Charles-Edmond PATRIAT1828 - 1887
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0807
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Identité
Naissance
Décès
Charges
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1862 - 1875 (Malacca)
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1875 - 1887 (Hong Kong)
Biographie
[807]. PATRIAT, Charles-Edmond, naquit le 26 avril 1828 à Vic-de-Chassenay (Côte-d'Or), et commença ses études au petit séminaire de Plombières-lès-Dijon où la maladie ne lui permit qu'un court séjour. En 1852, il est au grand séminaire de Dijon d'où la maladie le force de nouveau à sortir. Il passa plusieurs années chez son frère, curé de Magny-la-Ville.
Il entra au Séminaire des M.-E. le 1er mai 1858. Il n'avait pris part à aucune ordination. Au mois de janvier 1861, il fut encore forcé de regagner son pays natal. Il s'occupa alors de recueillir des fonds, pour construire dans l'église de Vic-de-Chassenay une chapelle en l'honneur de sainte Jeanne-Françoise de Chantal, qui était souvent venue prier dans cette église ; il réussit à réaliser ce dessein prémédité depuis plusieurs années. Retourné au Séminaire des M.-E., il fut ordonné prêtre le 14 juin 1862, et partit le 18 août suivant pour l'Extrême-Orient, en qualité de sous-procureur à Singapore.
Il devint procureur dans la même ville en 1864. Dans cette fonction, il conquit par sa bonté l'estime des protestants et des catholiques, des étrangers et des Français. Pendant le temps de sa gestion, il fit plusieurs séjours assez prolongés à Hong-kong, entre autres celui du 30 décembre 1870 au 22 juin 1872.
En 1875, le Séminaire des M.-E. le nomma supérieur du sanatorium, dont la fondation à Hong-kong avait été décidée. Il répondit à la lettre de nomination : " Ce sera pour moi un honneur et un plaisir de servir les confrères malades ou fatigués, que la Providence amènera à Béthanie. Daignez, je vous en supplie, m'obtenir du bon Maître cette vraie charité qu'il pratiqua aux pieds mêmes de ses apôtres. E. Patriat, apostolorum servus. " De concert avec le procureur général, Osouf, il construisit le solide et bel établissement (Sanatorium des M.-E., grav., M. C., xxxii, 1900, p. 151) qui porte le nom de Béthanie. Il l'organisa et se dévoua aux malades avec aménité, abnégation, zèle et patience. Il savait trouver les mots heureux qui font accepter les souffrances, et excellait à exhorter les mourants.
Epuisé à son tour, il quitta son poste au début de l'année 1887, se rendit à Pinang, et, son état ne s'améliorant pas, il s'embarqua pour la France. Le 21 novembre de la même année, il rendait le dernier soupir au sanatorium Saint-Raphaël à Montbeton (Tarn-et-Garonne).
Ses restes, comme ceux de Mgr Desflèches et de J. Bareille et L. Bernard, furent d'abord déposés dans le cimetière de la paroisse ; depuis 1889, ils reposent dans le cimetière du sanatorium avec tous ceux des missionnaires morts dans cet établissement. Le cimetière avait été autorisé par le maire de Montbeton, verbalement le 3 juin 1888 et ensuite par une lettre officielle du 16 décembre suivant. Il fut bénit le 11 juin 1889 par Mgr Fiard, évêque de Montauban.
Nécrologie
M. PATRIAT
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE, SUPÉRIEUR DU SANATORIUM
DE HONG-KONG
Né le 26 avril 1828.
Parti le 18 août 1862.
Mort le 21 novembre 1887.
« M. Charles-Edmond Patriat est né à Vic-de-Chassenay (Côte-¬d’Or), le 26 avril 1828. Il est parti le 18 août 1862 pour l’Extrême-¬Orient, il est mort au Sanatorium de Monbeton le 21 novembre 1887.
« Il est des existences qui semblent marquées d’un caractère parti¬culier, très visible, qui est leur signe distinctif aux yeux de Dieu et aux yeux des hommes. Dans les véritables serviteurs de Notre-Seigneur, ce caractère éclate par une vertu spéciale, qu’ils pratiquent, moins parce qu’ils y sont portés par leur nature qu’obligés par les circonstances, c’est-à-dire, par la Providence. Le P. Patriat eut cet honneur. Lorsqu’on étudie son enfance, sa jeunesse, son âge mûr, sa vieillesse, on est frappé de voir que les situations les plus diverses lui rendent nécessaire à un degré très élevé la pratique de la même vertu : l’abnégation. C’est par cette vertu que tous ses actes convergent vers Dieu, par elle que ses mérites resplendissent, par elle qu’il attire les cœurs; elle est le rayon lumineux qui éclaire et anime sa vie, exté¬rieurement très calme.
« Enfant et jeune homme, désireux du sacerdoce, il est arrêté dans ses études par une grave maladie, qui le force à traîner jusqu’à trente ans, une vie en apparence inutile ; lévite, aspirant à l’apostolat, il voit encore ses travaux interrompus par la souffrance. Enfin, dans sa trente-cinquième année, à la limite extrême de l’âge où l’on est admis dans la Société, il a la joie de partir pour les missions, joie mêlée d’amertume peut-être, car il est nommé sous-procureur à Singapore ; il a espéré prêcher, confesser, catéchiser, il a rêvé de purifier les cœurs et d’élever les intelligences, de sauver les âmes et il lui faut compter des piastres, acquitter des lettres de change, payer des fac¬tures, transcrire des bordereaux, clouer des caisses, en un mot ne s’occuper que de choses matérielles. Il devra aussi recevoir les mis-sionnaires qui vont en Extrême-Orient, et donner ses soins à ceux que la maladie conduit à la procure pour quelques jours.
« L’abnégation produit la charité, comme un arbre vigoureux, un fruit plein de saveur ; c’est par elle qu’elle se complète et se perfec¬tionne.
« Le P. Patriat resta dix ans à Singapore, il était estimé, aimé de tous, des Anglais et des Français, des catholiques et des protestants, des étrangers et de ses confrères ; il fut alors nommé supérieur du Sanatorium nouvellement établi à Hong-kong. J’ai dit supérieur, lui disait, et ce n’était pas un vain mot, serviteur des malades. On admire, et avec justice, les religieuses et les frères de Saint-Jean de Dieu dans leurs salles d’hôpital, aimables, souriants, prêts à parler ou à se taire, à donner des soins ou à n’en donner pas, à venir ou à s’en aller. Leur mérite est grand, pourtant un sentiment doux et fort les soutient dans cet office de constant dévouement ; ils l’ont désiré, appelé de tous leurs vœux. En est-il de même pour ce prêtre qui voulait être missionnaire, que l’on a fait procureur et qui aujourd’hui devient infirmier ? Il accepte ce genre de vie cepen¬dant, et il le pratique de telle sorte, que pour caractériser ses soins et sa sollicitude, on va chercher le mot qui désigne ce que la nature renferme de plus délicat, de plus tendre et de plus dévoué : on l’appelle la mère Patriat. Suprême éloge de la générosité et de l’abné¬gation de l’un, de la reconnaissance, de l’affection et du respect de tous.
« Pendant quinze ans, en même temps qu’il bâtira le Sanatorium et la chapelle, avec cet amour du beau qu’il porte partout, il soignera les maladies les plus diverses, fièvres, dyssenteries, paralysies, gas¬tralgies, ophthalmics, etc. ; il apaisera les impatiences, il consolera les douleurs.
« Dans ce labeur de chaque jour, il mettra la gaieté de son caractère ouvert et franc, la finesse de son esprit parfois très aiguisé ; les bons mots, les historiettes, les plaisanteries alertes voltigeront sur ses lèvres, accompagnés d’une bonhomie charmante, reflet de cette bonté de cœur que la nature lui a donnée et qu’a développée la vertu ; mais surtout, il y mettra son amour des âmes, car il est prêtre, cet homme qui a un cœur de mère, il l’est non seulement parce que Dieu l’a choisi et que l’évêque l’a sacré, il l’est par sa vie sainte et mortifiée, par sa foi et sa piété ; il sait soigner les corps et mieux encore les âmes, il sait dire de ces grandes vérités qui relèvent et fortifient ; sa parole ordinairement calme prend alors un accent de conviction qui émeut ; sobre toujours, elle est tantôt mordante et tantôt très douce. Il a de ces mots inoubliables :
« Oh ! quelle joie de souffrir : seulement, il faut savoir et vous ne savez point. »
« Vous êtes un enfant, regardez donc Jésus-Christ, il a bien plus souffert que vous. »
« Je compatis à toutes vos souffrances, je vous plains, je prie chaque jour pour vous, priez, priez. Dieu nous exaucera, il est si bon ».
« Apprendre à faire la volonté de Dieu, c’est apprendre à travailler ou à souffrir, c’est tout apprendre. »
« Mon cher ami, je viens de voir le docteur, je suis jaloux de vous, vous allez mourir. »
« Aimez-vous beaucoup le bon Dieu ? oui n’est-ce pas, alors, chan¬tez votre Nunc dimittis, dans quelques jours vous irez au ciel. »
« Ce ne sont là que de faibles échos ; qui redira ces longs entre¬tiens que parfois il avait avec certaines âmes privilégiées, très aimées de Dieu, très aptes à comprendre la doctrine substantielle qu’il goûtait avec tant de joie ? Qui redira ces exhortations si tou¬chantes adressées aux mourants ? Avec quel enthousiasme il parlait de pardon, d’espérance, de charité ; en l’écoutant, on se disait que l’on voudrait mourir, ainsi fortifié et réjoui par cette parole ardente.
« Un jour, hélas ! ce ne fut plus lui qui vint exhorter les mourants. Il avait soixante ans, mais il était vieilli avant l’âge par les travaux, par les veilles, par la douleur aussi, car qui donc a approché les souffrances humaines sans être blessé par elles : il avait voulu mourir à son poste, ses supérieurs lui ordonnèrent de partir pour Pulo-¬Pinang et quelques mois plus tard pour la France. Il laissa cette chapelle, chef-d’œuvre de son goût délicat et pur, cette maison qu’il avait bâtie pierre par pierre, ce jardin qu’il avait créé si riant pour ses malades, ce cimetière avec ses bosquets de lauriers roses et de sapins verdoyants où il avait préparé sa tombe, espérant y dormir son dernier sommeil, bercé par le bruit monotone des vagues de la mer de Chine. Il laissa tout ce qu’il avait fait et tout ce qu’il avait aimé.
« Avions-nous donc tort de dire, que, de son origine à sa fin, cette vie était marquée du sceau de l’abnégation, abnégation dans la souffrance, d’abord, dans la charité ensuite, et jusque dans la mort.
« Il arriva au Sanatorium de Monbeton le 5 août 1887, il y souffrit jusqu’au 21 novembre. Ce jour-là, à neuf heures du matin, au moment où M. Lesserteur se penchait vers lui, en prononçant les noms de Jésus et de Marie, le malade ouvrit les yeux, les fixa sur la statue de Notre-Dame des Sept-Douleurs placée au pied de son lit, puis il expira.
« La Société des Missions-Étrangères gardera la mémoire du P. Patriat, son serviteur constant et fidèle, mais plus pieusement encore la conserveront-ils, ceux qui pendant de longs mois ont été entourés de ses soins, dirigés par ses conseils, consolés par son affection, et qui aujourd’hui, s’adressant à lui comme on s’adresse aux élus, demandent un souvenir dans ses prières, une part dans ses bénédictions. »
Deus eos qui dormierunt per Jesum, adducet cum eo.
(I, Thess., IV,13.)
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Références
[0807] PATRIAT Charles (1828-1887)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1874 (janv.), p. 45 ; 1879, p. 78 ; 1880, p. 103 ; 1881, pp. 101, 132 ; 1885, p. 163 ; 1886, pp. 165, 206. - M. C., vi, 1874, Mort de M. Issaly, p. 413 ; xi, 1879, Mort de Mgr Pontvianne, p. 471 ; xii, 1880, p. 143. - Sem. rel. Dijon, 1886-87, n° du 3 déc., p. 835 [et non 5]. - Œuv. Prop. Foi, Angers, comp.-rend., 1878-80, Mort de M. Pasquier, p. xii.
An anecd. hist., Tab. alph.
Notice nécrologique. - C.-R., 1887, p. 286.
Biographie. - A la mémoire du Révérend Père Charles-Edmond Patriat, prêtre et missionnaire de la Société des M.-E., et de M. l'abbé Jacques-Léger Patriat, ancien curé de Magny-la-Ville et de Torcy, au diocèse de Dijon, par l'abbé Jobard, curé de Sussey. - Imprimerie Eugène Jobard, Dijon, 1888, in-8, pp. 32.