Pierre CADRO1845 - 1929
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1022
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1869 - 1929 (Hanoi)
Biographie
Pierre, Marie CADRO naquit le 12 octobre 1845, à Plouguenast, département des Côtes d'Armor, (ex Côtes du Nord), diocèse de Saint Brieuc. Le 26 septembre 1866, il entra laïque au séminaire des Missions Etrangères. Tonsuré le 15 juin 1867, minoré le 21 décembre 1867, sous-diacre le 6 juin 1868, diacre le 19 décembre 1868, il fut ordonné prêtre dans la chapelle du séminaire des Missions Etrangères, le 22 mai 1869, et reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique du Tonkin Occidental qu'il partit rejoindre le 6 juillet 1869, en compagnie de M. Bonfils.
Arrivé dans sa mission, il s'initia à la langue viêtnamienne à la communauté de Ke-So, puis fut envoyé dans la province de Son-Tây se former au ministère pastoral sous la direction de M. Joseph Landais. En 1872, Mgr. Puginier le nomma chef du district de Vinh-Tri; M.Cadro s'installa à Ke-Vinh, au sud ouest de la ville de Nam-Dinh, dans la province de même nom. Cette chrétienté avait abrité pendant plus de cent ans, la communauté centrale du vicariat. Détruite en 1860 par les persécuteurs, elle se releva de ses ruines; elle comptait 5.500 chrétiens en 1892, M.Cadro, malgré une santé délicate, donna une impulsion nouvelle à son district. Il demeura toujours à son poste malgré les troubles politiques de 1873 et de 1885, et l'hostilité contre les chrétiens. Avec tact, il travailla à la pacification du pays, fonda une douzaine de chrétientés nouvelles, conduisit de nombreux catéchumènes au baptême.
A partir de 1906, et jusqu'en 1927, M.Cadro résida à-Ke-Dai, paroisse voisine de Ke-Vinh; il vécut dans le sud de la province de Nam-Dinh, pendant 55 années interrompues seulement, de 1881 à 1884, par un séjour au sanatorium de Hong-Kong, et vers 1911, par un traitement de quelques mois à l'infirmerie de la mission à Hanoï. A Ke-Dai, il développa la dévotion au Sacré-Coeur, et fit de cette paroisse l'une des plus ferventes de la mission.
En raison de son expérience et de sa connaissance approfondie de la langue et des us et coutumes viêtnamiennes, ses supérieurs lui confièrent le soin de former les jeunes missionnaires au ministère pastoral. Evoquant son stage chez M.Cadro, M.Girod écrivait: Alors, j'avais faim et soif.... de la justice, de la connaissance de la langue viêtnamienne, de l'esprit apostolique que je trouvais surabondamment... et d'autres choses encore moins spirituelles, que je ne trouvais pas du tout.." Car on travaillait beaucoup à Ke-Vinh, le cuisinier excepté.
Outre une connaissance plus qu'ordinaire des caractères chinois, M.Cadro possédait à fond la vieille langue viêtnamienne expressive, populaire et comprise de tous. Il traduisit, composa et publia en viêtnamien de nombreux ouvrages de piété, de doctrine, et d'hagiographie. En 1908, il préparait une "Vie du Bienheureux Curé d'Ars" en viêtnamien.
Il participait rarement à des rencontres ou à des réunions. C'est à sa résidence qu'il fallait se rendre pour s'entretenir avec lui. Vers 1925, M.Girod racontait: "Je l'ai revu dernièrement dans son ermitage de Ke-Vinh, habitant encore sa pauvre paillotte, qui a cependant changé de place, mais qui abrite toujours la finesse du Jésuite, le travail du Chartreux, et la science du Bénédictin."
Homme de prière, M.Cadro vivait en intimité avec les martyrs du Tonkin, avec le curé d'Ars. Uu cercueil offert par un prêtre viêtnamien de ses amis et qu'il conservait près de lui, le ramenait à la salutaire pensée de l'éternité. En 1927, son organisme usé l'obligea à suivre un traitement à l'hôpital de Nam-Dinh où il resta plusieurs semaines. Mgr. Gendreau estima nécessaire de le faire venir à Ke-So.
Le 22 mai 1929, M.Cadro fêta ses noces de diamant dans la cathédrale de Ke-So. Assisté de MM.Chevènement et Villebonnet, et en présence de NN.SS Gendreau et Marcou, il pût célébrer la messe. Mgr.Gendreau rappela les étapes de la vie missionnaire de M.Cadro. Une lettre du Saint Père accordait à ce dernier la décoration "bene merenti", la bénédiction apostolique et plusieurs faveurs spirituelles.
Sept mois plus tard, le jour de Noël 1929, vers huit heures et demie du soir, entouré de tous les membres de la communauté de Ke-So M.Cadro rendit son âme à Dieu. Ses funérailles présidées par Mgr.Gendreau, eurent lieu à Keso le 27 décembre 1929.
Nécrologie
[1022] CADRO Pierre (1845-1929)
Notice nécrologique
M. CADRO (Pierre-Marie), né à Plouguenast (Saint-Brieuc, Côtes-du-Nord) le 12 octobre l845. Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères le 26 septembre 1866. Prêtre le 22 mai 1869. Parti pour le Tonkin Occidental le 6 juillet 1869. Mort à Hanoï le 25 décembre 1929.
Lorsque, il y a de cela trente ans, nous arrivions jeunes missionnaires au Tonkin Occidental, les trois doyens d’âge du Vicariat étaient M. Dumoulin, arrivé en 1863, M. Deux, arrivé en 1866, et M. Cadro arrivé en 1869. M. Deux fut incorporé en 1901 au Tonkin Maritime constitué cette année-là en Mission indépendante, et où grâce à Dieu il porte encore avec aisance le poids de ses quatre-vingt-sept ans. M. Dumoulin, frappé d’un mal cruel et incurable, mourut le 6 juillet 1902. Seul nous resta M. Cadro, qui entrait alors dans sa trente-troisième année de mission.
Né le 12 octobre 1845 à Plouguenast, au diocèse de Saint-Brieuc, ordonné prêtre le 22 mai 1869 dans la chapelle du Séminaire des Missions-Etrangères de Paris, il partit le 6 juillet suivant pour le Tonkin, où il arriva vers la fin de la même année avec M. Bonfils. Après s’être initié à notre communauté de Ke-So, aux rudiments de la langue annamite, il commença l’exercice du ministère apostolique dans la province de Son-tay, sous la direction de M. Lan-dais. Mais dès 1872, Mgr Puginier nomma le jeune missionnaire supérieur du district important de Vinh-Tri et c’est dans ce village, puis à Dai-Lai, chef-lieu d’une paroisse voisine, que M. Cadro résidera jusqu’en 1927, c’est-à-dire 55 années, interrompues seule¬ment, de 1881 à 1884, par un séjour au Sanatorium de Hongkong, et vers 1911, par un traitement de quelques mois à notre infirmerie de Hanoï.
Sa santé toujours délicate, plusieurs maladies graves dont il fut successivement atteint, donnèrent lieu à de sérieuses alarmes. Cependant à force de voir le missionnaire après chaque crise nouvelle, reprendre sa vie ordinaire, les inquiétudes devinrent moins vives et l’on finit par ne plus croire au danger. De fait, M. Cadro devait tenir longtemps et vaillamment. Ni le souci de sa santé chan¬celante, ni les difficultés de son ministère, ni les troubles politiques qui suivirent en 1873, puis en 1885, les expéditions de Garnier et de Rivière, ni enfin l’hostilité déguisée et parfois ouverte des ennemis du nom chrétien, ne l’empêchèrent de demeurer à son poste. Il travailla avec tact et non sans succès à la pacification du pays et s’acquit une heureuse influence sur la population, tant boud¬dhiste que catholique, de la région. Il eut la joie d’instruire et de conduire au baptême plusieurs groupes importants de catéchumènes. On compte au moins douze chrétientés créées par lui dans des villages jusqu’alors entièrement païens.
Avec une charité aussi discrète que généreuse, il n’hésita pas à se dépouiller, pour venir en aide à ses néophytes, d’un patrimoine familial assez considérable. En outre, par deux fois, à des époques de famine, il remit au Supérieur de la Mission de grosses sommes à distribuer en aumônes, mais sous la condition que son offrande resterait secrète.
D’autre part, il déploya une activité digne d’éloges à développer parmi ses chrétiens la dévotion au premier vendredi du mois, en l’honneur du Sacré-Cœur, et la fréquentation des sacrements, notamment dans la paroisse de Ke-Dai, où il résida depuis 1906, à tel point que cette paroisse est aujourd’hui comptée parmi les plus ferventes de la Mission.
Son zèle affectueux, son dévouement aux Annamites, son expérience approfondie de leurs us et coutumes, étaient très appréciés des Supérieurs, qui lui confièrent le soin de former à la vie apostolique un certain nombre de jeunes missionnaires. Les regrettés MM. Girod et Lecornu, entre autres, firent leurs premières armes sous sa direction.
Mais le titre principal de M. Cadro à la reconnaissance du clergé, des fidèles de la Mission, et même de l’Indochine catholique tout entière, sera la composition et la traduction en anna-mite de nombreux ouvrages de piété, de doctrine, d’hagiographie. On peut dire qu’il tint la plume toute sa vie jusqu’aux portes du tombeau. Outre une connaissance plus qu’ordinaire parmi nous des caractères chinois, il possédait à fond la langue annamite, la vieille langue expressive, populaire et comprise de tous ; plusieurs même de ses livres ont à ce point de vue une réelle valeur.
Tous ces travaux de plume et d’apostolat, les exigences d’un sévère régime alimentaire, sans doute aussi l’accoutumance de la solitude, le retenaient presque toujours éloigné de nos réunions. C’était à sa résidence, vers l’extrémité méridionale du Vicariat, qu’il fallait se rendre pour le rencontrer. Alors, d’intarissables cau¬series émaillées de détails historiques, de souvenirs personnels, d’appréciations originales sur les hommes et les choses, compensaient les semaines, parfois les mois vécus à l’écart de la civilisation européenne. D’ailleurs, s’il se montrait sincèrement heureux de recevoir la visite de compatriotes, il savait aussi prendre intérêt et plaisir à ses relations habituelles avec les indigènes, prêtres, catéchistes, notables, gens du menu peuple : chacun trouvait en lui un interlocuteur très au courant de sa vie, prêt à écouter les confidences, curieux de recueillir les nouvelles.
Les années se succédaient ainsi, pour notre doyen, monotones, mais nullement ennuyeuses. Travail et conversations étaient loin, au surplus, d’absorber tout son temps ; une large part en était réservée à la prière. Sa piété, qui toujours avait été sincère et profonde, l’aidait très efficacement à supporter les incommodités de l’âge. D’une fidélité exemplaire à ses exer-cices, il aimait à faire souvent le Chemin de la Croix. Il avait une dévotion particulière au Saint-Sacrement et à la Sainte Vierge, qui faisaient fréquemment le sujet de ses instructions à l’église et de ses exhortations au confessionnal. Il vivait en intimité avec les Bienheureux Martyrs du Tonkin, avec le saint curé d’Ars, dont ses écrits avaient exalté la gloire. Un cercueil offert par un prêtre annamite de ses amis, et qu’il conservait précieusement près de lui, le ramenait sans cesse à la grande et salutaire pensée de l’éternité.
Un jour vint où l’appel de Dieu se fit plus pressant. L’intelligence perdait de son acuité, la mémoire était moins fidèle, la langue moins déliée. En même temps, une enflure des pieds que l’on parvint très difficilement à guérir, acheva de rendre manifeste l’usure générale de l’organisme. De l’hôpital de Nam-Dinh, où le malade était demeuré plusieurs semaines en traitement, Mgr Gendreau estima nécessaire de le faire venir à Ke-So. Au lieu même de son premier séjour au Tonkin, une dernière et bien rare joie était réservée par la bonne Providence à l’apôtre, le soixantième anniversaire de son ordination sacerdotale. La fête, célébrée le 25 mai 1929, revêtit une solennité spéciale. Le vieillard, malgré sa grande faiblesse, put célébrer la sainte messe dans l’église cathédrale, assisté à l’autel par deux amis intimes, M. Chevènement, de la Mission de Phat-Diem, et M. Villebonnet, Supérieur de notre Petit Séminaire en présence de nos deux Evêques et de Mgr Marcou, qui avait tenu à apporter au vénérable jubilaire ses cordiales félicitations et celles de tout son clergé. Précieux couronnement de cette fête de famille, une lettre arriva de Rome, par laquelle le Souverain Pontife, en termes très paternels, accordait à M. Cadro la décoration « bene merenti » avec plusieurs faveurs spirituelles, notamment une indulgence plénière applicable à l’heure de la mort.
Sept mois plus tard, le jour de Noël vers huit heures et demie du soir, entouré de tous les confrères de la communauté, M. Cadro rendait son âme à Dieu, à l’âge de quatre-vingt-quatre, ans. Les funérailles eurent lieu le 27 décembre ; elles furent présidées par Mgr Gendreau venu en toute hâte de Hanoï pour donner au cher défunt ce dernier témoignage d’une affection qui datait de 56 ans.
Références
[1022] CADRO Pierre (1845-1929)
Ouvrages publiés:
Sach Dan Dang (Guide Sacerdotal) Keso 1886 473 p.
Thiên Chua Thanh Mau Keso 1890 467 p.
Bai Giang 2 Volumes
Visites au St.Sacrement 1902 1 vol.
Notre.Seigneur dans l'Eucharistie 1906 1 vol.
Le miroir du prêtre 1907 1 vol.
Le mois de Marie 1898 1 vol;
Le mois du Rosaire 1899 1 vol.
Le mois du Sacré-Coeur 1900 1 vol.
Notre Dame de Lourdes 1 vol.
etc...
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Références bibliographiques
AME 1830 p. 48. 1908 p. 237 (art). CR 1876 p. 23. 1887 p. 250. 1892 p. 161. 1904 p. 389. 1908 p. 150. 1917 p. 81. 1919 p. 67. 221. 1923 p. 206. 1924 p. 206. 1928 p. 99. 1929 p. 129. 130. 337. 1930 p. 148. 293. BME 1923 p. 662. 1925 p. 412. 413. 1928 p. 118. 1929 p. 495. 1930 p. 209. 604. MC 1830 p. 84. EC1 N° 189.
Mars 1995
Mémorial CADRO Pierre, Marie page 2