Joseph POINAT1851 - 1918
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1282
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1876 - 1882 (Saigon)
- 1886 - 1918 (Saigon)
Biographie
Joseph POINAT naquit le 17 Août 1851 à Lyon, 10 rue Lainerie, sur la paroisse St. Paul, diocèse de Lyon, département du Rhône.
Le 16 Septembre 1872, il entra laïque au Séminaire des Missions Etrangères. Tonsuré le 07 Juin 1873, minoré le 20 Décembre 1873, sous-diacre le 30 Mai 1874, diacre 19 Décembre 1874, il fut ordonné prêtre le 10 Octobre 1875, reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique de la Cochinchine Occidentale qu'il partit rejoindre le 30 Décembre 1875.
Arrivé à Saïgon, le 30 Janvier 1876, il partit à Cai-Mong pour apprendre la langue viêtnamienne, et ensuite fut nommé au Séminaire de Saigon où il enseigna jusqu'à la fin de 1877. En Janvier 1878, il fut envoyé à Thudaumot, comme vicaire de M.PUGNET, mais avec la mission spéciale de visiter les chrétientés lointaines de Suoi-Lung, Da-Trang, et de prendre contact avec les populations montagnardes de cette région, afin d'y installer, si possible, un poste missionnaire fixe.
Deux mois plus tard, il quitta son curé pour aller habiter à Da-Trang. Il y resta huit ans, et réussit à doubler le nombre de ses chrétiens.En 1885, sérieusement fatigué, il fut contraint d'aller se reposer à Hong-Kong, puis de rentrer en France pour refaire sa santé.
De retour dans sa mission, en 1886, il s'installa à Thudaumot, où il devait demeurer pendant plus de trente ans. Très préoccupé de lier connaissance avec les non-chrétiens,soucieux d'évangéliser,et de fonder de nouvelles chrétientés, en charette à boeufs,il parcourait son immense district, visitant des coins peu sains. souvent pendant des semaines entières, Il restaura ou fonda les chrétientés de Taouen, Rachkien, Longchieu, (Bencat),Lacan,Tanuyen, et bâtit ou rebâtit toutes les églises de son district.
Parlant le viêtnamien avec une rare facilité,connaissant et observant les us et coutumes du pays, visitant tout le monde, rendant service à tous, on lui avait décerné le titre de Cô Thu"-le bisaïeul de Thudaumot-, et il avait des amis partout.
Il mourut le 7 avril 1918. Dès l'annonce de son décès,chrétiens et non- chrétiens affluèrent sans interruption au presbytère de Thudaumot . Le mardi 09 Juin 1918, Mgr. Mossard, assisté d'un grand nombre de missionnaires et de prêtres viêtnamiens,en présence d'une foule très nombreuse, présida les obsèques solennelles de son ancien condisciple du Séminaire des Missions Etrangères.et conduisit sa dépouille mortelle au pied de la croix du cimetière de Thudaumot.
Nécrologie
M. POINAT
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA COCHINCHINE OCCIDENTALE
M. POINAT (Joseph), né à Lyon (Rhône), paroisse Notre-Dame, le 17 août 1851. Entré laïque au séminaire des Missions-Etrangères le 16 septembre 1872. Prêtre le 10 octobre 1875. Parti pour la Cochinchine occidentale le 30 décembre 1875. Mort à Thudaumot le 7 avril 1918.
La mission de Saïgon, déjà si cruellement éprouvée par la guerre, la mort et la maladie, a encore perdu, le 7 avril dernier, un de ses missionnaires, M. Joseph Poinat.
Né en 1851 au diocèse de Lyon, M. Poinat, arriva à Saïgon le 30 janvier 1876. Il y a donc exercé le saint ministère pendant plus de 40 ans ; 40 années de ministère apostolique ! c’est beaucoup pour tout missionnaire en n’importe quel pays, c’est peut-être plus encore en Cochinchine, si l’on tient compte de l’état sanitaire de cette colonie au temps où notre cher confrère y fut envoyé. Après deux ans de stage à Caimong et au séminaire de Saïgon, il fut jugé suffisamment préparé au saint ministère et envoyé, en janvier 1878, à Thudaumot comme vicaire du P. Pugnet, mais avec la mission spéciale de visiter les chrétientés lointaines de Suoilung, Datrang et les sauvages, et de s’y installer à poste fixe, si possible. Pareille consigne était bien faite pour enchanter notre jeune missionnaire ; aussi est-ce le cœur plein de joie et d’espérance que, deux mois plus tard, il quittait son curé pour aller habiter Datrang. Il y resta huit ans et nous nous contenterons pour résumer ses travaux de dire qu’il y doubla le nombre des fidèles. Ce résultat ne fut pas acquis sans peine, on s’en doute bien. La fatigue de notre cher confrère fut si grande qu’elle le força à partir d’abord pour Hong-kong et ensuite pour la France.
Quand il revint, il fut placé à la tête du district de Thudaumot dont dépendait toute la région dont il avait eu précédemment à s’occuper. Il en fut extrêmement heureux.
Installé à Thudaumot en 1886, il devait y demeurer pendant plus de trente ans, travaillant avec ardeur à étendre le règne de Dieu. Il est certain que peu de missionnaires, dans notre mission du moins, ont été aussi fréquemment que lui par vaux et par chemins. Son unique préoccupation dans ces nombreux et pénibles voyages était l’évangélisation ; lier connaissance avec les païens, essayer de leur faire connaître notre sainte religion, fonder de nouvelles chrétientés, bâtir des églises, baptiser des catéchumènes, tels étaient, toujours ses buts. En charrette à bœufs, de jour, de nuit, par n’importe quel temps, souvent pendant des semaines entières, il parcourait son immense district ; il visitait même les coins les plus malsains dans l’espoir d’y rencontrer quelques âmes de bonne volonté. C’est ainsi qu’il réussit à restaurer ou à fonder les chrétientés de Taouen, Rachkien, Longchieu (Bencat), Lacan, Tanuyen, de même, sans jamais se lasser, il bâtit ou rebâtit à ses frais, le plus convenablement possible, toutes les églises de son district. C’était un vrai jour de fête pour lui, quand il pouvait, pour la première fois, célébrer la sainte messe dans une nouvelle église ; c’était là son plus grand bonheur après celui qu’il éprouvait en baptisant des païens.
Parlant l’annamite avec une rare facilité, connaissant à fond et observant scrupuleusement les us et coutumes du pays, visitant et recevant tout le monde, aimant à rendre service à tous, aux païens, comme aux chrétiens, le Co Thu (le bisaïeul de Thudaumot) comme on l’appelait avait des amis partout.
Aussi, dès que la nouvelle de sa mort se répandit, chrétiens et païens affluèrent sans interruption au presbytère de Thudaumot, pour rendre un dernier devoir et dire un suprême adieu à ce grand ami, dont ils voulurent que les funérailles fussent très solennelles. Elles eurent lieu le mardi matin, 9 juin, avec une solennité extraordinaire. S. G. Mgr Mossard, Vicaire apostolique, assisté d’un grand nombre de missionnaires et de prêtres indigènes, vint bénir la dépouille mortelle de son ancien condisciple du séminaire des Missions-Etrangères, et la conduire à sa dernière demeure, au pied de la croix du cimetière, place que le cher défunt avait lui-même choisie. Etaient présents aussi tous les Européens du poste, ils avaient déposé sur le cercueil une belle couronne avec la plus délicate des inscriptions. Enfin mêlés aux chrétiens, les Délégués administratifs, les Phus, les chefs de cantons, les secrétaires, les interprètes et les dignitaires païens de tous les villages environnants étaient venus d’eux-mêmes, sans aucune invitation, redire leur vénération et leur affection à celui que tous regardaient comme un père. Les uns avaient apporté des gerbes de fleurs, les autres des bougies, certains, quoique païens, donnèrent leur obole pour des messes à l’intention du défunt.
Nous ne dirons qu’un mot de la dévotion toute particulière de notre confrère envers la sainte Vierge. Dans ses courses apostoliques, s’il lui arrivait de ne pouvoir réciter le bréviaire, son rosaire ne le quittait pas, et quand après d’innombrables dizaines d’Ave, la fatigue l’obligeait à prendre un peu de repos, il le baisait pieusement, le passait autour de son cou et le portait ainsi ostensiblement partout où il allait. Quand la maladie et les infirmités s’appesantirent sur lui, au point de ne plus lui permettre de faire aucun ministère, ni même de célébrer la messe, il eut recours à son chapelet, dont il ne consentit plus à se séparer un seul instant.
Que du haut du ciel où, nous en avons la douce confiance, il a déjà reçu de Dieu et de la Reine des Apôtres, la récompense de sa dévotion envers elle, il daigne se souvenir de son cher district et de la mission de Cochinchine occidentale.
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Références
[1282] POINAT Joseph (1851-1912)
Références biographiques
AME 1900 p. 250 (art.). 1917-18 p. 362. CR 1876 p. 56. 1879 p. 50. 1886 p. 150. 1890 p. 134. 135. 1896 p. 219. 220. 1897 p. 182. 1899 p. 212. 213. 1901 p. 168. 169. 1915 p. 107. 1918 p. 167. 173. 1922 p. 236. 1933 p. 289. 290. 1936 p. 308.
Mai 1994