Jean DAVOUST1728 - 1789
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 0201
Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1754 - 1759 (Hanoi)
- 1784 - 1789 (Hanoi)
Biographie
[201]. DAVOUST, Jean, vicaire apostolique du Tonkin occidental, né le 5 octobre 1728, dans la paroisse Notre-Dame, à Mayenne (Mayenne), fit à Saint-Sulpice une partie de ses études philosophiques et théologiques, entra au Séminaire des M.-E. en février 1753, fut ordonné prêtre le 22 septembre suivant, et partit dès le 27 octobre pour le Tonkin occidental. Il apprit la langue annamite à Ke-vinh, alors résidence du vicaire apostolique. Ses qualités d'intelligence souple et pleine de ressources, de volonté tenace, furent vite appréciées de Mgr Néez, qui en 1759 l'envoya à Rome pour faire supprimer la simultanéité de juridiction, dans un même district, des missionnaires de Congrégations différentes (Voir NÉEZ).
Le premier mémoire qu'il présenta à la Propagande est daté du 13 juillet 1761, et sa première supplique au Pape Clément XIII est du 31 du même mois. Avec le concours du secrétaire de la Propagande, Mgr Marefoschi, il obtint, en mars 1762, les décisions qu'il désirait. Tous les districts de la partie ouest du Tonkin occidental furent laissés aux prêtres des Missions-Etrangères ; il fut défendu aux Religieux de s'en occuper ; les Jésuites eurent les districts de la partie méridionale de ce même vicariat. Davoust travailla en même temps à faire nommer Piguel vicaire apostolique de la Cochinchine, Reydellet coadjuteur au Tonkin occidental, et à faire donner l'administration du Kouy-tcheou au vicaire apostolique de la mission du Se-tchoan ; il réussit.
Il quitta Rome en juillet 1763 et se rendit au Séminaire des M.-E. Là, de nouvelles et plus difficiles négociations l'attendaient. Entre les directeurs du Séminaire et les vicaires apostoliques, s'agitait la question de la Constitution de la Société. Les points principaux soutenus par la plupart des directeurs étaient : la situation du Séminaire qui, suivant eux, n'avait pas été uni aux Missions par les Lettres patentes de 1663, mais était un établissement à part, absolument distinct du groupement des missions ; la séparation de la mense du Séminaire et de celle des Missions ; le droit pour le Séminaire d'administrer la mense des Missions sans le contrôle des intéressés.
Les vicaires apostoliques, au contraire, affirmaient que le Séminaire des M.-E. faisait partie intégrante de la Société, qu'il en était un des Corps constitutifs, que les directeurs n'en étaient pas les maîtres absolus.
Les uns et les autres étayaient leur opinion sur les Lettres patentes de 1663 qu'ils interprétaient différemment. Par ailleurs, les vicaires apostoliques se basaient sur le Règlement de 1700, et les directeurs sur celui de 1716 ; mais ces Règlements, projets mieux définis que plusieurs autres, n'avaient aucune force de loi.
En 1751, un arrêt du Parlement avait donné gain de cause aux directeurs. Les vicaires apostoliques ne purent se résoudre à accepter cette sentence, persuadés que son application conduirait la Société des M.-E. à sa ruine. Davoust partageait leur opinion ; il s'efforça de la faire prévaloir.
Il se fit appuyer par le nonce, par le duc de Choiseul, qui à Rome avait déjà été mis au courant de cette affaire par Mgr de Martiliat ; mais un arrêt de la grand'chambre du Parlement, en date du 6 septembre 1764, le débouta de ses demandes et confirma celui de 1751.
Il ne s'inclina pas ; mais il comprit que les juges, s'appuyant sur les Lettres patentes de Louis XIV qui, disaient-ils, ne reconnaissaient que les directeurs du Séminaire, confirmeraient toujours les arrêts de 1751 et de 1764. Il résolut alors de s'adresser directement au roi pour obtenir de lui de nouvelles Lettres patentes, explicatives des premières. Si le roi, en effet, déclarait que par les mots insérés dans les Lettres patentes, avons confirmé et confirmons l'établissement du Séminaire en faveur des dits sieurs Poitevin et Gazil et leurs associés ", il fallait entendre non seulement les directeurs du Séminaire, mais tous les évêques et les prêtres missionnaires, le point le plus important du débat serait réglé, le Corps des M.-E. serait légalement formé des vicaires apostoliques, des directeurs et des missionnaires, la Société tout entière serait reconnue par l'Etat, sans distinction des groupements qui la composent ; il serait ensuite plus facile de faire un accord sur les autres points en litige. C'est à obtenir ce résultat que Davoust travailla pendant onze ans, avec une constance infatigable, frappant à toutes les portes pour obtenir des protections et lutter contre toutes les oppositions.
Au milieu de ces négociations, il dut, en juillet 1771, retourner à Rome, où les Jésuites du Tonkin avaient député le P. Villiani pour faire casser la décision sur la division des districts. Il fut alors nommé évêque de Céram, coadjuteur au Tonkin de Mgr Reydellet, et sacré à Rome le 6 octobre 1771. Il réussit à faire maintenir la décision obtenue en 1762. Il instruisit de vive voix le Pape et la Propagande de l'état de la question touchant les Lettres patentes et la situation de la Société des M.-E. ; il obtint que des lettres fussent adressées au nonce et à l'archevêque de Paris pour les presser d'employer leur crédit en faveur de la thèse qu'il soutenait. Il repartit ensuite pour la France.
Il est impossible de donner ici une idée des démarches de Mgr Davoust, en conformité de vues avec Mgr Brigot qui venait d'arriver du Siam, et avec M. Boiret, missionnaire député de la Cochinchine. Après un grand nombre de conférences où furent discutées et arrêtées les bases d'un accord définitif, se tint la séance du 22 février 1773, dans laquelle un arrangement fut signé par les deux évêques, le député de la Cochinchine, et cinq directeurs sur huit. Les points principaux de ce concordat étaient : 1° de faire tous ensemble, évêques, missionnaires et directeurs du Séminaire un seul et même Corps selon le Règlement de 1700 ; 2° d'avoir une mense commune de tous les biens du Séminaire et des missions, sans distinction ; 3° d'établir que l'administration des biens et affaires de la Société demeurant entre les mains des directeurs, plusieurs d'entre eux seraient choisis parmi les missionnaires.
Sur les sollicitations des directeurs opposants, l'archevêque de Paris, de Beaumont, combattit cet accord, demandant que la délibération fût révoquée ; et comme on n'obtempéra pas à son désir, il fit défendre aux directeurs, par ministère d'huissier, d'exécuter le concordat, ce qui obligea la majorité du Conseil d'en appeler à l'archevêque de Lyon en sa qualité de primat des Gaules. Pendant ce temps, Davoust travaillait auprès des ministres, pour obtenir du roi des Lettres patentes conformes à la délibération du 22 février 1773. Le succès couronna ses démarches. Les Lettres patentes furent accordées le 10 août 1773 ; elles déclarèrent qu'il n'y avait " qu'un seul Corps d'association formé des évêques vicaires apostoliques, des missionnaires et des directeurs du Séminaire ".
Mais l'archevêque de Paris, et les directeurs opposants, Hody et de Villars, réussirent à empêcher l'enregistrement de ces nouvelles Lettres patentes.
Après la mort de Louis XV, Davoust continua ses démarches près des ministres de Louis XVI, et le roi signa le 20 mai 1775 de nouvelles Lettres patentes analogues à celles de 1773. Il y était dit : " Approuvons et confirmons l'établissement du Séminaire des M.-E., fait en notre bonne ville de Paris, en vertu des Lettres patentes données au mois de juillet 1663 ; et les expliquant et interprétant, même y ajoutant en tant que besoin, nous approuvons et autorisons l'association qui existait dès lors entre les premiers missionnaires et les premiers directeurs, et qui n'a cessé d'exister entre leurs successeurs ; ce faisant, érigeons et réunissons en un Corps d'association pour les M.-E. tant les évêques, vicaires apostoliques et autres missionnaires français, envoyés du Séminaire dans les missions, que les directeurs dudit Séminaire, et ceux qui succéderont aux uns et aux autres. " Ces Lettres furent enregistrées le 1er juin suivant.
L'archevêque de Paris se pourvut devant le Parlement, à l'effet d'empêcher l'exécution de l'arrêt d'enregistrement. Il fut débouté de son opposition en 1776 ; il en appela au conseil privé du roi, pour faire casser l'arrêt du Parlement ; il fut condamné le 1er mai 1780.
Il essaya alors, de concert avec les directeurs opposants, de faire repartir Mgr Davoust pour le Tonkin. Une lettre en ce sens fut adressée à Rome. Cette tentative échoua, on eut recours au gouvernement ; et comme quelques ministres insistaient pour le départ de l'évêque de Céram, celui-ci déclara, dans une lettre du 27 août 1781, qu'il ne partirait que sur lettres de cachet. Ces lettres furent signées par Louis XVI le 24 septembre suivant. Quelques jours plus tard, au mois d'octobre, l'évêque quitta Paris et s'embarqua à Lorient au commencement de février 1782, après avoir tracé à Boiret, dans plusieurs notes, la ligne de conduite à suivre pour le maintien des Lettres patentes.
Pendant son séjour à Paris, Davoust s'était aussi occupé très activement de faire accepter par la Société des M.-E. la direction de la mission Malabare, que la suppression de la Compagnie de Jésus laissait abandonnée ; on avait même voulu le nommer supérieur de cette mission, il avait refusé et fait nommer Mgr Brigot.
De Macao, le 9 décembre 1783, il adressa aux missions le récit de tout ce qui s'était passé relativement aux Lettres patentes, et l'année suivante il rentra au Tonkin occidental, dont il était devenu vicaire apostolique le 18 juillet 1780, par la mort de Mgr Reydellet.
Il gouverna sa mission avec bonté et fermeté, fit plusieurs ordinations, augmenta le nombre des catéchistes et donna quelque impulsion à leur instruction. Ne trouvant pas dans son vicariat de prêtre possédant des qualités propres au gouvernement, il choisit pour coadjuteur, en vertu d'un bref du 3 avril 1787, M. Longer, missionnaire en Cochinchine, qu'il avait eu l'occasion de connaître pendant son séjour en France. Ce choix fut heureux.
Il continua de s'occuper de la marche générale de la Société, en députant Blandin au Séminaire des M.-E., comme procureur de la mission du Tonkin occidental, et en faisant députer Chaumont par la mission du Se-tchoan.
Il mourut le 17 août 1789, à Ke-sui, province actuelle de Ha-nam, et fut enterré dans l'église de Ke-dam, comme il l'avait demandé.
Depuis les premiers vicaires apostoliques, aucun missionnaire, aucun évêque ne joua un rôle aussi important dans la Société des M.-E., qui doit à Mgr Davoust d'avoir gardé l'union de tous les Corps qui la composent, condition nécessaire à son existence. Son nom, dans le cœur et dans l'esprit de ceux qui ont aimé la Société jusqu'à lui donner leur vie, doit prendre place près des noms vénérés de Pallu et de Lambert de La Motte.