Jean-Yves COADOU1819 - 1890
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 0506
- Bibliographie : Consulter le catalogue
Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1845 - 1890 (Mysore)
Biographie
[0506] COADOU, Jean-Yves-Marie, premier évêque de Mysore, naît le 18 janvier 1819 à Locronan (dans le Finistère. Il fait ses études au petit séminaire de Pont-Croix, puis au grand séminaire de Quimper. Il entre sous-diacre au Séminaire des MEP le 10 mai 1844 et est ordonné prêtre le 17 mai 1845. Il part le 29 mai suivant pour la mission Malabar, divisée en plusieurs circonscriptions la même année. Il est alors affecté au Mysore érigé le 3 avril 1850 en vicariat apostolique.
Prêtre et pasteur
Il administre successivement les chrétientés de Settihally, Shimoga et Veerarajendrapet, puis dirige quelque temps le séminaire. On lui confie ensuite la paroisse Saint François-Xavier à Bangalore. Nommé aumônier du Bon Pasteur dans cette même ville, il en remplit les fonctions pendant plus de vingt ans et s'occupe avec sollicitude des différentes œuvres de cette maison. Provicaire en 1874, il est, après la mort de Mgr Chevalier, nommé le 20 août 1880 évêque de Chrysopolis, vicaire apostolique du Mysore. Mgr Laouënan le sacre le 10 octobre de la même année à Bangalore même.
Evêque dynamique
Sous son administration et avec son concours, d’importants projets prennent corps à Bangalore : arrivée des Religieuses de Saint-Joseph de Tarbes qu’il installe à l'hôpital Bowring (1882) ; fondation de leur couvent et de leur école (1886) ; fondation en 1884 de l'hôpital Sainte-Marthe par les religieuses du Bon-Pasteur ; reconstruction sur un plan plus vaste du collège Saint-Joseph. Il en va de même à Mysore : développement du couvent du Bon Pasteur ; entrée en 1885 des religieuses de Saint-Joseph à l'hôpital de la ville (Couvent et école des Sœurs de Saint-Joseph, Hôpital Sainte-Marthe, Collège à Bangalore, Couvent du Bon Pasteur, et Maison des Sœurs de Saint-Joseph à Mysore, grav., Hist. miss. Inde, v, pp. li, lix, lxi). A Somanhally, Mgr Coadou ouvre un orphelinat agricole.
Vers 1885, il s'entend avec le vicaire apostolique du Coimbatore, Mgr Bardou, sur une nouvelle délimitation de leurs missions. Cette délimitation, qui reçoit l'approbation de Rome, prend en compte les parlers autochtones. Elle donne à Coimbatore la partie du district civil des Nilgiri où l’on parle le tamoul et au Mysore la région du Collegal, où l'on parle le kannada.
Lorsque Léon XIII, par la bulle Humanæ salutis du 1er septembre 1886, établit la hiérarchie ecclésiastique dans l'Inde, le Mysore est érigé en diocèse suffrageant de Pondichéry. Par le bref Apostolatus officium du 25 novembre suivant, Mgr Coadou devient évêque de Mysore avec résidence à Bangalore. Le concile des évêques du sud de l'Inde s’y tient le 25 janvier 1887, sous la présidence du délégué apostolique, Mgr Agliardi, qui proclame solennellement l'établissement de cette hiérarchie (Voir notice Mgr Laouënan).
Mgr Coadou meurt à Bangalore le 14 septembre 1890. Il est enterré dans l'église cathédrale dédiée à Saint Patrick.
Nécrologie
MGR COADOU
ÉVÊQUE DE MAYSSOUR
Né le 12 janvier 1819.
Parti le 29 mai 1845.
Mort le 14 septembre 1890.
« Mon frère, écrit M. l’abbé Coadou, chanoine de Quimper, est né à Locronan, petite ville du Finnistère, le 18 janvier 1819. Je ne lui ai connu d’autre enfance que celle de l’âge. De bonne heure, il fut appliqué aux études classiques chez un de nos oncles maternels, prêtre pieux et dévoué.
« Le futur missionnaire ne donnait encore aucun indice de vocation ; évidemment il fallait une épreuve. L’épreuve ne tarda pas à venir : Un jour nous fîmes ensemble une fredaine d’écolier ; elle parut d’autant plus grave à l’oncle qu’elle était accompagnée d’un manque apparent de respect envers notre grand’mère. Mon pauvre frère, plutôt pour échapper à une punition que par conviction, déclara solennellement qu’il n’avait aucun goût pour le latin, qu’il aimerait mieux apprendre un métier.
« Mon frère dut écrire à notre père. Celui-ci vint le prendre, et comme il n’était pas riche des biens de la fortune, il confia immédiatement son fils à un charpentier de la campagne, bon homme d’ailleurs, mais peu habile et partant peu employé dan son état. En temps de chômage, il fallait se livrer aux travaux les plus rudes des champs.
« Tout jeune qu’il était, il n’avait alors que dix à onze ans, mon frère prenait part à ces travaux et à d’autres plus pénibles encore ; il n’avait cependant, pour réparer ses forces, qu’une nourriture des plus grossières.
« Jamais une plainte ne sortit de sa bouche ; sa piété loin d’être ébranlée, s’affermit au contraire : il s’approchait souvent des sacrements. C’est que déjà il pensait aux missions, regrettait l’interruption de ses études et se demandait comment il réparerait cette faute. En attendant l’heure de la Providence il priait. Sa prière fut exaucée et nous savons comment Dieu se servit de cette première épreuve pour amener le pauvre enfant à l’accomplissement des desseins qu’il avait sur lui.
« Un événement de famille qui survint alors, lui ménagea une deuxième épreuve qui fut, grâce à Dieu, plus fructueuse encore que la première. Un de nos oncles, maître boulanger à Locronan, venait de mourir. Sa veuve et ma mère qui vivaient ensemble, osèrent appeler un enfant de treize ans à tenir la place du défunt. Leur attente ne fut pas trompée. Au milleu des plus rudes labeurs, le crops se fortifia et l’âme, bien loin de ríen perdre de sa vertu, faisait tous les jours des progrès sensibles.
« Il y avait bien quelques dangers du côté des camarades. Mon frère évita ces dangers et fit même du bien à plusieurs par ses bons conseils et ses bons exemples. Le mobile de tout cela était la pensée habituelle des missions auxquelles il pensait de plus en plus.
« Mais comment arriver à l’accomplissement de ses désirs ? Il n’osait s’en ouvrir au cher oncle. Il se servit d’un intermédiaire ; il n’en avait guère besoin. Dès que notre oncle fut instruit du dessein de mon frère, il lui écrivit de revenir et le reçut à bras ouverts.
« Après quelques mois d’étude au presbytère, l’oncle le fit entrer en cinquième au petit séminaire de Pont-Croix. Là, ainsi qu’au grand séminaire de Quimper, mon frère donna toute satisfaction à ses maîtres, et ceux-ci lui en témoignèrent en maintes occasions leur estime et leur confiance.
« La vocation, pendant le cours des études du missionnaire, avait mûri dans la retraite et la prière. Après le sous-diaconat, mon frère obtint la permission de se rendre au séminaire des Missions-Étrangères.
« La veille du départ, les adieux furent touchants. J’avais promis d’être fort pour soutenir ma pauvre mère. Hélas ! je fus le plus faible de tous, et lorsque sur la route de Locronan à Quimper, nous nous donnâmes une dernière accolade, je pleurais comme si j’avais vu descendre mon frère dans la tombe, je me disais : « Adieu, cher frère, nous ne nous reverrons « plus en ce monde. » En effet, nous ne nous sommes pas revus depuis. J’espère que nous nous reverrons dans la patrie et que ce sera bientôt. »
Nous n’avons rien voulu retrancher des touchants détails qui précèdent et dans lesquels le missionnaire se révèle avec cette énergie de caractère qui, durant le cours de sa vie apostolique semblera grandir avec les obstacles et qui toujours s’inspirera de la foi la plus vive et du zèle le plus ardent.
Entré au séminaire des Missions-Étrangères le 10 mai 1884, il y recut successivement le diaconat et la prêtrise. Le 29 mai 1845, il s’embarqua pour la mission de Pondichéry. A la création du vicariat apostolique de Mayssour, en 1850, il fut attaché à la nouvelle mission qui avait été le théâtre principal de ses premiers travaux. Nous reproduisons la notice qui nous a été envoyée sur la longue et féconde carrière du vénérable prélat dont le Mayssour pleure la mort.
« Nous avons peu de détails sur les premières années du ministère apostolique de M. Coadou : les témoins ne sont plus là pour les redire. Nous savons seulement qu’il administra successivement les chrétiens de Sattihally, Shimoga et Veerajenderpett, laissant partout sur son passage la réputation d’un zélé missionnaire et d’un saint. Le P. Coadou fut ensuite appelé à la direction du séminaire indigène ; mais il ne devait faire qu’y passer.
« La paroisse Saint-François-Xavier de Bangalore, dont la population s’était rapidement accrue, laissait beaucoup à désirer sous le rapport de l’édification. Nombre de catholiques vivaient dans un abandon complet de leurs devoirs les plus essentiels ; les enfants ignoraient le chemin de l’église, les jeunes gens ne savaient ni catéchisme ni prières ; de grandes personnes n’avaient pas encore fait leur première communion, et beaucoup d’unions s’étaient consommées que la main du prêtre n’avait pas bénies. Pour porter remède à tant de maux, et ramener ces pauvres égarés aux obligations et à la sainteté de la vie chrétienne, il fallait des missionnaires de zèle et d’énergie. M. Coadou fut choisi avec M. Barré pour vicaire. Il serait difficile de dire tout le bien qu’opérèrent ces deux hommes de Dieu, plus difficile encore serait-il d’imaginer au prix de quels pénibles labeurs!
« Cent cinquante premières communions vinrent, la première année, réjouir le cœur des missionnaires et les récompenser de leurs peines ; cent cinquante personnes à qui le P. Coadou, avait fait apprendre lui-même avec une scrupuleuse exactitude les prières et la lettre du catéchisme, car jamais il ne se déchargeait sur autrui de cette tâche importante. Grâce à lui et à son intrépide vicaire, en moins de deux années la paroisse était complètement renouvelée.
« Depuis son arrivée en mission jusqu’à ce jour, M. Coadou avait porté en bien des lieux son zèle apostolique et son léger bagage de missionnaire. Une autre destination l’attendait, celle d’aumônier du Bon-Pasteur. C’est là dans cet obscur et fécond ministère qu’il passera plus de vingt années, dirigeant les religieuses dans les voies de la perfection, les consolant au jour des fortes épreuves, et les encourageant dans leurs œuvres de dévouement.
« Toutes ces œuvres qui croissent à l’ombre du Bon-Pasteur, fécondées par la céleste rosée du sacrifice et de la charité, étaient aussi les siennes : orphelinat, école, pensionnat, refuges pour les pénitentes, etc., son zèle embrassait tout. De même qu’à Saint-François-Xavier, il s’imposa la rude tâche de catéchiser lui-même les petites orphelines indigènes. Plusieurs milliers d’enfants sont passées à son école quelquefois un peu sévère ; c’est par lui qu’elles ont appris à connaître et à aimer Jésus et sa divine Mère, et c’est à lui que plusieurs doivent de s’être consacrées à Dieu dans la vie religieuse.
« M. Coadou dirigeait les consciences avec une prudence et une sûreté admirables. Un missionnaire qui a pu l’apprécier pendant de longues années, M. Dallet, me disait à mon arrivée dans la mission : « Voulez-vous un directeur expérimenté, prenez le P. Coadou. » Il est vrai, l’étude et la pratique de la vie ascétique lui avaient donné la science de la direction ; dans le contact incessant avec les âmes il en acquit l’expérience. Nul ne savait comme lui lire dans le secret des consciences, rendre la paix à une âme troublée, ou tracer les voies pour l’avancement spirituel. Aussi le nom de M. Coadou, au couvent du Bon-Pasteur, restera toujours impérissable, et sa mémoire y sera longtemps vénérée.
« La vue des services que le couvent par ses œuvres multiples rend à la mission, fit venir à quelqu’un l’idée d’en fonder un autre dans la capitale du royaume. Le P. Coadou entra complètement dans ces vues et usa de toute son influence pour assurer le succès de ce projet. Le couvent de Mysore fut créé ; mais, petit, pauvre, misérable même. Ce n’est qu’après l’élévation du missionnaire à l’épiscopat et grâce à son appui, que cette jeune fondation sortit de ses langes, grandit et se développa dans les proportions que l’on admire aujourd’hui.
« Mais le moment était venu où le P. Coadou allait exercer son zèle dans une sphère plus étendue, et arroser de ses sueurs un plus vaste champ. Déjà en 1874, à peine Mgr Chevalier était-il sacré évêque, qu’il l’avait choisi pour son provicaire. La mort du vénéré vicaire apostolique réunit les votes des missionnaires sur sa personne, et Mgr Coadou fut sacré des mains de Mgr Laouënan, évêque de Chrysopolis et vicaire apostolique du Maïssour, le 10 octobre 1880.
« Le nouveau prélat avait alors soixante et un ans ; il en avait passé trente-cinq sous le ciel de l’Inde. Sa forte consitution avait bien résisté aux attaques du temps et du climat, et son visage austère portait l’empreinte des mortifications volontaires plutôt que de la maladie. Au reste, si le corps ne possédait plus sa première vigueur, l’âme qui l’animait était restée jeune. Une foi vive et agissante, une piété tendre comme celle d’un enfant, un zèle si ardent qu’il semble même parfois imprudent, car il ne compte pas avec les difficultés, quand il s’agit de gagner à Dieu des âmes, voilà quelques-unes des vertus que Mgr Coadou fera voir au grand jour, à un âge où généralement les missionnaires ont mis fin à leurs travaux, et se reposent dans le sein de Dieu.
« En l’année 1881, la municipalité de Bangalore ayant émis le vœu que des religieuses vinssent soigner les malades dans les hôpitaux, Mgr Coadou s’empressa de faire les démarches nécessaires, et eut le bonheur d’installer cette année même des sœurs de Saint-Joseph de Tarbes au chevet de leurs malades, à l’hôpital Bowring. Quelques années plus tard, en 1886, l’exemple donné par la municipalité de Bangalore ayant été suivi par celle de Mysore, Mgr Coadou obtint encore des religieuses de la même congrégation pour l’hôpital de cette ville. Et c’est ainsi que le monde païen peut contempler dans ces braves filles gardes-malades, l’héroïsme de la charité chrétienne.
« Cependant Sa Grandeur visitait son vaste vicariat, prêchant, confessant et administrant aux fidèles le sacrement de confirmation. Mais la fièvre vint l’arrêter pour le conduire aux portes du tombeau. Monseigneur dut partir pour Pondichéry et fut bientôt, malgré les soins dévoués des docteurs et du P. Desaint, dans un état désespéré.
« Dieu seul pouvait encore le sauver. Dieu le sauva à la prière de tout un peuple qui l’invoquait pour son pasteur et son père. Ce fut un beau jour que celui où Mgr Coadou à son retour de Pondichéry fit son entrée à Bangalore, au milieu de plus de dix mille chrétiens accourus pour l’acclamer et rendre grâces à Dieu ! Déjà s’était cimenté entre le pasteur et ses ouailles cet amour réciproque dont les liens devaient se resserrer tous les jours davantage.
« Ne pouvant tout faire par lui-même, Mgr s’appliqua à communiquer à ses missionnaires le feu sacré qui le dévorait, et donna à toutes les œuvres de la mission une impulsion extraordinaire. En 1882, il avait consacré l’église de Blackpelly, le plus beau monument de Bangalore ; en 1883, il fait commencer sous la direction du P. Vissac la construction du collège dont les majestueuses proportions, non moins que les succes scolaires, défient toute concurrence protestante. En 1884, il fonde la ferme de Samanhally, aujourd’hui en pleine prospérité, pour y établir les orphelins.
« Cette même année, voyant les difficultés que l’esprit sectaire créait aux religieuses de Saint-Joseph dans les hôpitaux, et comprenant de quelle utilité serait pour la gloire de Dieu un hôpital catholique, où l’on pourrait en toute liberté administrer aux malades les remèdes de l’âme avec ceux du corps, le prélat entra dans les vues de la supérieure du Bon Pasteur ; la fondation de l’hôpital Sainte-Marthe fut décidée et la décision fut presque aussitôt mise à exécution. C’est ainsi que, chaque année, voyait quelque œuvre nouvelle jeter ses racines, et les anciennes se développer.
« Le vicariat apostolique de Mysore en était là dans sa marche ascendante, lorsqu’eut lieu le 25 janvier 1886, à Bangalore, le concile des évêques du sud de la péninsule sous la présidence du Délégat apostolique, Mgr Agliardi, à l’effet de proclamer la hiérarchie catho-lique pour les églises de l’Inde. Dès lors le vicariat fut érigé en évêché, et Mgr Coadou reçut le titre d’évêque de Mysore. Le souhait exprimé en cette circonstance par Mgr Agliardi de voir croître de jour en jour le nombre des chrétiens, a reçu son accomplissement. Les chrétiens augmentent toujours, mais non pas dans la mesure que le veut le cœur de notre digne évêque. Son zèle tout de feu voudrait embraser le monde d’amour pour Jésus-Christ, et il se plaint du petit nombre des conversions. Il n’est pas une de ses lettres à ses missionnaires, qui ne décèle cette préoccupation constante, cette soif des âmes. Il priait pour elles ; pour elles il offrait ses mortifications, ses pénitences. Bientôt il ne pourra plus offrir que ses souffrances.
« Dès la fin de l’année 1889, la santé du vénérable évêque laissait beaucoup à désirer. Les docteurs consultés furent d’avis qu’un changement d’air et un repos complet étaient nécessaires. Le repos s’harmonisait mal sans doute avec le zèle du prélat, mais il dut se résigner et alla passer quelques jours de vacances à la ferme de Silvepoora. Le mieux s’étant fait sentir, il revint prendre sa place et travailler encore.
« Mais ses forces étaient trop inférieures à son courage ; il retomba plus gravement. Quelques semaines passées à l’hôpital Sainte-Marthe amenèrent peu de changement dans son état, et sur l’avis des médecins, il se rendit auprès du P. Desaint sur la montagne de Yercaud. L’air de la montagne et les soins attentifs du Père opérèrent un peu de mieux, et Monseigneur voulut aussitôt revenir à sa chère mission. Ce mieux dura peu. Après quelques jours survint une rechute et il fallut reprendre le chemin de l’hôpital. Il n’en devait sortir que pour monter au ciel.
« Mais, avant de quitter cette terre, il fallait qu’il bût jusqu’à la dernière goutte le calice de la souffrance. Quels exemples de résignation, de patience et de douceur il donna au milieu de ses tourments ! Jamais un mot de plainte, jamais un murmure ne s’échappa de ses lèvres. « Souffrez-vous ? lui demandait-on quelquefois. » – « Oh ! oui, je souffre, répondait-il, mais « Notre-Seigneur a souffrert bien plus que moi, » et son regard se portait avec amour sur le crucifix placé près de lui. Dans les douleurs les plus aiguës il redisait seulement quelques pieuses invocations ; pour le moindre service qu’on lui rendait, il adressait un merci.
« Mgr Coadou reçut les derniers sacrements avec une parfaite lucidité d’esprit, puis nous fit ses adieux et nous bénit. Le samedi 13 septembre, Messieurs Blaise et Boyet, alors de garde, voyant sa fin approcher, se mirent à réciter les prières des agonisants ; il y répondit lui-même d’une voix assurée. Et comme les deux Pères, sous l’émotion qui les gagnait, interrompaient les prières : « Veuillez continuer, fit-il doucement ; ne me privez pas des « prières de la sainte Eglise. » L’agonie commença vers neuf heures du soir. Le cher mourant ne pouvait plus prononcer une parole, mais il conserva jusqu’à la fin sa connaissance. Il donna sa bénédiction aux missionnaires présents et aux religieuses qui l’avaient servi avec tant de dévouement, puis il suivit les pieuses aspirations qu’on lui suggérait. Le 14, à deux heures quarante-cinq minutes du matin, son âme s’envola sans effort vers l’éternité.
« Ses restes mortels reçurent la sépulture le lendemain dans l’église cathédrale de Shoolay, en présence d’un grand nombre de missionnaires et de toute la population catholique de Bangalore. Les archevêques de Pondichéry et de Madras avaient daigné envoyer leurs représentants à cette triste cérémonie.
« Mgr Coadou n’est plus, mais le souvenir de ses exemples et de ses vertus vivra éternellement parmi nous. Puissions-nous l’imiter et nous rendre dignes comme lui de la couronne immortelle ! »
Références
[0506] COADOU Jean (1819-1890)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1880, p. 84 ; 1881, p. 95 ; 1882, p. 95 ; 1883, p. 105 ; 1884, p. 141 ; 1885, p. 126 ; 1886, p. 127 ; 1887, pp. 173, 178 ; 1888, p. 183 ; 1889, p. 219. - A. S.-E., xxxix, 1888, p. 91 ; xli, 1890, p. 191.
M. C., xii, 1880, pp. 350, 414 ; Ib., Son sacre, p. 560 ; xiv, 1882, Réception à Mysore, p. 373 ; xviii, 1886, p. 579 ; xix, 1887, Sa préconisation, p. 136 ; xx, 1888, pp. 121, 337, 613 ; xxii, 1890, pp. 268, 484. - Sem. rel. Quimper, 1893, Sa mort, pp. 600, 616, 749.
Hist. miss. Inde, Tab. alph. - A trav. l'Emp. britann., i, p. 452. - Etab. de la Hiér., pp. 31, 54, 69. - Arm. des Prél. franç., p. 250.
Collect., 6 août 1886 : n° 1520 ; 8 mars 1888 : n° 1483.
Notice nécrologique. - C.-R., 1890, p. 234.