulier de l’empire colonial portugais).
Conceptualisation
Nous éviterons résolument un énième débat sur la position institutionnelle des Églises face à l’esclavage. Ce qui sera traité, c’est la confrontation – ou la cohabitation – concrète avec l’esclavage. Que savent les missionnaires de leur environnement esclavagiste ? Comment l’apprennent-ils ? Comment se positionnent-ils ? Comment agissent-ils – ou pas ? Mêmes questionnements à propos de l’engagisme et des formes coloniales du travail forcé. Affrontements, médiations, malentendus ?
Sans ignorer les prises de position des Églises occidentales face à l’esclavage – sujet déjà largement abordé par d’autres colloques – celui du CREDIC entend s’attacher aux études de terrain. Comment se positionnent et pratiquent les congrégations et sociétés missionnaires pour combattre l’esclavage ou s’en accommoder ? Une différence existe-t-elle entre les conceptions et les pratiques catholiques et protestantes, à l’intérieur même des confessions (par ex. l’opposition entre réformés boers et missionnaires anglicans et protestants en Afrique du Sud) et selon les régions du monde ?
Si l’abolition de l’esclavage est l’un des fruits des Lumières, et si la colonisation se présente comme une alternative à l’esclavage, celui-ci se poursuit pendant la période coloniale sous de nouvelles formes : travail forcé, déplacement de personnes, code de l’indigénat, etc. Comment les congrégations et sociétés missionnaires comprennent-elles, s’adaptent-elles à ces évolutions ?
Langues de travail
Français et anglais
Modalités
Les propositions de communication (accompagnées d’une courte notice biographique et d’un résumé) seront envoyées à Didier Galibert (galibertdidier[at]orange.fr) et Claire Kaczmarek (claire.kaczmarek[at]univ-artois.fr) avant fin avril 2023.