Pierre PROTEAU1832 - 1888
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0691
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1858 - 1888
Biographie
[691]. PROTEAU, Pierre-Julien, vit le jour le 7 octobre 1832 aux Brouzils (Vendée). Entré diacre au Séminaire des M.-E. le 6 juillet 1855, il reçut la prêtrise le 17 mai 1856, et partit pour le Yun-nan le 1er juin suivant.
Comme, à cette époque, on se demandait souvent s'il existait une route entre le Yun-nan et la Birmanie, il fut envoyé dans ce dernier pays pour y chercher la voie désirée, et y passa près de deux ans sans réussir. Il n'arriva dans sa mission qu'en 1858.
Il fit ses premiers travaux sous la direction de Mgr Chauveau, dans le Sy-tao que dévastaient alors les rebelles mahométans. Chassé de Peyen-tsin et de Yun-nan fou où il avait remplacé Fenouil en 1868, il se réfugia à Tsao-kia-yn. En 1875, nous le trouvons dans le district de Kiu-tsin.
Il s'occupa activement de l'œuvre de la Sainte-Enfance et y consacra ses ressources personnelles, ainsi que les économies qu'il réalisait en vivant dans une grande pauvreté. Atteint d'une maladie de foie en 1887, il alla se soigner à Ta-li et y mourut le 23 février 1888.
Pour faciliter l'instruction des catéchumènes, il avait fort ingénieusement synthétisé le catéchisme en tableaux synoptiques, dans un langage familier, bien propre à les rendre compréhensibles. Mgr Chauveau disait de lui : " Je ne connais aucun missionnaire plus zélé à catéchiser que le P. Proteau. "
Nécrologie
M.PROTEAU
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU YUN-NAN
Né le 7 octobre 1832.
Parti le 1er juin 1856.
Mort le 23 février 1888.
M. Lucien-Pierre Proteau naquit aux Brouzils (Vendée), le 7 octobre 1832. Il était diacre quand il entra au séminaire des Missions-Étrangères, le 6 juillet 1855. Ordonné prêtre l’année suivante, il fut destiné à la mission du Yun-nan.
« Il n’arriva dans sa mission que deux ans plus tard, écrit le P. Le Guilcher son confrère, à cause d’un assez long séjour qu’il fit en Birmanie.Le Vicaire Apostolique l’envoya dans cette partie du Yun-nan qu’on nomme le Sy-tao, pour y faire ses premières armes sous la conduite d’un chef expérimenté, Mgr de Sébastopolis, plus tard vicaire apostolique du Thibet. Ce pays était alors le poste d’honneur, ravagé qu’il était par les bandes de Mahométans, en révolte contre l’empire.
« Durant ces longues guerres, notre valeureux Vendéen à montré, soit ici, soit à Yun-nan-sen, un courage digne des soldats de son noble pays. Sa piété était supérieure à son courage, et, ce qui frappait surtout en lui, c’était la manière extrêmement édifiante dont il célébrait les saints mystères. Pour le remarquer, il n’était pas nécessaire d’être un observateur compétent; la tenue si digne du nouveau prêtre à l’autel fixa l’attention des fidèles et les remplit d’édification. Du reste, tous ses exercices de piété, il les accomplissait avec un soin jaloux. Scrupuleux observateur de son règlement, quelles que fussent ses occupations, qu’il fût en voyage ou à la maison, jamais il n’y fut infidèle. Aucun jour de sa vie, il n’a omis son chemin de croix. Un prêtre aussi plein de sa vocation, ne pouvait laisser d’être un missionnaire accompli. Si le zèle de la gloire de Dieu le dévorait, il poussa jusqu’à l’héroïsme celui du salut du prochain. Il se préparait longuement à distribuer aux fidèles le pain de la parole sainte, et, sans se permettre aucun retard, il administrait les Sacrements en temps opportun avec tout le respect et la dignité que demandent ces choses si saintes. Son exercice de prédilection, ce fut le catéchisme; il le fit tous les jours, à toute heure libre, sans tenir compte du nombre des auditeurs.Il lui suffisait de rencontrer une personne disposéc à l’écouter, pour qu’il consacrât un temps notable à l’instruire.
« L’habitude l’avait rendu si habile , et les chrétiens profitèrent si bien de ses leçons, que Mgr Chauveau à pu dire de lui en toute vérité : « Je ne connais aucun missionnaire plus zélé « que le P.Proteau à catéchiser. » En 1875, ayant eu occasion de préparer les fidèles d’un district de Kiu-tsin-fou à la fête de Noël, je m’aperçus sans peine que le P. Proteau avait passé par là. Il avait réduit tout le catéchisme en un tableau synoptique. Toute la doctrine y est résumée en un langage familier très propre à aider la mémoire. Il nous en à laissé le manuscrit. Je fais des voeux pour qu’il soit imprimé en caractères chinois. Plusieurs confrères y ont trouvé leurs prédications toutes faites; il serait très propre à instruire les ignorants, et serait pour tous une lecture spirituelle très agréable.
« Toute la vie du zélé missionnaire n’à été qu’une suite non interrompue de voyages. Ces voyages étaient sa seule récréation. Arrivé dans une station, il se mettait de suite à l’œuvre , catéchisant et administrant les sacrements, prenant le temps nécessaire pour tout faire, et suffisant pour le bien faire. Les exercices terminés dans un endroit, il se mettait aussitôt en route pour recommencer ailleurs.
« Dans les dix dernières années, la peste est venue lui donner un surcroît d’occupations. Quand elle apparaissait, le Père ne se donnait aucun relâche ; la nuit comme le jour, au premier signal, il volait au chevet des malades: « Oh ! Le beau temps, disait-il, pour faire entrer le bon grain dans le grenier du Père de famille.»
« Le cher Père aimait la pauvreté et ne consentait qu’avec peine à recevoir un cadeau. Ce qui ne lui revenait pas de droit était toujours refusé, comme il arriva lors d’une visite à Mgr de Philomélie. Le vénérable Vicaire Apostolique, mû par sa bonté habituelle, lui donne un peu de viatique pour son retour. Il le reçoit d’abord, puis, faisant réflexion, le rend en disant : « Reprenez votre argent, Monseigneur, je n’en dépense pas plus en route qu’à la maison, je n’en ai donc pas besoin. »
«Le père n’oubliait pas la source d’où nous vient cet argent, et son respect pour les bienfaiteurs qui nous le donnent le portait à en user avec discrétion, et lui faisait dire qu’on rendra compte au Souverain Juge de l’emploi qu’on en aura fait, aussi bien que de toutes ses autres actions. Son désintéressement n’allait pourtant pas si loin qu’il ne trouvât moyen de faire l’aumône, mais il savait la bien placer, alliant la miséricorde spirituelle à la corporelle. Des parents étaient-ils aussi dénués de sens chrétien que des biens de ce monde, il faisait instruire chrétiennement leurs enfants à ses frais. Une de ces infortunées dont la maladie inspire naturellement aux cœurs les plus généreux un profond dégoût, une lépreuse, qui logeait dans une cabane voisine de sa résidence, était depuis plusieurs années l’objet de sa sollicitude ; il pourvoyait à sa subsistance et lui portait fréquemment la sainte communion.
« Il était, dit le P. Bourgeois, provicaire, plus que dévoué à l’Œuvre de la Sainte-Enfance. Après l’administration de son district, il s’occupait uniquement du baptême des enfants païens. C’était son œuvre par excellence ; aussi, chaque année, sa récolte dépassait-elle de beaucoup celle de ses confrère. Et cependant la mission ne lui donnait guère par année que 250 francs, mais il n’en voulait pas davantage ; ses ressources particulières, augmentées encore par les épargnes dues à un train de vie plus que modeste, étaient toutes employées pour la Sainte-Enfance. Aussi quel beau cortège lui auront fait, à son entrée au ciel, ces légions d’enfants sauvées par son zèle ! »
« Tant de travaux, continue le P. Le Guilcher, accomplis tout simplement, et supportés avec une entière abnégation, avaient rendu notre confrère mûr pour le Ciel. Nous allions le perdre, ce cher Père, notre modèle, notre ami à tous. Pour tous, en effet, sa compagnie était douce et très agréable. Il avait le cæur si bon que jamais il ne fit volontairement de peine à personne.
« Au mois de juin de l’année dernière, il fut attaqué d’un maladie de foie. Croyant que ce n’était qu’une gastrite, il ne s’empressa pas d’accepter l’invitation que je lui faisais de venir se soigner à Ta-ly. Durant plusieurs mois, il continua son genre de vie ordinaire, espérant peut-être se rétablir par les seules forces de la nature. Il acquit sans doute beaucoup de mérites, ne se relâchant en rien de ses devoirs ; mais le mal s’enracinait. Quand il arriva ici le 20 novembre, le médecin ne me laissa que peu d’espoir de le guérir. Malgré des intermittences de mieux, il faiblissait visiblement.
« Le 26 janvier, le médecin lui déclara qu’il n’y avait plus d’huile dans la lampe. Cette nouvelle le combla de joie. Le 27, il fit sa confession générale comme pour mourir, et il se coucha pour ne plus se relever. Bientôt, il ne put plus se remuer qu’avec le secours d’autrui et au prix d’indicibles souffrances, qu’il supportait avec une patience angéli que. Je lui avais dit de s’armer de courage et de s’attendre à faire son purgatoire au lit. Il semblerait que tel a été, en effet, le bon plaisir du Maître. Il souffrit sans relâche et sans se plaindre pendant près d’un mois. Il avait à côté de lui sa croix et son chapelet, et il priait constamment. Il a reçu en temps convenable tous les secours religieux avec une très grande piété. Il offrait à Dieu ses ses souffrances non seulement pour lui-même , mais aussi pour ses confrères et nos chrétiens persécutés. Il conserva toujours la plus grande lucidité d’esprit. Le 23 février, au moment suprême, il avait les yeux fixés sur le crucifix, et quand je prononçai la parole : O mitissime Jesu, ne sis mihi judex sed salvator, il porta sur moi les yeux, et rendit le dernier soupir tout doucement et sans aucune secousse. Il était midi un quart quand il parut en présence du bon Maître qu’il avait toujours si tendrement aimé et si fidèlement servi.
« Je m’estime heureux d’avoir été le bon ange de sa mort, et je prie Notre-Seigneur de m’accorder la grâce d’imiter sa vie et d’avoir une mort semblable à la sienne. »
Références
[0691] PROTEAU Pierre (1832-1888)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1877, p. 16 ; 1881, p. 46. - A. P. F., l, 1878, p. 243. - B. O. P., 1892, p. 585. - Le Tour du Monde, 1873, 1er sem., pp. 284 et suiv.
Hist. gén. Soc. M.-E., Tab. alph. - Voy. d'expl. en Indo-Ch., pp. 458 et suiv. - Huit ans au Yun-nan, p. 70.
Notice nécrologique. - C.-R., 1888, p. 232.