Joseph RIMET1827 - 1885
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0756
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1860 - 1885 (Chengdu)
Biographie
[0756] RIMET, Joseph-Victor, vint au monde le 26 décembre 1827 à Jussey (Haute-Saône). Il commença ses études au petit séminaire de Luxeuil, les continua aux grands séminaires de Vesoul et de Besançon, et reçut la prêtrise le 23 septembre 1854. Il exerça le ministère pendant deux ans dans la paroisse Saint-Maurice, à Besançon.
Il se rendit au Séminaire des M.-E. le 17 décembre 1858, et partit pour le Se-tchoan occidental le 9 mars 1860. Il travailla dans les districts de Long-ngan, de Sou-kia-ouan et de Tchong-pa.
En 1869, il fut nommé provicaire, procureur et curé d'une des paroisses (Y-tong-kiao) de Tchentou, et gouverna la mission en l'absence de Mgr Pinchon, qui s'était rendu au concile du Vatican. La situation était alors difficile, les massacres de Tien-tsin ayant réveillé un peu partout les sentiments xénophobes ; grâce à sa prudence, rien de fâcheux ne se produisit. Il resta à Tchentou après le retour de l'évêque.
En 1885, il partit pour le sanatorium de Béthanie à Hong-kong, refaire ses forces épuisées. A son arrivée à Chang-haï il était exténué ; il mourut dans cette ville, à la procure des M.-E., le 21 octobre 1885.
Nécrologie
M. RIMET
PROVICAIRE APOSTOLIQUE DU SU-TCHUEN OCCIDENTAL.
Né le 17 décembre 1827.
Parti le 9 mars 1860.
Mort le 21 octobre 1885.
La mission du Su-Tchuen Occidental vient d’éprouver une perte bien douloureuse dans la personne de son Provicaire, M. Rimet, mort le 24 octobre à la procure de Shang-Hay.
Né à Jussey en 1827, M. Rimet fit ses études avec de remarquables succès au Petit Séminaire de Luxeuil, où l’on conserve avec un religieux respect les souvenirs glorieux des jours d’autrefois. De Luxeuil il passa à Vesoul, et de là au Grand Séminaire de Besançon.
« Ordonné prêtre en 1858, il fut nommé vicaire de la paroisse de Saint-Maurice, l’une des plus importantes de la ville de Besançon, où pendant deux ans il se dépensa tout entier au service des malades, des enfants et particulièrement des pécheurs, qu’il ne craignait point d’aller chercher jusque chez eux. » Mais ce n’était point encore assez pour son âme ardente. Depuis sa sortie du Grand Séminaire, M. Rimet songeait à se consacrer aux Missions-Étrangères. Il exposa son désir à Mgr Mathieu : « Attendez, attendez, lui répondit le prélat ; plus tard, mon cher abbé…réfléchissez davantage. » M. Rimet suivit le conseil de son évêque ; il réfléchit, il pria, puis un jour il partit pour Ars consulter M. Vianney. Arrivé sur la petite place qui entoure l’élise d’Ars, il aperçoit le vénérable curé au milieu d’une foule nombreuse ; il se mêle aux pèlerins. Soudain M. Vianney interrompt sa conversation ; il fixe son regard doux et profond sur M. Rimet : « Mon ami, lui dit-il, approchez. » Le jeune prêtre s’avance. « Je sais pourquoi vous venez, ajoute le saint curé : oui, votre vocation est bien d’être missionnaire. » Revenu à Besançon, M. Rimet redit à l’archevêque la parole du curé d’Ars, et quinze jours après il entrait au Séminaire des Missions-Étrangères.
Parti pour le Su-Tchuen Occidental en 1860, il vit pendant les premières années de son apostolat la mission désolée tantôt par la famine, tantôt par les ravages d’une bande de brigands augmentée de soldats récemment licenciés et dont le nombre s’élevait à plusieurs centaines de mille ; les maisons isolées, les petites villes, les marchés, étaient pillés et incendiés. M. Rimet s’efforça, dans le district confié à ses soins, de réparer tous ces malheurs, que la haine des mandarins et leurs jugements portés contre les victimes aggravaient encore.
En 1869, lors du départ de Mgr Pinchon pour le concile du Vatican, M. Rimet fut nommé Provicaire. La situation n’était rien moins qu’aisée. Les massacres de Tien-Tsin venaient de révéler une fois de plus à l’Occident étonné toute la profondeur de la haine chinoise contre les chrétiens et contre les Européens. Le contre-coup de ce terrible événement se fit sentir jusque dans les provinces reculées du Su-Tchuen. Les mandarins étaient fort anxieux : d’un côté ils redoutaient la colère du peuple, s’ils ne le laissaient libre de piller et de détruire les établissements catholiques, de l’autre ils craignaient la vengeance des Européens si ces pillages avaient lieu.
M. Rimet montra en ces circonstances une prudence consommée. Après avoir mis en sûreté toutes les archives et tous les papiers de la mission, il resta dans la maison de Mgr Pinchon à Tchen-Tou ; il reçut avec la plus grande courtoisie les mandarins qui venaient, disaient-ils, pour lui rendre visite, mais en réalité afin de s’assurer s’il n’avait ni armes cachées, ni soldats à son service. Cette attitude tranquille et digne calma les agitations et les craintes. Après le retour de Mgr Pinchon, M. Rimet resta à Tchen-Tou, rendant à tous ses confrères les services les plus signalés, soit en les aidant de tout l’argent dont il pouvait disposer, soit en leur donnant des conseils que lui suggérait sa grande expérience des choses et des hommes. En 1878, la fatigue l’obligea d’aller pendant quelque temps respirer l’air put et vif des montagnes de Tchong-Pa. « Si je savais prendre mon mal en patience !…disait-il ; mais, hélas ! mon Dieu , qu’il est difficile d’être un bon malade ! »
Dès qu’il sentit ses forces renaître, il rentra aussitôt à Tchen-Tou et reprit le cours ordinaire de ses occupations. C’est au milieu de ces travaux qu’il passa la dernière partie de sa vie. Les malheurs qui frappèrent la mission du Su-Tchuen Occidental, pendant la guerre franco-chinoise, lui causèrent une profonde tristesse et portèrent un coup sensible à sa santé déjà fort ébranlée. Il dut partir pour Hong-Kong avec Mgr Lepley et M. Mandard.
« Pendant le voyage, écrit M. Martinet, surtout de It-Chang à Han-Kéou, la faiblesse du pauvre malade augmentait de plus en plus, à ce point que de l’avis des missionnaires et d’un docteur anglais, on jugea prudent de le retenir à Han-Kéou, où M. Mandard resta avec lui. Trois jours plus tard, tous deux s’embarquaient pour Shang-Hay où ils arrivaient le mardi, à trois heures après-midi. Le cher M. Rimet était si faible que nous dûmes le faire transporter du bateau à la Procure sur une chaise longue. Ses membres étaient déjà glacés et il fut impossible de les réchauffer. Le docteur français appelé en toute hâte nous laissa peu d’espoir. Mgr Lepley proposa au malade de lui administrer les derniers sacrements, qu’il reçut dans les sentiments de la foi la plus vive. La nuit fut assez bonne ; le malade avait encore sa connaissance et répondait clairement aux inspirations pieuses qui lui étaient suggérées. Mais les forces diminuaient de plus en plus. Vers les huit heures et demie du matin, l’agonie commença ; elle ne dura qu’un quart d’heure, et à huit heures trois quarts, le bon M. Rimet rendait paisiblement son âme à Dieu entouré de Mgr Lepley et de cinq confrères qui récitaient les prières des agonisants. Ce fut la mort du juste qui s’endort dans le Seigneur. Moriatur anima mea morte justorum !
« Les funérailles eurent lieu le lendemain matin à l’église Saint-Joseph, que les bons PP. Jésuites avaient ornée comme pour un enterrement de première classe. Je chantai la messe et je fis l’absoute en présence d’un nombreux clergé et de bon nombre de Français qui avaient bien voulu répondre à notre invitation. Le corps de M. Rimet fut ensuite porté au cimetière des RR. PP. Jésuites, où il repose auprès de M. Eyrault du Su-Tchuen Oriental, décédé en 1874. »
Vivent mortui tui, interfecti tui resurgent.
(Isa, XXVI, 19.)
Références
[0756] RIMET Joseph (1827-1855)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1885, p. 43. - M. C., viii, 1876, p. 589.
Notice nécrologique. - C.-R., 1885, p. 258.