Jean-Marie DELAVAY1834 - 1895
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0939
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1866 - 1881
- 1881 - 1895
Biographie
[939]. DELAVAY, Jean-Marie, originaire des Gets (Haute-Savoie), où il naquit le 28 décembre 1834, fut élève du petit séminaire Saint-François de Sales, à Mélan, et reçut l'ordination sacerdotale le 22 décembre 1860. Il fut nommé vicaire à Serraval deux jours après, à Saint-Nicolas-la-Chapelle le 4 février 1862, à Allonzier-la-Caille le 27 novembre 1864.
Entré au Séminaire des M.-E. le 19 novembre 1866, il partit le 15 juillet 1867 pour la mission du Kouang-tong et Kouang-si. Il dirigea plusieurs districts, en particulier ceux de Loui-tcheou et de La-fou, où il s'occupa activement du rachat des femmes annamites enlevées par les pirates et vendues sur les frontières du Kouang-tong. Les lettres qu'il écrivit à ce sujet émurent la charité des catholiques et lui procurèrent des aumônes.
En 1881, il passa dans la mission du Yun-nan. Il fut envoyé dans le district de Houang-kia-pin, et s'y dévoua particulièrement au cours d'une épidémie de peste bubonique ; en assistant les malades, il fut atteint du fléau, mais il en guérit. Il mourut à Yun-nan fou, le 31 décembre 1895.
C'était un botaniste distingué ; il envoya au Muséum de Paris et à d'autres établissements scientifiques un grand nombre de plantes inconnues en Europe, ce qui lui valut en 1886 d'être nommé officier d'instruction publique. Pendant son séjour au Yun-nan seulement, il explora un territoire d'environ 300 kilomètres carrés ; le nombre des espèces de plantes envoyées par lui dépassa 3200 ; sur ce chiffre, 1000 n'avaient pas encore été signalées en Chine ; ce fut certainement l'herbier chinois le plus important expédié en Europe. Un savant de quelque renom, M. Franchet, avait entrepris d'en publier la description sous le titre Plantæ Delavayanæ ; malheureusement il fut enlevé par la mort après l'apparition du second fascicule.
Nécrologie
M. J.-M. DELAVAY
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU YUN-NAN
Né le 28 décembre 1834.
Parti le 15 juillet 1867.
Mort le 31 décembre 1895.
Faute de documents, il ne nous est pas possible de donner une notice proprement dite sur M. Delavay ; mais nous sommes heureux de transcrire ici une lettre de M. Le Guilcher, provicaire du Yun-nan, laquelle, selon nous, montre bien ce que fut la vie de notre regretté confrère.
« De la carrière apostolique de notre cher défunt, M. Jean-Marie Delavay, je ne connais que ce qui concerne les huit années qu’il a passées dans mon voisinage à la tête du district de Houang-kia-pin ; et voici, en toute simplicité, ce que j’ai remarqué en lui de très édifiant.
« Je me trouvais à la capitale, lorsqu’il arriva au Yun-nan. Or, à cette époque, le district de Houang-kia-pin était veuf de son pasteur ; et l’un des motifs qui m’avaient amené à Yun-nan-sen, était précisément de demander à notre vénéré Vicaire apostolique, Mgr Fenouil, un missionnaire pour cette importante chrétienté. L’évêque, son conseil consulté, décida d’y envoyer M. Delavay. Après quelques jours de repos, nous nous mîmes, de compagnie, en route pour le Sy-tao, l’ouest de la Mission.
« M. Delavay était un botaniste distingué ; il descendait fréquemment de cheval pour cueillir une fleur qui avait attiré son attention. Missionnaire avant tout, il savait profiter des premiers moments convenables pour l’accomplissement de ses exercices spirituels : aussi quand nous arrivions à une étape, il était toujours en règle avec le bon Dieu, et, en attendant notre frugal souper, il me montrait avec satisfaction les fleurs précieuses dont il avait rempli sa giberne de voyage. Son confrère sentait, dès cette époque, le poids de l’âge et n’était pas sans quelque infirmité ; la fatigue de nos routes montueuses, escarpées, ne suffisait pas toujours à lui ouvrir l’appétit. Alors M. Delavay ouvrait ses malles et grâce aux petites provisions qu’il avait eu la précaution de faire en entrant en Chine, les santés se soutinrent jusqu’à la fin du voyage. Ainsi, à l’amour de Dieu, dont il me donna l’exemple par sa régularité, il joignait la charité fraternelle, et ce n’est pas sans un vif plaisir que je me rappelle ce premier voyage fait avec lui. Désormais, nos cœurs étaient unis et la confiance mutuelle ne se démentira pas.
« Nous allons maintenant le voir travailler dans son district avec un zèle de tous les instants, et, comme s’il s’était cru insuffisant à faire tout le bien que son cœur désirait, il demandait souvent à ses confrères un secours qui ne lui était jamais refusé.
« Une épidémie d’une violence extrême, la peste à bubon, sévissait alors dans le pays ; elle semblait avoir choisi son domicile de préférence à Houang-kia-pin, tellement qu’un dicton s’établit parmi nos néophytes : Pour manger du bon riz en paix, il faut aller habiter Kieou-ya-pin ; si vous voulez aller vite au ciel, demeurez à Houang-¬kia-pin. On devine le travail du missionnaire dans cette dernière localité, et certes M. Delavay était apte à cette besogne, car il était homme de foi et de devoir avant tout. Il aimait la botanique, mais ce n’était pour lui qu’un hors-d’œuvre de prédilection et il s’y adon¬nait dans un esprit surnaturel.
« Ennemi du farniente, il aimait à nous répéter : Il faut savoir s’occuper ; ayez donc une occupation utile, à votre choix, à laquelle vous vous livrerez volontiers dans les loisirs que vous laisse le ministère apostolique ; ne soyez jamais sans rien faire. — Il disait à celui qui recevait habituellement ses confidences : Quand les besoins de mes chrétiens m’appellent, je me dis aussitôt : J’irais à la montagne, si j’espérais y trouver une plante rare, et je ne volerais pas au secours de mes chrétiens dans le besoin ! — Aussi, accourait-il au chevet de ses malades dès la première alerte. Il tenait, du reste, de ses prédécesseurs, que la terrible épidémie ne fait pas de quartier et temporise rarement. Il se rendait donc au premier signal sans tergiverser une minute. Sous la pluie ou un soleil de plomb, la nuit tout comme le jour, il partait à l’instant pour la gloire de Dieu et le salut des âmes. Ainsi nos chers malades ont tous reçu les derniers sacrements, et avec raison l’on a pu dire que, pendant ces terribles années, le seul district de Houang-kia-pin avait donné plus d’élus au ciel que le reste de la Mission.
« Un jour, M. Delavay fut lui-même atteint par le fléau ; il employa d’abord les remèdes ordinaires, mais bientôt sa foi lui inspira de recourir aux moyens surnaturels. C’est alors aussi que, se souvenant d’une guérison précédemment obtenue pour lui par la protection de la très sainte Vierge, il lui vint à la pensée que Notre-Dame de Lourdes pourrait bien rendre la salubrité à son district trop longtemps éprouvé, Mgr de Ténédos lui envoya une bouteille de l’eau miraculeuse. Est-ce la foi de l’un, est-ce la foi de l’autre, n’est-ce pas plutôt la foi de tous les deux et celle des chrétiens qui ont obtenu le miracle ? car Notre-Dame de Lourdes n’est pas inconnue dans nos lointaines régions.
« Le Père réunit ses chrétiens dans sa belle église de Notre-Dame des Sept Douleurs ; tout le monde épancha son cœur devant Dieu et sa miséricordieuse Mère, en une prière pleine de foi et d’espérance. Il aspergea les fidèles de l’eau miraculeuse et ensuite l’église, à l’intérieur et en dehors, puis l’on se retira plein de confiance. Cette confiance ne fut pas trompée ; les malades, administrés la veille, revinrent à la santé et le fléau cessa pour ne plus reparaître de longtemps. Plus tard, nous avons lu, avec reconnaissance, la relation de cette grâce signalée dans un numéro des Annales de Notre-Dame de Lourdes.
« C’est peut-être ici le cas de se demander comment il se fait qu’une chrétienté, si longtemps décimée par la peste, n’ait pas été entièrement anéantie. Des gros villages païens qui entouraient la résidence du missionnaire, trois ont été tout à fait dépeuplés et plusieurs autres réduits à très peu de familles. Les chrétiens ont pris les places devenues vides, et notre église, la plus grande de la mission, a toujours été pleine de fidèles aux jours de dimanches et de fêtes. C’était là, sans doute, un effet de la grâce de Dieu, mais je dois ajouter, et aussi du zèle de son ministre. M. Delavay n’était pas homme à se décourager. Il savait faire un catéchiste de tout bon chrétien ayant une instruction suffisante pour prêcher les païens et les préparer au baptême. Ce furent les néophytes qui, avec les naissances annuelles, maintinrent son district dans l’état à peu près normal. Le Père ne cessait pas, du reste, d’entretenir la ferveur dans le cœur de son peuple ; prêcher et catéchiser tous les dimanches et fêtes ; pousser, importune et opportune, à la réception fréquente des sacrements ; attirer tout le monde aux grandes solennités et se faire aider par quelques confrères moins chargés de besogne : telle a été, pendant son séjour à Houang-kia-pin, la conduite de notre zélé confrère.
« Oh ! qu’il a regretté son district ! Quand, pris de rhumatisme articulaire, il comprit qu’il fallait se résigner à partir, il prolongeait ses visites à Notre-Seigneur au Saint-Sacrement ; les insomnies le ramenaient encore à ses pieds ; il passait le reste de la nuit à faire le tour de son église. Il faisait sans doute alors ses adieux à Notre-Dame des Sept Douleurs, patronne de sa paroisse, et Lui recommandait, et par Elle à Jésus, cette belle et chère chrétienté que la maladie le forçait à abandonner. Ses néophytes partagèrent sa douleur ; ils n’ont cessé, depuis son départ, de nous demander de ses nouvelles et quand ils ont appris sa mort, ils ont prié avec ferveur pour leur regretté pasteur. »
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Références
[0939] DELAVAY Jean-Marie (1834-1895)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1875, pp. 25, 26 ; 1878, pp. 25, 73 ; 1886, p. 62. - M. C., iii, 1870, p. 197 ; v, 1873, pp. 133, 134, 354, 466, 567 ; vi, 1874, La traite des Annamites, p. 73 ; Ib., pp. 140, 222, 236 ; vii, 1875, pp. 29, 30 ; Ib., La traite des Annamites, p. 500 ; viii, 1876, pp. 32, 284 ; ix, 1877, La traite des Annamites, pp. 261, 578 ; x, 1878, p. 377 ; xi, 1879, Les Hakkas, p. 605 ; xviii, 1886, Sa nomination d'officier d'Académie, p. 376 ; xxviii, 1896, p. 348.
Bull. Soc. bot., xxxi, 1884, Description de quelques espèces de Gentiana du Yun-nan, p. 373 ; xxxii, 1885, Plantes du Yun-nan récoltées par lui, pp. 3, 26 ; Ib., Les Primula du Yun-nan, p. 264 ; xxxiii, 1886, Observations sur deux Primula monocarpiques de la Chine, et description d'espèces nouvelles de la Chine et du Thibet oriental, p. 61 ; Ib., Rhododendrons du Thibet oriental et du Yun-nan [David, Delavay], p. 233 ; xxxiv, 1887, Description de quelques espèces ou variétés nouvelles de Rhododendron du Yun-nan, p. 280 ; Ib., Plantæ Yunnanenses a J. M. Delavay collectæ, p. 358.
Bull. mens. Soc. Linn., 1886, Sur deux Oléacées du Yun-nan (Syringa sempervirens et Osmanthus Delavayi), p. 612 ; 1888, Cyrtandracées nouvelles de la Chine, p. 715 ; 1891, Sur une Borraginée à nucules déhiscentes (Schistocaryum myosotideum), p. 910.
Journ. de Bot., i, 1887, Le genre Cyananthus, p. 243 ; ii, 1888, Note sur les Saussurea du Yun-nan, p. 309 ; iii, 1889, Observations sur deux Primula à graines anatropes (Primula Delavayi et Primula vincæflora), p. 49 ; vi, 1892, Note sur un Kelloggia de la Chine (Kelloggia chinensis), p. 10 ; Ib., Les Lis de la Chine et du Thibet, dans l'Histoire du Muséum de Paris [Delavay, Fages], p. 305 ; viii, 1894, Plantes nouvelles de la Chine [Delavay, Fages, Soulié], p. 273 ; ix, 1895, p. 255 ; x, 1896, Compositæ novæ a Flora sinensi [Delavay, Prince H. d'Orléans, Soulié, Fages], pp. 368, 409 ; xi, 1897, p. 21.
Rev. hort., 1888, Nouveau Kœlreuteria de la Chine occidentale (K. bipinnata), p. 393 ; 1890, Les Lespedeza de la Chine occidentale, p. 225 ; 1891, Dipelta Yunnanensis, p. 246 ; Ib., Jasminum Polyanthum, p. 270 ; Ib., Les lilas, leurs espèces et leur origine (Syringa Yunnanensis), pp. 308, 330.
Bull. Soc. Phil., 7e sér., 1888, Notes sur les Cypripedium de la Chine occidentale [David, Delavay], n° de juill. ; 8e sér., ii, 1890, Diagnoses d'espèces nouvelles du genre Chrysosplenium [Delavay, David, Dr A. Henry], p. 102 ; vi, 1894, Sur quelques Ombellifères du Yun-nan, p. 106 ; vii, 1895, Enumération et Diagnoses des Carex nouveaux pour la Flore de l'Asie orientale [Delavay, Soulié, Fages], pp. 27, 84.
Bull. Mus. Hist. nat., i, 1895, Sur quelques plantes de la Chine occidentale, p. 62 ; Ib., Sur quelques Rheum nouveaux du Thibet oriental et du Yun-nan [Delavay, Soulié], p. 211 ; ii, 1896, Notice sur les travaux du R. P. Delavay, p. 148 ; Ib., Notes sur quelques collections de plantes de l'Asie orientale parvenues récemment au Muséum [Delavay, Bodinier, Fages], p. 277.
Bull. Soc. bot. de France, 1896, Sur quelques liliacées de la Chine occidentale (Tupistra, Peliosanthes, Tovaria) [Delavay, Fages, Soulié], p. 37.
Hist. des relat. de Chine, Tab. alph. - Nos miss. pat. et sav., p. 46. - Fruticetum Vilmorinianum, p. x.
Notice nécrologique. - C.-R., 1896, p. 355.