Jules LEPRINCE1839 - 1908
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1009
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1869 - 1908 (Saigon)
Biographie
[1009]. LEPRINCE, Jules-Adolphe, né à Comblot (Orne) le 16 février 1839, fut ordonné prêtre le 14 juin 1862. Après six années de ministère dans son diocèse, comme vicaire à Bazoches-en-Houlme à dater du 1er juillet 1862, et ensuite au Merlerault depuis le 18 novembre 1865, il entra au Séminaire des M.-E. le 13 juillet 1868. Il en partit le 6 juillet 1869 pour la Cochinchine occidentale.
Il apprit la langue à Cai-mong, administra successivement les paroisses de Thu-dau-mot 1870-1871, et Giong-rum 1871-1874. Deux typhons détruisirent son oratoire et son presbytère dans cette dernière chrétienté, où il passa près de trois ans au milieu de populations hostiles. Il fut ensuite chargé de Hoc-mon 1874-1877, puis de Baixan où il resta de 1877 à 1891. Après une maladie assez longue, il administra le poste de Tay-ninh 1898-1905. Il mourut au séminaire de Saïgon le 17 février 1908.
Nécrologie
M. LEPRINCE
MISSIONNAIRE DE LA COCHINCHINE OCCIDENTALE
Né le 16 février 1839
Parti le 6 juillet 1869
Mort le 17 février 1908.
Jules-Adolphe Leprince est né à Comblot, au canton de Mortagne, département de l’Orne, le 16 février 1839. Il avait, à trente ans, tous les traits d’un fils de la Normandie. Sa chevelure et sa barbe étaient rouges et drues. Ses yeux avaient la teinte et l’éclat de l’acier bleui. Il était de taille moyenne mais robuste. Très réservé, il avait une manière et profondément investigateur. Un de ses confrères amenait-il la question sur son pays d’origine, M. Leprince ne voulait pas être appelé normand, car il distinguait toujours entre la Normandie et le Perche, sa vraie patrie.
Il fut ordonné prêtre le 14 juin 1862. C’est seulement après six années de ministère dans son diocèse, qu’il pourra mettre à exécution son dessein de se consacrer aux missions. Il entre au Séminaire de Paris le 13 juillet 1868. Destiné pour la Cochinchine occidentale, après une année de noviciat, il s’embarque pour sa mission le 6 juillet 1869, et arrive à Saïgon, le 6 août suivant.
Quelque temps après, il est envoyé à Cai-mong, pour y apprendre la langue annamite et se former à la vie apostolique. Il administra ensuite successivement les paroisses de Mytho, de Thudaumot et de Giony-Rum.
C’est dans cette dernière chrétienté qu’il reçut en abondance des croix et des souffrances, physiques et morales, car il eut à subir deux violents typhons qui détruisirent ses œuvres, et à vivre deux années au milieu d’une population hostile et non encore soumise à l’occupation française. Sa robuste santé fut ébranlée par tant de misères, et, après un court séjour à Hoé-mon, où il comptait se remettre et recouvrer ses forces, il dut aller chercher la santé au sanatorium de Hong-kong .
A son retour, l’autorité lui confia la paroisse de Baixan. Mais là encore, il lui fallut vivre dans de continuelles privations. Il n’avait pour logement qu’une misérable hutte, élevée sur pilotis, et menaçant ruines. Il passa dans cette situation six années, pendant lesquelles sa santé, déjà très éprouvée, ne fit que s’affaiblir encore.
Un voyage en France fut jugé nécessaire. Son évêque lui proposa ce retour. Le climat du pays natal lui rendit en effet ses forces. Il rentra en Cochinchine plein de santé, et heureux de pouvoir la dépenser au salut des Annamites.
Le poste de Tay-minh l’attendait. Il y demeura jusqu’au jour où abattu par la maladie, il dut venir chercher à l’infirmerie du Séminaire de Saïgon les soins qu’il ne pouvait trouver dans son poste.
C’est là que la mort vint le trouver.
Après Dieu, les livres étaient son amour. Il lisait, relisait, analysait son volume jusqu’à ce qu’il le possédât parfaitement. Après trente ans de Cochinchine, sa tête était devenue une encyclopédie vivante : histoire universelle, vie intime des anciens peuples, zoologie, cosmographie avaient dans son cerveau leur casier spécial. Toujours tenu dans un ordre parfait. C’était le contraire de sa chambre et de son bureau.
Il passait des heures à suivre l’épanouissement d’une fleur, les allées et venues d’un oiseau, d’un insecte, à observer le lever ou le coucher d’une étoile. Il avait pour tout être vivant quelque chose de l’amour du Patriarche d’Assise.
Sa physionomie habituelle était celle d’un homme qui se parle beaucoup à lui-même. On entrevoyait la pensée dans ses yeux, sur son front. C’était tantôt un nuage, tantôt un éclair. L’un et l’autre se fondaient dans un sourire spécial.
En société, il écoutait plus facilement qu’il ne parlait. Et quand une erreur historique ou autre échappait à un interlocuteur, le vieux missionnaire levait vers lui un regard qui pétillait sous ses lunettes : un léger pli de la lèvre, qui trahissait sa surprise, était toute sa protestation. Il n’y avait pas un mot qui pût faire soupçonner l’erreur à des tiers non initiés, ou provoquer une discussion.
Il parlait à ses heures et quand il connaissait son monde : le langage était toujours correct, les paroles assurées et les termes propres.
Il disait bien ce qu’il savait bien et n’abordait jamais les questions qui lui étaient étrangères. Comme il savait beaucoup de choses, il aurait pu parler longuement mais il était en général laconique et rentrait toujours avec plaisir dans son silence.
M. Leprince vient de s’éteindre dans un état paralytique qui a obscurci pendant de longs mois ses facultés intellectuelles.
Il est mort dans l’absolue pauvreté qui fut la marque de toute sa vie. Il ne possédait pas un objet qui eût une valeur quelconque.
Dieu, qui aime les pauvres, lui a déjà accordé sans doute la béatitude éternelle !
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Références
[1009] LEPRINCE Jules (1839-1908)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1874 (janv.), p. 16 ; 1886, p. 210 ; 1897, p. 181 ; 1899, p. 211. - Sem. rel. Séez, 1870, p. 355 ; 1877, pp. 21, 403 ; 1908, Notice, p. 502.
Miss. orig. du dioc. Séez [même Notice que Sem. rel. Séez], p. 62.
Notice nécrologique. - C.-R., 1908, p. 335.